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CEDRON


xviii, 1. Le mot hébreu na)ial a pour équivalent exact l’arabe ouadi, qui désigne en même temps la vallée et le cours d’eau qui la traverse. Les Septante ont pris la seconde signification avec l’expression -/eiuâppo ; , « torrent, » excepté IV Reg., xxiir, 4, où ils ont reproduit le terme original, sadmôt, <jaêï]u, ûO, « les champs, les plaines. » De même Nct-/aX KéSpwv, Jer., xxxi, 40, n’est que la transcription de nahal Qidrôn. Josèphe, comme la Vulgate, emploie les deux mots : -/Etjisppo ; , Ant. jud., VIII, i, 5 ; çâpa-fÇ, « vallée, » Ant. jud, , IX, vii, 3 ; Bell, jud, , V, il, 3 ; iv, 2 ; vi, 1 ; VI, iii, 2. — D’où vient le nom de Cédron ? Bon nombre d’auteurs le rattachent à la racine

de Jérusalem, où il s’appelle ouadi en-Nâr, « la vallée du feu. » L’auteur ancien y voit une allusion aux flammes du jugement dernier. Les modernes en cherchent l’explication dans la température excessivement élevée que les rayons du soleil, réfléchis par des rochers rougeàtres et crayeux absolument arides, produisent entre les parois de cette profonde déchirure. Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du. monde, t. xlii, p. 84.

II. Description. — La vallée du Cédron prend son origine vers le nord - ouest de Jérusalem, au pied du mont Scopus, près des Tombeaux des Juges, à une altitude d’environ 760 mètres. Le terrain est formé de

121. — Tue de la vallée de Cédron. À gauche est le tombeau d’Absaloni.. D’après une photographie prise des hauteurs qui dominent le tombeau de Zacharie. Côté nord.

qàdar, « être noir, sombre, » appellation dérivant des eaux troubles du torrent ou de la profondeur et de l’obscurité du ravin. Cf. Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 172. Ces sortes d’étymologies sont de simples conjectures plus ou moins plausibles. L’expression twv xsSpwv, « des cèdres, » qu’on rencontre en quelques passages, Il Reg., xv, 23 ; III Reg., xv, 13 ; Joa., xviii, 1 (toO yiSpou, twv xéôpwv), prouve la méprise de certains copistes qui ont voulu voir ici un nom commun. — La vallée du Cédron, à l’est de Jérusalem, porte aussi dans la littérature chrétienne, juive et musulmane, le nom de vallée de Josaphat. Cette dénomination, que ni l’Ecriture ni l’historien Josèphe n’appliquent au Cédron, est tirée d’un passage de Joël, iii, 2, 12, relatif au jugement dernier, selon une opinion commune à beaucoup d’interprètes. Voir Josaphat (vallée de). — Théodose, De Terra Sancta (vers 530), Itinera, t. i, p. 66, donne au torrent de Cédron le nom de II-jpivoç, « de feu, » qu’il porte encore aujourd’hui dans la dernière partie de son cours, au sortir

rochers qui ont été creusés pour en extraire des pierres, à bâtir ou pour en faire des caveaux funéraires. C’est ainsi, du reste, que, jusqu’à sa sortie de la Ville Sainte, la vallée est bordée de tombeaux. Peu profonde et assez large au début, cultivée par endroits, quoique pierreuse, elle court pendant près d’un quart d’heure dans la direction de la cité. Tournant ensuite à l’est, elle passe au nord des Tombeaux des Rois, où elle est traversée par la routede Naplouse ; le niveau, descendu alors d’une quarantaine de mètres, est passablement uni et parsemé d’oliviers. Après cela elle se dirige à angle droit vers le sud et va séparer, par un fossé profond, Jérusalem de la montagne des Oliviers. Coupée obliquement par la route d’Anàta, elle forme, à ce moment, comme un bassin d’une certaine largeur, cultivé, planté d’oliviers et d’autres arbres à fruits. À mesure qu’elle descend vers la ville, son lit se creuse peu à peu. Sur la droite, ses bords s’élèvent à une hauteur de trente-cinq à quarante mètres vers la porte de Saint-Étienne : un pont donne passage à la route qui