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CADÈS — CADÈS (DÉSERT DE)


x, 11 ; xiii, 27 (hébreu, 26) ; le second, le premier mois de la quarantième année, Num., xx, 1 ; et, en racontant ce dernier, l'Écriture ne parle plus que du désert de Sin. — Les deux séjours, pas plus que les deux déserts, ne nous obligent à admettre deux villes différentes. Les Hébreux, arrivés au terme de leur châtiment, c’est-à-dire de leurs années d'égarement, reprirent le chemin de Chanaan et purent parfaitement revenir, comme la première fois, camper à Cadès. D’un autre côté, on pense généralement que Sin est le nom donné à la partie septentrionale du désert de Pharan, ce qui ressort de Num., xiii, 22 (hébreu, 21) ; Jos., xv, 1, 3 ; en sorte que la ville pouvait être attribuée à l’une ou à l’autre de ces régions. Voir Sin. — Ensuite, dit-on, le livre des Nombres, xx, 5, représente le territoire de Cadès comme un « lieu affreux, où l’on ne peut semer ; qui ne produit ni figuiers, ni vignes, ni grenadiers, et où l’on ne trouve pas même d’eau pour boire ». Or, pendant le séjour d’Israël au désert de Pharan, le peuple ne se plaignit jamais du manque d’eau, et cependant il y passa les mois les plus chauds de l’année, depuis le commencement de mai jusqu’au milieu de septembre. Au contraire, dès qu’il arrive au désert de Sin, au premier mois, c’est-à-dire immédiatement après la saison des pluies, il commence par murmurer et se plaindre d’avoir été conduit dans un pays sans eau. La raison paraît plus sérieuse ; mais on peut répondre, avec Calmet, Commentaire littéral sur les Nombres, Paris, 1709, p. 130 : « Duit-on s'étonner que dans des lieux différents d’un désert de même nom, on manque d’eau dans un endroit, tandis qu’on en a en abondance dans un autre ? » Le nom de Cadès indique ici plutôt un grand district du désert de Sin qu’une localité déterminée. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœltingue, 1870, p. 108, 122, 269, 298, de même que les meilleurs commentateurs, ne font aucune distinction. Nous devons dire cependant qu’il y a une certaine obscurité dans la pensée de saint Jérôme, qui place « la fontaine du jugement » auprès de Pétra, Liber heb. qusest. in Genesim, t. xxiii, col. 960, tout en signalant dans la région de Gérare un endroit nommé Berdan, ce qui veut dire « puits du jugement ». Onomastica sacra, p. 145.

III. Histoire. — Cadès, avons-nous dit, tient une place importante dans l’histoire des Israélites, comme étant leur principale station après le Sinaï, le théâtre de leurs défaillances et de leur châtiment, aussi bien que celui des manifestations divines, le point de départ de leur égarement à travers le désert, leur centre de ralliement après ces trente-huit années de punition. Les événements qui s’y rattachent ont déjà été énumérés à propos de la question géographique. Moïse se dirigeait vers la Terre Promise, se disposant à y pénétrer par la frontière méridionale, lorsque, arrivé à Cadès, il reçut de Dieu l’ordre d’y envoyer auparavant des explorateurs pour la parcourir et en examiner la fertilité, les habitants, les villes. Ceux-ci revinrent en rapportant des fruits magnifiques, indices de la richesse du sol ; mais ils cherchèrent, sauf Josué etCaleb, à décourager la multitude en représentant le pays comme couvert de villes fortes et occupé par un peuple de géants auprès desquels ils ne semblaient eux-mêmes que de simples sauterelles. Une sédition éclata, et Moïse, tout en apaisant dans une admirable prière la colère divine, déclara cependant aux Hébreux, de la part du Seigneur, qu'à l’exception de Caleb et de Josué la génération actuelle n’entrerait pas dans cette terre qu’elle s'était fermée par son esprit de révolte. Malgré ce terrible arrêt, et comme pour lui donner une sorte de démenti, les Israélites essayèrent de forcer les frontières de Chanaan, pendant que Moïse restait à Cadès avec l’arche d’alliance, refusant de les suivre dans leur folle entreprise. Battus et refoulés sur Cadès par les Amalécites et les Chananéens, ils commencèrent à errer du côté de la mer Rouge. Num., xiii, xiv ; Deut., i, 19-46. j

Quand la génération coupable eut semé ses ossements !

à travers les solitudes où elle avait été condamnée à vivre pendant trente-huit ans, ses enfants se retrouvèrent à Cadès. Marie, sœur de Moïse, y subit elle-même la sentence divine et y fut ensevelie. Num., xx, 1. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, p. 108, 269, disent que de leur temps on montrait encore son tombeau. Josèphe, de son côté, Ant. jud., IV, IV, 6, affirme qu’elle fut enterrée sur une montagne appelée Sin, ce qui peut se concilier avec l’assertion précédente, puisque Cadès se trouvait dans le désert de Sin et pouvait avoir dans son voisinage une montagne de même nom. Le peuple, toujours prompt aux murmures et à la révolte, malgré les châtiments divins, se plaignit amèrement du manque d’eau. Moïse, rassemblant la multitude auprès d’un rocher, le frappa de sa verge et en fit jaillir une source abondante, plusieurs fois appelée dans l'Écriture « les eaux de Méribah » ou « de la Contradiction » ; mais, pour avoir frappé deux fois le rocher, paraissant ainsi manquer de confiance envers la toute-puissance divine, il fut lui-même privé de l’honneur d’introduire les Hébreux dans la Terre Promise. Obligé, pour s’en approcher, de prendre la direction de l’est, il entama des négociations avec le roi d'Édom, pour obtenir la permission de traverser son territoire ; sa demande fut repoussée par un refus formel. Quelque temps après, il quitta définitivement Cadès pour s’avancer vers le mont Hor, où mourut Aaron. Num., xx. Cadès forma, au sud, la limite extrême de la Terre Sainte. Jos., xv, 2-4 ; Num., xxxiv, 4-5 ; Ezech., xlvii, 19 ; xlviii, 28. Les palmiers de cette oasis frappèrent l’imagination des Hébreux, et l’auteur de l’Ecclésiastique, xxiv, 18 (d’après laVulgate), leur emprunte une comparaison dans sa gracieuse description de la Sagesse. Le grec actuel porte sv àiYiaXoî : , « sur les rivages, » au lieu de « âv KâSrjç » ; mais on trouve dans certains manuscrits âv TaSSi, âv rdSoiç ; d’autres donnent èv 'EyyàSoiç, « à Engaddi, » ville de Juda, sur le bord occidental de la mer Morte, et autrefois très renommée pour ses palmiers.

A. Legendre.

2. CADÈS (hébreu : Qédés ; Septante : Kâ8ï)i ; )> cité chananéenne dont le roi fut vaincu par Josué, xii, 22, et qui est mentionnée deux fois au premier livre des Machabées, xi, 63, 73, dans un des combats de Jonathas. Ce dernier récit la place « dans la Galilée », ꝟ. 63, et, d’après l'énumération de Jos., xii, 19-24, elle faisait manifestement partie des villes du nord. Elle est plus souvent citée dans la Vulgate sous le nom de Cédés, conforme à la dénomination hébraïque ; elle appartenait à la tribu de Nepbthali et a survécu jusqu'à nos jours dans le village de Qadès, au nord-ouest du lac Houléh ou Mérom. Voir

Cédés 1, col. 360.

A. Legendre.

3. CADÈS (hébreu : Qédés ; Septante : Kà8° ] ; )> ville de la tribu de Juda, située à l’extrême frontière méridionale. Jos., xv, 23. Est-ce la même que Cadèsbarné, comptée au ^. 3 dans le tracé des limites ? Quelques-uns le pensent, sous prétexte qu’on ne pouvait omettre un point de cette importance dans l'énumération générale. D’où vient cependant la différence de ponctuation, Qédéé au lieu de Qâdês, dans le texte massorétique, pour un nom si connu ? Nous nous trouvons ici en présence d’un problème difficile, sinon impossible à résoudre. Ce premier groupe des villes de Juda renferme une série de noms pour la plupart rebelles à toute espèce d’identification. Adada, qui précède Cadès, répond bien k’Ad’adah, ruines qui se trouvent entre Bersabée et la mer Morte ; mais Asor, qui suit, est inconnue, quoique le Djebel Hadlréh, au nord-est d’Aïn Qadis, puisse la rappeler et rapprocher ainsi les deux sites bibliques.

A. LEGESDRE.

4. CADÈS DES HÉTHÉENS. Voir CÉDÉS 2.

5. CADÈS (DÉSERT DE) (hébreu : midbar QâdêSr Septante : rç 'épr^a ; ICâô-r, ; ), désert mentionné dans le