Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/199

Cette page n’a pas encore été corrigée
379
380
CÈDRE — GÉDRON


jusqu’au port de Joppé. III Reg., v, 6, 9 ; ix, 11 ; II Par., H, 16. Ce fut d’abord pour le temple, dont les murs intérieurs furent tous revêtus de lambris de cèdre. III Reg., vi, 15, 18 ; vii, 7. On lit également avec le même bois le plafond, 1Il Reg., vi, 10 ; la cloison qui séparait le Saint du Saint des saints, III Reg., vi, 16 ; l’autel des parfums, III Reg., vi, 20 ; une partie du vestibule. III Reg., vi, 36. Cf. Josèphe, Ant. jud., VIII, ii, 326-327. — Dans le magnifique palais qu’il se fit construire à Jérusalem, Salomon employa aussi abondamment le cèdre. Le palais du BoisLiban, auquel ses quarante-cinq colonnes de cèdre donnaient l’aspect d’un bois, III Reg., vii, 2, 3 ; les portiques, vu, 6 ; la salle du trône et du tribunal, y. 7 ; l’habitation du roi et de la reine, ꝟ. 8 ; le parvis, ꝟ. 11, 12, avaient des lambris de cèdre aux murs intérieurs et des planchers de même bois. — Le second temple fut également revêtu à l’intérieur de bois de cèdre. Esdras fit venir des cèdres du Liban, que les Tj riens et les Sidoniens apportaient par mer à Joppé. I Esdr., iii, 7. C’est à cause de l’abondance de ce bois que le temple est appelé Liban par le prophète Zacharie, xi, 1, selon saint Jérôme, t. xxv, col. 1498. Josèphe, Bell, jud., V, v, 2, nous apprend que le cèdre fut employé aussi pour le toit du temple restauré par Hérode. Tour les premiers édifices chrétiens construits par sainte Hélène, comme le toit de la rotonde du SaintSépulcre, détruite par le feu, en 1508 ; le toit de l’église de Bethléhem jusqu’à sa restauration par les croisés, on se servit également de bois de cèdre. Quaresmius, Elucidatio Terres Sanctx, vi, 12, 1882, t. ii, p. 485 ; T. Tobler, Bethléhem in Palàstina, in-8°, Saint-Gall, 1849, p. 110, 112. Le bois de cèdre servait aussi à faire des statues de divinités. Is., xiiv, 14. C’est précisément une des espèces de bois employées par les anciens pour cet usage, comme le remarque Pausanias, Descr’qMon de la Grèce, trad. Clavier, in-8°, Paris, 1820, t. iv, p. 349. Cf. Pline, H. N., xiii, 11..

La renommée des forêts de cèdre du Liban franchit de bonne heure les frontières de la Syrie et de la Palestine. Le roi d’Assyrie Sennachérib se vante d’avoir gravi les cimes du Liban et d’y avoir coupé des eèdres. IV Reg., xix, 23 ; Is., xxxvii, 24. Dans les inscriptions cunéiformes, les rois d’Assyrie et de Babylone se glorifient souvent de semblables exploits. Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. i, 28, col. 1, 5. Les rois de Ninive exigeaient parfois en tribut des bois de cèdre, is’irini ; par exemple, Assaraddon. Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t’. i, 45. Il est fait souvent mention « du cèdre du Liban dont l’odeur est bonne » employé par les rois de Ninive et de Babylone comme poutres ou comme lambris dans leurs temples et leurs palais. Cuneiform Inscriptions of Western Asia, 1. 1, col, 2, 1. 29 ; Smith, History ofvssurbanipal, Londres, 1871, p. 513 ; Records of the past, t. v, p. 119 ; J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, in-8°, Paris, 1874, p. 72, 89, 196, 198, 213, 246, etc. ; Opperl, Les Sargonides, p. 52-53 ; E. Schrader, Sammlung von assyrischen und babylonischen Texten, in-8°, Berlin, 1889-1892, t. i, p. 68, 108, 140, 162 ; t. ii, p. 48, 76, 112, 136, 138, 235 ; t. iii, p. 15, 17, 23, 25, 35, 83, etc. ; Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, t. iv, p. 314 ; t. v, p. 344. Ils en faisaient un tel usage, qu’Isaïe, xiv, 8, dans le tableau de la chute de Babylone, nous montre les cèdres mêmes se réjouissant de cette ruine.

Le cèdre était également connu en Egypte, où les Phéniciens l’apportaient par mer. G. Perrot, Histoire de l’art, t. i, p. 507. On l’appelait sib, comme en copte. Les Égyptiens l’employaient dans la construction de leurs temples et de leurs palais. Théophraste, Hist. Plant., v, 8, et Pline, H. IS., xvi, 76, nous apprennent que les rois d’Egypte, comme ceux de Syrie, employaient le bois de cèdre pour la construction de leurs navires. Cf. Diodore de Sicile, i, 2. Il servait aussi à la fabrication de meubles divers, et surtout de cercueils. Wilkinson, A popular account of the ancient Egyptians, Londres,

! 1854, t. ii, p. 38. La sciure de bois de cèdre servait à la

f momification : on en a retrouvé dans les tombeaux. Le’. vernis dont on recouvrait les cercueils de bois était composé de résine de cèdre et d’huile de naphte. V. Loret,

; Flore pharaonique, 1892, p. 42, et dans Recueil de travaux

relatifs à la philologie et archéologie égyptiennes, | t. xvii, 1895, p. 186.

3° Comparaisons bibliques. — Un si bel arbre ne pouvait manquer d’être pris par les poètes sacrés et les prophètes comme emblème et terme de comparaison. Dans la fable de Joatham, Les arbres qui veulent élire un roi, Jud., ix, 15, les cèdres du Liban représentent les grands et les puissants. Dans l’apologue de Joas, IV Reg., xiv, 9, et dans Isaïe, xxxv, 2 ; lx, 13, le cèdre est également l’emblême de la force et de la puissance. De la hauteur maj jestueuse à la hauteur orgueilleuse, il n’y a qu’un pas. [ Aussi le cèdre est-il pris en mauvaise part, comme symbole d’une puissance superbe. Ps. xxxvi, 35 ; Is., ii, 13 ; xxxvii, 24 ; Jer., xxii, 7, 15. Assur est un cèdre du Liban qui porte dans les nues son front audacieux ot étale avec orgueil ses branches majestueuses sur la multitude qui se repose à son ombre. Ezech., xxxi, 3-6. La hauteur des Ainorrhéens est comme celle des cèdres. Amos, ii, 9. — À un autre point de vue, à cause de la i croissance prolongée du cèdre, de sa durée, de son feuil lage toujours vert, il est l’emblème du juste, Ps. xci | (hébreu, xcn), 13, par opposition au méchant, comparé

; à l’herbe passagère, qui se dessèche. L’époux du Can| tique, pour sa force et sa majesté, est comparé au cèdre, 

Cant., v, 15 ; Israël rangé sous ses tentes ressemble à des cèdres sur le bord des eaux, Num., xxiv, 6 ; les prêtres qui entourent le grand prêtre Onias à l’autel sont autour de lui comme une majestueuse couronne de cèdres du Liban. Eccli., L, 13. La Sagesse elle-même se compare à un beau cèdre. Eccli., xxiv, 17. Pour sa force, la queue deBéhémoth est comparable au cèdre, Job, XL, 12. Isaïe, xli, 19, annonce que le désert se couvrira des plus beaux arbres, tels que le cèdre, exprimant par cette image les changements merveilleux que produira la venue du Messie. Enfin, dans une prophétie d’Ézéchiel, xvii, 3-4 ; 22-23, le cèdre symbolise la maison royale de David ; Nabuchodonosor en coupe la cime (Jéchonias emmené à Babylone), plus tard, Dieu y coupera un rameau (le Messie), qu’il plantera sur une haute montagne ; là il deviendra un grand cèdre où tous les peuples pourront trouver abri et protection. E. Levesque.

    1. CEDRON##

CEDRON, nom d’un torrent et d’une ville de Palestine.

1. CÉDRON (TORRENT DE) (hébreu : nahal Qidrân, II Reg., xv, 23 ; III Reg., ii, 37 ; xv, 13 ; IV Reg., xxiir, 6, 12 ; II Par., xv, 16 ; xxix, 16 ; xxx, 14 ; Jer., xxxi, 40 ; sadmôt Qidrôn, IV Reg., xxiii, 4 ; Septante : à)je’! *âp’po ; KÉSpwv, II Reg., xv, 23 ; III Reg., iii, 37 ; IV Reg., xxiii, 6, 12 ; II Par., xv, 16 ; xxix, 16 ; xxx, 14 ; à -^ei|iâppoi ; tûv xdôpuv, II Reg., xv, 23 ; III Reg ! , xv, 13 ; aaS/mùO KéSptov, IV Reg., xxiii, 4 ; Nâ-/a). Kéôpuv, Jer., xxxviii, 40 ; Nouveau Testament : ô ^sijiippo ; tq-j xéôpo-j [variante : tûv yiôouv], Joa., xviii, 1 ; Vulgate : torrens Cedron, IIReg., ’xv, 23 ; III Reg., ii, 37 ; xv, 13 ; IV Reg., xxiii, 12 ; II Par., xv, 16 ; xxix, 16 ; xxx, 14 ; Jer., xxxi, 40 ; Joa., xviii, 1 ; cenvallis Cedron, IV Reg., xxiii, 4, 6), torrent ou vallée qui sépare Jérusalem à l’est de la montagne des. Oliviers.

I. Nom. — Ce nom, inconnu dans les premiers livres de la Bible, non mentionné dans la délimitation des tribus de Benjamin et de Juda, n’apparaît qu’à l’époque des rois et des prophètes, David, II Reg., xv, 23 ; Salomon, III Reg., n, 37 ; Asa, III Reg., xv, 13 ; II Par., xv, 16 ; Ézéchias, Il Par., xxix, 16 ; xxx, 14 ; Josias, IV Reg, xxiii, 4, 6, 12 ; Jérémie, xxxi, 40. Il se retrouve à la fin de l’histoire évangélique, dans le récit de la passion du Sauveur. Joa., ,