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CEDMONEENS —. CEDRATIER


et Calmet, La Genèse, Paris, 1707, p. 379, font entre les Cedmonéens, Cadmus et les Hévéens, ne repose sur aucun fondement solide. On ne saurait non plus rattacher cette nation à Gedma (hébreu : Qêdemâh), dernier fils d’Ismaël, Gen., xxv, 15, puisqu’elle lui est antérieure. On est généralement porté à voir. dans ce mot un synonyme de Benê- Qêdém, « les fils de l’Orient, » expression par laquelle sont désignés les peuples qui habitaient à l’est et au sud-est de la Palestine. Cf. H. Ewald, Geschichte des Volkes Israël, 3e édit., Gœttingue, 1864, t. i, p. 364. Les monuments égyptiens nous parlent d’un pays appelé

1 x Vu, Qdm, la^Vk’Qdtna, dont le

nom répond exactement au mp, Qédêm biblique, et

dont la situation, au sud-est ou à l’est de la mer Morte, semble aussi convenir au territoire des Cedmonéens. Cf. W. Max Millier, Asien und Europa nach allâgyptischen Denkmàlem, in-8°, Leipzig, 1893, p. 46.

A. Legendre.

CÉDRATIER. — I. Description. — Le cédratier, Cilrus cedra (fig. 115), est un arbuste de quatre à cinq

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115. — Cédratier.

Dessiné d’après nature au Jardin des Plantes de Paris.

mètres, de la famille des Aurantiacées. Compris par Linné avec le citronnier sous la dénomination de Citnts medica, il porte aujourd’hui le nom spécial de Citrus cedra, tandis que le citronnier est appelé Citrus limon. Ses branches sont courtes et presque tortueuses ; les feuilles ovales, allongées, acuminées, sont portées sur un pétiole court, non ailé ; les fleurs, blanches en dedans, teintées de rouge en dehors, répandent un parfum délicat ; les fruits, volumineux, plus longs que larges, se terminent par une sorte de mamelon, et leur surface est toute bosselée (fig. 110) ; l’écorce, dans sa partie extérieure ou zeste, d’abord rouge violet, puis d’un très beau jaune à maturité, contient une essence d’une odeur très suave, appelée huile de cédrat ; la partie intérieure, blanche, charnue, très tendre, forme une couche fort épaisse, d’une saveur agréable, dont on fait des confitures. Le poids du cédrat, le plus gros fruit de la famille des Aurantiacées, peut aller à sept ou huit et même jusqu’à quinze kilos. Le cédratier est originaire de Perse et de Médie, d’où son nom ancien de pomme de Médie, pomme de Perse. Voir G. Gallesio, Traité du Citrus, in-8°, Paris, 1811,

l p. 97 et 193 ; J. A. Risso et A. Poiteau, Histoire naturelle des orangers, in-f », Paris, 1818-1819, texte, p. 193-208, tabl. 96-107 ; N. J. B. Guibourt, Histoire naturelle des drogues simples, 4 in-8°, Paris, 7e édit., 1876, t. iii, p. 628. M. Gaxdoger.

IL Exégèse. — Le cédrat était connu des Grecs et des Romains ; le nom qu’ils lui donnèrent, y.£8pô|iY]).ov, Dioscoride, De mat. medica, i, 166 ; citreum, Pline, H. N., xv, 14 ; xxiii, 56, ou atrium, d’où le grec xiTpiov, Dioscoride, loc. cit., n’apparaît, il est vrai, qu’au I er siècle de notre ère dans ces deux auteurs ; mais on connaissait antérieurement le fruit sous la dénomination de pomme de Médie ou de Perse. Théophraste, Hist. plant., iv, 4, 2-3. Il résulte de cet auteur, qui décrit longuement ce fruit, et de deux comiques grecs contemporains, Antiphane et Ériphe, cités par Athénée, Deipnosophislse, iii, 25-29, que le cédratier fut introduit en Grèce au IVe siècle avant notre ère, à la suite des conquêtes d’Alexandre, et cultivé pour la beauté de son fruit et ses propriétés médicinales. Il est probable que les Juifs, qui eurent beaucoup plus tôt des rapports avec la Perse, la Médie et les pays environnants, le connurent avant les Grecs, peut 116. — Cédrat avec feuilles et fleurs.

être vers l’époque de la captivité de Babylone. Ce qui est certain, c’est qu’un siècle avant l’ère chrétienne il était très commun en Palestine, puisqu’à la fête des Tabernacles, sous Alexandre Jannée, les Juifs avaient tous à la main des cédrats. Josèphe, Anl.jud., III, x, 4.

D’un autre côté, on ne peut nier que les noms copies djedjré, ghitré (c’est de ce dernier que viennent les mots latins et grecs, atrium, xfvpiov), qui désignent deux variétés de cédrat, ne soient d’origine égyptienne. De plus, les Égyptiens ont connu très anciennement des plantes du genre Citrus. Sur les parois d’une des chambres du temple de Karnak, élevé par Thothmès III, au milieu de plantes exotiques que les monarques de cette époque aimaient à transporter dans la vallée du Nil, figure un arbre avec ses fruits qui a tous les caractères d’un citronnier. A. Mariette, Karnak, étude topographique et archéologique, in-f°, Leipzig, 1875, pi. xxx. Le fruit, si reconnaissable à sa surface mamelonnée, se remarque aussi dans les peintures funéraires de la XVIII 5 dynastie. V. Loret, Le cédratier dans l’antiquité, iu-8°, Paris, 1891, p. 45. D’autres variétés de citron étaient également connues des