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CÉDAR — CÉDÉS


plus importante de l’oasis, la seule que Ton décore du titre de ville, est appelée Djôf-Amèr, du nom du pays même auquel on joint celui de la tribu qui forme la population principale de la ville. Ses jardins sont renommés dans l’Arabie, entière. Cf. "W. G. Palgrave, Central and eastern Arabia, 2 in-8°, Londres, 1865, t. i, p. 20, 46 ; traduction française, Paris, 1806, 1. 1, p. 25, 48. — J. G. Wetzstein, lieisebericht ùber Hauran und die Trachonen, Berlin, 1860, p. 89, compare les Benê-Qêdâr aux tribus actuelles des Anazéh ou Anézéli et des lïoualla. Les Anézéh forment une des branches les plus puissantes des Arabes bédouins. Ceux du nord, dont il est ici question, prennent ordinairement leurs quartiers d’hiver dans le désert de Hamad et dans Vouadi Serhdn. Le Hamad n’a pas de-sources ; mais en hiver les eaux s’y réunissent dans les terrains profonds, et les arbustes ainsi que les plantes du désert fournissent la pâture au bétail. Durant cette période de l’année, leur principal séjour est le Hauran et les cantons environnants, où ils campent près des villages. En été, ils se tiennent plus au nord, du côté de Homs et de Hamah, cherchant les pâturages et l’eau. Ils achètent en automne leurs provisions de froment et d’orge pour l’hiver, et, après les premières pluies, ils retournent dans l’intérieur du désert. Les Roualla, de leur côté, quoique prenant leurs quartiers d’hiver dans le voisinage de la vallée du Djôf, ont moins de relations avec ce pays qu’avec la Syrie, où ils vendent leurs prodnits et achètent le peu d’articles qui leur sont indispensables, tels que vêtements, riz et blé.

IV. Histoire. — La mention de Cédar parmi les plus anciens descendants d’Ismaël, l’importance que les prophètes attribuent aux Benê-Qêdâr comme représentants des Arabes, leurs richesses et leurs qualités guerrières montrent assez ce que dut être cette tribu au milieu des populations nomades du désert. Elle dut, comme celles-ci, subir à différentes époques le choc des armées assyriennes et partager les mêmes vicissitudes. Voir Arabie, Histoire, t. i, col. 864-866. La Bible et les inscriptions cunéiformes ne nous ont conservé que quelques allusions ou quelques faits particuliers. Isaïe, xxi, 16, 17, annonçait que dans un avenir très prochain, une année juste, Cédar verrait périr « toute sa gloire », c’est-à-dire sa liberté, le succès de ses armes, ses nombreux troupeaux. Sennachérib (705-681) pensait-il alors à entreprendre cette course lointaine ? Il est possible que les révoltes perpétuelles de Babylone ne lui aient pas laissé le temps d’accomplir les menaces prophétiques. Cependant, vers la fin de son règne, il intervint dans les affaires du Hedjâz, et, par la soumission de plusieurs pays, prépara les voies à des expéditions plus hasardeuses. En tout cas, sous le règne d’Assurbanipal (608-625), une tentative pour secouer le joug de l’Assyrie attira des désastres sur l’Arabie et sur Cédar en particulier. Lors de la révolte de Samassoumouldn, son frère, pendant que Ouaïtéh, roi des Arabes, envoyait son contingent d’auxiliaires à Babylone, Ammouladi, roi de Cédar, se chargeait d’opérer une diversion sur les frontières de Syrie, faisant des razzias pour occuper les garnisons assyriennes échelonnées le long du désert. Mais, après avoir pris Babylone, Assurbanipal s’en vint châtier les Arabes. Ammouladi fut pris dans la Moabitide et envoyé à Ninive, où il fut mis, chargé de fers, avec les asi et les chiens. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5 3 édit., Paris, 188J, t. iv, p. 273, note 2. Il est également question d’un autre roi de Cédar, Yautah, fils d’IIazaël, à qui le père d’Assurbanipal avait enlevé les statues d’Adarsamaïm, divinité arabe, et qui se soumit à ce dernier pour en obtenir la restitution. Mais ensuite il secoua le joug, cessa de payer le tribut et poussa son peuple à la révolte. Le monarque assyrien envoya alors contre lui son armée, qui était sur les frontières du pays. Le tableau de la défaite est à citera cause de sa ressemblance avec les paroles de Jérémie, xlix, 28-33, contre « Cédar

et les fils de l’Orient », paroles qui furent plus tard réalisées par Nabuchodouosor :

1. Sa défaite accomplirent [mes soldats]. Les hommes d’Arabie

2. tous ceux qui vinrent, ils firent périr par l’épée ;

3. les tentes, les pavillons, leurs demeures,

4. un feu ils allumèrent et les livrèrent aux flammes.

5. Des bœufs, des brebis, des ânes, des chameaux,

6. des hommes, ils emportèrent sans nombre.

7. Balayant tout le pays, dans son étendue,

8. ils ramassèrent tout ce qu’il contenait.

9. Les chameaux comme des brebis je distribuai,

10. et j’en fis surabonder les hommes d’Arabie

11. habitant dans ma terre, etc.

Cylindre B, colonne vm ; cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. iv, p. 295-296. Les ravages opérés par Nabuchodonosor dans les lointaines oasis de Cédar, de Théma, de Dédan, etc., amenèrent la disparition de certaines peuplades et leur fusionnement avec d’autres. Les Nabatéens, qui avaient mieux résisté aux invasions assyriennes et chaldéennes, montèrent au rang de nation principale en Arabie, et les fils de Cédar, désormais réduits au rôle de satellites, devinrent leurs alliés inséparables. — La religion de cette tribu fut celle des Arabes avant l’islamisme, c’est-à-dire le. sabéisme ou adoration des astres. Les annales d’Assurbanipal, Cylindre B, colonne vii, 92, signalent comme divinité principale de Cédar Adarsamaim ou A-lar-sa-nia-ïn, c’est-à-dire la déesse « Atar (Athare, Astarté) du ciel ». Cf. Schrader, Keilinschriften, p. 148, 414 ; voir Arabe 1, Religion, t. î, col. 834. Pour le type physique, le caractère et les mœurs, voir le même article, col. 830-834, te

Ismaélites..

A. Legendre.

CÈDES. Hébreu : QédéS, « sanctuaire ». Nom de deux villes de Palestine. Il est aussi question d’une autre ville de Cédés, ancienne capitale des Héthéens, dans un passage aujourd’hui altéré de l’histoire du règne de David.

1. CÉDÉS (hébreu : Qédés, , Tos., xii, 22 ; xix, 37 ; Jud., iv, 11 ; IV Reg., xv, 29 ; Qêdesàh, Jud., iv, 9, avec hé local ; QédéS bag-Gâlîl, « Cédés en Galilée, » Jos., xx, 7 ; xxl, 32 ; I Par., vi, 76 [hébreu, 61] ; Qédés Naftâlî, « Cédés deNephthali, » Jud., iv, 6 ; Septante : KàSv ; ?, Jos., xii, 22 ; Jud., iv, 9, 10 ; I Mach., xi, 73 ; KdtSe ; , Jos., xix, 37 ; xxi, 32 ; KIScî, Jud., iv, 11 ; I Par., vi, 76 ; Kiovi ; , KiSiç, Kiîiz èv trj Ta.ù, aU, Jos., xx, 7 ; xxi, 32 ; 1 Par., vi, 76^ I Mach., xi, 63 ; KiSr^ NêcpôaX ; , Jud., iv, 6 ; KuSttac tr, ; Nt^alX èv r/j raXiXïb, Tob., i, 2 ; KevîÇ, IV Reg., xv, 29 ; Vulgate : Ca’des, Jos., xii, 22 ; I Mach., xi, 73 ; Cèdes, Jos., xix, 37 ; Jud., iv, 9, 11 ; IV Reg., xv, 29 ; Cèdes, Cades in Galilœa, Jos., xx, 7 ; xxi, 32 ; I Par., vi, 76 ; I Mach., xi, 03 ; Cèdes Nephlhali, Jud., iv, 6), ville forte de Nephthali, mentionnée entre Azor et Édraï, Jos., xix, 37 ; cité de refuge attribuée « avec ses faubourgs » auxLévites, fils de Gerson, Jos., xx, 7 ; xxi, 32 ; I Par., vi, 76 ; patrie de Barac, Jud., iv, 6, 9 ; prise plus tard par Théglathphalasar, roi d’Assyrie. IV Reg., xv, 29.

I. Nom ; identification. — Cette ville est appelée Cadès dans la Vulgate, Jos., xii, 22 ; I Mach., xi, 63, 73 ; la cité chananéenne dont le roi fut vaincu par Josué appartenait manifestement au nord de la Palestine, comme l’indiquent les localités parmi lesquelles elle est nommée, Jos., xii, 19-21 ; et si la place qu’elle occupe dans l’énumération, entre Mageddo et Jachanan du Carmel, semble plutôt la confondre avec Cédés d’issachar (voir Cédés 3), on la croit néanmoins généralement identique à la ville de Nephthali, dont l’importance a toujours été considérable. Il ne peut y avoir aucune hésitation pour Cadès des Machabées, dont la situation est nettement définie par ces mots : « qui est en Galilée, p Cette dernière expression, employée aussi Jos., xx, 7 ; xxi, 32 ; I Par., vi, 76, de même que celle de « Celles