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CADÈS

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Cadès était ainsi le point le plus rapproché de la Terre Promise, « sur le chemin qui conduit à la montagne des Amorrhéens, que le Seigneur devait donner aux Israélites, » Deut., i, 19, 20, c’est-à-dire au district montagneux qui termine la Palestine du côté du sud. Aussi est-ce de là que Moïse envoya les explorateurs et là qu’ils revinrent au bout de quarante jours. Num., xui, 26, 27 ; xxxii, 8 ; Deut., i, 19 et suiv. ; ix, 23 ; Jos., xiv, 6, 7. Cet endroit se trouvait donc au-dessous du Négéb, Num., xiii, 18, et les Hébreux avaient au nord, devant eux, « les Amalécites et les Chananéens qui habitaient dans les montagnes. » Num., xiv, 43, 45.

En punition de leur conduite séditieuse après le retour des explorateurs, les enfants d’Israël furent condamnés à errer pendant trente-huit ans dans les vastes solitudes de l’Arabie Pétrée. Ils reprirent le chemin « du désert, par la voie de la mer Rouge ». Num., xiv, 25 ; Deut., i, 40. Dix-sept stations seulement remplissent ce long séjour, Num., xxxiii, 19-36, la plupart malheureusement inconnues. Le point le mieux marqué est Asiongaber, port situé à l’extrémité septentrionale du golfe Élanitique. « D’où étant partis, ils vinrent au désert de Sin, qui est Cadès. » Num., xxxiii, 36. C’est là que nous les retrouvons le premier mois de la quarantième année, après la sortie d’Egypte, Num., xx, 1 ; là qu’ils se plaignent du manque d’eau, comme autrefois à Mara et à Raphidim ; là que Moïse frappe deux fois le rocher de sa verge et que coule « l’eau de la contradiction ». Num., xx, 13 ; xxvii, 14 ; Deut., xxxii, 51. C’est de Cadès enfin que Moïse envoie des messagers au roi d'Èdom, pour lui demander la permission de passer par son territoire, Num., xx, 14 ; Jud., xi, 16, 17, ut, dans cette circonstance, « la ville » est signalée comme étant « à l’extrémité du royaume » idumécn. Num., xx, 16.

Le dernier témoignage à signaler, au point de vue géographique, est tiré de la frontière méridionale de la Terre Sainte, qui « commence à l’extrémité de la mer Salée (mer Morte), et à cette langue de mer qui regarde le midi, s'étend vers la montée du Scorpion et passe jusqu'à Sina, monte ensuite vers Cadèsbarué, vient jusqu'à Esron, monte vers Addar, et tournant vers Carcaa, puis passant à Asémona, arrive au torrent d’Egypte (ouadi el-Arisch) et se termine à la grande mer (la Méditerranée) ». Jos., xv, 2-4 ; Num., xxxiv, 4-5 ; Ezeeh., xlvii, 19 ; xlviii, 28. Ces limites nous représentent un arc de cercle qui part de la mer Morte pour aboutir à l’embouchure de l’ouadi el-Arisch et dont Cadès occupe à peu près le milieu. Voir Acrabim, 1. 1, col. 151 ; Adar, col. 210 ; Asémona, col. 1079.

Le résumé de ces données nous montre clairement que Cadès était à l’ouest des montagnes de Séir et de l’Arabah, à l’extrême limite des possessions iduméennes de ce côté, au nord d'Élath et d'Âsiongaber, à onze journées au nord de l’Horeb, dans les déserts de Pbaran et de Sin, non loin de la route d’Hébron en Egypte, au sud des montagnes amorrhéennes, au-dessous du Négéb ou de la Palestine méridionale, dont elle occupe le point le plus éloigné. Toutes ces indications réunies nous conduisent vers le massif montagneux dont font partie le Djebel el-Makhrah, le Djebel Moueiléh, le Djebel Tououâl el-Fahm, etc., et d’où partent les deux versants opposés, celui de la Méditerranée et celui de l’Arabah. Il faut donc chercher Cadès dans une ligne qui s'étend entre ce massif et le Djebel Scherra ou mont Séir, au-dessus de Pétra.

2° D’après les auteurs modernes. — On n’a pas proposé moins de dix-huit sites pour Cadèsbarné. Nous ne pouvons entrer dans la discussion de chacun de ces points, dont un grand nombre sont en contradiction avec les données scripturaires que nous venons d’exposer. Voir Trumbull, Kadesh Barnéa, p. 303, avec les renvois. En somme, ils peuvent se ramener à deux principaux : dix sont dans l’Arabah ou sur ses bords ; huit dans le désert, sur le plateau supérieur ; Ain el-Oueibéh peut représenter

les premiers, et 'Ain Qadis les seconds. C’est autour de ces deux noms que se rangent, à l’heure actuelle, tous les auteurs.

Aïn el-Oueibéh, une des sources les plus importantes de la grande vallée, se trouve, au bord occidental, là où le terrain s’abaisse graduellement en collines calcaires, en dehors de la courbe de Youadi el-Djeib, qui descend du sud-ouest pour se diriger vers l’est-nord-est. Il y a là trois fontaines, sortant du rocher qui forme la pente, à quelque distance les unes des autres, et courant en petits ruisseaux au pied des collines. L’eau n’est pas très abondante, et, dans les deux plus septentrionales, elle a une teinte malsaine avec un goût sulfureux. Celle du midi

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i. — Cadèsbarné. D’après Trumbull, Kadesh. Barnea, p. 308.

consiste en trois filets d’une eau limpide et bonne, tombant au fond d’une excavation. Le calcaire tendre, en se détachant, a formé un bord semicirculaire, comme la courbe d’un théâtre antique, autour de la source. Audessous de cet endroit, près de l’ouadi el-Djeib, est un fourré d’herbes grossières et de roseaux, avec quelques palmiers, présentant de loin l’apparence d’une belle verdure, et n’offrant de près qu’un terrain marécageux. Dans le lointain, vers l’est, se dresse dans toute sa majesté le mont Hor, dominant tous les pics qui s'élèvent au-dessus de l’Arabah. Ici pas la moindre trace de ruines. (Voir fig. 4 ; les montagnes qu’on aperçoit sont celles de l’ouest.) Cf. Robinson, Biblical Besearches in. Palestine, 3 in-8°, Londres, 1856, t. ii, p. 174-175 ; de Luynes, Voyage d’exploration à la mer Morte, t. i, p. 302-303. Les arguments en faveur de cet emplacement peuvent se résumer ainsi : — 1° Quand les Israélites vinrent du Sinaï à Cadès « par le chemin du mont Séir », Deut., i, 2, leur route naturelle fut par l’Arabah, qui longe le bord occidental du massif iduméen. Or, sur cette grande route vers le pays de Chanaan, la source la plus importante est l’Aï » el-Oueibéh. C’est la même voie qu’avait suivie Chodorlahomor, lorsque, après avoir tourné la pointe sud des montagnes de Séir, il dut remonter la grande vallée pour s’arrêter à Cadès et de Jà gagner la Pentapole. Gen., xiv,