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CARNION — CAROUBE


et latines de la Syrie, Pans, 1870, t. iii, p. 561), aujourd’hui une localité du Ledjah appelée Qrein par les uns, Djréin ou Djouréin par les autres, et située au nord-est de Bousr el-Hariri. Pour bien se rendre compte de cette hypothèse et mieux juger la question, il est utile de résu-mer l’expédition de Judas Machabée dans le pays de Galaad, d’après la concorde des deux textes parallèles (I Mach., v, 24-54 ; Il Mach., xîi, 17-31). Le héros asmonéen et son frère Jonathus, après avoir passé le Jourdain, se dirigent vers le nord-est, et au bout de trois jours de marche ils apprennent que les Juifs sont bloqués dans des villes qui forment toute une ligne s’étendant de l’extrémité du Djebel Hauran au lac de Tibériade, Barasa (Bosra), Bosor (Bousr el-Hariri), Alimes (’lima ou Kefr el-Mà), Casphor (Khisfin), Mageth (inconnu) et Carnaïm. Faisant un « détour » vers l’est, ils surprennent Bosor ou Bosra, l’assiègent et la brûlent ; puis ils battent l’armée ennemie à la forteresse de Datheman ; enfin ils soumettent successivement les cités de Galaad. I Mach., "V, 24-36 ; II Mach., xii, 17-19. Pendant que les vainqueurs accomplissent cette tournée, les vaincus se réorganisent. Timothée rassemble une autre armée, très nombreuse, composée de toutes les peuplades de la contrée et d’Arabes salariés ; il vient camper vis-à-vis de Raphon, au delà du torrent, prêt à marcher contre Judas. I Mach., v, 37-39. Mais celui-ci, bien informé de la position de l’ennemi, ne lui en laisse pas le temps : réunissant autour de lui ses six mille hommes, bien disposés en cohortes, il s’avance contre son adversaire, qui compte auprès de lui cent vingt mille fantassins et deux mille cinq cents cavaliers. À l’approche du Machabée si redouté, Timothée prend soin de mettre en sûreté les femmes, les enfants, les bagages des hordes nomades qui l’accompagnent ; il les envoie dans ie fort de Camion, lieu inexpugnable et d’un accès difficile, à cause des défilés de la contrée. II Mach., xii, 20, 21. Après des ordres sévères pris contre les fuyards et les traînards, Judas passe le torrent le premier, suivi de tout son peuple. I Mach., v, 40-43. À la vue de la première cohorte, les ennemis, saisis de terreur, s’enfuient les uns après les autres. Les Juifs les poursuivent avec vigueur et font tomber trente mille hommes. II Mach., xii, 22-23. Jetant leurs armes, les vaincus viennent se réfugier dans le temple de Carnaïm. I Mach., v, 43. Timothée lui-même est fait prisonnier et n’est relâché qu’après avoir promis de rendre à la liberté les Juifs retenus captifs. II Mach., xii, 24-25. Judas s’avance vers Camion, s’empare de la ville, où il tue vingt-cinq mille hommes, brûle le temple (tô téu.£vo< ;  ; tô’A-xpyaiitoi) avec tous ceux qui étaient dedans ; « et Carnaïm fut soumise, et elle ne put tenir devant Judas. » I Mach., v, 44 ; II Mach., xii, 26. La campagne finie, les Israélites reprennent le chemin de Jérusalem en passant par Éphron, le Jourdain et Scythopolis. I Mach., v, 45-54 ; II Mach., xii, 27-31.

Si l’on admet cette harmonie du double récit sacré, il est naturel d’admettre aussi l’identité de Camion et de Carnaïm (au moins de Carnaïm de I Mach., v, 43, 44). Du reste, l’historien Josèphe, Ant.jud., XU, viii, 4, racontant les mêmes faits, ne mentionne qu’un seul lieu, Katpvxiv, avec le temple. La version syriaque, de son côté, donne Qarno dans les deux livres des Machabées. Cf. Patrizzi, De consensu utriusque libri Machabseorum, in-4°, Rome, 1856, p. 282. — Il faut avouer ensuite, comme on le reconnaît à l’article Astaroth 2, t. i, col. 1179, que la description de Carnion, « lieu inexpugnable et d’un accès difficile, Sià tt)-j 7cïvtwv twv t(S7tmv <TTev6Tr, Tît, à cause de l’étroitesse de tous les lieux, » ne saurait convenir à Scheihh Sa’ad ou à ses environs immédiats, puisque le village est adossé à une basse colline, au milieu de la plaine. Il faudrait donc alors distinguer Carnion-Cariiaïm d’Astaroth - Carnaïm.

Pour l’emplacement, la question, en somme, dépend beaucoup du site où l’on cherche Raphon et le torrent

au delà duquel Timothée avait pris ses positions. Si, suivant une opinion acceptable, on place cette dernière ville à Er-Ràféh, au nord-est de Scheikh Sa’ad et près de la route des Pèlerins, le torrent que dut franchir Judas Machabée sera l’ouadi Qanaouât, et l’on comprend très bien comment l’armée vaincue aura cherché un refuge dans les singulières et inaccessibles régions du Ledjah. Voir la description que nous avons donnée de ce pays à l’article Argob 2, t. i, col. 951. Pour le temple de Carnion, voir Atargatis, t. i, col. 1199, et spécialement col. 1202. Les troupes défaites se retirèrent dans l’enceinte sacrée, pour y chercher la protection de la divinité qui y était adorée, ou comptant que la sainteté du lieu arrêterait les Juifs comme un asile inviolable. Ce dernier espoir était une illusion, étant donnée la haine profonde des Israélites pour le culte des idoles.

A. Legendre.

1. CARO Isaac ben Joseph, rabbin du XVe siècle, né à Tolède, oncle du célèbre Joseph Caro. La persécution de 1492 le força de fuir en Portugal ; après six ans de séjour il passa en Turquie. On a de lui : Jôledôt Yishàq, « Générations d’Isaac » (allusion à Gen., xxv, 19), commentaire sur le Pentateuque selon le sens littéral et cabbalistique, in-4°, Constantinople, 1518 ; in-4°, Mantoue, 1559 ; in-4°, Cracovie, 1593 ; in-4°, Amsterdam, 1708.

2. CARO Joseph ben Éphraïm ben Joseph, auteur juif, qu’il ne faut pas confondre avec Joseph Gara ou Qàrà, né en 1488, d’une famille espagnole exilée, habita d’abord à Nicopolis, puis à Andrinople et à Salonique, où il mourut le jeudi 13 nisan 1575. Il est surtout connu par son Sulhàn’ârûk, « Table dressée, » Ezech., xxin, 41, le code de la Synagogue moderne, qui lui fit acquérir une autorité incontestée, surtout dans les communautés juives du rite sephardi. Mais il a laissé aussi des commentaires sur le Pentateuque, conçus d’une façon tantôt simple, tantôt mystique, intitulée Maggid mêsârîtn, « Annonçant la droiture, » ls., xlv, 19 ; la première partie, qui va jusqu’au Lévitique, xiv, 1, a été imprimée in-4°, Lublin, 1646 ; Venise, 1654 ; Amsterdam, 1708 ; la seconde, c’est-à-dire le reste du Pentateuque, in-4°, Venise, 1654 ; Amsterdam, 1708.

3. CARO Joseph Marie, nom sous lequel le B. Joseph Marie Thomasi publia plusieurs de ses ouvrages. Voir Thomasi Joseph Marie. E. Levesque.

    1. CAROUBE##

CAROUBE (grec : x£pat£ov ; Vulgate : siliqua), fruit du caroubier, Ceralonia siliqua, arbre de grandeur variable, appartenant à la famille des Gésalpiniées, voisine de celles des Papilionacées, dont elle n’est même, selon des auteurs recommandables, qu’une simple tribu. Le caroubier, qui atteint parfois jusqu’à douze mètres de haut, et deux mètres dans la circonférence du tronc, a une ramure puissante, touffue ; ses feuilles sont toujours vertes, persistantes, munies latéralement de plusieurs paires de folioles ovales, glabres, luisantes en dessus, un peu ondulées, légèrement échancrées au sommet, à nervures assez saillantes (fig. 88). Il y a des caroubiers mâles et des caroubiers femelles. Les Heurs du caroubier femelle sont disposées en grappes à l’aisselle des feuilles ; la corolle est nulle, mais remplacée par un disque d’un rouge foncé, petit, pourvu d’un calice à cinq divisions ; les étamines sont au nombre de cinq. Le fruit, ou silique, est long de quinze à vingt-cinq centimètres environ, formé extérieurement d’une enveloppe très épaisse, luisante, rougeâtre. C’est ce fruit qu’on nomme caroube, fève de Pythagore, pain de saint Jean, figuier d’Egypte (fig. 89). L’espace compris entre les graines et l’enveloppe est rempli d’une pulpe rousse, d’une saveur douce et sucrée. Ce fruit faisait autrefois partie de plusieurs compositions laxatives et adoucissantes. Les pauvres et les enfants le mangent. Dans le midi de la France et en Es-