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CARMES (TRAVAUX DES) SUR LES SAINTES ÉCRITURES — CARNION

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]e Cantique des cantiques ; mais il n’en reste plus que quelques fragments copiés par une religieuse, avant que la sainte n’eût brûlé son manuscrit par humilité. Pour saint Jean de la Croix, on sait que toutes ses œuvres ne sont qu’une savante exposition de l’Écriture dans le sens mystique.

Le vénérable Jean de Jésus -Marie, premier maître des novices de la congrégation d’Italie des Carmes déchaussés, que Bossuet appelait. summus theologus summusque myslicus, se fait remarquer, au xviP siècle, par ses commentaires instructifs et profonds sur le Cantique des cantiques, sur Job, etc. ; le vénérable Pierre de la Mère de Dieu, promoteur des missions de Perse, dont la doctrine avait t’ait à vingtcinq ans l’admiration des docteurs d’Alcala, ses anciens maîtres, ranime le goût des études scripturaires dans plusieurs ordres religieux dont le pape Clément V11I lui avait confié la visite et la réforme ; le vénérable Dominique de Jésus-Marie, le vainqueur de Prague, au milieu d’une vie constamment sollicitée par les affaires et les travaux apostoliques qui lui sont imposés par les princes et les papes, trouve le moyen de Composer deux traités sur les Psaumes, dans le but, disait-il, de rendre plus utile la récitation de l’ofûce divin ; le P. Paul-Simon de Jésus-Marie, légat du pape Clément VIIl auprès du roi de Perse, fixe, dans l’Instruction pour les maisons d’études de sa congrégation, la méthode que suivent encore aujourd’hui les professeurs d’Écriture Sainte dans les couvents des Carmes déchaussés ; le P. Jean-Thaddée de Saint-Elisée, compagnon du précédent et premier archevêque d’ispahan, publie sa traduction du psautier en langue persane, faite par ordre du roi de Perse ; le P. Bernard de Sainte -Thérèse, évêque de Babylone et nonce apostolique en Perse, fonde deux séminaires, le premier à lspahan même, avec la permission du roi, et le second à Paris, au faubourg SaintGermain, dans la rue qui, en souvenir de lui, porte encore maintenant le nom de rue de Babylone, pour l’éducation des ecclésiastiques qui se destinaient à la mission de Perse ; les PP. Séraphin de Sainte-Thérèse, Ferdinand de Jésus, Maurice de la Croix, François de Jésus, François de Jésus-Marie, Louis de Sainte -Thérèse, Antoine de la Mère de Dieu, Marian de Jésus et Joachim de Sainte-Marie, écrivent des commentaires. Une autre réforme, connue sous le nom de réforme de Rennes, opérée par Pierre Behourt et Philippe Thibault, relève dans le même temps les études bibliques dans le Carmel français de l’observance, en y rétablissant dans sa perfection première la vie d’oraison. Citons encore dans ce siècle Henri Silvio, professeur à l’université de Pavie et à la Sapience et théologien de la congrégation de Auxiliis ; LouisJacob de Saint-Charles, de Chalon-sur-Saône, auteur de cent un ouvrages, dont un a pour titre Bibliotheca omnium editionum Bibliorum, usque ad annum Ï500, et un autre Maxima Sanctœ Scripturse bibliotheca, in qua agitur de omnibus Sanctx Scripturse interpretibus omnium nationum et linguarum ; et Jean de Silveira, de Lisbonne, trop légèrement qualifié de compilateur, qui, outre un excellent traité de quatre-vingt-sept pages in-folio de notions préliminaires, a écrit six volumes sur l’Évangile, un sur les Actes et deux sur l’Apocalypse, tous in-folio, où, après avoir donné les sentiments divers sur chaque question avec la plus entière sincérité, il ne manque jamais de motiver son choix de la façon la plus judicieuse.

Au XVIIIe siècle, la réforme de Rennes produit Dorothée de Saint-Irénée avec ses commentaires théologiques, historiques et moraux sur les Rois, les Psaumes et l’Apocalypse ; celle de Mantoue, Georges Vercelloni ; celle de sainte Thérèse, les Pères Pierre-Thomas de Saint-André, Chérubin de Saint-Joseph (Alexandre de Borie), auteur de la Bibliotheca critiese sacrx, 4 in-f", Louvain et Bruxelles, "1704-1700 (inachevée), et de la Summa criticie sacrse, 8 in-8°, Bordeaux, 1709-1716 ; Jean de Sainte-Anne et Anastase de Sainte-Thérèse, qui commente l’Écri ture par l’ordre des supérieurs de la congrégation d’Espagne ; le P. Honoré de Sainte-Marie, si connu par son livre demeuré classique sur les règles et l’usage de la critique, où, dans deux séries de propositions, il traite des difficultés chronologiques et du canon de l’Ancien Testament et de l’inspiration des Saints Livres ; le P. Joseph-Ange de la Nativité, auteur d’un volume in-folio, Lector bibïicus, siie Bibliss sanctx antilogise ad concordiam redactx, juxta mentent Docloris angelici, édité à Crémone, en 1725 ; le P. Didace de Saint -Antoine, auteur de YEnchiridion scripturisticum, 4 in-8° ; le P. Grégoire de Saint-Joseph, qui a écrit Prseliminares introductions ad Sanctam Scripturam ; le P. Léonard de Saint-Martin, Examina scripturisticasensum litteralem complectentia T Il in-12, et Summa scripturistica, 4 in-12 ; le P. Jean de la Croix, de Wurzbourg, très versé dans les languesorientales, auteur de Synopsis historico-critica de ortu, progressu, etc., atque usu hodierno linguse hebraiese ejusque subsidiis, in-8°, et de Libri Exodi harmonia critico-litteralis in locis obscuris.

Enfin le xixe siècle n’est pas moins fécond que les précédents en travaux scripturaires relativement au nombre des religieux : le P. François-Xavier de Sainte-Anne, archevêque de Vérapoly, a donné une version libre de l’Ancien Testament en portugais ; beaucoup de professeurs conventuels ont écrit leurs cours, et d’autres religieux ont composé des commentaires, bien que ces dernierstravaux n’aient pas été, que nous sachions, publiés jusqu’ici. — Tels sont les principaux travaux d’un ordre où l’étude de l’Écriture prend la plus large part de la vie, et où des cours perpétuels et journaliers, auxquels tousles religieux doivent assister ad nutum prioris, entretiennent forcément l’ardeur pour l’intelligence des Saintes Lettres. — Voir Bibliotheca carmelitana, 2 in-f", Orléans, 1752 ; Collectio scriptorum ordinis Carmelitarttm excalceatorum, 2 in-8°, Savone, 1884. F. Benoit.

CARMI. I Par., iv, 3. Voir Charmis, col. 598.

    1. CARNAÏM##

CARNAÏM (Kxpvoeiv ; Codex Alexandrinus : Kapvsiv), ville forte située à l’est du Jourdain, prise par Judas-Machabée ; elle possédait un temple, xô t£|aevo ; , que le vainqueur réduisit en cendres. I Mach., v, 26, 43, 44. Ce nom n’est autre que l’hébreu Qarnaîm, « les deux cornes, » et se trouve une fois associé à un autre dans Astaroth-Carnaïm, cité primitivement habitée par les Réphaïlcs. et frappée par Chodorlahomor. Gen., xiv, 5. Faut-il pour cela ne faire qu’une seule ville des deux ? La question est controversée. Avec l’auteur de l’article Astaroth 2, t. i, col. 1174-1180 (qu’il faut lire pour les développements), nous croyons que Scheikh Sa’ad, au sud de Naouà, à l’ouest de la route des Pèlerins, représente bien le Carnaïm de Gen., xiv, 5, le Carnsea d’Eusèbe et d& saint Jérôme, Onomaslica sacra, Gœttingue, 1870 f p. 108, 268, le Carnéas de sainte Sylvie, Peregrinatio, 2e édit., Gamurrini, Rome, 1888, p. 31. Mais nous pensons, comme lui, que rien ne s’oppose à ce que le Carnaïm des Machabées, identifié à Camion, ne soit cherché ailleurs. Voir Carnion. A. Leqendre.

    1. CARNION##

CARNION (rà Kapviov), place forte, d’un accès difficile, située à l’est du Jourdain et prise par Judas Machabée dans sa campagne contre Timothée. II Mach., xii, ’21, 26. Le texte grec nous dit qu’elle possédait un temple consacré à la déesse Atargatis,-b’A-rapi’itstov, ^. 26. On l’a généralement regardée comme identique à Carnaïm, I Mach., v, 26, 43, 44, et à AstarothCarnaïm Gen., xiv, 5-Une opinion récente la distingue de cette dernière et l’assimile à Carnaïm. K. Furrer, Zur osljontanischen Topographie, dans la Zeitschrift des deutsclien Palâslina-Vereins, Leipzig, t. xiii, 1890, p. 198. pense qu’on peut la reconnaître dans l’ancienne "Aypa : /i ou Fpxîva des inscriptions ( cf. V. H. Waddington, Inscriptions grecques-