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CARMEL (MONT)


passer les nuits en prière et lire l’Écriture. Ils gravaient leurs noms sur douze grandes pierres placées en rond autour de l’endroit où, disait-on, avait été l’autel d’ÉHe. Voir les Mémoires du chevalier d’Arvieux, publiés par J.-B. Labut, in-18, Paris, 1735, t. ii, p. 293 ; R. P. Philippe de la Sainte -Trinité, Voyage d’Orient, in-12, Lyon, 1652, p. loi ; Michel Nau, S. J., Voyage nouveau de la Terre Sainte, in-18, Paris, 1679, p. 66 ; Doubdan, Le Voyage de la Terre Sainte, in-8°, Paris, 1666, 3e édit., p. 65. Au xviii » siècle, le jour de la fête de saint Élie, les Juifs s’unissaient aux musulmans et aux chrétiens pour venir à la grotte du saint, au sommet du promontoire, célébrer le prophète. Voyages de Richard Pococke, in-12, Paris, 1772, p. 164. — Le Carmel ne fut pas moins honoré des chrétiens que des Juifs. Le pèlerin de Bordeaux, en

gieux latins ne tardèrent pas à revenir. Les relations des pèlerins et les histoires du xm 8 siècle et des siècles suivants les désignent sous le nom d’Ermites ou Frères du Carmel. Ils occupaient au haut du promontoire la grotte de Saint-Élie et la place de l’ancien monastère, et au-dessous, vers la base de la montagne, la grande caverne appelée par les Arabes El-lihàder (nom par lequel ils désignent le prophète), et par les chrétiens tantôt Saint-Élie, tantôt Saint-Elisée, tantôt l’École des prophètes. Nous les rencontrons aussi, une lieue plus loin vers le sud, près de la fontaine dite également de saint Élie, ou dispersés dans diverses grottes et lieux de la montagne. Ces récits nous les montrent s’efforçant d’imiter la conduite et les vertus des anciens cénobites et des disciples des prophètes, et honorant d’un culte particulier la très

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Si. — Couvent du mont Catmel. D’après une photographie.

arrivant à la mansio Sycaminos, n’oublie pas de noter : « Là est le Carmel, où Élie offrit le sacrifice, » Itinerar., Patr. lat., t. viii, col. 790. On a attribué à sainte Hélène la fondation d’une église de Saint-Élie au mont Carmel. Les paroles de Nicéphore Callixte, H’. E., viii, 30, t. cxlvi, col. 113, sur lesquelles on appuie cette assertion, ne sont pas claires ; les affirmations de l’historien byzantin sont du reste sujettes à caution. Toutefois, peu après Constantin, on trouve certainement sur le Carmel des monastères et des églises dédiées aux prophètes Élie et Elisée. Antonin de Plaisance, vers 570, rencontrait à un mille de Sycaminos le camp des Samaritains, et à un demi-mille au-dessus visitait un monastère de Saint-Elisée. Itinerarium, Patr. lat., t. lxxii, col. 888. Les cénobites de ces monastères sont ceux probablement qui, au rapport de saint Jérôme, Vita S. Pauli eremitse, Prol., t. xxiii, col. 17, considéraient ces prophètes, dont ils faisaient profession d’imiter le genre de vie, comme leurs pères. Le moine grec Phocas visitait aussi, en 1185, la. grotte d’Élie. Elle était entourée des ruines d’un ancien et grand monastère. Il y trouvait un ermite, qu’il dit originaire de la Calabrc, et que l’on croit être saint Burthold, avec dix religieux ; ils s’étaient élevé au milieu des ruines une demeure avec une chapelle. Dispersés par les musulmans après la bataille de Hatlln (1187), les reli sainte Vierge Marie. Agités par de nombreuses vicissitudes, souvent victimes des persécutions des musulmans maîtres de la contrée, les Frères du Carmel reviennent toujours à la sainte montagne, où nous les retrouvons encore aujourd’hui. Voir Daniel higoumène russe, Pèlerinage, trad. de Noroff, in-4°, Saint-Pétersbourg. 1864, p. 116 ; Thietmar, Pereqrinatio, 2e édit., Laurent, p. 20, 21 et 81 ; Villebrand d’Oldenbourg, Peregrinatio, dans les Peregrinalores medii xvi quatuor, 2e édit., Laurent, in-4°, Leipzig, 1873, p. 183 ; Burkard du Mont-Sion, Descriptio Terrse Sanctse, ibid., p. 83 ; Ricoldo a Monte Croce, Liber peregrinacionis, ibid., p. 107 ; les Pèlerinages pour aller en Iherusalem, dans les Itinéraires français de l’Orient latin, in-8°, Genève, 1880, p. 90 ; Les saints pèlerinages que l’on doit requérir en la Terre Sainte, ibid., p. 104 ; Les chemins et pèlerinages de la Terre Sainte, ibid., p. 180, 189 ; Jacques de Vitry, Histoire, dans Bongars, 1611, p. 1075 ; Marino Sanuto, De secret, fidel., à la suite du Gesta Dei per Francos de Bongars, p. 246, et la plupart des relations depuis le XIIe siècle jusqu’à nos jours.

IV. État actuel. — Si l’antique splendeur du Carmel a disparu, il jouit néanmoins encore d’une beauté relative. Moins dépouillé que les monts de la Samarie et de la

i Judée, les broussailles de chènevert, de lentisque, da