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CARIOTH


(ou s’appelait auparavant) Asor. » Cf. Jos., xv, 49. La ville subsisterait alors dans le Kltirbet él-Qouréitéin, au sud d’Hébron. Voir la carte de la tribu de Juda. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 101, note 1 ; Van de Velde, Memoir to accompany the Map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 328. Il est vrai que le nom actuel ne renferme plus que la première partie de l’antique dénomination ; mais la seconde a bien pu disparaître, ou la ville pouvait s’appeler simplement Carioth, suivant la remarque de Reland, qui donne des exemples du même fait tirés de la Belgique, Palsestina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 700. Qu’on accepte cette explication ou qu’on adopte la leçon de la Vulgate, il est certain qu’il y a correspondance exacte entre les deux noms : l’arabe l ^^S, Qouréitéin, est un duel, signifiant « les deux villes, » représentant ainsi l’hébreu a’nnp, Qiryâfaim, qui est parfois remplacé par le pluriel ninp, Qeriyô{.

Voir Cariathaïm 1. Cꝟ. 6. Kampffmeyer, Alte Namen im heuligen Palàstina und Syrien, dans la Zeistchrift des deutsclien Palàstina-Vereins, Leipzig, t. xvi, 1893, p. 64. La position est-elle conforme aux données scripturaires ? Le crémier groupe des possessions de Juda, Jos., xv, 21-32, comprend tant d’inconnues, qu’il ne peut nous fournir aucun renseignement précis. Par sa situation, Khirbet elQouréitéin semblerait plutôt appartenir aux cités de « la montagne », Jos., xv, 48-60 ; cependant ce premier district est si étendu, qu’il pouvait, au nord, atteindre ce point, aussi bien qu’il parvenait jusqu’à Khirbet Oumm er - Roummâmim, site actuel de l’ancienne Remmon. Jos., xv, 32. Les deux endroits les mieux connus et les plus rapprochés, entre lesquels est mentionnée Carioth - Hesron, sont Adada (aujourd’hui El-’Ad’àdah, à quelque distance à l’ouest de la mer Morte) et Molada (Khirbet el-Milh). Jos., xv, 22, 26.

M. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 180, décrit ainsi Khirbet elQouréitéin : « Les ruines de cette antique cité couvrent un espace d’au moins dixhuit cents mètres de tour. On distingue encore la direction de plusieurs rues. Les maisons, dont les vestiges jonchent partout le sol, paraissent avoir été construites avec des matériaux assez régulièrement taillés ; la plupart d’entre elles s’élevaient au-dessus de caveaux pratiqués dans le roc. À l’extrémité occidentale de l’emplacement qu’occupait la ville, je remarque les restes d’une église chrétienne, formant extérieurement un rectangle tourné de l’ouest à l’est. Des amas de belles pierres de taille en marquent les contours. Elle mesurait trente pas de long sur dix-sept de large, et était précédée d’un atrium carré, ayant dix-sept pas en tous sens. » — On croit généralement que Carioth est la patrie du traître Judas. L’épithète’Iffxapiuytriî, Iscariote, ajoutée à son nom, pour le distinguer de saint Jude, semble bien une expression calquée sur l’hébreu ni-np-WN, ’IS-Qeriyôt, « i’homme de Carioth, » équivalant à Cariothensis, à™ KspiûiTou, comme on lit dans l’Évangile de saint Jean, VI, 71, d’après plusieurs manuscrits. C’est ainsi que Josèphe, Ant. jud., VII, vi, 1, voulant désigner un individu natif de Tob, l’appelle "IcttwSo ; , comme il eût dit en hébreu’Is-Tôb, « l’homme de Tob. » Cf. Fillion, Évangile selon

saint Matthieu, Paris, 1878, p. 195.

A. Legendre.

2. CARIOTH (hébreu : Qeriyôt, Jer., XLVin, 24 ; avec l’article : haq-Qeriyôt, Jer., xlviii, 41 ; Am., ii, 2 ; Septante : KapiM8, Jer., xlviii, 21, 41 ; twv ttoXewv ofjxîi ; , Am., ii, 2), une des villes de Moab contre lesquelles Jérémie, xlviii, 24, ii, et Amos, ii, 2, lancent les menaces divines. « Le jugement de Dieu est venu » sur elle, comme sur Dibon, Cariathaïm, Bethgamul, Bosra, et d’autres ; elle sera prise, et ses remparts seront détruits ; le feu consumera ses palais. L’article placé devant le mot Jer., xlviii, 41 ; Am., ii, 2, pourrait faire croire à un nom commun, « les villes, » et c’est ainsi qu’ont traduit les

Septante, Am., ii, 2 ; pour être conséquents, ils auraient du rendre de même le second passage de Jérémie, xlviii, 41, où cependant ils ont vu un nom propre. Avec la Vulgate, la Peschito et la plupart des commentateurs, nous reconnaissons dans nos trois textes la même ville de Moab, qui d’ailleurs, dans le premier, est incontestablement une localité distincte. La difficulté maintenant est de trouver son identification. J. L. Porter, Five years in Damascus, Londres, 1855, t. ii, p. 191-195, pense qu’elle subsiste encore dans le village actuel de Qouréiyéh, situé à la base sud-ouest du Djebel Hauran, entre les deux ouadis Zêdy et Abou Ilamâqa. Cette opinion est pour nous absolument inadmissible. L’auteur a été trompé par la similitude de certains noms. Croyant avoir retrouvé Bosra de Moab, Jer., xlviii, 24, dans la Bosra du Hauran, l’ancienne Bostra des Grecs et des Romains, et Bethgamul, Jer., xlviii, 23, dans Oumm el-Djemâl, au sud-ouest de la précédente, il était naturellement amené à confondre Carioth avec Qouréiyéh, au nord-est de Bosra. Mais plusieurs raisons renversent complètement cette théorie. D’abord Jérémie ne parle, dans son énumération, que des villes de « la plaine » (hébreu : hammïsôr), ꝟ. 21, c’est-à-dire des plateaux qui s’étendent à l’est de la mer Morte, et parmi elles les plus connues nous maintiennent précisément dans un certain rayon au nord de l’Arnon : Dibon (aujourd’hui Dhibàn), Cariathaïm (Qoureiyât), Bethmaon (Ma’in). Ensuite aucun témoignage ne nous prouve que le pays de Moab se soit étendu si haut vers le nord ; nous avons tout heu de croire, au contraire, qu’il n’allait guère au delà de la pointe septentrionale de la mer Morte. Enfin nous avons montré que Bethgamul correspond bien plus justement à D) email, à quelque distance au nord-est de Dibon, et que Bosra de Jer., xlviii, 24, ne peut être assimilée à Bosra du Hauran. Voir Bethgamul, t. i, col. 1685 ; Bosor 1, t. i, col. 1856. — Seetzen, Heisen durch Syrien, Palàstina, etc., édit. Kruse, Berlin, 1854, t. ii, p. 312, place Carioth à Qoureiyât (qu’il écrit Kôrriât). au sud du Djebel Attarous, là où nous avons reconnu le site de Cariathaïm. Voir Cariathaïm 1. Cette identification serait acceptable dans l’opinion de ceux pour qui Cariathaïm est EtTeim, au sud-sud-ouest de Mâdeba ; mais nous avons donné les raisons qui nous empêchent d’admettre ce sentiment. D’un autre côté, il est impossible de confondre en une seule les deux cités moabites, que Jérémie, ’xlviii, 23, 24, et la stèle de Mésa, lignes 10, 13, distinguent nettement. — Tristram, The Land of Moab, Londres, 1874, p. 99, 276, signale auprès de Kérak une localité du nom de Kureitun ; mais elle est trop éloignée du rayon dans lequel l’Écriture semble renfermer Carioth, à moins qu’on n’applique à cette dernière les paroles du prophète, dans le même verset : « celles [les villes] qui sont au loin, comme celles qui sont auprès. » Jer., xlviii, 24. Nous ne pouvons faire ici que des suppositions ?


Plusieurs auteurs coupent court à ces difficultés en faisant de Carioth un synonyme de’Ar, l’ancienne capitale de Moab (aujourd’hui Er-Rabbah, à peu près à moitié chemin entre Kérak et l’Arnon) ; la forme plurielle Qeriyôt indiquerait que la ville se composait de deux ou plusieurs parties principales. Les arguments à l’appui de cette thèse sont les suivants : 1° Là où, parmi les cités de Moab, figure la capitale, ’Ar, comme dans la liste des possessions de Ruben, Jos., xiii, 16-21, et dans la prophétie contre Moab, Is., xv, xvi, on ne rencontre pas Carioth ; là, au contraire, où Carioth est nommée comme la ville la plus importante, Am., ii, 2, et mise au nombre des grandes villes du pays, Jer.. xlviii, ’Ar n’est pas mentionnée. — 2° Carioth désigne bien la capitale de la contrée : dans Amos, ii, 2, par exemple, elle ne peut être considéréeque comme telle, d’après le plan même de toute la prophétie ; Jérémie, xlviii, 24, nous montre dans Carioth et Bosra deux places très considérables, où élait