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CARIATHIARIM — CARIATH-SÉPHER


puyer sur le texte biblique. Les six cents hommes de Dan quittent Saraa et Eslhaol, puis « montent » pour venir camper à Cariathiarim et se rendre de là dans la montagne d’Éphraïm. Jud., xviii, 11 -12. Il est clair d’abord qu’ils ne peuvent « monter » en s’établissant dans une plaine située au-dessous des villes mêmes qu’ils viennent de laisser. Ensuite pourquoi chercher un campement si près du point de départ ? Enfin pourquoi ce singulier détour vers Khirbet’Errnà pour gagner la route d’Éphraïm, tandis que le chemin direct vers Qariet el-’Enab est tout naturel ? Nous sommes donc disposé à distinguer deux « camps de Dan ». — 3° D’après Jos., xv, 10, Cariathiarim devait être au sud de Cheslon (aujourd’hui Kesla) ; c’est le cas pour Khirbet’Ermâ, mais non pour Qariet el -’Enab. Nous ne pouvons discuter ici la question des limites de Juda et de Benjamin ; nous ferons seulement remarquer que l’expression « au septentrion » montre la frontière se dirigeant au nord de Cheslon et non pas au nord de Cariathiarim : le tracé lui-même place Cheslon entre Cariathiarim et Bethsamès, ce qui se justifie dans notre hypothèse et non pas dans celle des Anglais. — 4° Khirbet Ermâ est bien plus près de Bethsamès, et l’on comprend que les habitants de cette dernière ville aient demandé qu’on transportât l’arche d’alliance dans une localité voisine, au lieu de courir aussi loin que Qariet el-’Enab. Josèphc du reste nous dit, Ant.jud., ^1, 1, 4, que Cariathiarim était proche de Bethsamès. Nous avons déjà trouvé dans la position de l’antique cité sur le chemin de Silo la raison du choix qu’on en fit pour recevoir le dépôt sacré. On ajoute un autre motif : c’est que les habitants, comme anciens Gabaonites, étaient dans une condition presque servile, Jos., ix, 17-27, et qu’on pouvait ainsi leur imposer une charge qu’ils ne refuseraient pas, les exposer même à toute la rigueur des châtiments qui avaient marqué les différentes stations de l’arche sainte. Cf. F. de llummelauer, Commentarius in lib. Sanmelis, in-8°, Paris, 1886, p. 84. Pour le témoignage de Josèphe, fautil y attacher une grande importance, quand nous voyons le même historien placer Cariathiarim auprès de Gabaon, Ant. jud., V, i, 16 ? Prenons un juste milieu entre ces deux assertions, et nous arriverons à Qariet el-’Enab. — 5° Les arguments tirés de la topographie conviennent aussi bien à l’une qu’à l’autre des localités. Cf. Survey of Western Palestine, Londres, 1883, t. iii, p. 43-50 ; Palestine Exploration Fund, Quarterly Stalemeat, 1879, p. 97-99 ; 1881, p. 261-2(56. — Aux difficultés par lesquelles nous venons de combattre la seconde hypothèse, nous ajouterons les suivantes : D’abord Khirbet’Ermâ est certainement trop loin pour avoir été une cité gabaonite. Ensuite cette localité n’est pas sur la route de Jérusalem à Lydda. Enfin elle est à bien plus de neuf milles de la ville sainte.

On a cherché aussi à identifier Cariathiarim avec’Ain Karim iCarem), à l’ouest de Jérusalem, ou avec Sôba, au sud-est de Qariet el-’Enab. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Stalement, 1878, p. 196-199 ; 1882, p. 61. Aucune raison ne nous semble de nature à changer notre opinion.

II. Histoire. — Les noms primitifs que portait Cariathiarim, c’est-à-dire Baala et Cariathbaal, « habitation, ville de Baal, » prouvent que, du lemps des Chananéens, elle était vouée au culte de cette divinité. Ce furent peut-être les Israélites qui changèrent cette dénomination païenne en celle de Qiryaf Ye’ârim, « ville des forêts. » Faisant partie de la confédération gabaonite, cette ville subit le sort des cités qui avaient surpris la bonne foi de Josué : les habitants furent épargnés, mais ils furent en même temps condamnés à être pour toujours « au service de tout le peuple et de l’autel du Seigneur, coupant du bois et portant de l’eau au lieu que le Seigneur aurait choisi ». Jos., ix, 27. C’est ainsi qu’ils furent en quelque sorte les esclaves du tabernacle à Silo, à Nobé, à Gabaon, chez eux-mêmes, quand l’arche sainte y fut transportée,

et c’est peut-être pour cela, nous venons de le dire, qu’ils furent requis par les Bethsamites. Les Hébreux, après la conquête, s’établirent à Cariathiarim, se mêlant à l’ancienne population : on trouve son nom dans les généalogies de Juda, où sa fondation est attribuée à Sobal, descendant de Caleb, I Par., ii, 50, et des familles qui s’y fixèrent sortirent « les Jethréens, les Aphuthéens, les Sémathéens, les Maséréens, desquels sont aussi venus les Saraïtes (habitants de Saraa) et les Esthaolites (ceux d’Esthaol) ». I Par., ii, 53. L’arche d’alliance y fut emmenée dans les circonstances que nous avons rappelées (voir aussi Bethsamès 1, Histoire, t. î, col. 1735) et placée sur la colline de Gabaa, dans la maison d’Abinadab, qui était probablement lévite, et dont le fils, Éléazar, fut constitué gardien du dépôt sacré. I Reg., vi, 21 ; vii, 1-2. C’est à ce séjour que, suivant beaucoup de commentateurs, il est fait allusion dans ces paroles du Ps. cxxxi (hébreu : cxxxii), 6 :

Voici que nous avons appris qu’elle était à Éphrata, Nous l’avons trouvée dans les champs de Yà’ar.

La Vulgate a traduit, les derniers mots par « les champs de la forêt » ; mais on s’accorde généralement à voir dans Sedê- Yà’ar le correspondant de Qinjat Ye’ârim. L’arche sainte resta à Cariathiarim jusqu’au moment où David, voulant l’amener à Jérusalem, la laissa pendant trois mois dans la maison d’Obédédom. II Reg., vi, 2-3 ; I Par., xiii, 5.-7 ; II Par., i, 4. (Les textes des Paralipomènes nomment formellement Cariathiarim ; le passage parallèle du second livre des Rois, vi, 2, l’appelle Ba’âlè Yehûdâh, expression que nous avons expliquée à propos de Baala 1, t. i, col. 1322 ; la traduction des Septante, I Par., xiii, 6, eîç itôXiv Aaufê, est une faute.) Jérémie, xxvi, 20-23, nous révèle le nom d’un prophète, Urie, fils de Séméï de Cariathiarim, qui annonça, comme lui, les malheurs de Juda. Le roi Joaldm, en ayant été informé, chercha à le faire mourir. Pour échapper à la colère royale, Urie s’enfuit en Egypte ; mais le monarque envoya des gens qui le ramenèrent à Jérusalem. Mis à mort, son corps fut enseveli sans honneur dans les tombeaux du commun du peuple. Dans le dénombrement des Juifs qui revinrent de captivité, on compte sept cent quarante - trois enfants de Cariathiarim, Céphira et Béroth. I Esdr., ii, 25 ; II Esdr., vii, 29.

A. Legendre.
    1. CARIATHSENNA##

CARIATHSENNA (hébreu : Qirijaf - Sannâh ; Septante : t16), iç ypafK.u. « TMv), ville de Juda. Elle n’est ainsi nommée qu’une fois, Jos., xv, 49, où le texte sacré nous apprend que c’est la même ville que Dabir. C’est probablement un ancien nom, comme celui de Cariathsépber, qui lui est quelquefois donné. Voir Dabir. Le mot Cariath signifie « ville » ; quant au mot senna ou sannâh, la signification est incertaine. Les Septante l’expliquent par « ville des livres », comme ils l’ont fait pour Cariathsépher ; quelques commentateurs par « ville de la loi » ; d’autres par « ville de la crête », c’est-à-dire placée sur le sommet d’une montagne ; d’autres par « ville de Sannâli », personnage inconnu ; ou par « ville des palmes ». Cette dernière explication est peu probable, car Cariathsenna était située dans les montagnes, Jos., xi, 21, qui ne sont pas propices au palmier. F. Vigouroux.

    1. CARIATH-SÉPHER##

CARIATH-SÉPHER (hébreu : Qiryaf-Sêfér, « ville du livre ; » Septante : TrdXtç ypau.u.iïtoy, Jos., xv, 15, 16 ; Jud., i, 12 ; Kapiaôo-ôcpsp, 7to).iç ypa.imiTMV, Jud., i, 11), nom primitif de la ville de Dabir, Jos., xv, 15 ; Jud., i, 11, appelée aussi Cariathsenna, Jos., xv, 49. Ce nom ne parait que dans deux passages parallèles de la Bible, Jos., xv, 15, 16- Jud., i, 11, 12, où il est question de la prise de la ville par Othoniel, qui reçut en récompense la main d’Àxa, fille de Caleb. Dabir était dans la « montagne » de Juda, Jos., xv, 49, et fut assignée aux enfants d’Aaron. Jos., xxi, 15. Les trois dénominations qu’elle