Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/146

Cette page n’a pas encore été corrigée
273
274
CARIATH HUSOTH — CARIATHIARIM


du PseudoJonathan explique Qiryai huçôt par « les rues de la grande ville, la ville de Séhon, qui est Birosa ». Il semble l’identifier avec Cariathaïm de Moab. Le Pentateuque samaritain, au lieu de husôt, porte mi>n, hizôt, « visions », et la version samaritaine >n, razê, « secrets, mystères », par allusion peut-être aux visions ou prophéties de Balaam. Celte diversité de leçons peut rendre douteux le Ifusôt des Massorètes ; en tout cas, elle montre que de tout temps ce passage a fait difficulté.

Nous savons, par le récit des Nombres, xxii, 39, que Cariath Husoth était le nom d’une ville où Balac accomgna Balaam aussitôt après son arrivée dans le pays de Moab. Aucun détail ne nous renseigne sur sa situation, et comme elle n’est mentionnée nulle autre part dans l’Ecriture, on en est exclusivement réduit aux conjectures. Jusqu’ici on n’a découvert dans la Moabitide aucun nom de lieu qui rappelle celui-là. Tout ce qu’on peut induire du livre des Nombres, c’est, en comparant les JrjL 36 et 41 du eh. xxii, que Cariath Husoth se trouvait entre l’Arnon et Bamothbaal ( Vulgate : Excelsa Baal). On a supposé que c’était la même ville que Carioth de Moab (Knobel, Nanieri, Leipzig, 1861, p. 136-137 ; Kneucker, dans Schenkel, Bibèl-Lexicon, t. iv, 1871, p. 536-537) ou que Cariathaïm 1 (Porter, Handbook for travellers in Syria and Palestine, part, ii, Londres, 1868, p. 284). Il est impossible de décider la question. Voir Cariathaïm 1 et Carioth 2. F. Vigouroux.

    1. CARIATHIARIM##

CARIATHIARIM (hébreu : Qiryat Ye’drîm, « ville des forêts, » Jos., ix, 17 ; xv, 9, 60 ; xviii, 14, 15 ; Jud., xviii, 12 ; 1 Reg., vi, 21 ; vii, 1, 2 ; I Par., ii, 50, 52, 53 ; xiii, 5, 6 ; II Par., i, 4 ; Il Esdr., vii, 29 ; une fois avec l’article Qiryat hay-Ye’ârim, Jer., xxvi, 20 ; et une fois abrégé en Qiryai’Arhn, I Esdr., ii, 25 ; probablement aussi indiqué, Ps. cxxxi [hébreu, cxxxii], 6, sous l’expression Sedê-Yà’ar ; Septante : itoXei ; ’lapîv, Jos., ix, 17 ; izokii’laoïV, Jos., xv, 9, 60 ; I Par., xiii, 5 ; Kapiafhapiv, Jos., xviii, 14 ; KaptaOïapiu, Jud., xviii, 12 ; I Reg., vi, 21 ; "vu, 1, 2 ; 1 Par., ii, 50, 52 ; Il Par., i, 4 ; Jer., xxvi, 20 ; KapiaOapiVi I Esdr., Il, 25 ; Il Esdr., vii, 29 ; nôXeiç’laïp, I Par., ii, 53 ;-kôIiç Aîcn’6, I Par., XIII, 6), ville située sur la frontière des tribus de Benjamin et de Juda, au sudouest de la première, au nord de la seconde. Jos., xv, 9 ; xviii, 14, 15. Elle est aussi appelée Baala, Jos., xv, 9, 10 ; Cariathbaal, Jos., xv, 60 ; xviii, 14, et probablement, par abréviation, Cariath. Jos., xviii, 28. Voir Baala 1, t. i, col. 1322 ; Cariathbaal et Cariath. C’était’primitivement une des quatre cités chananéennes qui appartenaient aux Gabaonites, Jos., ix, 17 ; elle tomba plus tard dans le lot de Juda. Jos., xv, 60.

I. Identification. — i"> Opinion. — La plupart des commentateurs et des voyageurs, à la suite de Robinson, Biblkal Researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 11, 12, identilient Cariathiarim avec Qariet el-’Enab, village situé sur la route carrossable de Jérusalem à Jaffa, à treize kilomètres environ de la ville sainte, et plus généralement appelé aujourd’hui Abou-Gosch, du nom d’un chef de pillards, autrefois très redouté des caravanes. La colline sur les lianes de laquelle sont comme étagées les maisons de cette localité est à 726 mètres au-dessus du niveau de la mer et domine une vallée fertile, .ouverte de figuiers et d’oliviers. Un beau palmier précède la mosquée, et non loin coule une fontaine dont l’eau est aussi bonne qu’abondante. À l’entrée du bourg et isolée dans les vergers plantés de beaux arbres, s’élève une ancienne église chrétienne, dite de SaintJérémie, transformée en étable par les musulmans (fig. 79). C’est certainement une des plus intéressantes de la Palestine ; elle a été cédée à la France, en 1873, par le gouvernement turc. (On peut voir un plan général du village et de la propriété française dans C. Mauss, L’église de ISaint-Jérémie à Abou-Gosch, Paris, 1892, rr fasc, p. 16.) Ce monument forme un rectangle long de vingtsept

mètres sur dix-huit de large. Il se compose de trois nefs, terminées à l’orient par trois absides qui ne sont pas apparentes au dehors, dissimulées qu’elles sont dans l’épaisseur du mur qui délimite le chevet ; les arcades qui les séparent sont soutenues par des piliers massifs et sans ornement. Les murs portent encore de nombreuses traces de peintures à fresque aujourd’hui bien dégradées. Une crypte, ou église inférieure, reproduit toutes les dispositions de l’église supérieure ; au centre, on remarque une ouverture rectangulaire par laquelle on descend jusqu’à une source dont la nappe, facile à explorer, s’étend dans la direction du nord-ouest. La grande simplicité de l’édifice, la sobriété de l’ornementation et le caractère de la décoration intérieure, ont fait émettre la conjecture que cette église appartenait au premier âge de l’art byzantin ; on a supposé aussi qu’elle avait succédé à une tour de défense. Cf. M. de Vogué, Les églises de Terre Sainte, in-4°, Paris, 1860, p. 340-343 ; C. Mauss, L’église de SaintJérémie, p. 15-28 ; V. Guérin, Judée, t. i, p. 62-65. Les raisons de cette identification sont les suivantes : Cariathiarim était une des quatre villes des Gabaonites, Jos., ix, 17’; elle ne devait donc pas être très éloignée de la métropole, Gabaon (aujourd’hui El-Djib, au nord-ouest de Jérusalem). Or Qariet el-’Enab en est à huit ou neuf kilomètres, dans la direction du sud - ouest, à la même distance à peu près que Gaphira (Kefiréh), dont trois kilomètres seulement la séparent, et que Béroth (El-Bîréh), au nord-est. Voir la carte de la tribu de Benjamin, t. i, col. 1588. C’est avec ces deux dernières cités qu’elle est toujours mentionnée dans les livres d’Esdras. I Esdr., ii, 25 ; II Esdr., vii, 29. — 2° D’après la délimitation des tribus de Juda et de Benjamin, si nettement fixée par Josué, xv, 9-10 ; xviii, 14-15, elle se trouvait à l’angle ou au point d’intersection de deux lignes frontières : l’une, allant de l’est à l’ouest, de Jérusalem à Nephtoa (Lifta), pour venir, après Cariathiarim, du côté de Gheslon (Kesla) et de Bethsamès (’Aïn Schems), terminant Juda au nord, Benjamin au sud ; l’autre descendant du nord au sud, des environs de Béthoron inférieure (Beit-’Our et-Tahta) pour aboutir à Cariathiarim et former ainsi la limite occidentale de Benjamin. Tel est bien l’emplacement de Qariet el-’Enab. — 3° L’Écriture nous dit que six cents hommes de la tribu de Dan, marchant à la conquête de Laïs, au nord de la Terre Promise, « partirent de Saraa (Sarâ’a) et d’Esthaol (Eschou’a), puis montèrent et vinrent camper à Cariathiarim de Juda. Depuis ce temps, ce lieu reçut le nom de camp de Dan (Mafyânêh-Dàn), et il est derrière (c’est-à-dire à l’ouest de) Cariathiarim. De là ils passèrent dans la montagne d’Éphraïm. » Jud., xviii, 11-13. Qariet el-’Enab répond bien à cet itinéraire : le village se trouve sur la roule que devaient prendre les Danites pour aller de Saraa et Esthaol au pays d’Éphraïm ; son altitude dépasse de plus de trois cents mètres celle des villes de départ, et la vallée qu’il domine à l’ouest pouvait otlrir un campement facile à la petite armée pour sa première étape. — 4° La translation de l’arche d’alliance de Bethsamès à Cariathiarim, racontée I Beg., vi, 21 ; vii, 1, nous fournit encore une preuve. Frappés par Dieu pour un regard indiscret jeté sur l’objet sacré, les Bethsamites « envoyèrent des messagère aux habitants de Cariathiarim, disant : Les Philistins ont ramené l’arche du Seigneur, desvendez et ramenez-la chez vous. Les hommes de Cariathiarim vinrent donc et ramenèrent l’arche du Seigneur et la portèrent dans la maison d’Abinadab, à Gabaa ». L’expression o descendez » marque parfaitement la différence de niveau entre Qariet el-’Enab (726 mètres) et’Ain Schems (280 mètres) ; ensuite Qariet el-’Enab est bien sur la route de Silo (Seiloun), où l’arche devait être reportée. Le mot hébreu gib’âh, traduit dans la Vulgate par Gabaa, I Reg., vii, 1, est plutôt le nom commun « colline », indiquant la partie haute de la ville, où se trouvait la maison d’Abinadab. C’est ainsi que l’ont corn-