Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/141

Cette page n’a pas encore été corrigée
263
264
CÂREM


forme ou variante de Jota ou Jeta, ville lévitique de la tribu de Juda, nommée en Josué, xxi, 16, située dans la montagne de Juda, Jos., xv, 55, et voisine d’Hébron. Saint Luc, ayant coutume de nommer les villes dont il parle, ne pouvait pas, pense le savant hollandais, taire le nom de la ville natale du précurseur. Le nom’lo-jôa, ajoutent les tenants de la même opinion, ne peut désigner la tribu, la division par tribu n’existant plus au temps de saint Luc ; il ne peut être employé pour nommer la province de Judée : le nom que dans ce même chap. i, ꝟ. 65, il emploie à cet effet est’louSata, le nom généralement usité ; il ne peut donc être qu’un nom propre de ville. — 4° Le P. Ger l’époque des Machabées, en effet, jusqu’à la ruine de Jérusalem, tout le territoire à partir de Bethsur, dans lequel est inclus Hébron, est constamment appelé Idumée. Cf. I Mach., iv, 61 ; v, 65 ; vi, 31 ; xiv, 33 ; Josèphe, Ant. jud., XII, viii, 6, et ix, 4 ; Bell, jud., IV, ix, 7 et 9. — 3° La conjecture de Reland a été adoptée de nos jours non seulement par les protestants en général, mais aussi par plusieurs savants catholiques. Voir Jota. La tradition d"Ain-Kârem est, au contraire, vivement combattuepar eux. Le silence d’Eusèbe sur la patrie de saint Jean dans VOnomasliçan, de saint Jérôme dans VEpitaphium Paulse, d’Antonin de Plaisance, d’Adamnan, de saint "Wil 76. — Aïn-Kàrom. D’après une photographie.

mer-Durand voit le nom propre de la ville dans les mots Oïxo’/ Za/ccptou, « Domus Zacharise : » ce serait le nom de la ville de Bethzacharia, I Mach., vi, 32 (grec), dont saint Luc aurait traduit le premier membre, Beth, « maison. » 1° La première opinion est depuis longtemps généralement abandonnée. Si saint Luc, dit Estius, Annotationes in prœcipua ac difficiliora Scriptural loca, in Lucam, c. i, in-f°, Anvers, 1699, p. 489, eût voulu parler de Jérusalem, il l’eût appelée de son nom, comme il fait partout ailleurs. — 2° Le sentiment de Baronius et des autres n’est guère admis aujourd’hui que de ceux qui s’en rapportent simplement à l’autorité de ces savants. Ou peut lui appliquer la remarque d’Estius sur l’opinion précédente : si saint Luc eût voulu désigner Hébron, il l’eût fait comme le font les auteurs des livres des Machabées et Josèphe. Cette opinion a de plus le tort de chercher en Idumée une ville que, de l’avis du P. Papebrock, loc. cit., saint Luc, I, 65, indique clairement en Judée : depuis

libald, de Sœvulf, dans leurs descriptions, prouverait que jusqu’en 1102 au moins, époque du pèlerinage de Sœvulf, il n’y avait point de tradition sur ce point ; la tradition d" Aïn - Kârem d’ailleurs, inconstante encore dans la suite, serait d’invention relativement récente. La légende XA1PECTE Wï MAPTYPEC, « Salut, martyrs de Dieu ! » d’un fragment de mosaïque découvert sur l’emplacement de l’église principale d"Aïn-Kàrem, démontrerait, avec la dernière évidence, qu’on ne faisait point jadis mémoire de saint Jean en cet endroit. — 4° L’interprétation du P. Germer -Durand concorde peu avec le contexte de saint Luc. La disposition de la phrase et l’article tôv joint au mot o’xov, d ; tôv o ! /.ov Zayapio-j, ne permettent guère d’y voir un nom propre de ville, et l’on se persuadera difficilement que l’é' angéliste, dont la coutume est de transcrire tels quels les noms hébreux composés de Beth, comme Bethléhem, Béthanie, Bethphagé, ait eu la pensée de traduire ce nom précisément en un pas-