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CAREM


intitulée La Terre Sainte, ou Description topographique très particulière drs Saints Lieux et de la Terre de Promission, I. i, ch. xvii, in-4°, Paris, 1646, p. 184, appelle ce lieu Aain Charin ; le P. Michel Nau, jésuite, dans son Voyage nouveau de la Terre Sainte, 1. iv, ch. xix, in-18, Paris, 1679, p. 475, écrit comme nous Ain Karem. La plupart des descriptions ou relations appellent l’endroit Saint-Jean, la Maison de Zacharie ou d’autres noms semblables ; mais elles l’indiquent à l’occident de Jérusalem et du monastère de Sainte -Croix, et à une distance de la ville sainte équivalant à environ sept de nos kilomètres, c’est-à-dire là où se trouve’Aïn-Kârem. Voir, dans Itinéraires français des XIIe et xme siècles, publiés par la Société de l’Orient latin, in-8°, Genève, 1880, Le continuateur de Guillaume de Tyr, description rédigée vers 1261, x, ibid., p. 170 ; Les pèlerinages et pardouns de Acre, vers 1260, viii, ibid., p. 233 ; dans les Itinéraires russes, traduits par M"’de Khilrowoet publiés par la même Société, in-8°, Genève, 1889, Vie et pèlerinage de l’higoumène Daniel, écrit vers 1112, ch. lvh-lix, p. 49 et suiv. ; Pèlerinage de Grelhénios, vers 1400, ibid., p. 183 ; Pèlerinage de Basile Posniakoiv, en 1405, ibid., p. 326 ; dans les Archives de l’Orient latin, in-8°, Genève, 1882, t. ii, 2e part., p. 354 ; De itinere Terre Sancte, de Ludolphe de Sudheim (1336 i, p. 354 ; Theodorici libellus de Locis Sanctis, editus circa A. D. 1172, édit. Tobler, in-12, Saint-Gall, 1865, p. 86 ; De locis hierosolymitanis d’un anonyme grec du XIe ou xiie siècle, t. cxxxiii, col. 986 ; Ricoldo de Monte-Croce, Liber peregrinacionis, v, dans Peregrinalores niedii œvi quatuor, 2e édit. Laurent, in-4°, Leipzig, 1873, p. 111 ; Odoricus de Foro-Julii, Liber de Terra Sancta, xxxv, ibid., p. 152. Quatre descriptions du xii° siècle, copies d’un même texte, indiquent le lieu de la naissance de saint Jean à quatre et cinq milles de Jérusalem, mais au midi ; ce sont le Liber locorum sanctorum Terres Jérusalem de Fretellus, Patr. lai., t. clv, col. 1051 ; la Descriptio Terrée Sanctee de Jean de Wurzbourg, ibid., col. 1072 ; le Tractatus de distantiis locorum Terres Sanclæ d’Eugésippe, Patr. gr., t. cxxxiii, col. 1003, et le De situ, urbis Jérusalem et de locis sanctis d’un anonyme latin, dans l’appendice des Églises de la Terre Sainte de M. de Vogué, in-i°, Paris, 1860, p. 428. Le contexte fait voir clairement que par le midi ces auteurs désignent en réalité Voccidehl. À l’indication des distances la plupart des relations ajoutent d’autres renseignements. D’après la description de l’higoumène Daniel, loc. cit., p. 50, le plus ancien parmi les pèlerins donnant des détails nombreux, le village est situé au bas de la montagne qui s’étend de Jérusalem vers l’occident ; une église le domine ; sous le petit autel, à gauche en entrant, est une caverne ; c’est là que naquit le précurseur. À une demiverste ( environ cinq cents mètres), au delà d’une vallée pleine d’arbres, sur la montagne, est une autre petite église, élevée au lieu où Elisabeth cacha son fils pendant le massacre des Innocents ; sous cette église est une petite j grotte à laquelle est unie une chapelle ; de la grotte sort j une fontaine. Les relations signalent entre les deux églises une autre fontaine, où Marie, pendant son séjour chez Zacharie, dut venir puiser de l’eau. Voir Grethénios, loc. cit., p. 183 ; Pèlerinage du diacre Zozime, ibid., p. 216 ; Basile Posniakow, ibid., p. 326 ; l’anonyme grec, loc. cit., Jean Phocas, moine grec, pèlerin en 1185, Descriptio Terrée Sanctee, 26, t. cxxxiii, col. 956, et généralement toutes les descriptions écrites depuis le xiie siècle jusqu’à nos jours. Ces détails, qui se retrouvent exactement dans’Aïn-Kârem, sans être reproduits par aucune des localités des environs, ne laissent aucun doute sur l’identité de l’endroit désigné par ces descriptions avec ce village. Le témoignage du moine hagiopolite Épiphane, t. cxx, col. 264, que Rohrichl, dans sa Bibliotheca geographica Paleestinx, i n-8°, Berlin, 1890, p. 16, place à l’année 840, et qui est dans tous les cas antérieur aux croisades, nous fait constater l’existence de cette tradition avant le xiie siècle ; il appelle la

patrie du précurseur, Carmelion, du nom altéré deCarém, et l’indique « à six milles environ à l’ouest de la sainte cité », et « à dix-huit milles environ » en deçà d’Emmaûs (’Amoas), qui est lui-même à « dix milles » avant Ramblé ( Ramléh). Le Commemoratorium de Casis Dei vel monasteriis, édit. Orient latin, Itinera hierosolymitana latina, in-8°, Genève, 1877, 1. 1, p. 302, catalogue dressé vers 809, classe le monastère où saint Jean est né « parmi ceux des environs de Jérusalem, à moins de deux milles » (le mille est ici employé pour la lieue). La description De Terra Sancta de Théodosius, dans les mêmes Itinera hierosolymitana latina, 1. 1, p. 71, rédigé vers 530. place aussi le lieu « où sainte Marie alla saluer Elisabeth à cinq milles » (sept kilomètres et demi) de la ville sainte ; de même les Itinera latina, peut-être plus anciens, de Virgilius, dans les Analecta sacra et classica du cardinal Pitra, in-4°, Rome, 1888, t. v, p. 119. Cette distance est celle qui sépare’Ain - Karem de Jérusalem.

Trois textes toutefois contredisent les précédents. I.o premier, supposé d’Emoul et écrit vers l’an 1187, fait partie des Fragments sur la Galilée, publiés dans les Itinéraires français de la Société de l’Orient latin, p. 60 ; place le lieu de la Visitation dans le voisinage de Nazareth, sur une montagne où se trouvaient un monastère de moines grecs et une église de saint Zacharie, signalée encore par les Chemins et pèlerinages de la Terre Sainte, ibid., p. 198. L’auteur des Fragments a pu être induit en erreur par le nom ou aura accepté trop bénévolement une assertion de moines désireux d’attribuer de l’intérêt à leur maison. Le second texte est dans la Chronique pascale, Patr. gr., t. xcii, col. 492. La ville habitée par Zacharie est indiquée à douze milles (i(3’) de Jérusalem ; ce chiffre isolé, que rien ne confirme dans le contexte ni au dehors, peut être une de ces erreurs de nombre si communes dans les copies, à moins que ce ne soit une identification personnelle basée sur le nom de Beth-Zacharia, ville située, en effet, à environ douze milles au sud de Jérusalem. Le troisième texte est d’un moine Épiphane, du xie au xiie siècle, dans un recueil de récits apocryphes intitulé Vie de la bienheureuse Vierge, Patr. gr., t. cxx, col. 200 ; Bethléhem serait la ville de Zacharie, où Marie vint visiter sa cousine : la simple lecture du livre, où Gethsémani et Sion, Phiala et le lac de Génésareth, sont déclarés « une même chose », montre que les données géographiques n’y sont pas moins apocryphes que les récits.

III. Opinions diverses des commentateurs et des interprètes. — Si les interprétations du texte de saint Luc données par les commentateurs et les savants étaient exactes, la tradition montrant la patrie de saint Jean à’Aïn-Kârem devrait être rejetée comme fausse. — 1° Les principaux commentateurs du moyen âge, considérant les paroles : dç ™5uv’IoOSa comme déterminées, c’est-à-dire comme si saint Luc avait écrit : eî ; rj|v rcô), iv’IoûSa, « en la ville de Juda, » ont pensé qu’elles désignaient Jérusalem, la capitale et la ville par excellence de la Judée. Voir Cornélius a Lapide, Commentarïa in Sacram Scripturam, in Lucam, c. i, édit. Vives, t. xvi, p. 28. — 2° Baronius, Annales ecclesiastici, in-f°, Anvers, 1659, t. i, p. 43 et 44 ; Papebrock, Acta Sanclorum, De sancto Joanne prodromo, c. ii, § 3, édit. Palmé, junii, t. v, p. 604-606 ; Cornélius a Lapide, loc. cit. ; Math. Polus, Synopsis criticorum aliorumque Scripturse Sacrée interpretum et commentatorum, in-f°, Francfort-sur-le-Mein, 1712, t. iv, col. 819, et à leur suite un grand nombre d’autres interprètes, ont cru reconnaître dans ces mots la ville d’Hébron, la plus importante et la plus célèbre des villes attribuées à Juda, Jérusalem étant à Benjamin, et en même temps la première des villes sacerdotales attribuées aux fils de Caath, dont descendait, par Abia, Zacharie, père de Jean. — 3° Reland, Paleestina ex monumentis veteribus illuslrata, in-4°, Utrecht, 1714, p. 870, propose une autre conjecture : le nom’loOSa, suivant lui, pourrait bien être le nom propre de la ville, et n’être qu’une