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CARCAA — CARDINAUX (POINTS)


dionale de la Terre Sainte : Jos., xv. 3. Elle n’est pas mentionnée dans la délimitation de Num., xxxiv, 3-5, ni dans la liste des cités du midi. Jos., xv, 21-32 ; xix, 2-8 ; II Esdr., xi, 25-30. L’article qui précède qarqâ’âh pourrait taire croire à un nom commun, et c’est ainsi que l’a entendu Symmaque en traduisant par e5a ?o ; , « sol. » Le mot ypnp,

qarqa", se trouve du reste dans plusieurs passages de la Bible, où il indique soit le fond de la mer, Am., ix, 3 ; soit le sol du tabernacle, Num., v, 17, ou le pavé du temple. III Reg., vi, 15, 16, 30 ; vii, 7. Quelle est son étymologie ? Gesenius, Thésaurus, p. 1210, le rattache au talmudique "ip/iç, qarqar, qui signifie « fondement »,

de la racine ~np, qûr, « creuser, » à la forme pilpel ; dans ce cas, le -, , resch, se serait adouci en y, ’aïn. Cf. J. Fûrst, Hebràisches Handwôrterbuch, Leipzig, 1876, t. ii, p. 336337. Suivant d’autres, ce mot viendrait d’une racine quadrilittère, ypip, qui remonterait elle-même à -, ip, « creu-. ser, » et yip, « être profond. » Cf. F. Mùhlau et W. Volck, W. Gesenius" Handwôrterbuch, Leipzig, 1890, p. 762. E.Schrader, Die Keilinschriften und dus Alte Testament, Giessen, 1883, p. 583, le compare à l’assyrien qaqqaru (pour qarqaru), « étendue de terrain. » Avec le sens de « bas-fond », Qarqâ’âh pourrait désigner non une ville proprement dite, mais quelque district de la frontière palestinienne situé entre Adar et Asémona, un de ces bassins ou profonds encaissements qui se trouvent dans les régions de Cadés (Aïn Qadis). Cf. H. Clay Trumbull, KadesliBarnea, in-8°, New-York, 1884, p. 289-290. Cependant, outre la Vulgate, les versions anciennes, syriaque, arabe, paraphrase chaldaïque, ont vu ici le nom propre de Qarqâ’âh. Les Septante, pour traduire xa-uà Suajià ; KàSr) ; , ont sans doute lu nnp na>,

yammâh Qâdêi, au. lieu de nypiisn, haq - Qarqâ’âh.

Cf. Rosenmûller, Scholia, Josua, Leipzig, 1833, p. 282. Mais » quelle est la situation précise de cette localité ? Dans l’état actuel de nos connaissances, il nous est impossible de le savoir. Carcaa est placée entre Adar et Asémona, dont l’identification est problématique. Voir Adar, t. i, col. 210 ; Asémona, col. 1079. Elle se trouvait donc à l’ouest de Cadèsbarné, qui est pour nous, d’une manière très probable, ’Aïn Qadis. Voir Cadés 1. Si l’on assimile Adar à’Aïn Qoudéirah et Asémona à’Aïn Qaséiméh ou Guséïméh, dans les environs (ï’Aïn Qadis, il faudra nécessairement chercher Carcaa entre ces deux points. Voir la carte de E. H. Palmer, The désert of the Exodus, Cambridge, 1871, au commencement du tome n. On a voulu la reconnaître dans Vouadi Garaiyéh ou Qouréiyêh, situé bien au-dessous d’Ain Qadis. Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 118. C’est, il nous semble, reculer beaucoup trop au sud les limites de la Terre Sainte, et détourner sans raison bien suffisante la ligne frontière, qui, s’arrondissant en arc de cercle depuis la pointe méridionale de la mer Morte jusqu’au Torrent d’Egypte {Ouadi elvrisch), devait avoir son point le plus éloigné vers Cadès. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 92, 218, signalent comme existant encore de leur temps un village A’Accarca, "Axapxâ, situé dans le désert et appartenant à la tribu de Juda. Aucun voyageur ne l’a retrouvé jusqu’ici.

A. Legendre.
    1. CARCHOUNIE##

CARCHOUNIE (VERSION) DES ÉCRITURES.

On a ppelle ainsi la version arabe des Ecritures imprimée en caractères syriaques pour l’usage des chrétiens syriens, principalement de Mésopotamie, d’Alep et de quelques autres partie de la Syrie. Une édition bilingue du Nouveau Testament, contenant en deux colonnes le texte syriaque de la Peschito et le texte arabe d’Erpenius en caractères carchounis fut publiée à Rome, en 1703, pour les Maronites du Liban. E. de Quatremère et S. de Sacy en ont donné une nouvelle édition à Paris, en 1827, aux frais de la Société biblique de la Grande-Bretagne.

EICT. DE LA BIBLE

CARDEURS. Is., xix, 9. Voir Tisserand.

    1. CARDINAUX##

CARDINAUX (POINTS). Les Hébreux, comme les anciens en général, distinguaient quatre points cardinaux : l’est (orient ou levant), l’ouest (occident ou couchant), le sud (midi) et le nord (septentrion). Ils les nommaient, par rapport à la course du soleil : l’est, mizràh semés ou mizràh, et encore môsâ’, « l’endroitoù lesoleil se lève » ; l’ouest, mebô" SéméS, et encore ma’ârâb ou ma’ârâbâh, « l’endroit où le soleil se couche » ; le sud dârôm, « région de lumière », et le nord sâfon, « région de ténèbres ». Ils les dénommaient en outre par rapport à la position de l’observateur. Leur manière de s’orienter était dilférente de la nôtre. Nous avons coutume de nous tourner vers le nord pour fixer la place respective des autres points cardinaux ; les Hébreux, au contraire, se tournaient vers l’est. Par suite, ils appelaient l’orient ou levant qêdérn ou qâdîm, « ce qui est devant ; » l’occident ou couchant, ’âhôr, « ce qui est derrière ; » le sud, yâmîn ou têmân, « la droite, » et le nord, sem’ôl, « la gauche. » Enfin, par une application de ces données cosmographiques à la géographie locale, yâm, « la mer, » cest à savoir la mer occidentale, la Méditerranée, et négéb, « le désert, » indiquaient respectivement l’ouest et le sud. Aux quatre points cardinaux correspondaient les « quatre vents du ciel », ’arba’rûhôt has-lâmayhn, Zach., ii, 10 ; vi, 5 (cf. Ezech., xxxvii, 9 ; xlii, 20 ; Dan., vii, 2 ; I Par., ix, 24 ; Apoc, vii, 1), et « les quatre coins de la terre », ’arba’kanfôt hâ’ârés, [s., xi, 12 ; Ezech., vii, 2 ; Apoc, vu, 1 (cf. Job, xxxvii, 3 ; xxxviii, 13 ; Is., xxiv, 16), dont « les extrémités » (qesêh, qesôt, qesâvôt, Vs. lxv, 9) marquaient à la fois « les limites de la terre », qesêh hâ’ârés, Ps. xlvi, 10 ; Is., v, 26 ; xlii, 10 ; xliii, 6 ; xlviii, 20 ; xlix, 6 ; Jer., x, 13 ; xii, 12 ; xxv, 33 ; qesôt hâ’ârés, Job, xxviii, 24 ; Is., XL, 28 ; xli, 5, 9 ; qasvê’érés, Ps. lxv, 6, et « les limites du ciel », ’arba’qesôf has-sâmayîm, Jer., xlix, 36 ; qesêh has-sâmayîm, Deut., iv, 32 ; Ps. xix, 7 ; Is., xiii, 5 ; qesôt [haS-sâmayîm], Ps. xix, 7. Aux quatre coins de la terre ainsi qu’aux quatre vents du ciel présidaient des anges. Apoc, xvii, 1.

Une telle conception n’était point particulière aux Hébreux et se retrouve chez les Assyro-Babyloniens, qui sont considérés à bon droit comme leurs maîtres dans la science. Les noms dont ils désignaient les points cardinaux étaient en partie les mêmes et en partie différents. L’est s’appelait sit samëi, « le point où le soleil se lève, » et encore Sadû ; l’ouest, erib sainSi, « le point où le soleil se couche, » et encore aharru ; le nord, iltanu, et le sud, sûtu. Quant à la façon de s’orienter, elle était la même chez les deux peuples. La seule désignation de l’ouest par le mot aharru nous en est une preuve certaine » Aharru, l’occident, signifie, en effet, « ce qui « st derrière » l’observateur tourné du côté de l’orient. Ce mot prit plus tard une signification géographique et servit à désigner la Syrie, mat Aharru, pays de l’occident par rapport à la Babylonie et à l’Assyrie. Les points cardinaux d’ailleurs, chez les Assyro-Babyloniens comme chez les Hébreux, marquaient la direction des « quatre vents » du ciel, H. Rawlinson, The Cuneiform Inscriptions of Western Asia, ii, 29, 1, rev., col. 3, et des « quatre régions » (kibrâti irbilli) de la terre. Rien n’est plus commun, dans les textes cunéiformes, que cette expression kibrâti ïrbïlti, « les quatre régions, » donnée comme synonyme de l’univers. Cette appellation passa même dans le protocole des rois de Babylonie et d’Assyrie, et servit à exprimer, de façon emphatique, l’étendue de leur domination. Chacun de ces rois, en effet, s’intitulait couramment « roi des quatre régions », sar kibrâti irbïlti, c’est-à-dire « roi de l’univers ». Enfin, chez les deux peuples, les points cardinaux ne furent point conçus comme des points mathématiques, mais comme des points matériels. Les points cardinaux semblent avoir été représentés d’abord par des montagnes destinées à soutenir

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