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CARAVANSÉRAIL


ment est complet. Force est d’accepter cette épreuve et d’en supporter le dégoût. » Voyage de l’Asie Mineure, Paris, 1838, p. 11. Les khans actuels de Syrie sont infestés par la vermine. Socin, Palàstina und Syrien, Leipzig, 1891, p. xli. Nul doute qu’il n’en ait été de même autrefois. Néanmoins le voyageur est trop heureux de n’avoir à affronter que des inconvénients de cette nature et de pouvoir compter sur un gîte pour passer la nuit.

IL Les caravansérails chez les Hébredx. — 1° Dans les prophètes. — Les livres historiques de l’Ancien Testament ne font aucune allusion à l’existence de khans en Palestine. Le mot diversorium se lit pourtant deux fois

a été mal traduit par les versions. On lit en hébreu : « Ilss’en allèrent et s’arrêtèrent dans le khan (gêrût) de Kimôhàm (qeri : Kimhâm), qui est auprès de Betliléhem. » Les versions ont pris Kimhâm pour un nom de lieu. C’est le nom d’un fils de Berzellaï, ami de David. Voir Chamaam. Le caravansérail en question portait ce nom parcequ’il avait été bâti soit par Chamaam lui-même, soit sur un terrain lui appartenant autrefois. Josèphe, Ant. jud., X, ix, 5, appelle cet endroit Mandra, et le Targum dit que-David l’avait donné au fils de Berzellaï. — Isaïe, x, 29, parle d’un caravansérail situé à Gaba, non loin de Jérusalem, dans lequel s’arrêtent les Assyriens qui viennent

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75. — Khan d’el-Hâtrour sur la route de Jérusalem a Jéricho.

dans la Vulgate ; mais la première fois, Jud., xviii, 3, il désigne la maison de Michmas, dans laquelle cinq Danites reçoivent l’hospitalité ; la seconde fois, III Reg., xviii, 27, il marque l’endroit où Élie suppose ironiquement que se trouve Baal, sourd aux prières de ses adorateurs. Dans les Proverbes, viii, 2, il est dit que la Sagesse se tient « au-dessus de la route, à l’intérieur des chemins, béi( netîbôt, y> c’est-à-dire dans les carrefours où les chemins se croisent. Les carrefours étaient des endroits tout indiqués pour l’établissement de caravansérails. L’auteur de la version grecque dite Veneta y pensait sans doute quand il a traduit les deux mots hébreux par êv oïxw SiôSwv, « dans la maison des passages. » Mais sa traduction est fautive. Bât, qui n’a ni article ni préposition dans le texte, y est pris lui-même comme préposition. Ici encore il ne s’agit donc pas de khan. Les prophètes seuls parlent de caravansérails. Le plus ancien dont il soit fait mention en Palestine est celui dans lequel s’arrêtent, auprès de Bethléhem, les Juifs de Jérusalem, quand ils se sauvent en Egypte après le meurtre de Godolias. Jer, , xli, 17. Le texte

assiéger la ville. — Jérémie, ix, 2, voudrait trouver un khan en plein désert pour y laisser à l’abandon son peuple prévaricateur. On ne peut, en effet, séjourner longtemps dans un khan situé en plein désert, sans être exposé à y manquer de tout et à y périr sous les coups des brigands.

2° Dans l’Evangile. — C’est dans le caravansérail voisin de Bethléhem que la sainte Vierge et saint Joseph vinrent chercher un refuge, la nuit même de la naissance du Sauveur. Luc, ii, 7. Mais la cour et la galerie étaient tellement encombrées, à cause de l’affluence des étrangers venus pour le recensement, qu’il leur fallut se retirer dans une grotte, à peu de distance. Sur le khan de Bethléhem, voir t. i, col. 1091. — Il est question d’un autre khan dans la parabole du bon Samaritain. Luc, x, 31. Le voyageur que Notre-Seigneur met en scène descend de Jérusalem à Jéricho par le chemin d’Adommim, le seul qui permette de se rendre d’une ville à l’autre, et qui, sur un parcours de vingt-cinq kilomètres, doit s’élever de mille quarante mètres. Voir Adommim, 1. 1, col. 222. Ce