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CARAVANE — CARAVANSÉRAIL


l’Exode et les Nombres, Paris, 18’tl, p. 72. Quand les Hébreux entreprirent leur long voyage à travers le désert, le Seigneur prit soin lui aussi de leur procurer un fanal miraculeux, la colonne de feu qui les éclairait durant la nuit. Exod., xiii, 21. — Il y avait un autre danger, plus terrible encore que le premier. Les caravanes pouvaient s’égarer dans l’immensité des déserts, n’y pas trouver l’eau sur laquelle elles comptaient et périr misérablement de soif. Job, vi. 15-20, compare les amis qui l’abandonnent aux torrents qui se dessèchent tout d’un coup dans le désert :

Mes frères m’ont abandonné comme un torrent, Comme le lit des torrents qui s’écoulent… Aux premières chaleurs, leur lit est à sec… Ils s’évaporent dans l’air et s’évanouissent. Les caravanes de Théma regardent de leur côté, Les voyageurs de Saba comptent sur eux ; Mais ils sont confondus dans leur espoir, Ils arrivent jusque-là et sont déçus. « La désignation de ces caravanes comme sabéennes et venant de Théma doit les faire distinguer des petites caravanes locales des bords du désert, qui ne sont pas exposées au manque d’eau. Elles représentent pour le lecteur le type de ces caravanes de l’antiquité, qui, analogues aux caravanes actuelles des pèlerins de la Mecque, se transportaient périodiquement de l’Yémen à Théma par Babylone, et de l’Akir, po-rt de Gerrha (Hagar), à Théma par la Syrie, à travers les arides déserts du centre. En 1857, la caravane de Damas à Bagdad s’égara entre les stations de Ka’ra et Kobèsa, dans la partie septentrionale du désert syrien, et y passa un long temps en allées et venues. Ceux qui avaient de vigoureux dromadaires cherchèrent à atteindre l’Euplirate, distant de quatre jours de route du lieu de leur infortune. Toutes les bêtes de somme, environ douze cents chameaux, périrent ainsi qu’une partie des voyageurs. Les marchandises furent pillées par les nomades ; une faible portion seulement en fut restituée plus tard, moyennant une forte rançon. » Wetzstein, dans Frz. Delitzsch, Dos Buch lob, Leipzig, 1876, p. 101.

III. Caravanes religieuses. — La loi de Moïse obligeait les Hébreux à se rendre à Jérusalem pour les trois fêtes de la Pâque, de la Pentecôte et des Tabernacles. Exod., xxiii, 14-17 ; xxxiv, 23 ; Deut., xvi, 16. Les hommes seuls et les jeunes garçons, dès l’âge de douze ans accomplis, étaient assujettis à cette prescription. Joma ꝟ. 82 o. Les femmes pouvaient se soumettre à la loi ou s’en dispenser à leur gré. Jerus. Kidouschin, ꝟ. 61, 3 ; Schekal., 1, 28. Ceux qui n’avaient pas de raison pour se dispenser de ces pèlerinages partaient ensemble des villes et des villages de la Palestine. Comme la fête de la Pâque était la plus solennelle et la plus fréquentée, trente jours auparavant on commençait à réparer les chemins, on écartait les pierres qui fermaient les puits, on blanchissait les tombeaux à la chaux ; en un mot, on préparait tout pour le passage des pieuses caravanes. Conr. Ikenius, Anliquitates hebraiæ I rs part., ch. xxi, Brème, 1732, p. 300. Les grandes fêtes hébraïques portaient le nom de îfag. Le même mot, hag ou hadj, désigne encore chez les Arabes le pèlerinage de la Mecque, que les traditions font remonter jusqu’à Abraham, et qui est en tout cas antérieur à Mahomet. Cf. Munk, Palestine, 1881, p. 186. Le hâg est donc la solennité à laquelle on se rend en caravanes, la fête qu’il faut aller célébrer à la maison du Seigneur. Les caravanes religieuses sanctifiaient leur route par la prière. En montant à Jérusalem, on chantait les psaumes hamma’âlôp, « des montées. » Ces quinze psaumes, cxix-cxxxiv, expriment les sentiments qui devaient animer les membres des caravanes : prières contre les ennemis, supplications pour obtenir les faveurs divines, protestations de fidélité et actions de grâces. Les pèlerins qui venaient du nord de la Palestine ne pouvaient passer par la Samarie qu’à leur corps défendant, à cause de l’hostilité opiniâtre des Sa maritains. Luc, ix, 53. Aussi les caravanes préféraient-elles faire un détour par la Pérée ou par la plaine de Saron. Les Juifs qui résidaient à l’étranger et même les simples prosélytes tenaient à visiter Jérusalem au moins une fois dans leur vie. L’eunuque de la reine Candace vint ainsi d’Ethiopie sur son char, accompagné sans nul doute d’un cortège faisant caravane ; comme les pèlerins juifs, il s’occupait de prières, de lectures et de méditations pieuses en accomplissant son pèlerinage. Act., viii, 27, 28.

— Les caravanes pascales ont donné lieu à l’un des plus touchants épisodes de l’Évangile. Saint Luc, ii, 41-45, nous apprend que chaque année la sainte Yierge et saint Joseph se rendaient à Jérusalem pour la Pàque. Ils faisaient naturellement le voyage en compagnie des autres pèlerins de Nazareth et des environs. Peut-être emmenaient-ils habituellement avec eux Jésus encore tout jeune enfant. Toujours est-il que, quand il eut atteint sa douzième année, le divin Enfant monta avec eux, non plus seulement pour s’associer à la dévotion de ses parents, mais pour obéir désormais aux prescriptions de la loi. A l’aller, tout se passa comme de coutume. Mais, au retour, l’enfant Jésus, profitant de l’encombrement que produisait à Jérusalem la multitude des pèlerins, demeura dans la ville à l’insu de Marie et de Joseph. Ceux-ci repartirent néanmoins sans s’inquiéter autrement, Jésus étant d’âge à se conduire seul. Ne le voyant pas à leurs côtés, ils pensèrent qu’il était in comilatu, sv t ?) <ruvooïoe, d’après le grec, « dans le cortège de ceux qui faisaient route ensemble, » c’est-à-dire dans la caravane. Après le premier jour de marche, correspondant à six ou sept heures de route, ils ne l’avaient pas encore aperçu. Ce trait suppose une caravane nombreuse, composée de Galiléens venus de Nazareth et des environs. Le soir, on se groupait vraisemblablement par familles et par habitants des mêmes villages, afin de camper ensemble. L’enfant Jésus ne se trouva pas dans le groupe plus restreint auquel appartenaient Marie et Joseph. H leur fallut donc le lendemain revenir sur leurs pas, et le troisième jour seulement ils le rencontrèrent à Jérusalem, dans le temple. Ce récit nous donne quelque idée de l’animation qui devait régner dans toute la Palestine, quand les caravanes se mettaient en mouvement sur tous les points du territoire et affluaient dans la ville sainte. Il fait aussi comprendre les plaintes de Jérémie, s’écriant sur les ruines de la cité : « Les rues de Sion pleurent, parce qu’il n’y a plus personne qui vienne pour la solennité. » Lam., i, 4. Par contre, ce sont les ennemis qui ont remplacé les pèlerins : « Tu as appelé comme à un jour de fête ceux qui m’épouvantent de toutes parts. >> Lam., Il, 22. — L’Évangile mentionne encore d’autres voyages que Notre-Seigneur fit à Jérusalem pendant sa vie publique, à l’occasion des fêtes. Matth., xx, 17, 18 ; Marc, x, 32 ; xv, 41 ; Luc, xix, 28 ; Joa., ii, 13 ; v, 1. Il accomplissait ces voyages suivant la coutume de ses compatriotes, en se mêlant aux caravanes, tout au moins au groupe de ses apôtres et de ses disciples. Cf. Joa., iv, 8, 27. Une fois seulement, pour une fête des Tabernacles, il refusa d’accompagner les autres et se rendit seul à Jérusalem après leur départ. Joa., vii, 2-10. Quand approcha la dernière Pàque, il passa par la Pérée, et se retrouva au milieu des caravanes qui arrivaient par le même chemin. Joa., xi, 55. Saint Marc, xv, 41, peut parler en conséquence des femmes qui le servaient, et de « beaucoup d’autres qui étaient montées à Jérusalem avec lui ».

H. I.ESÊTRE.

CARAVANSERAIL. Hébreu : màlôn, de lûn, « passer la nuit, » et une seule fois, Jer., xli, 17 : gérât, de gûr, « habiter en passant ; » Septante : xatiXJu, a, x<xrat).y<71c ; saint Luc : y.axiïXuiJ.a, ii, 7 ; 71avSoxEïov, x, 34 ; Vulgate : diversorium, stabulum.

I. Description. — Le caravansérail est un ensemble de bâtiments établis le long des routes ou à proximité des villes, pour servir d’abri passager aux voyageurs et