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CARAITE — CARAVANE


tationes biblicse, 1. ii, Exercit. vii, iti-f", Paris, 1069, p. 305-318 ; de Richard Simon, Histoire critique du Vieux Testament, I, xxix, in-4°, Rotterdam, 1695, p. 160165 et passim, qui les ont fait connaître au xviie siècle. Le caraïle Mardochée ben Nissan, en réponse aux questions que J. Trigland de Leyde lui avait posées, rédigea une notice très complète sur les caraïtes, intitulée Dod Mordekaï, qui a été imprimée avec une traduction latine, sous le titre de Notilia Karxoruin, par Chr. YVolf, in-4°, Hambourg, 1714. La plupart des auteurs ont puisé à cette source : J. G. Schupart, Secta Karssorum, in-8°, Iéna, 1701 ; J. Trigland, Diatribe de secta Karseorum, in-8°, Delft, 1703, et dans Ugolini, Thésaurus, t. xxii, col. cco cccclxxxvii ; Jost, Geschichte des Judcnthums und seiher Sekten, Leipzig, 1857, t. n ; J. Furst, Geschichte des Karâerthums, 3 in-8°, Leipzig, 1862-1869 ; Grâtz, Geschichte der Juden, 2e édit. in-8°, Leipzig, 1863, t. v, p. 76-79, 454-463 ; trad. franc., t. iii, Paris, 1888, ch. xiv, p. 318-336 ; Ad. Neubauer, Beitràge und Dokumente zur Geschichte des Karâerthums, in-8°, Leipzig, 1886 ; P. F. Frankl, Karâiten, dans Ersch et Cruber, AHgemeine Encyklopâdie der Wissenschaften, t. xxxii, p. 11-24 ; et Beitràge zur Literaturgeschichte der Karàer dans la cinquième Bericht ûber die Lehrenstalt fur die Wissenschaft der Judenthum, in-8°, Berlin, 1887. E. Levesque.

    1. CARAMUEL Y LOBKOWITZ Jean##

CARAMUEL Y LOBKOWITZ Jean, théologien

espagnol, religieux de l’ordre de Cîteaux, évêque de Vigevano, dans le Milanais, né à Madrid le 23 mai 1606, mort à Vigevano le 8 septembre 1682. Doué des aptitudes les plus diverses, il se distingua non seulement comme évêque, par sa piété et sa science, mais encore par ses talents dans la politique et dans l’art militaire ; il combattit même en personne contre les Suédois, qui assiégeaient Prague, en 1648, tandis qu’il résidait en cette ville comme vicaire général de l’archevêque, le cardinal de Harrach. Il disait que rien ne devait être étranger au philosophe et au théologien, et il parvint, grâce à la facilité merveilleuse de son esprit, à pratiquer cette maxime. Écrivain très fécond, il a laissé de nombreux ouvrages sur la grammaire, les mathématiques, l’astronomie, la philosophie, la politique, le droit civil, le droit canon, la théologie. On lui reproche, avec raison, les principes relâchés de sa morale. Nous n’avons à citer de lui que : Tiempo di Salomone (avec figures), 3 in-f°, Vigevano, 1678. —Voir Niceron, Mémoires, t. xxix, 1734, p. 259-278 ; Tardisi, Memorie délia vita di Giov. Caramuele, in-4°, Venise, 1760.. A. Régnier.

    1. CARAVANE##

CARAVANE (hébreu : ’ôrhdh, de’ârah, « marcher, » Gcn., xxxvii, 25 ; Job, VI, 19 ; Is., xxi, 13 ; et hâlikâh, de liàlak, « aller, » Job, vi, 19. Les versions prêtent à ces deux mots le sens de « route » ). Notre mot « caravane », dérivé du persan ^j S, karman, « troupe de voyageurs, » désigne ces réunions d’hommes qui, en Orient, se groupent ensemble pour parcourir de longues distances et traverser les déserts.

I. Caravanes de nomades et de voyageurs. — Les tribus nomades ne sont guère autre chose que des caravanes tantôt au repos et tantôt eu marche. Les patriarches, dont la Genèse raconte l’histoire, ne voyageaient que par caravanes. C’est ainsi que Tharé se transporte avec sa lamille de Chaldée en Chanaan, Gen., XI, 31 ; qu’Abraham se rend de Chanaan en Egypte, Gen., xil, 10 ; qu’Éliézer va chercher une épouse à Isaac, Gen., xxiv, 10 ; que Jacob revient de Mésopotamie en Chanaan, Gen., xxxi, 17 ; que les frères de Joseph, puis Jacob lui-même, partent pour l’Egypte. Gen., xlii, 3 ; xliii, 15 ; xlvi, 5-6. Une caravane amène auprès de Job ses trois amis, Éliphaz, Baldad et Sophar. Job, ii, 11. Dans les temps postérieurs, la Sainte Écriture signale encore, ou du moins permet de supposer les caravanes qui transportent la

reine de Saba auprès du roi Salomon, III Reg., x, 2 ; II Par., ix, 1 ; Naaman, prince de Syrie, auprès d’Elisée, IV Reg., v, 5 ; les mages auprès de l’enfant Jésus, Matth., ii, 1, etc. — Une caravane de nomades comprend ordinairement toutes sortes d’animaux domestiques, chameaux, dromadaires, chevaux et ânes, pour porter les fardeaux et les voyageurs (fig. 74) ; brebis et chèvres, pour assurer la nourriture de la famille. Rien de pittoresque comme une telle troupe en marche, surtout quand elle est nombreuse. C’est un spectacle qu’on a souvent sous les yeux en Orient. Layard, Nineveh and its remains, 1849, t. i, p. 89-90, en fait cette description : « Nous partîmes de grand matin. Notre vue était bornée à l’est par un pli de terrain. Quand nous en eûmes atteint le sommet, nos regards se portèrent sur la plaine qui se déployait à nos pieds. Elle paraissait remplie d’un essaim en mouvement. Nous approchions, en effet, du gros de la tribu des Schammar. Il est difficile de décrire l’aspect d’une tribu considérable, comme celle que nous rencontrions en ce moment, lorsqu’elle émigré pour chercher de nouveaux pâturages… Nous nous trouvâmes bientôt au milieu de troupeaux de brebis et de chameaux qui occupaient un large espace. Aussi loin que notre œil pouvait atteindre, devant nous, à droite, à gauche, partout la même foule et le même mouvement : de longues lignes d’ânes et de bœufs chargés de tentes noires, de grands vases, de tapis aux diverses couleurs ; des vieillards, hommes et femmes, que leur grand âge rendait incapables de marcher, attachés au-dessus dés meubles domestiques ; des enfants enfoncés dans des sacoches, montrant leur petite tête à travers l’étroite ouverture, et ayant pour contrepoids des chevreaux et des agneaux liés de l’autre côté du dos de l’animal ; des jeunes filles vêtues seulement de l’étroite chemise arabe ; des mères portant leur nourrisson sur leurs épaules ; des enfants poussant devant eux des troupeaux d’agneaux ; des cavaliers, armés de longues lances ornées de touffes, explorant la plaine sur leurs cavales agiles ; des hommes, montés sur les dromadaires, les pressant avec leur court bâton recourbé, et conduisant par une corde leurs chevaux de race ; les poulains galopant au milieu de la troupe… ; telle était la multitude mélangée à travers laquelle nous dûmes nous frayer un chemin pendant plusieurs heures. » Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xliii, p. 191. De telles foules ne peuvent se mouvoir que très lentement, lemas’êhém, « de halte en halte, » comme dit l’écrivain sacré. Gen., xiii, 3 ; Num., xxxiii, 1-2. Elles marchent d’abord en désordre, mais l’ordre et la régularité s’établissent peu à peu. Il faut toujours beaucoup de temps pour charger et décharger les bagages ; une fois qu’on est en mouvement, on avance avec une grande uniformité. Ezech., xii, 3. La première étape est courte. Les jours suivants, on voyage sept à huit heures en moyenne, et l’on fait une trentaine de kilomètres. Quand il fait chaud, on part le soir, Ezech., xii, 4, et l’on s’arrête vers minuit. Cf. Luc, xi, 5-6. Dans la saison tempérée, on marche pendant le jour, et l’on fait halte vers midi, pour prendre un léger repas. Lorsque émigré un peuple tout entier, la caravane prend les proportions les plus gigantesques. C’est ce qui arriva quand les Hébreux sortirent d’Egypte. Pendant quarante ans, ils menèrent la vie nomade dans le désert. Leur interminable caravane, quand ils se mettaient en route, comprenait six cent mille hommes. Num., ii, 32. Elle présentait un spectacle que reproduisirent plus tard, à l’organisation près, les grandes émigrations des barbares.

IL Caravanes commerciales. — Par suite de sa situation à l’intersection des trois parties du monde antique, l’Asie, l’Europe et l’Afrique, la Palestine servait de lieu j de passage à toutes les caravanes qui faisaient le com-I merce entre les différents peuples. « Cette position de la

! terre de Chanaan au milieu du monde ancien lui donnait
! une véritable importance politique et commerciale… Toutes