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CARA — CARAITE


transcrit Qàrâ, puisqu’il est écrit >np, « le lecteur, » épi thète honorifique donnée à son père et devenue le nom de la famille. En France et en Allemagne, au xie siècle, dans les écoles juives, on donnait tous ses soins à l’étude du Talmud, et l’on négligeait le sens littéral de la Bible pour se livrer à une sorte d’homélie allégorique. Bien que son père fut partisan déclaré de cette méthode, il l’abandonna pour suivre plutôt son oncle, Menahem ben Helbo, et Raschi, qui avait commencé ce mouvement. Il s’attache plus encore que ce dernier au sens littéral, et prend du reste ses commentaires pour base, en y ajoutant ses propres remarques. Il a commenté ainsi presque tout l’Ancien Testament ; quelques parties ou fragments seulement ont été imprimés. 1° Son Pêrûs hattôrâh, « commentaire de la Loi, » ou gloses du commentaire de Raschi sur le Pentateuque, a été publié par Geiger, sous le titre de Liqqûtîm, dans Nit’ê na’àmântm, in-8°, Breslau, 1847.

— 2° Des fragments de son commentaire des prophètes ont été réunis par de Rossi, dans ses Variée lectiones, in-4°, Parme, 1785. — 3° Le commentaire sur Job, dont quelques auteurs avaient donné des fragments, a été imprimé dans le Monatschrift fur Geschichte und Wissenschaft des Judenthums, 1856-1858. — 4° Des fragments de ses commentaires d’Esther, de Ruth et des Lamentations ont été publiés par Adolphe Jellinek, in-8°, Leipzig, 1855. — 5° Le commentaire des Lamentations, imprimé in-4°, Naples, 1487, l’a été de nouveau dans la collection intitulée Dibrê l.takàmîm, in-8°, Metz, 1819, p. 46-23. — 6° Le commentaire sur Osée a été publié in-8°, Breslau, 1861. — 7° Le commentaire de l’Ecclésiaste a été donné par Einstein Berthold, sous ce titre : R. Josef Kara, und sein Commentar zit Kohelet, in-8°, Berlin, 1886. Voir l’étude qui accompagne le texte, sur Josef Kara, son nom, sa famille, l’époque où il a vécu, ses relations avec Raschi-, ses commentaires et son exégèse. Voir aussi Abr. Geiger, Veber Jos. Kara und seine exegetischen Werke, dans Beitrâge zur Jïtdischen Literaturgeschichte, in-8°, Breslau, 1847, p. 17-29, et Zunz, Jos. Kara ben Siméon und seine Arbeiten, dans le Raschi de cet auteur, p. 318, et Zur Geschichte und Literalur, in-8°, Berlin, 1845, p. 68-70.

E. Levesque.

2. CARA Siméon ben Helbo, auteur juif du XIe siècle, appelé aussi R. Siméon HaDarschan (Homiliaste), à cause de sa collection de Midraschîm. Il a rassemblé selon l’ordre dos versets de l’Écriture les observations des anciens Midraschîm ou commentaires moraux, homilétiques. Cette collection, sorte de catena ou chaîne des explications morales de tous les âges, porte le nom de Yalqût èhne’ôni, « Collection de Siméon. » Dans ce recueil, il a sauvé de l’oubli des fragments d’anciens Midraschim, comme ceux de la Pesikla de Cahana ben Tachlifa ; de plus, sa collection, embrassant toutes les parties de l’Écriture (et c’est la seule qui ait cette étendue), est devenue pour les Juifs comme le Thésaurus de la littérature homilétique. Aussi, à partir de 1521, on en compte dix éditions différentes, dont les principales sont : in-f", Salonique, 1521 ; in-f°, Venise, 1566 ; în-f°, Lublin, 1643 ; in-f", Francfort-surle -Mein, 1687, et in-f°, Francfortsur- 1’Oder, 1709. Cf. Zunz, Die Gottesdienstlichen Vortrâge der Juden, in-8, Berlin, p. 295-303.

E. Levesque.

    1. CARACCIOLO Landolphe##

CARACCIOLO Landolphe, né à Naples, de la famille princïère de ce nom, mort vers 1350. Il se fit Frère Mineur, suivit à l’université de Paris les leçons de Scot, devint docteur ; revenu dans sa patrie, il fut fait évêque de Castellamare di Stabia, puis archevêque d’Amalfi, et mourut en grande opinion de sainteté. Arthur de Moutiers, dans son Martyrologe franciscain, le mentionne au 1 er mars. Il a laissé : 1° Commentaria moralia in quatuor Evangelia, qui furent imprimés à Naples, en 1637, en un vol. in-4°. Un exemplaire manuscrit en

était conservé au sacré couvent d’Assise. 2° Postilla super Epistolam ad Hébrxos. Poslilla in Zachariam, ouvrages cités par les bibliographes depuis le xv° siècle, et dont le lieu de dépôt, indiqué vaguement, paraît avoir été longtemps le couvent des Frères Mineurs de Padoue. P. Apollinaire.

CARACTÈRE DE LA BÊTE. Saint Jean, dans l’Apocalypse, xiii, 16-17 ; xiv, 9, 11 ; (xv, 2) ; xvi, 2 ; xix, 20 ; xx, 4, dit que le « caractère de la Bête », rà yiçifXV- 3 - toî ©ïjpfo’j, c’est-à-dire son nom ou le chiffre qui le représente, sera marqué sur la main droite ou sur le front de tous les hommes. La Bète est l’Antéchrist ou la Rome païenne, personnification du paganisme et de l’idolâtrie. Voir t. i, col. 1644. Le « caractère » dont parle saint Jean est sans doute une espèce de tatouage (yâ.pay |xa vient de ^apocairu, qui signifie « graver, inciser » ). Cf. Apoc, vii, 3 ; Gal., vi, 17. Le tatouage, autrefois comme aujourd’hui, a été très pratiqué en Orient. On le pratiquait particulièrement en l’honneur des dieux. Le troisième livre des Machabées, II, 29, raconte que Ptolémée IV Philopator fit marquer des Juifs d’une feuille de lierre, insigne du culte de Bacchus, -/âpdcucrs<x6at xoù Stec itupbç eiç xb <rcb|xa 71apacrr|[JUi> AtovOaoy xiafféçuMu. Philopator portait lui-même sur son corps la feuille de lierre, comme marque de sa dévotion à Dionysos (Elymol. inagn., au mot TàXXoç ; cf. Cless, dans Pauly, Realencyklopâdie, t. vi, p. i, p. 211). Lucien, De syr. dea, dit que les Syriens peignaient le caractère de la déesse sur leurs poignets (atiÇEdBat ê ; xapreoûç). Prudence nous apprend qu’on faisait ces tatouages au moyen d’aiguilles brûlantes, avec lesquelles on piquait la peau de manière à former le dessin voulu :

Quid, cum sacrandus accipit sphragitidas ? Aous minutas ingerunt fornacibus :

His membra pergunt urere ; utquo igniverint, Quamcumque partem corporis fervens nota Stigmarit, hanc sic consecratam prœdicant.

(Peristeph., Bymn. X, 1076-1080, t. LX, col. 525.>

Cf. Philon, De monarch., i, 8, Opéra, t. ii, p. 220. Les esclaves étaient aussi souvent marqués, de même que les soldats. Végèce dit de ces derniers, I, 8 ; ii, 5 : Puncluris in cute punctis scribuntur milites. L’Apocalypse fait donc allusion à ces divers usages, qui marquent la piété des hommes envers leur dieu ou leur dépendance. F. Vigouroux.

    1. CARAFFA Antoine##

CARAFFA Antoine, né à Naples, en 1538, fut créé cardinal, en 1586, par Pie V, et devint un des membres les plus influents de la congrégation qui fut instituée pour l’étude de la Bible et l’explication du concile de Trente. Il mourut le 12 janvier 1591. Son principal ouvrage est la belle édition des Septante, qu’il entreprit à l’instigation du pape rie V, et qui parut, avec une traduction latine et des notes, d’abord à Rome, en 1587, in-f°, et plus tard à Paris, en 1628, 3 vol. in-f". On a aussi de lui une édition de la Vulgate, imprimée à Rome, jn-f°, 1588 ; Catena veterum Patrum in Cantica Veteris et Novi Testamenti, in-4°, Padoue, 1565 ; in-8°, Cologne, 1572 ; Commentarium Tlteodoreli in Psalmos, Padoue, 1565. A. Regmer.

    1. CARAÏTE##

CARAÏTE, adhérent d’une secte juive qui rejette la tradition talmudique et n’admet que l’Écriture. Dans le langage rabbinique, le texte de la Bible s’appelle qâr’, qar’âh ou miqrà’, littéralement « ce qui est lu » ; de là le nom de qera’im, littéralement textuaires, scripturaires, ou celui de benê miqrà’, baàlê miqrâ’, « fils du texte, maîtres ou possesseurs du texte, » donnés à ces partisans du texte biblique, en opposition aux traditionnaires ou rabbanites.

I. Origine. — Les origines des caraïtes sont assez