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CACHALOT — CAD

à-dire pourvu de dents et non de fanons comme la baleine. Il porte en zoologie le nom de Physeter macrocephalus. Sa tête, en effet, est énorme. Elle affecte la forme d’un cylindre légèrement comprimé et tronqué en avant. À la partie inférieure s’ouvre une gueule armée de grosses dents coniques qui peuvent atteindre le nombre de cinquante-quatre. La dimension du crâne seul atteint parfois jusqu'à quatre mètres cinquante de long et deux mètres cinquante de large. La taille ordinaire de l’animal est de quinze à vingt mètres ; quelques individus sont allés jusqu'à vingt-huit. Les mœurs des cachalots ne sont pas encore assez connues pour qu’on puisse décider si ces animaux constituent plusieurs espèces différentes. Ces gros cétacés sont voraces ; ils s’attaquent à toutes sortes de proies, même aux baleines. C’est dans les intestins de ces animaux que se produit l’ambre gris, qui paraît n'être autre chose qu’un des résultats de leur digestion. Voir Ambre. Ils voyagent par troupes, et leurs bandes comprennent parfois jusqu'à deux et trois cents individus. Ils fréquentent les mers équatoriales et suivent les courants chauds des autres océans. Ils pénètrent jusque dans la Méditerranée. En 1715, on en a capturé sur les côtes de la Sardaigne. Un cachalot de soixante pieds a été pris sous Louis XV, près de Collioure. En 1853, on en a saisi une bande dans la mer Adriatique, et, en 1856, on a encore capturé un de ces monstres sur les côtes du Var. Cf. Van Beneden, P. Gervais, Ostéographie des cétacés, Paris, 1880, p. 303-329. Pline, H. N., xxxii, 53, 2, range le Physeter en tête des cétacés, même avant la baleine. Il est parfaitement possible que les Hébreux aient connu, au moins vaguement, le cachalot, sans le distinguer des autres monstres marins. Dans les temps anciens, quelques-uns ont pu échouer sur les côtes de Palestine. Cet animal ne saurait être cependant, à aucun titre, celui dont il est question dans l’histoire de Jonas. La plupart des raisons invoquées pour écarter la baleine valent aussi pour le cachalot.

H. Lesêtre

CACHET. Voir Sceau.

CACTUS. Dans la région méditerranéenne, on désigne surtout sous le nom de cactus l’Opuntia vulgaris des botanistes, ou Figuier de Barbarie. C’est une plante arborescente de la famille des cactacées ( fig. 2). La tige de l’Opuntia, qui peut s'élever à plusieurs mètres de hauteur, est formée de disques aplatis, ovales, très épais et charnus, articulés les uns sur les autres, à bords arrondis ; ces disques sont parsemés d’aiguillons redoutables, fins, allongés, disposés en faisceaux, occasionnant une piqûre douloureuse et non sans danger. Sa fleur est très grande, en forme de cloche, jaune ou rouge, suivant les diverses variétés ; elle s’ouvre et se ferme plusieurs jours de suite. Ses pétales sont très nombreux, disposés sur plusieurs rangs, ainsi que les étamines. Les fleurs naissent sur le tranchant des disques ou articles supérieurs. Le calice est formé de nombreuses folioles coloriées de la même manière que les pétales, en sorte qu’il est difficile de les distinguer de ceux-ci. Le fruit, très charnu, est deux à trois fois gros comme le pouce, cylindrique, creusé au sommet de sillons circulaires ; il est recouvert d’une peau rougeâtre, hérissée sur les angles de faisceaux d’aiguillons, comme les feuilles ou disques de la tige ; à l’intérieur, il contient de nombreuses graines jaunâtres, entourées d’une pulpe orangée ou rougeâtre, comestible, d’un goût sucré mais fade, quoique assez apprécié des habitants des pays chauds, notamment des Arabes, qui en font des conserves ou le mangent tel quel ; pour certaines tribus du nord de l’Afrique, la récolte des fruits du figuier de Barbarie est même chose importante. Cette plante bizarre, qui rappelle bien la végétation tropicale, n’est pas indigène dans les contrées chaudes de l’ancien monde. Elle fut introduite de l’Amérique centrale en Europe vers le commencement du XVIe siècle. J. Labouret, Monographie de la famille des cactées, in-12, Paris, 1858, p. ix ; C. Lemaire, Les cactées, in-12, Paris, 1869, p. 10. Elle se multiplia alors si rapidement dans tout le bassin méditerranéen, qu’actuellement on peut la considérer comme endémique à cette région. Elle abonde en particulier en Palestine, où on la rencontre à chaque pas et où elle atteint de grandes proportions, formant autour des champs des haies impénétrables.

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2. — Cactus.
Au bas, à gauche, fleur ; à droite, coupe de la fleur ; au milieu, fruit.

Mais il est certain que la Sainte Écriture n’a pu parler de l’Opuntia, qui était absolument inconnu du temps des écrivains sacrés, bien que, dit M. Fillion, Atlas d’histoire naturelle de la Bible, in-4°, Paris, Lyon, 1884, p. 26, on soit instinctivement porté, comme l’ont fait certains commentateurs, à le regarder comme l’une des plantes épineuses de la Bible.

M. Gandoger.

CAD. Ce mot en hébreu, kad, désigne un vase d’argile, cruche, urne, etc., d’une contenance indéterminée. Il passa dans la langue grecque sous la forme κάδος, et dans la langue latine sous la forme cadus. Les Grecs et les Latins eurent des cads de diverses matières, quoique plus communément en terre. Ils en faisaient grand usage, s’en servant pour transporter et conserver le vin, ainsi que toute espèce de liquides. On en a trouvé un certain nombre dans les ruines de Pompéi (fig. 3). Ils désignaient aussi par ce mot une mesure équivalente à l’amphore attique ou métrète et à trois urnes romaines. La Vulgate ne l’a jamais employé pour rendre le mot hébreu kad, mais elle s’en est servie une fois dans le Nouveau Testament, Luc, xvi, 6, dans la parabole de l'économe infidèle, pour traduire un nom de mesure, le bath (βάθους), valant environ 38 litres 88. Voir Bath 2. L’emploi