Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1246

Cette page n’a pas encore été corrigée

241Ï

FUENTE

FUMÉE

2414

    1. FUENTE##

FUENTE (Jean de la), né à Tolède, frère mineur de la Régulière Observance de la province de Castille, où il enseigna la théologie, a donné au public : 1° In Evangelium secundum Marcum libri xv, in-f°, Compluti, 1582 ; 2° Super Psalmum quïnquagesimuni Homilise xxvi, multiplia utriusque Testamenti, et maxime Davidis, et antiquissimorum Patrum doctrina exornatee, in-4°, Salmanticse, 1576. P. Apollinaire.

    1. FULDENSIS##

FULDENSIS (CODEX), manuscrit latin du vi 8 siècle, cité ordinairement avec l’abréviation Fuld., et contenant d’après le texte de la Vulgate les quatre Évangiles complets sous forme d’harmonie, les Épîtres de saint Paul, les Actes des Apôtres, les Épitres catholiques et l’Apocalypse. Il est conservé à la bibliothèque de Fulda, dans le duché de Hesse-Cassel. Il fut écrit en caractères majuscules, vers 540, pour l’évêque Victor de Capoue. Plus tard il devint la propriété de saint Boniface, qui l’annota. Ern. Ranke l’a édité à Marbourg et à Leipzig, en 1868 : Codex Fuldensis. Novum Testamentum latine interprète Hieronymo ex manuscripto Victoris Capuani edidit, prolegomenis introduxit, commentariis adornavit E. Ranke. Accedunt dus. tabulée photolithographicse, in-8°. Le texte est excellent. L’harmonie des quatre Évangiles que contient ce manuscrit a été souvent reproduite. L’ordre des sections est pour la majeure partie celle du Diatessaron de Tatien. Voir J. Frd. Schannat, Vindemiee Htterarise collectio prima, Fulde et Leipzig, 1723, p. 218-221 ; Ern. Ranke, Spécimen Codicis Novi Testamenti Fuldensis, Marbourg, 1860 ; Th. Zahn, Tatian’s Diatessaron, in-8°, Erlangen, 1881, p. 298-313 ; Fr. Kaulen, Geschichte der Vulgata, in-8°, Mayence, 1861, p. 217, 221 ; C. R. Gregory, Prolegomena du Novum Testamentum grsece de Tischendorf, editio 8 1 major, t. iii, part, iii, 1894, p. 987 ; J. Wordsworth et H. J. White, Novum Testamentum latine, in-4°, Oxford, 1889, p. xil ; W. A. Copinger, The Bible and its Transmission, in-4°, Londres, 1897, p. 217. F. Vigouroux.

    1. FUMÉE##

FUMÉE (hébreu : ’dSdn ; qitôr, Gen., xix, 28 ; Ps. cxix, 83 ; Septante : xamci ;  ; Vulgate : fumus), vapeur qui se dégage des matières en combustion, et contient, avec des gaz, des particules solides qui lui donnent une couleur plus ou moins sombre.

1° Fumée du foyer. — La vapeur et la fumée précèdent la flamme qui va s’allumer. Eccli., xxii, 30. Dans les maisons israélites, où il n’y avait pas de cheminée, cette fumée ne pouvait s’échapper que par la porte ou par une étroite fenêtre, et piquait désagréablement les yeux des habitants. Prov., x, 26. On fait très peu de feu en Orient, aussi ne voit-on pas dans ce pays les nuages de fumée qu’on remarque au-dessus des villes en Occident. Voir Cheminée, col. 650. Le Psalmiste, parlant de ses épreuves et de sa fidélité, dit de lui-même :

Devenu comme l’outre au-dessus de la fumée, Je ne mets pas en oubli vos préceptes.

Ps. cxviii (cxix), 83. Les anciens mettaient au-dessus de la fumée les outres dans lesquelles ils renfermaient le vin. Par ce procédé, le vin devenait meilleur à leur goût. Columelle, De re rust., i, vi, 20 ; Horace, Od., III, vu, 11 ; Martial, Epigram., iii, 57 ; x, 36 ; Ovide, Fastor., v, 517. L’outre ainsi fumée paraissait ridée, noirâtre, hideuse. Bien que mis en cet état par l’épreuve, le Psalmiste ne cessera pas d’être fidèle. Au lieu de qitôr, « fumée, » les versions ont lu ici kefôr, « gelée. » — Baruch, vi, 20, se moque des idoles dont la figure est noircie par ; la fumée des temples. — La fumée des parfums monte vers Dieu. Apoc, viii, 4. ;

2° La fumée des incendies. — La fumée s’élève au- ] dessus des villes incendiées, de Sodome et de Gomorrhe, î Gen., , xix, 28 ; d’Aï, Jos., viii, 20, 21 ; de Gabaa, ville des j Benjamites. Jud., xx, 40. Pour incendier la tour de Sij

chem, Abimélech fit couper une branche d’arbre par chacun de ceux qui l’accompagnaient et, entassant ces branches autour de la forteresse, y mit le feu. Un millier de personnes périrent ainsi « par la fumée et par le feu », dit la Vulgate. Jud., ix, 49. Le texte hébreu ne parle pas de fumée ; mais un feu de bois vert dut en produire abondamment. — Des colonnes de fumée s’élèvent de la forêt embrasée, Is., ix, 18 ; du pays d’Édom ravagé par le feu, Is., xxxiv, 10 ; du camp incendié de Gorgias. I Mach., iv, 20. — Dans l’Apocalypse, saint Jean voit la fumée au-dessus de Babylone détruite par le feu, xviii, 9 ; xix, 3 ; au-dessus de l’abîme, IX, 2, 3 ; au-dessus du lieu des tourments, xiv, 11.

3° L’inconsistance de la fumée. — Quand la fumée sort par la fenêtre de la maison, elle est saisie par le vent, qui la disperse à son gré. Ose., xiii, 3 ; Sap., v, 15. Tel est le sort réservé aux impies. Ps. xxxvi (xxxvii), 20 ; lxvii (lxviii), 3. La vie s’évanouit comme une fumée. Ps. ci (eu), 4 ; Sap., ii, 2. Un jour les cieux s’évanouiront de même. Is., li, 6. — Les chars de Ninive seront réduits en fumée, Nah., ii, 14, c’est-à-dire seront brûlés ou impuissants. — L’ange dit à Tobie que, si l’on met un peu du cœur du poisson sur des charbons ardents, la fumée qui s’en dégage chasse toute espèce de démons. Tob., vi, 8. Voir t. ii, col. 1378. La fumée n’a pas cette puissance par elle-même, une substance matérielle ne pouvant, en dehors du composé humain, exercer d’action naturelle sur une substance spirituelle. C’est Dieu qui agit ici par l’intermédiaire de l’ange. Mais il fait intervenir la fumée pour humilier le démon, obligé de fuir devant une chose aussi insignifiante, et pour marquer son pouvoir divin, qui se sert ici, comme dans les sacrements, des plus simples substances pour produire un effet surnaturel.

4° La fumée dans les théophanies. — Quand le Seigneur apparut au Sinaï, toute la montagne était environnée d’une fumée qui servait à la fois à cacher la majesté de Dieu et à révéler sa présence. Exod., xix, 18. Le Seigneur s’était déjà manifesté de cette manière à Abraham, quand il avait fait passer au milieu des victimes immolées par lui un feu accompagné de fumée. Gen., xv, 17. Il suffit à Dieu de toucher les montagnes pour qu’elles fument, attestant ainsi sa présence. Ps. cm (crv), 32 ; cxliv, 5. Dans ces deux passages, il peut y avoir une allusion à des éruptions volcaniques, ou plutôt aux nuages qui couvrent le sommet des montagnes comme une fumée. — Pour indiquer la présence du Seigneur, lsaïe, iv, 5, parle d’une nuée fumante sur la montagne de Sion. Dans sa vision, il ne manque pas d’observer que la fumée entoure la majesté de Dieu. Is., VI, 4. Saint Jean, Apoc, xv, 8, parle aussi de la fumée qui remplit le temple de l’Éternel.

5° La fumée dans le sens métaphorique. — La Sainte Écriture donne parfois le nom de fumée à des choses qui n’en ont que la ressemblance. L’épouse du Cantique, m, 6, s’avance du désert « comme des colonnes de fumée, entourée des parfums de la myrrhe et de l’encens ». Il y a probablement ici une allusion à la colonne de nuée qui accompagnait les Hébreux dans le désert et s’avançait majestueusement au-devant d’eux. Exod., xiii, 21. Cf. Colonne dénuée, col. 854. — Joël, ii, 30, décrivant les signes précurseurs du châtiment des ennemis d’Israël, signale « des prodiges dans les cieux et sur la terre, du sang, du feu et des colonnes de fumée ». Cf. Act., ii, 19. Ces colonnes de fumée, d’effrayante apparence, sont faites pour épouvanter les coupables. Telle est aussi a la fumée qui vient du nord » contre les Philistins, Is., Xiv, 31, colonne de poussière soulevée par les rangs pressés des envahisseurs. Dans un pays accidenté comme la Palestine, ces sombres apparitions se voyaient des hauteurs et jetaient l’épouvante au cœur de ceux qui en étaient témoins. — Les auteurs sacrés appellent encore fumée la vapeur que certains animaux projettent par les naseaux, le croco-