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FRUIT


tingue le fruit de l’arbre, perî’es, Gen., 1, 29 ; Exod., x, 15 ; Lev., xxiii, 40, etc., et le fruit de la terre ou du pays, perî hâ’ârés, Num., xiii, 26 ; Deut., i, 25 ; Is., iv, 2, etc., ou plus communément le fruit du sol, perî hâ’âdàmâh. Gen., iv, 3 ; Deut., vii, 13 ; Ps. civ (cv), 35 ; Mal., iii, 11, etc. Sur les fruits de la terre en général, voir Moisson.

— 2° Il est spécialement question du fruit défendu à nos premiers parents au paradis terrestre, Gen., iii, 3, 6 ; des fruits que les espions envoyés par Moïse rapportèrent du pays de Chanaan, raisins, grenades et figues. Num., xm, 21-23 ; Deut., i, 25. — Dans la bénédiction qu’il formule en faveur de la tribu de Joseph, Moïse lui souhaite et lui promet « . les meilleurs fruits du soleil et les meilleurs fruits des lunes ». Deut., xxxiii, 14. Les fruits du soleil sont ceux que l’arbre produit une fois l’an. Les fruits d^es lunes sont les fruits des mois, comme traduisent les Septante : à^o cruvôBuv [xvivûv, c’est-à-dire les fruits que les plantes produisent après un espace de temps qui n’a pas pour mesure la révolution solaire, mais une ou plusieurs révolutions lunaires. Ces fruits peuvent donc venir plusieurs fois par an. La Vulgate parle des fruits de la lune, ce qui a donné lieu à quelques auteurs de supposer que les Hébreux croyaient à une inlluence de la lune sur la maturation de certains fruits. Cette supposition n’est point fondée. Il est à remarquer que, dans sa description de la Jérusalem céleste, saint Jean signale l’arbre de vie « qui porte douze fruits, et qui chaque mois fournit son fruit. » Apoc, xxii, 2. L’apôtre ne fait d’ailleurs que s’inspirer d’Ézéchiel, xlvii, 12. — 3° Certaines prescriptions législatives se rapportaient aux fruits. Afin d’inspirer aux Hébreux une plus vive aversion pour l’idolâtrie qui avait souillé la terre de Chanaan, le Seigneur régla que quand les Hébreux y auraient planté des arbres, les fruits seraient considérés comme impurs pendant les trois premières années et qu’on n’en pourrait manger ; la quatrième année on les consacrerait au Seigneur et la cinquième on commencerait à s’en nourrir. Lev., xix, 23-25. Les Israélites devaient chaque année la dîme de tous les produits de l’agriculture et des arbres fruitiers. Lev., xxvii, 30. Voir Dîme, col. 1433. Ils en devaient aussi les prémices. Exod., xxiii, 19 ; Deut., xxvi, 2 ; II Esdr., x, 35. L’obligation ne portait, d’après la tradition, Biccurim, 1, 2 ; Gem. Bechorolh, 35, 1, que sur le froment, l’orge, le raisin, les figues, les grenades et les olives, seuls nommés dans la Loi. Deut., viii, 8. Comme la quantité des prémices n’était pas fixée par le texte sacré, on apportait un trentième, un quarantième, un cinquantième ou un soixantième, selon l’interprétation des différents docteurs ou la libéralité de chacun. Voir Prémices, et Reland, Antiquilates sacrée, Utrecht, 1741, p. 200, 203. — Quand on passait dans une vigne ou dans un champ, on pouvait cueillir des raisins ou des épis pour les manger, mais non pour en emporter. Deut., xxiii, 24, 25. C’est en usant de ce droit que les Apôtres cueillent des épis dans un champ, Matth., xii, 1, et que NotreSeigneur cherche des fruits sur un figuier planté le long du chemin. Matth., xxi, 19. La Loi recommandait également de laisser pour l’étranger, l’orphelin et la veuve les fruits qui restaient sur l’olivier après qu’on l’avait secoué, les épis et les grappes qui demeuraient dans le champ ou dans la vigne après la moisson et la vendange, soit parce qu’on les avait oubliés, soit parce que leur maturité avait été tardive. Lev., xix, 9-10 ; xxiii, 22 ; Deut., xxiv, 20, 21.

— Sous la domination des Séleucides, les Juifs de Palestine devaient au fisc royal, entre autres impôts, la moitié des fruits des arbres. Pour s’assurer leur fidélité, l’usurpateur Démétrius II leur fit remise de cette redevance. I Mach., x, 30 ; xi, 34. Les impôts sur les arbres sont dans les usages de l’Orient. Quand les musulmans s’emparèrent de la Palestine, ils imposèrent tous les arbres qu’on y planterait, et pendant longtemps on reconnut à leur exemption d’impôt les arbres antérieurs à la con quête. Cf. Liévin, Guide de la Terre Sainte, Jérusalem, 1887, t. i, p. 333.

II. Fruits mentionnés dans la Bible. — Voici d’abord, simplement indiqués, ceux qui peuvent être rangés dans la catégorie des grains : blé, épeautre, froment, orge, fèves, lentilles, pois, moutarde, sénevé, anis, millet, etc. Voir ces mots. — Parmi les fruits proprement dits, provenant des arbres, des arbustes ou de certaines plantes herbacées, figurent les suivants :

Amande, sâqêd, àu.yyêi).Y], amygdala. Gen., xLin, 11.

Câpre, ’âbîyyônah, xdtTtmepi ; , capparis. Eccle., xii, 5.

Caroube, xepi-nov, siliqua. Lev., xv, 16.

Coloquinte, paqqu’ôt, n-jicr « YP la > colocynthis. IV Reg., iv, 39.

Concombre, qissu’im, cn’xuoç, cucumeres. Num., xi, 5.

Coriandre, gad, xopiov, coriandrum. Exod., xvi, 31.

Datte, fruit du palmier, dont la Sainte Écriture ne donne pas le nom propre. Cant., vii, 8. Voir Palmier.

Figue, (e’ênâh, te’enîm ; <rux5}, o-ûxov, ficus. II Reg., xvi, 1 ; Jer., xl, 10.

Figue de sycomore, Siqmîm, <ruxafiev « , sycomori. Amos, vii, 14.

Gourde, selon quelques-uns, le qîqâyôn, xoXoxuvOti, hedera, de Jonas, iv, 6.

Grenade, rimmôn, pou ; , granata. Num., xiii, 24.

Mandragore. Il n’est fait qu’une allusion à l’odeur de son fruit. Cant., vii, 13.

Melon, ’âbattîfyîm, tistiwv, pepo. Num., xi, 5.

Mûre, u.6pov, morus. I Mach., vi, 34.

Noix, ’ëgôz, xapûa, nux, mot qui probablement désigneà la fois l’arbre et le fruit. Cant., vi, 10.

Olive, zayit, llala, oliva. Mich., vi, 15.

Pistache, bâtnim, TepéêivOo ; , terebinthus. Gen., xliii, 11.

Raisin, ’ênâb, <rraçuXiî, uva. Gen., XL, 11 ; raisin sauvage, be’usîm, labruscx (rendu dans les Septante, Is., v, 2, par àxivûat). — Voir chacun de ces mots.

Tappûah, pomme ou fruit difficile à déterminer. Voir Abricotier, t. i, col. 9.

III. Dans le sens figuré. — La Sainte Écriture désigne sous le nom de fruits certains effets dont la cause se trouve ainsi comparée à une plante. — 1° L’enfant est le « fruit du ventre », perî bétén. Gen., xxx, 2 ; Deut., vu, 13 ; Ps. xx, 11 ; cxxvi, 3 ; cxxxi, 11 ; Lam., ii, 20 ; Luc, i, 42. Dans l’Ancien Testament, l’expression « porter du fruit » se rapporte à l’enfantement. IV Reg., xix, 30 ; Jer., xii, 2 ; Ose., ix, 16. — 2° Le fruit des œuvres, Is., m, 10 ; Ose., x, 13 ; des mains, Prov., xxxi, 16, 31 ; de la bouche, Prov., xii, 14 ; xiii, 2 ; xviii, 20 ; des lèvres, Hebr., xiii, 15 ; de la langue, Prov., xviii, 21, sont les effets produits par l’action ou la parole de l’homme. — 3° Le fruit des actions est leur mérite ou leur démérite, Is., iii, 10 ; Jer., xvii, 10 ; Mich., vii, 13 ; Prov., x, 16, et comme conséquence soit la récompense, Ps. lvii (lviii), 12 ; Prov., xi, 30 ; Sap., iii, 15 ; Is., xxvii, 9 ; Am., vi, 12, soit le châtiment. Jer., vi, 19. — 4° Dans le Nouveau Testament, « porter du fruit, » c’est produire de bonnes actions avec la grâce de Dieu. Matth., iii, 10 ; xxi, 43 ; Joa., xv, 2-8, 16, etc. À ce point de vue, les auteurs sacrés comparent assez souvent les hommes à des plantes. Ps. i, 3 ; Ezech., xvii, 23 ; xix, 10, 12 ; Dan., iv, 9-18 ; Ose., x, 1, etc. — 5° La qualité de l’arbre se reconnaît à celle de ses fruits, c’est-à-dire que les actions d’un homme servent à faire savoir s’il est bon ou mau vais. Matth., vii, 16-20 ; xii, 33 ; Luc, vi, 43, 44. Il y a en effet des fruits d’orgueil, Is., x, 12, et aussi des fruits de sagesse, Prov., viii, 19 ; de lumière, Eph., v, 9 ; de justice, Phil., i, 11 ; Hebr., xii, 11 ; Jac, iii, 18 ; de pénitence, Matth., iii, 8 ; Luc, iii, 8, et du Saint-Esprit. Gal., v, 22-23. — 6° Notre-Seigneur envoie ses disciples dans le monde pour qu’ils y produisent des fruits durables dont lui-même il fournit la sève divine, ioa., xv, 2, 4, 5, 8, 16

H. Lesêtre.