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FROMAGE — FRONDE


en lactation. Mais il suffit que le lait soit abandonné à une température d’environ 20° pour que la coagulation du caillé se produise d’elle-même. Le caillé, égoutté et rassemblé en masse compacte, est ensuite traité de différentes manières. Il peut être mélangé avec la crème et mangé frais. Si, au contraire, on le laisse sécher, les acides se développent dans la masse et y produisent une fermentation particulière qui donne au fromage un goût spécial, suivant son origine, son traitement, etc. Le fromage a été connu dès les plus anciens temps. Il

701.

— Fromage dans une corbeille. Peinture de Pompéi. D’après le iîuseo Borbonico, t. vi, pi. 20.

en est question dans l’Iliade, xi, 639, et l’Odyssée, iv, 88. Ctésias, Hist. Ind., 29, assure que dans l’Inde s’en trouvait d’excellent. Voir aussi Pline, H. N., xi, 96. On le voit représenté sur les peintures de Pompéi (fig. 701). — 1° 11 existait à Jérusalem une vallée des Fromagers, Tvoottoiwv çàpocyÇ, dont Josèphe, Bell. jud., V. iv, 1, est seul à parler, si bien qu’on ignore si les fabricants de fromages s’étaient établis en cet endroit à une époque récente, ou si la vallée avait reçu son nom des pâtres qui y auraient mené leurs troupeaux et trailé le lait avant même la fondation de la ville. Cf. V. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 191. — 2° Job, x, 10, en parlant de la première formation de son corps, s’exprime ainsi :

Ne m’as-tu pas coulé comme le lait,

Ne m’as-tu pas coagulé comme la yebînàh ?

Les versions traduisent gebinâh par rjpoç, caseus, « fromage. » Le sens du mot hébreu est certainement celui-là. En arabe, le fromage s’appeHe gubn ; dans les Targums, gûbnâ’; la paraphrase traduit même par giïbnâ’le mot hém’âh de Gen., xviii, 18. Voir Beurre.

— 3° Quand Isaï, père de David, envoie celui-ci dans la vallée des Térébinthes, pour porter des provisions aux trois aînés qui sont à l’armée de Saùl, il dit à son lils : « Porte aussi ces dix hârisê hêhâlab au chef de mille hommes. » I Reg., xvii, 18. Les hârîsê héhàlab sont littéralement des « tranches de lait », c’est-à-dire des fromages. Les Septante traduisent exactement : tp-ja- />J.dy.i to0 yàXocxTo ; , les petits morceaux du lait, et la Vulgate : formellas casei. La formella était, chez les Romains, un ustensile de cuisine ayant la forme du poisson qu’on y faisait cuire. Apicius, ix, 13. Pour le traducteur latin, elle indique vraisemblablement le moule de terre cuite au moyen duquel on donnait sa forme au fromage. La paraphrase chaldaïque rend l’expression hébraïque par gûbnin, « fromages. » Ce passage du livre des Rois prouve que les fromages étaient estimés des Hébreux, puisqu’un homme d’une certaine aisance, comme Isaï, pensait offrir un présent sortable à un chef militaire en lui en envoyant dix. — 4° David, fuyant devant Absalom, reçoit de ses amis des provisions pour lui et sa suite, grains de toutes sortes, puis miel, beurre, brebis et sefôt bâqâr. II Reg., xvii, 29. Le mot sefôt ne se lit que dans ce passage et au pluriel. Il vient de

sàfâh, « filtrer, passer. » Les Targums et les docteurs juifs traduisent encore ici par gûbnin, et les Septante par sacpwf) fi’jâjv, comme si séfôt était un terme technique. Il s’agit donc dans ce verset de « fromages de vache ». On lit dans la Vulgate : pingues vitulos, « veaux gras, >) et dans Théodotion : ya>, a6-r]vcx u.o<rx « pia> « vaches laitières. » La Vulgate paraît avoir lii, au lieu de Sefôt, un mot se rattachant au radical sâman, « être gras, » et Théodotion a pris sefôt pour un adjectif. — 5° Au Psaume cxviii (cxix), 70, la Vulgate traduit : « Tu as coagulé leur cœur comme du lait. » Le cœur serait ainsi comparé à du lait, hàlâb, épaissi et passé à l’état de fromage, c’est-à-dire devenu froid et insensible. En hébreu on lit : « Leur cœur est insensible comme la graisse, héléb. » Voir Cœur, col. 824, 5°, et Graisse. — 6° Parmi les provisions que Judith emporte avec elle, en se rendant au camp d’Holopherne, il y a du fromage, d’après la Vulgate. Judith, x, 5. Ce texte, comme celui du livre des Rois, donne à supposer que les Hébreux savaient faire des fromages qui durcissaient et se conservaient un

certain temps.

H. Lesêtre.

FROMENT. Voir Blé, t. i, col. 1811.

    1. FRONDE##

FRONDE (hébreu : qélâ’; Septante : o- : pev86v<] ; Vulgate : funda), arme destinée à lancer au loin des pierres.

I. La Fronde chez les Hébreux. — Les bergers juifs se servaient de frondes pour lancer des pierres contre les animaux. David était habile à s’en servir. Aussi, quand il marcha contre Goliath, il en prit une à la main, après avoir ramassé dans le torrent et mis dans sa gibecière cinq pierres polies qu’il voulait lancer contre le Philistin. I Reg. (Sam.), xvii, 40. C’est à l’aide d’une de ces pierres qu’il le terrassa. I Reg. (Sam.), xvii, 49, 50. La fronde est encore indiquée parmi les armes des chasseurs dans Job, xli, 20 (19). La fronde fut employée dans les armées israélites. Les Benjaminites étaient d’habiles frondeurs ; ils pouvaient lancer la pierre à un cheveu sans le manquer. Jud., xx, 16 ; I Par., xii, 2. Ozias avait dans son armée des frondeurs. II Par., xxvi, 14. Il y en avait aussi dans l’armée de Joram roi d’Israël. IV (II) Reg., iii, 25. Des frondeurs attaquent les soldats d’Holopherne. Judith, vi, 8. Les pierres qu’on lançait avec la fronde s’appelaient’abnê gela’. II Par., xxvi, 14 ; Job,

xli, 20 (19) ; Zach., îx, 15. Ces pierres étaient placées dans un creux, I Reg. (Sam.), xxv, 29 ;

le frondeur imprimait à la

fronde un mouvement circu laire, puis l’arrêtait subitement. La pierre suivait alors la ligne tangente au cercle décrit par

l’arme. Les frondeurs étaient

parfois armés d’un arc en plus

de leur fronde. I Par., xii, 2.

IL La Fronde chez les Égyp tiens. — La fronde était con nue des Égyptiens (fig. 702).

Cette arme consistait en une

sangle de peau ou de corde,

plus large au milieu et à une

extrémité une maille qui ser vait à la fixer solidement à la main. L’autre bout était terminé en fouet et s’échappait des

doigts après que le frondeur

avait imprimé deux ou trois mouvements de rotation à la fronde. Les Égyptiens se servaient comme projectiles de pierres rondes qu’ils portaient dans une petite gibecière placée en sautoir autour de leur corps. G. "Wilkinson, The manners and customs of the ancient Egyptians, 2e édit. Londres, 1878, t. i, p. 210, fig 42.

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702. — Frondeur égyptien.

D’après AVilkinson,

p. 210.

Manners, t.