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FRAUDE — FRAYEUR


causer. Exod., xxii, 9. — Ces juges doivent être choisis avec soin parmi les hommes ennemis de la fraude. Exod., xviii, 21. — NotreSeigneur rappelle en ces termes, au jeune homme qui veut le suivre, le texte de la loi : (j.r ( àKOGïzpr<rrz, ne fraudent feceris. Marc, x, 19.

2° Les conseils. — Les écrivains sacrés parlent de la fraude pour louer ceux qui l’évitent et condamner ceux qui la pratiquent. Ils proclament heureux celui qui déteste la fraude. Ps. xxxii (xxxi), 2 ; Prov., xxviii, 16 ; Is., xxxin, 15. — Ils rappellent combien Dieu la déteste. Job, xxxiv, 10 ; Ps.v, 7 ; lvii (lvi), 17 ; Ci(c), 7 ; Prov., xi, 1.

— Ils annoncent le châtiment réservé à ceux qui s’en rendent coupables, Prov., xiii, 6, et l’assimilent au meurtre lui-même, pour faire comprendre que la fraude peut être fort souvent une faute grave. Eccli., xxxiv, 27.

— Notre -Seigneur dit que la fraude a sa racine au fond du cœur, Marc, vii, 2-2, et saint Paul recommande aux chrétiens d’éviter la fraude et d’agir en tout selon la honne foi. Tit., ii, 10.

3° Les faits. — Les fils de Samuel, bien loin d’imiter l’intégrité et le désintéressement de leur père, I Reg., XII, 3, 4, succombèrent à la cupidité et se livrèrent à la fraude. I. Reg., viii, 3. — La pratique de la fraude était habituelle aux méchants. Prov., xi, 18. C’est ainsi, dit Jérémie, v, 27, 28, que ceux-ci s’enrichissent et s’engraissent. Il ajoute : « Depuis le plus petit jusqu’au plus grand, tous recherchent le gain ; depuis le prophète jusqu’au prêtre, tous pratiquent la fraude. » vi, 13. Ézéchiel, xxii, 12, fait une constatation analogue en ce qui concerne Jérusalem. Michée, vi, 10, 11, parle de l’éphi trop petit, des balances fausses et des faux poids dont on usait dans la ville. — Notre-Seigneur accuse les Juifs de son temps d’avoir fait du Temple une caverne de voleurs, Matth., xxi, 13 ; Marc, xi, 17 ; Luc, xix, 46, sans doute à cause des fraudes qui s’y commettaient, avec la tolérance des prêtres, dans la vente des victimes et le change des monnaies. — Saint Pierre reproche à Ananie et à Saphire d’avoir fraudé sur le prix du champ qu’ils venaient de vendre, Act., v, 2, 3, c’est-à-dire de n’avoir pas déclaré à l’Église le prix total qu’ils avaient reçu. Ici la faute était moins contre la justice que contre la religion. — Saint Paul constate que la fraude et la tromperie régnaient parmi les païens, par suite de leur méconnaissance de Dieu, Rom., i, 29, et il engage les chrétiens à faire disparaître ce vice du milieu d’eux. I Cor., vi, 7, 8. — Enfin saint Jacques, v, 4, proteste contre ceux qui fraudent sur

le salaire du aux ouvriers.

H. Lesêtre.
    1. FRAYEUR##

FRAYEUR, saisissement qu’on éprouve en présence d’un danger grave et inattendu, ou de ce que l’on prend poHi* tel.

I. Dans l’Ancien Testament. — Les Hébreux avaient près de vingt substantifs pour exprimer le sentiment de la frayeur. Ces mots sont ordinairement rendus dans les Septante par cpôêoç, xpôpioç, fpîxr), ojiouî^, et dans la Vulgate par formido, pavor, terror, timor, tremor. 1° De’âyani, « terrifier, » ’êniâh, l’effroi causé soit par Dieu, Exod., xxiii, 27 ; Ps. lxxxviii (lxxxvii), 16 ; Job, xxxiii, 7, etc., soit par les hommes, Jos., ii, 9 ; Prov., xx, 2, etc., soit par les choses. Job, xli, 6 ; Ps. lv (liv), 5, etc. Ce mot est employé une quinzaine de fois. — 2° De bdhal, « effrayer, » bëhâldh, terreur. Lev., xxvi, 16 ; Jer., xv, 8. — 3° De bâlah, « trembler, » ballâhâh, effroi. Job, xviii, 11 ; xxiv, 17 ; xxvii, 20 ; Is., xvii, 14. C’est Job, xviii, 14, qui appelle la mort mélèk ballâhôt, « roi des épouvantements. » — 4° De bâ’at, « effrayer, » be’âtàh, terreur, Jer., viii, 15 ; xiv, 19, particulièrement celle qui -est causée par Dieu. Job, vi, 4 ; Ps. lxxxviii (lxxxvii), 17.

— 5° De zû’a, « ébranler, » zevâ’âh, épouvante, Is., xx viii, 19. — 6° De h.ârad, « trembler, » hârâdâh, le saisissement violent et soudain. Gen., xxvii, 33 ; I Reg.,

xiv, là ; Prov., xxix, 25 ; Is., xxi, 4 ; Jer., xxx, 5 ; Ezech., xxvi, 16 ; Dan., x, 7. — 7° De hagag, « sauter, » hâggcV,

le tressaillement d’effroi que Juda causera à l’Egypte. Is., xix, 17. — 8° De bâtât, « briser, » hâtât, l’effroi causé par l’homme aux animaux, Gen., ix, 2, et l’angoisse, Job, vi, 21 ; — fyittâh, la terreur que Dieu répand sur les villes, Gen., xxxv, 4 ; — mehittâh, la terreur soudaine. Prov., x, 15 ; xxi, 15 ; Is., liv, 14 ; Jer., xvii, 17. — 9° De hûl, « souffrir, » Ml, la frayeur, Exod., xv, 14 ; Mich., iv, 9 ; particulièrement celle qui accompagne les douleurs de l’enfantement. Ps. xlviii (xlvii), 7 ; Jer., vi, 24 ; xxii, 23 ; l, 43. — 10° De gûr, « craindre, » mâgôr, l’épouvante. Ps. xxxi (xxx), 14 ; Is., xxxi, 9 ; Jer., vi, 25 ; xx, 4 ; xlvi, 5 ; xiix, 29 ; Lam., ii, 22. Jérémie, xx, 3, dit à Phassur, qui l’a mis aux ceps, qu’on l’appellera désormais Mâgôr missâbib, « frayeur de toutes parts, » à cause des malheurs qui vont fondre sur lui et sur Juda de tous les côtés. — 11° De pâl.iad, « trembler, » pahad, la terreur en général, Exod., xv, 16 ; Job, iv, 14 ; xm, 11 ; Prov., i, 33 ; Is., xxiv, 17 ; Jer., xlviii, 43 ; Lam., m, 47, etc., spécialement la frayeur qu’on ressent pendant la nuit, Ps. xci (xc), 15 ; Cant., iii, 8 ; celle que causent les hommes, Deut., ii, 25 ; xi, 25 ; Esth., viii, 17 ; ix, 3, et celle qui vient de Dieu. Job, xiii, 11 ; xxv, 2 ; Ps. xxxti (xxxv), 2 ; Is., ii, 10, 19 ; I Reg., xi, 7 ; IPar., xiv, 17, ’II Par., xiv, 13 ; xvii, 10 ; xx, 29. Le mot pafyad est le plus communément employé pour désigner la frayeur ; on le rencontre une trentaine de fois dans la Bible hébraïque. — 12° De râgaz, « troubler, » ragzâh, la frayeur qu’on a même en mangeant son pain, quand le danger est imminent. Ezech., xii, 18. — 13° De râtat, « trembler, » rétét, l’effroi. Jer., xlix, 24. — 14° De râ’ad, « trembler, » ra’ad, le tremblement de peur, Exod., xv, 15 ; Ps. lv (liv), 6 ; — re’àdàh, l’effroi et l’inquiétude. Job, iv, 14 ; Is., xxxiii, 14 ; Ps. ii, 11 ; xlviii (xlvii), 7. — 15° De râ(at, analogue à râtat, retêt, la frayeur que cause Éphraïm. Ose., xiii, 1. — 16° De sâbar, « briser, » séber, l’épouvante. Exod., xv, 16 ; Job, xli, 16.

— 17° De tâmah, « stupéfier, » timmàhôn, la frayeur qui égare l’esprit. Deut., xxviii, 28 ; Zach., xii, 4. — C’est dans le livre de Job qu’il est le plus souvent question de frayeur. Elle y est nommée une vingtaine de fois, sous sept noms différents. — Le livre de Judith mentionne la frayeur causée aux Juifs par la présence des Assyriens, iv, 2 ; xi, 9, et celle dont les Assyriens furent saisis après la mort d’Holopherne. xiv, 17 ; xv, 1. — Le livre de la Sagesse décrit la frayeur qui frappera les méchants au jour du jugement, v, 2, et celle que causèrent les dix plaies aux Égyptiens, xvii, 4, 6, 8, 14 ; xviii, 17. Il donne même, XVII, 11, cette définition de la frayeur : i ; po80<7Îa twv à™ ).oyit7|xo0 fJor, 6ri[j.âT<Dv, « l’abandon des ressources que fournirait le raisonnement. » — Depuis le jour où Adam eut peur de Dieu à cause de son péché, Gen., iii, 10, l’homme fut saisi de frayeur et craignit de mourir, Exod., xxxiii, 20, toutes les fois que Dieu se manifesta à lui sous une forme quelconque. De là cette frayeur de Dieu dont il est fait mention si souvent dans l’Ancien Testament, Exod., xx, 19 ; Tob., xii, 17, etc., et qui persiste dans le Nouveau. Luc, i, 13, 30.

II. Dans le Nouveau Testament. — 1° Notre-Seigneur parle de l’effroi causé par ceux qui tuent le corps, Luc, xii, 21, et de celui que produiront sur les hommes les bruits de guerre, Luc, xxi, 9, 11, et l’approche du dernier jugement. Luc, xxi, 26. — 2° Le Sauveur lui-même voulut avoir peur, ^x8a(j.ë£Ï76at, pavere, durant son agonie. Marc, xiv, 33. — 3° Les évangélistes, spécialement saint Luc, notent souvent la frayeur que produit sur les hommes l’apparition subite du surnaturel, ou même simplement du danger. Ils remarquent ainsi l’effroi de Zacharie en face de l’ange qui se montre à lui dans le Temple, Luc, i, 12 ; des bergers de Bethléhem quand ils aperçoivent les anges au milieu de la nuit, Luc, ii, 9 ; des Apôtres sur la barque avec Jésus pendant la tempête, Marc, iv, 40 ; de la femme qui a touché le bord du vêtement du Sauveur, Marc, v, 33 ; des trois Apôtres