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FRANÇAISES (VERSIONS) DE LA BIBLE


des deux volumes l’indique, c’est une Bible historiée avec ses gloses, à laquelle on a joint le Psautier et le second volume de la Bible du xme siècle. Le texte est fort rapproché de celui des manuscrits du duc de Berry, et en particulier du manuscrit^*. 159. On peut admettre que ce manuscrit ou un autre semblable, appartenant à la bibliothèque du roi Charles VIII, a fourni pour la plus giande partie le modèle de cette édition. L’Apocalypse n’est glosée qu’à partir du chapitre xi. Jean de Rély semble avoir rédigé le Psautier d’après d’autres sources, qui le rapprochent du Psautier fr. 13091 et de la traduction de Raoul de Presles. Ce Psautier est contenu dans le Psautier dédié à Charles VIII, Le Psaultier avecques l’exposition sur de Lira en françoys, 2 in-4°, Paris, s. d. Cette édition imprimée est appelée la Grant Bible, pour la distinguer de la Bible pour les simples gens, qui n’était qu’une sorte d’histoire sommaire de l’Ancien Testament. E. Reuss, Fragments littéraires et critiques, dans la Bévue de théologie, t. xiv, Strasbourg, 1857, p. 141-160, en a signalé seize éditions faites à Paris ou à Lyon, de 1496 à 1545. Elles reproduisent le même texte, à part quelques différences accessoires : aucune n’a été l’objet d’une revision critique et complète du texte original. La bibliothèque du grand séminaire de Nancy possède un exemplaire in-folio d’une édition qui n’a pas encore été mentionnée. Elle n’est pas datée ; mais elle porte la marque du libraire Guillaume Le Bret. Elle reproduit les prologues et compte 263 feuillets dans le premier volume et 237 dans le second, indépendamment des tables dont les feuillets ne sont pas numérotés. Le texte est imprimé en deux colonnes ayant 55 lignes, en caractères gothiques, avec quelques gravures. La même bibliothèque possède encore un exemplaire petit in-folio, non paginé, contenant « les epistres de saint Paul apostre » avec la glose, translatées de latin en français « nouvellement à Paris », par un docteur en théologie de l’ordre de Saintvugustin, et achevées d’imprimer pour Anthoine Vérard, le 17 janvier 1507. Comme la version est celle de Jean de Rély, le religieux augustin n’a du traduire « nouvellement » que la glose qui l’accompagne. IV. Versions du xrve et du xv a siècle. — I. bibles complètes. — 1° La Bible anglonormande nous a été conservée par trois manuscrits, dont un seul est à peu près complet. Celui-ci est le n° 1 du fonds français de la Bibliothèque Nationale, à Paris ; il a été écrit pour une famille anglaise, avant 1361, et il s’arrête au milieu du chapitre xin de l’Épître aux Hébreux. Le manuscrit 1 C m du British Muséum, qui est du xve siècle, va de la Genèse à Tobie ; le texte est plus correct et d’un meilleur langage que celui du manuscrit précédent. Le livre des Actes se lit avec quelques différences dans une Histoire de la Bible, manuscrit fr. 9562, de la seconde moitié du xive siècle. Le Psautier de la Bible anglo-normande paraît descendre du texte de Montebourg par l’intermédiaire de recensions telles que celles des manuscrits fr. 2131 et 22892. Les cantiques qui le suivent semblent également se rattacher de loin à la traduction usuelle. Mais le texte des autres livres n’est certainement pas, sinon pour la division des chapitres, et encore avec quelques légères divergences, le texte de la Bible du mi’siècle ; peut-être se rapprocheraitil en quelques endroits de la Bible de Raoul de Presles, dont il va être question. Le manuscrit de Paris, tout incorrect qu’il soit, n’est guère éloigné de l’original ; les autres copistes ont pu corriger certaines fautes qui provenaient du traducteur lui-même. Cette traduction, faite en Angleterre, au xtve siècle (le Psautier excepté), est déplorable tant pour la fidétïté que pour la pureté du langage ; elle rend le sens inexactement et dans un style qui, tout grossier qu’il soit, n’est pas dénué de force. Son influence ne s’est guère étendue en France, sinon peut-être sur la Bible suivante. — 2° La Bible du roi Jean, ainsi désignée parce qu’elle a été exécutée par l’ordre et sous les yeux de Jean le Bon, se

trouve fragmentairement dans le manuscrit fr. 15397 de la Bibliothèque Nationale, grand volume, dont les premiers feuillets sont décorés de très belles miniatures inachevées. Ce manuscrit contient le Pentateuque, du chapitre vin de la Genèse à la fin du Deutéronome. Le texte est encadré d’une glose très développée. Ce fragment est daté de 1355, et on peut le regarder à bon droit comme l’original dont l’ornementation a été interrompue par la captivité du roi Jean. Le traducteur est Jean de Sy, frère prêcheur, originaire du diocèse de Reims. Voir la Bomania, t. xxi, 1892, p. 612-615. En 1373, son œuvre s’étendait jusqu’au chapitre xviii de Jérémie. Elle fut continuée par une pléiade de traducteurs, d’écrivains et de peintres, au nombre desquels sont nommés les trois dominicains mentionnés col. 1468. Le Roux de Lincy, Les quatre livres des Bois, Introduction, p. xx-xxi. Bien qu’elle soit restée inachevée, elle est tout à fait remarquable ; c’est une œuvre de science et de goût, dont le texte est indépendant de la célèbre version du xme siècle, mais pourrait bien être, au jugement de M. S. Berger, « une excellente revision de la Bible anglo-normande. »

— 3° La Bible de Charles V fut traduite par Raoul de Presles, maître des requêtes. Elle est conservée dans les manuscrits suivants -.Lansdowne 1175 An British Muséum, qui s’arrête après le Psautier ; ms. 76 de Grenoble, de la fin du xive siècle, qui va jusqu’au Ps. cxviii ; Bible de l’archevêque de Reims, B. N., fr. 153, du xv » siècle, qui s’arrête aussi après le Psautier ; ms. fr. 158, du xive siècle, qui contient tout l’Ancien Testament ; " ms. fr. 22885 et 22886, qui s’arrête à la fin de l’Ecclésiastique ; ms. fr. 20065 et 20066, de la fin du xve siècle, qui s’étend jusqu’à saint Matthieu, xix, 27. La version est donc incomplète. Presque tous les livres, à partir de l’Exode, sont précédés de prologues qui doivent leur servir d’introduction. Sauf quelques mots relatifs aux ordres qu’il a reçus de Charles V, le traducteur n’a mis dans ces prologues qu’un résumé des notes de Nicolas de Lyre. Le Psautier, qui est reproduit séparément dans plusieurs manuscrits, a été compilé d’après plusieurs textes, dont l’un était fort rapproché du texte de la version du xin c siècle, et l’autre n’était pas éloigné du Psautier lorrain. Le reste de la traduction n’est pas absolument une œuvre nouvelle ; elle a pour base la version du xine siècle, au moins dans certaines parties. C’est un ouvrage de seconde main, qui rentre dans la catégorie des textes révisés, retouchés et compilés.

II. traductions pætiklles. — 1° Deux versions des Épîtres et des Evangiles des dimanches et des fêtes. — La première a été exécutée par ordre de la reine de France, Jeanne de Bourgogne, femme de Philippe VI de Valois. Elle a été faite selon l’ordonnance du missel de Paris, par Jean du Vignay, hospitalier de SaintJacques et traducteur de beaucoup d’ouvrages. Elle se lit dans deux manuscrits de la Bibliothèque Nationale, tous deux du xve siècle, fr. 22890 et 22936. Un troisième exemplaire forme aujourd’hui le n° 195 du fonds Barrois, à la bibliothèque d’Ashburnham-Place. La seconde suit l’ordre du missel de Cambrai et se trouve dans le beau manuscrit fr. 1765, du xive siècle. Ces deux versions se ressemblent entre elles, et elles ne diffèrent par endroits de la version du xme siècle que par l’orthographe ou la construction des phrases. Dans d’autres passages, il y a une différence absolue. Il semble donc que Jean du Vignay n’a été parfois qu’un modeste reviseur d’un texte antérieur. — 2° Fragments picards. — 1. Un tiers de la Bible seulement, des Paralipomènes à la fin de Daniel, se trouve dans le manuscrit 2035 de la bibliothèque de l’Arsenal, qui est de la fin du xive siècle ou des premières années du xve. Le titre, Partie de la Bible en wallon, est fautif, car la langue est le dialecte picard. La version est généralement textuelle ; elle est pourtant fort abrégée par endroits, par exemple dans le livre de Job, qui est simplement résumé, et quelquefois, au contraire, déve-