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FOURMI — FOURNEAUX


Sat., i, i, 35, dit que la fourmi est haud ignara ac non incauta futuri, « ni ignorante ni imprévoyante de l’avenir. » Virgile, JEneid., iv, 403, appelle ces insectes hiemis memores, « songeant à l’hiver, » et c’est en cette prévision que ingentem farris acervum populant tectoque reponunt, « elles pillent un grand tas de froment et le recueillent dans leur nid. » Saint Ambroise, Hexœmer., VI, IV, 16, t. xiv, col. 247, ajoute que « la fourmi toute petite ose entreprendre ce qui dépasse ses forces et, sans être astreinte au travail par aucune sujétion, obéit à une prévoyance spontanée et s’amasse des provisions de vivres ». Saint Jérôme, Vita Malchi monachi, 7, t. xxiii, col. 46, décrit les travaux d’une colonie de fourmis en Syrie, qui venlurx hiemis memores, m songeant à l’hiver qui va venir, » amassent des grains et les coupent avec leurs mandibules pour les empêcher de germer dans la terre humide de leur nid. Cf. Elien, De nat. aninx., il, 25 ; vi, 43 ; Piaule, Trinum., ii, 4. — La manière dont la Sainte Écriture parle des fourmis a été taxée d’erreur au nom des sciences naturelles. La fourmi est un animal hibernant, en sorte que chez elle la vie est suspendue par un profond engourdissement pendant tout l’hiver. L’insecte n’a donc pas besoin de nourriture durant ce temps, et c’est à tort que l’auteur sacré lui fait un mérite de préparer pendant l’été ses provisions d’hiver. — On pouvait répondre que le Sage parle de la fourmi selon les apparences : elle déploie une grande activité pour apporter à son nid toutes sortes de provisions, comme si elle avait à prendre ses garanties contre l’hiver. C’est cette activité qu’on propose en exemple au paresseux. Mais des observations plus attentives ont permis d’établir que le texte doit être entendu ici littéralement et que l’ignorance est attribuable non pas à l’auteur sacré, mais à ses contradicteurs. On compte cent quatre espèces de fourmis habitant l’Europe. Sur ces cent quatre espèces, il en est trois, VAtla barbara, VAtla structor et le Pheidole megacephala, qui font des provisions pour l’hiver. Mais ces espèces ne sont connues que dans la région méditerranéenne et n’existent pas dans les climats plus septentrionaux. En Palestine, les deux espèces les plus communes sont justement VAtta barbara, qui est une fourmi noire, et VAtta structor, une fourmi brune. Ces fourmis sont à la lettre des mangeuses de grains ; n’étant pas hibernantes, elles font des provisions pendant l’été en vue des jours d’hiver où la pluie ou le froid les empêcheront de sortir. On sait que les grains renferment toujours de la fécule d’où provient du glucose dont les fourmis sont si friandes. Le naturaliste Tristram a observé par lui-même les fourmis de Palestine. Il les a vues activement occupées à transporter quantité de grains d’orge dans leurs galeries. Il a trouvé leurs nids pleins de grains mélangés avec de la paille, de l’herbe, des cosses de toute nature. En plein mois de janvier, il a pu constater que les fourmis étaient au travail, parmi les tamaris des bords de la mer Morte, passant et repassant en longues files, et recueillant les pucerons et les exsudations sucrées des végétaux. Ce que le naturaliste anglais a observé, l’auteur sacré le connaissait bien, et les anciens, Horace, Virgile, saint Ambroise, saint Jérôme, etc., qui vivaient dans la région méditerranéenne, l’avaient également constaté. De notre temps, on a trouvé d’autres espèces de fourmis qui amassent des grains pour l’hiver, aux Indes, dans l’Amérique méridionale, etc. On a même eu à déplorer, à Hyères, des ravages considérables exercés par ces sortes de fourmis sur les grains des récoltes. Cf. Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1881), p. 319-321, 496-498.

2° Au Psaume lxxvii (lxxviii), 47, on lit :

IL a fait périr leurs vignes par la grêle, Et ïeurs sycomores par le hânâmal.

Comme ce mot hébreu ne se rencontre qu’en cet endroit, le sens en est discuté. Septante : nâyrr t ; Vulgate : pruina ;

Aquila : xpùei ; S. Jérôme : frigore, Targum : « des sauterelles ; » Symmaque : « des vers, » etc. D’après J. D. Michaëlis et Gesenius, Thésaurus, p. 499, hânâmal aurait le même sens que nemâlâh et désignerait les fourmis. Cette étymologie n’est pas acceptable ; car, dans tout ce passage du psaume, le parallélisme est très régulier. Le mot hànâmal désigne donc quelque chose de correspondant à la grêle, ainsi que l’ont pensé les plus anciens traducteurs. D’ailleurs l’histoire ne parle pas de ravages causés par les fourmis pendant les plaies d’Egypte. Frz. Belitzsch, Die Psalmen, Leipzig, 1874, t. ii, p. 46, pense que le mot en question désigne la grêle, comme

bârâd du vers précédent.

H. Lesêtre.
    1. FOURMONT Etienne##

FOURMONT Etienne, littérateur français, né à Heberlay, près Saint-Denis, le 23 juin 1683, mort à Paris le 18 septembre 1745. Son éducation terminée au collège Mazarin, Etienne Fourmont se donna tout entier à l’étude des langues orientales. Il fut professeur au collège d’Harcourt et précepteur des fils du duc d’Antin. En 1713, il fut reçu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, et deux ans plus tard devenait professeur d’arabe au collège de France. Un lettré chinois, Arcadio Hoang, venu à Paris en 1711, avec un missionnaire, lui apprit la langue de son pays, et Etienne Fourmont fut bientôt en mesure de publier des ouvrages sur cette langue presque entièrement inconnue, faisant graver les caractères qui lui étaient nécessaires. En 1721, le roi le chargea de faire faire des poinçons hébreux et d’inspecter tous les caractères orientaux de l’imprimerie royale. Etienne Fourmont publia lui-même, en 1731, le catalogue de ses ouvrages ; mais il eut soin d’y faire entrer tous ceux qu’il avait formé le projet d’écrire. Parmi ceux qui ont été imprimés, nous devons mentionner : Lettres à M*** sur le commentaire du P. Calmet sur la Genèse : où l’on trouvera des dissertations critiques contre les notes de ce bénédictin, des explications nouvelles sur un grand nombre de passages, et la solution de plusieurs difficultés de l’Écriture Sainte. Première lettre sur l’autorité du Pentateuque et l’autorité des rabbins ; 2° lettre sur la manière de prouver la création par la Genèse, in-12, Paris, 1709 ; Mouaacah, ceinture de douleurs, ou Réfutation du livre intitulé : Règles pour l’intelligence des Saintes Ecritures, composées par Rabbi Jsmaël ben Abraham, in-12, Paris, 1723 ; Réflexions critiques sur l’origine, l’histoire et la succession des anciens peuples chaldéens, hébreux, phéniciens, égyptiens, grecs, jusqu’au temps de Cyrus, 2 in-4°, Paris, 1742, ouvrage plein d’idées bizarres et paradoxales. Etienne Fourmont avait en outre composé une Critique sacrée, un Commentaire sur les Psaumes, et traduit en latin le Commentaire d’Aben-Esra sur l’Ecclésiastique ; mais ces divers écrits sont restés manuscrits. Dans les Mémoires de l’Académie se rencontrent plusieurs dissertations de cet auteur : Sur l’art poétique et les vers des anciens Hébreux, t. IV, p. 467 ; Sur l’époque de la ponctuation hébraïque de la Massora, telle quelle est aujourd’hui, dont l’auteur jusqu’ici inconnu est désigné par un manuscrit de la Bibliothèque du roi, t. xiii, p. 491 ; Que les Septante n’ont pu faire leur traduction que sur un texte hébreu ponctué, t. xiv, p. 179 ; Sur les manuscrits hébreux ponctués et les anciennes éditions de la Bible, t. xix, p. 229. — Voir Catalogue des ouvrages de M. Fourmont l’aîné, in-8’, Amsterdam, 1731 ; Guignes et Deshauterayes, Abrégé de la vie et des ouvrages de M. Fourmont, in-4°, Paris, 1746 ; Quérard, La France

littéraire, t. iii, p. 180.

B. Heurtebize.

FOURNAISE. Voir Four, col. 2336.

    1. FOURNEAUX ou des FOURS##

FOURNEAUX ou des FOURS (TOUR DES)

(hébreu : migdal hat-Tannûrim ; Septante : Tt-JpYo ; tùv 6avo’jp : ’|j.i ; Vulgate : turris fumorum), tour de l’enceinte