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CAPTIF


obligé de lui donner la liberté, et ne pouvait lui infliger aucun mauvais traitement. Deut., xxi, 10-14. Les captives qui n’étaient pas épousées demeuraient en esclavage et bénéficiaient de la douceur de la législation mosaïque à leur égard Voir Esclave. Sous Achaz, au moment où la plus grande animosité régnait entre les deux royaumes d’Israël et de Juda, les Israélites attaquèrent leurs frères et emmenèrent en captivité deux cent mille femmes, enfants et jeunes filles de Juda. Mais, à Samarie, un prophète du nom d’Oded leur conseilla de bien traiter ces prisonniers et de les renvoyer dans leur pays. Telle était encore l’influence d’un prophète parlant au nom de Dieu, que malgré la rivalité des deux peuples Oded fut obéi. Il Par., xxviii, 8-15.

II. Chez les autres peuples. — Les Israélites, qui faisaient surtout des captives, comme tous leurs voisins, redoutaient eux-mêmes la captivité pour leurs femmes et leurs enfants. Num., xiv, 3 ; Deut., i, 39. Ils fuient souvent victimes, sous ce rapport, des peuples qui les environnaient. — 1. C’est ainsi qu’on voit les Amulécites leur enlever des femmes et des enfants, entre autres deux des femmes de David, I Reg., xxx, 2-5, et plus tard les brigands de Syrie faire des incursions dans le pays d’Israël pour s’emparer des jeunes filles. Une de ces dernières donna à Naaman le conseil d’aller consulter Elisée pour se faire guérir de la lèpre. IV Reg., v, 2. — 2. Cet enlèvement des jeunes filles étrangères était particulièrement dans le goût des Phéniciens, qui trafiquaient de tout et s’emparaient volontiers d’une proie qui ne manquait pas de valeur sur les marchés d’Egypte et d’Assyrie. Le plus souvent ils attiraient sur leurs bateaux, sous prétexte de leur montrer des bijoux ou des étoffes précieuses, celles dont ils convoitaient la possession, puis ils levaient l’ancre sans qu’elles s’en aperçussent. Homère, Odyss., xv, 427 ; Hérodote, I, 1. Souvent, soit dans les ports, soit aux frontières du pays, des femmes israélites durent être victimes de leur rapacité. Cf. Joël, iii, 4 ; Amos, i, 9-10 ; I Mach., m, 41. Plus tard, les Juifs fournirent encore des captifs et surtout des captives aux rois de Syrie et aux nations voisines. I Mach., i, 34 ; v, 13. — 3. Ils payèrent fréquemment ce même tribut aux Égyptiens. Gen., xii, 15, etc. Sur les bords du Nil, les captifs étaient assez durement traités, et parfois les captifs habitaient des prisons. Exod., xii, 29. Cf. Gen., xxxix, 20. Les monuments figurés représentent ordinairement les captifs enchaînés. Voir t. i, col. 511, fig. 124. Sur un trône d’Aménophis III, de la xviiie dynastie, on voit une série de captifs figurer dans Ja décoration du soubassement ; sous le siège sont enchaînés deux autres captifs, l’un sémite et l’autre éthiopien ; enfin, sous l’accoudoir même, un sphinx terrasse un prisonnier (fig. 72). Dans leurs invasions en Palestine, les Égyptiens se saisirent naturellement de nombreux captifs.

— 4. Mais ce sont les Assyriens et ensuite les Chaldéens qui infligèrent aux Israélites les plus désastreuses captivités, ïhéglathphalasar transporte en Assyrie les tribus transjordaniques et les habitants de la Galilée. I Par., v, 26 ; IV Reg., xv, 29. Salmanasar, IV Reg., xvii, 3, 6, et Sargon, Is., xx, 1, achèvent la déportation qui dépeuple le royaume de Samarie. Juda eut ensuite son tour sous Sennachérib, IV Reg., xvhi, 13, et sous Nabuchodonosor. IV Reg., xxiv, 14 ; xxv, 11 ; II Par., xxxvi, 20 ; Jer., LU, 28, 29. Dans ses inscriptions, Sargon se vante d’avoir enlevé 27 280 captifs de Samarie. Oppert, Fastes de Sargon, i, 22-25. Sennachérib prétend en avoir emmené 200 150 des villes de Juda, dans sa campagne contre Ézéchias. Prisme de Taylor (cylindre C de Sennachérib), col. iii, 17. Dans sa première expédition contre Jérusalem, Nabuchodonosor fit 10000 captifs, IV Reg., xxiv, 14, et il emmena le reste des habitants après la prise définitive de la ville. Les monuments assyriens représentent fréquemment de longs cortèges de captifs (fig. 73). Ils s’en vont par bandes, sous la surveillance d’un soldat, les hommes chargés d’un petit sac à provisions, les femmes portant leurs enfants sur les bras

et sur l’épaule. Pendant un siège, ceux qui tombent aux mains des Assyriens à la suite des sorties sont impitoyablement empalés, pour épouvanter les assiégés. Après la victoire, les chefs des vaincus sont torturés et mis à mort, ou bien on leur crève les yeux et on leur perce les lèvres ou le nez, afin d’y passer un anneau et de les conduire avec une corde comme des animaux. Le cortège des prisonniers arrivait enfin en Assyrie, pour figurer au triomphe du vainqueur. Mais la plupart des captifs juifs étaient réservés à un sort plus doux, et, selon la coutume en vigueur parmi les Assyriens, avaient seulement à devenir les colons de nouvelles provinces. — 5. Les Romains furent

72. — Aménophls III sur son trône. Abd - el Qournah. xviiie dynastie. D’après Lepsius, Denkmuler, Abth. iv, Bl. 77.

les derniers à réduire les Juifs en captivité. Ils n’en firent pas de simples captifs, comme l’avaient fait les Assyriens et les Babyloniens, mais des esclaves. Ces derniers connaissaient bien les habitudes de leurs futurs vainqueurs. I Mach., viii, 10. Voir Esclave. Quand Jérusalem eut été prise par Pompée, en 03 av. J.-C., un bon nombre de juifs furent transportés captifs à Rome. Pendant les années suivantes, Cassius en envoya d’autres dans la capitale. Josèphe, Ant. jud., XIV, lv, 5 ; xi, 2 ; Bell, jud., i, xi, 2. Sur saint Paul captif à Césarée et à Rome, voir Prisonnier. À la suite de la prise de Jérusalem par Titus, une multitude de Juifs furent pris par le vainqueur, comme Notre-Seigneur le leur avait prédit. Luc, xxi, 24. Josèphe, Bell, jud., VI, IX, 3, estime à 97000 le nombre des captifs qui furent faits pendant toute la guerre de Judée.

III. Prières pour les captifs. — Instruit par les menaces et les promesses de Moïse, Deut., xxviii, 64 ; xxx, 3, Salomon prévit qu’un jour beaucoup d’Israélites seraient conduits en captivité à cause de leurs péchés. Au jour de