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FORTIFICATIONS — FORUM


le siège. Arrien, Anab., II, xv, G-xxrv ; Plutarque, Alexandre, 24. De la description du siège il résulte que le mur de côté, qui regardait le continent, avait cent cinquante pieds, c’est-à-dire environ quarante-cinq mètres de haut. Les blocs qui le composaient étaient de grande dimension et réunis par du ciment. Le palais du roi était adossé à l’enceinte ; les terrasses qui le surmontaient communiquaient avec le chemin de ronde qui régnait le long de la courtine. C’était la même disposition qu’à Khorsabad. G. Perrot, Histoire de l’art, t. iii, p. 325-326. Comme l’avait annoncé Ézéchiel, xxvi, 21, il ne reste aucune trace des murailles de Tyr. E. Renan, Mission de Phénicie, in-4°, Paris, 1803-1874, p. 529. Les anciennes monnaies de Tyr portent sur le droit l’enceinte avec ses tours. Voir Tyr.

XII. Fortifications de Damas. — Damas, capitale de la Syrie, était une ville forte ; David y plaça nne garnison. I Par., xviii, 6. Les prophètes annoncent la destruction de ses murailles. Is., viii, 4 ; x, 9 ; xvii, 1 ; Jer., xlix, 23-24, 27 ; Am., i, 5. Les Assyriens assiégèrent, en effet, la ville et en démolirent les remparts. Un bas-relief commémoratif du siège représente les fortifications de la ville. On y voit une double enceinte de tours carrées et deux avantmurs ; des soldats assyriens travaillent à la démolition des murailles. Voir Bélier, t. i, col. 1505, fig. 479 ; Damas, III, ii, col. 1227. Les murailles furent reconstruites. Au temps de saint Paul elles étaient debout, et pour échapper aux poursuites de ses ennemis l’Apôtre se fit descendre le long du mur dans une corbeille. Act., ix, 25. Les restes des antiques murailles de Damas sont de l’époque grécoromaine. Voir Damas, col. 1211, fig. 465 et 466.

XIII. Fortifications des Grecs. — Les fortifications des villes grecques furent détruites par les Romains. I Mach., viii, 10. Ces fortifications consistaient, comme celles dont nous venons de parler, en murailles entrecoupées de portes et défendues par des tours.

XIV. Dieu des forteresses. — Daniel, xi, 38, 39, dit que le roi du Nord, c’est-à-dire le roi de Syrie, honorera le dieu des forteresses, et que c’est avec ce dieu qu’il agira contre les lieux fortifiés. Les Septante, dans le premier verset, traduisent le mot hébreu par Œbç MocaiÇeifi, et la Vulgate par Deus Maozim ; dans le second, les Septante traduisent : Kovfcu zoïz bx’JpiimoLdi… (ietô GeoO àXXoxpiou, et la Vulgate : faciat ut muniat Maozim cum Deo alïeno. Ce dieu est probablement Mars ou Ares, à qui les poètes grecs donnent l’épithèle zzv/mx.TCkr^r^z. G. F. H. Bruchmann, Epitheta deorum quse apud poetas grzecos leguntur, in-8°, Leipzig, 1893, p. 41.

XV. Figures tirées des fortifications. — Pour exprimer la puissance de Dieu, Isaïe, ii, 15, dit qu’elle abat les hautes tours et les murailles fortifiées. Les jours de carnage sont ceux où les tours tombent. Is., xxx, 25. La protection de Dieu est comme une forteresse. Ps. xxx (xxxi), 22. Il fortifie le sage. Sap., ix, 17. Le nom du Seigneur est comme une tour très forte. Prov., xviii, 10. Ce n’est pas la puissance de la chair, mais celle de Dieu qui est comme un rempart. II Cor., x, 4. Dieu sera comme un rempart de feu pour défendre la Jérusalem nouvelle, c’est-à-dire l’Église, qui sera comme une ville ouverte à cause du grand nombre d’hommes qui l’habiteront. Zach., ii, 4. Le Messie sera son mur et l’ouvrage avancé qui la protégera. Is., xxxi, 1. La fortune est dans l’imagination du riche une ville fortifiée et une haute muraille. Prov., xviii, 11. Le frère aidé par son frère est comme une forteresse. Prov., xviii, 19. Au contraire, l’homme qui n’est pas maître de lui est comparé à une ville forcée et sans murailles. Prov., xxv, 28. La langue détruit les forteresses des riches. Eccli., xxviii, 17. La violence et les querelles font jour et nuit le tour des j remparts. Ps. liv (lv), 11. Dans le Cantique des cantiques, l’épouse est comparée à un rempart auquel l’époux fait des créneaux d’argent, à une porte à laquelle on met j

des battants de cèdre ; ses mamelles sont comme des tours. Cant., viii, 10. Les portes de la Jérusalem céleste seront de saphir et d’émeraude, et ses portes de pierres précieuses. Tob., xiii, 21. Dans la description qu’en donne l’Apocalypse, xxi, 10-22, le mur en est haut et grand ; il a douze portes, trois à l’orient, trois au nord, trois au sud, trois au couchantSur les douze portes sont écrits les noms des douze tribus d’Israël. Les murs ont cent quarante-quatre coudées (environ soixante-dix mètres de hauteur). L’enceinte de la ville est carrée ; le côté est de douze mille stades (environ deux mille kilomètres). La muraille est construite en jaspe ; il y a douze fondements, sur lesquels sont écrits les noms des douze Apôtres. Ces fondements sont ornés de pierres précieuses : le premier est de jaspe, le second de saphir, le troisième de calcédoine, le quatrième d’émeraude, le cinquième de sardonyx, le sixième de sardoine, le septième do chrysolithe, le huitième de béryl, le neuvième de topaze, le dixième de chrysoprase, le onzième d’hyacinthe, le douzième d’améthyste. Les douze portes sont douze perles. E. Beurlier.

    1. FORTUNAT ou FORTUNÉ##

FORTUNAT ou FORTUNÉ ( « SopToûvaTo ; , Fortunatus, nom d’origine latine, « protégé par la déesse Fortune, » cf. Eutyque), chrétien de Corinthe, qui était à Éphèse, avec deux autres fidèles de cette ville, lorsque l’Apôtre écrivit sa première Épîlre aux Corinthiens. I Cor., xvi, 17. Ce nom était commun parmi les Latins. H. Dessau, Prosopographia imperii Romani, n os 319-322, part. H, Berlin, 1897, p. 87 ; V. De-Vit, Totius Latinitatis Onomasticon, t. iii, 1883, p. 143-144. On ne sait sur Fortunat de Corinthe que ce que nous en dit saint Paul. D’après la leçon de la Vulgate et d’un certain nombre de manuscrits (voir C. ïischendorf, Novian Testamentum grœce, edit. vin major, t. ii, 1872, p. 566), il avait été baptisé par l’Apôtre lui-même, I Cor., xvi, 15, et il mérita ainsi d’être compté parmi « les prémices (à-xapyr, , primitifs) de l’Achaïe », avec Stéphanas et Achaïque. I Cor., xvi, 15. Il est possible qu’il fit partie de la maison de Stéphanas. I Cor., i, 16. Dans la lettre de saint Clément de Rome aux Corinthiens, Lix (lxv), t. i, col. 328, écrite une quarantaine d’années après l’Épitre, il est question d’un Fortunat chargé, avec Claude Éphèbe et Valère Biton, de porter aux destinataires la missive pontificale. C’est peut-être le Corinthien qu’avait baptisé saint Paul. Voir Cotelier, dans Migne, Pair, gr., t. i, col. 328, note 99 ; J. B. Lightfoot, Tlie apostolic Fathers, part, i, t. i, 1890, p. 27, 29 ; t. ii, p. 187. Le Chronicon paschale, t. xcii, col. 521, nomme Fortunat parmi les disciples du Sauveur et le place au trente-quatrième rang. F. Vicouroux.

    1. FORTUNE##

FORTUNE (Fortuna), nom, dans la Vulgate, Is., lxv, 11, d’une divinité araméenne que le texte hébreu appelle Gad. Voir Gad 4.

FORUM. Le forum chez les Latins, l’agora chez les Grecs, était une grande place, découverte au centre et entourée de bâtiments et de colonnades qui servaient de marché pour étaler et vendre. À Rome, il y avait des forums différents pour les différentes espèces de marchandises ; le grand Forum était destiné principalement aux assemblées publiques et au règlement des affaires judiciaires et commerciales. — La Vulgate a traduit par forum dans l’Ancien Testament le mot’izbônim, dans le sens de « foire », Ezech., xxvii, 14 (voir Foire, col. 2298), et dans le Nouveau le mot àyopi, employé dans le sens de « place publique », lieu fréquenté. Matth., xi, 16 ; xx, 3 ; xxiii, 7 ; Marc, vii, 4 (voir sur ce passage Agora, t. i, col. 275) ; xii, 38 ; Luc, vii, 32 ; xi, 43 ; xx, 46 ; Act., xvi, 19 (Marc, vi, 56, àyopâ est traduit par platea, « grande rue ou place publique » ). Uagora (forum) d’Athènes est mentionné Act., xvii, 17. Voir Agora et Athènes, t. i, col. 275 et 1215.