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CAPRE — CAPTIF

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Le bouton de la fleur constitue, à l’état jeune, ce qu’on appelle câpre (lig. 71). La câpre, confîle au vinaigre, ainsi du reste que les.jeunes pousses et les fruits verts, est un excellent condiment ; elle est stimulante et antiscorbutique, très appréciée partou’. et de tout temps.

Les principales espèces de câpriers qu’on trouve en Palestine sont : 1° le câprier épineux, Capparis spinosa ; c’est un arbrisseau à rameaux flexueux ; ses feuilles sont alternes, épaisses, ovales-arrondies, entières sur les bords, munies ordinairement de deux petits aiguillons arqués à la naissance de leur support ; d’autres fois ces aiguillons manquent ; ses fleurs, très grandes, sont d’un blanc teinté de rose, naissant à la base des feuilles, solitaires ; ses pétales sont réguliers, ovales, protégeant des étamines très nombreuses ; le fruit est charnu. On trouve ce câprier à Jérusalem, croissant sur les murs et les rochers les plus

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71. — Fleur et fruit du câprier.

abruptes ; il est très commun dans la vallée du Jourdain. Tristram, Fauna and Flora, p. 234. — 2° Le câprier herbacé, Capparis herbacea, qui diffère du précédent par sa tige non ou à peine ligneuse, ses feuilles ovales ou elliptiques, terminées au sommet par une pointe épineuse, et à la base par des aiguillons assez robustes, enfin par ses Heurs plus grandes. Toute la plante, au lieu d’être verte, est recouverte d’une pubescence blanchâtre et comme farineuse. — 3° Le câprier d’Egypte, Capparis segyptia ; c’est un arbrisseau à rameaux ligneux, entrelacés, à feuilles charnues, de forme ovale, obtuse, recouvertes d’une poussière glauque, tantôt épineuses, tantôt dépourvues d’aiguillon ; ses ileurs sont de grandeur médiocre ; la plante est velue ou glabre. On la trouve surtout dans le voisinage de la mer Morte. Voir Boissier, Flora orientalis, t. i, 1867, p. 420. M. Gandoger.

II. Exégèse. — Le mot’âbiyyônâh, qui signifie « câpre », ne se rencontre qu’une seule fois dans la Sainte Écriture ; c’est dans la célèbre description de la vieillesse faite par Salomon. Eccle., xii, 5. Quelques interprètes, retenant la signification première de la racine’, rcx, ’âbâh, « désirer, » entendent ce mot, comme le chaldéen, dans le sens de convoitise, désirs ou appétits de toute nature, qui s’affaiblissent chez les vieillards. Mais le développement régulier de la description demande plutôt la continuation du style figuré. D’ailleurs les versions sont d’accord à voir dans’âbiyyônâh la câpre (Septante : t) xiTraapi ;  ; Yulgate : capparis ; arabe : alkabbar). Dans la Mischna, Ma’aser, iv, 6 ; Berakôth, 36 a, le câprier s’appelle selâf ; les boutons de Heurs, qafrim, et les fruits ou capsules contenant les graines, êbeyônôf.’Abiyyônâh désigne donc bien la câpre, et non pas l’arbuste lui-même ou câprier, ni les boutons de ileurs dont on se sert maintenant après les avoir confits dans le vinaigre. Autrefois on employait plutôt le fruit, ce qu’on appelle aujourd’hui les cornichons de câpre. Pline, H. N., xiii, 44 ; xx, 59. — Si le sens de câpre est reconnu par le plus grand nombre des interprètes, ils ne s’entendent pas pour expliquer l’image contenue dans l’expression vetâfêr hâ’âbiyyônâh (Vulgate : dissipabilur capparis). Pour quelques-uns il s’agit de la rapidité avec laquelle se fane la belle fleur du câprier, symbole de la vie qui va bientôt finir pour le vieillard : « Avant le temps où le câprier se fane. » Mais ce n’est pas le sens du verbe vetâfêr, et du reste il est question de la câpre, non de l’arbre qui la produit. — Le plus grand nombre voit ici une allusion à la propriété qu’a la câpre de stimuler l’appétit, propriété d’où elle tire son nom : « Avant le temps où la câpre n’a plus d’effet. » Il vient un temps pour le vieillard où son estomac devenu paresseux n’est plus excité par les meilleurs condiments. Gesenius, Thésaurus, p. 13 ; Hoheslied und Koheleth, in-8°, Leipzig, 1875, p. 402. Mais le sens de « n’avoir plus d’effet », donné au verbe pârar, nous paraît forcé et dépasser les bornes légitimes de la dérivation. Pârar, dont la signification première est « briser, rompre », ne veut dire « rendre vain, sans effet, annuler », que dans les cas où l’idée première de rompre se conserve, par exemple, rompre ou rendre sans effet une alliance, une loi, un dessein. Ici « briser la câpre » ne peut signifier lui enlever son effet, tout au contraire. Il n’est donc pas légitime de traduire : « la câpre n’a plus d’effet ». —De plus, dans la description de la vieillesse développée dans Eccle., xii, 5, on s’attend naturellement à trouver un nouveau symbole après les deux premiers qui sont assez énigmatiques : « Avant le temps où l’amandier fleurit (c’est-à-dire avant les cheveux blancs) ; avant le temps où la sauterelle s’alourdit (c’est-à-dire avant que les jambes ne refusent leur service). » Si l’on traduit ; « Avant le temps où la câpre n’a plus d’effet, n’excite plus l’estomac », on n’a plus de symbole énigmatique, comme dans les deux premiers cas ; c’est un sens propre qui n’est plus dans le même ton. Il vaut donc mieux garder au verbe tâfêr son premier sens de « briser, rompre », comme dans les Septante, et traduire : « Avant le temps où la câpre se brise, éclate. » Le fruit est, en effet, une sorte de gland allongé, qui laisse tomber, en se fendant, de petites graines rouges. Ibn-El-Beithar, Traité des simples, t. iii, n° 1877, dans Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. xxvi, i « part., p. 134. N’est-ce pas l’image du corps qui se brise par les maladies et va laisser échapper l’âme ? L’idée de mort qui suit dans la description est ainsi tout naturellement amenée : « Car l’homme s’en va dans sa demeure éternelle, et les pleureurs parcourent les rues. » Cf. E. V. C. Rosenmùller, Scholia, Ecclesiasles, p. 237.

Ê. Levesque.

    1. CAPTIF##

CAPTIF (hébreu : ’âsir et’assîr, de’âsar, « lier ; » sebût et Sebit, iiebi et sibyàh, « le captif » dans le sens collectif, de sàbûh, « faire prisonnier ; » Septante : aî-/|xoc).u)to ;  ; Vulgate : captivus, vinclus). Nous entendons ici par captif toute personne, homme, femme ou enfant, prise à la guerre et emmenée par le vainqueur. Pour les prisonniers proprement dits, voir Prisonnier.

I. Chez les Hébreux. — Au temps des patriarches, on emmenait captifs, à la suite de la guerre, les femmes, les jeunes filles et les enfants. Gen., xxxi, 26 ; xxxiv, 29. Cette coutume persévéra chez les Israélites, depuis l’époque des Juges, Jud., v, 12, jusqu’à celle des Machabées. I Mach., v, 8. Les captifs étaient traités avec humanité chez les Hébreux, et la loi intervenait en leur faveur dans certains cas. Comme c’étaient surtout les femmes et les jeunes filles qu’on réduisait en captivité, un Israélite pouvait épouser sa captive, mais seulement après lui avoir accordé un mois pour son deuil. Si ensuite il la répudiait, il était