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CABARETIER — CACHALOT

CABARETIER. Plusieurs traducteurs rendent ainsi le mot κάπηλος, Eccli., xxvi, 28 (24) ; Vulgate : caupo, mais il signifie plutôt « un marchand au détail a en général, un revendeur, et souvent celui qui falsifie sa marchandise ou trompe l’acheteur par des procédés déloyaux. Il peut désigner spécialement un marchand de vin qui mêle de l’eau au vin : Οἱ κάπηλοί σου μίσγουσι τὸν οἶνον ὕδατι, traduisent les Septante, Is., i, 22. L’auteur de l’Ecclésiastique dit : « Le gros marchand (ἔμπορος évite difficilement les fautes, et le petit marchand (κάπηλος n'échappe pas au péché, » soit qu’il vende du vin trempé d’eau ou d’autres marchandises. Saint Paul, II Cor., ii, 17, parle des καπηλευόντες τὸν λόγον τοῦ Θεοῦ (Vulgate : adulterantes verbum Dei), c’est-à-dire de ceux qui corrompent et altèrent la parole de Dieu, comme des marchands indélicats, et, ajoutent quelques commentateurs, cherchent à s’en faire un profit illicite. S. Jean Chrysostome, In II Cor., hom. v, 3, t. lxi, col. 431.


CABSÉEL (hébreu : Qabṣe’êl, Jos., xv, 21 ; II Reg., xxiii, 20 ; I Par., xi, 22 ; Yeqabṣe’êl, II Esdr., xi, 25 ; Septante : Βαισελεήλ, Jos., xv, 21 ; Καβεσεήλ, II Reg., xxiii, 20 ; Καβασαήλ, I Par., xi, 22 ; Καβσεήλ, II Esdr., xi, 25), ville de la tribu de Juda ; c’est la première du groupe situé à l’extrême sud de la Palestine, « près des frontières d'Édom. » Jos., xv, 21. Elle est mentionnée deux fois comme étant la patrie de Banaïas, fils de Joïada, un des officiers de l’armée de David. II Reg., xxiii, 20 ; I Par., xi, 22. Après la captivité, elle fut réhabitée par les enfants de Juda. II Esdr., xi, 25. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 109, 273, la citent sans autre indication sous les noms de Καβσεήλ et Capseel. Les voyageurs modernes n’ont pu en retrouver aucune trace. Yeqabse'él, qu’on lit II Esdr., xi, 25, semble la forme pleine du nom.

A. Legendre.


CABUL (hébreu : Kàbùl ; Septante : Χωβαμασομέλ, par l’union du mot hébreu qui suit, miṡṡemô’l, « à gauche ; » Codex Alexandrinus : Χαβὼλ ἀπὸ ἀριστερῶν, ville située sur la frontière de la tribu d’Aser. Jos., xix, 27. C’est le village (χώμη de Χαβωλώ, que Josèphe, dans sa Vie, 43, 44, 45, mentionne « sur les confins de Ptolémaïde (Saint-Jean-d’Acre), et à quarante stades de Jotapata (aujourd’hui Khirbet Djéfat, au nord de Nazareth). Or entre les deux points désignés par l’historien juif se trouve une localité qui, par son nom et sa position, représente exactement l’antique cité dont nous parlons ; c’est Kâboûl, كابول, qu’on rencontre plus d’une fois dans les auteurs arabes. Cf. Guy Le Strange, Palestine under the Moslems, in-8°, Londres, 1890, p. 15, 39, 289, 467, 585. « À la vérité, dit Victor Guérin, Galilée, t. i, p. 424, il y a cinquante stades et non quarante seulement entre le Khirbet Djéfat (Jotapata) et le village [de Kaboul] ; mais les distances marquées par Josèphe sont loin d'être toujours parfaitement exactes, comme j’ai pu m’en convaincre plus d’une fois. » Voir Aser, tribu et carte, col. 1084. Cette bourgade, dont la population est de quatre cents habitants, tous musulmans, est assise sur une colline qu’ombragent des oliviers au nord et au sud. Elle a remplacé une petite ville ancienne, dont il subsiste encore, sur le plateau et les flancs du coteau, de nombreuses citernes creusées dans le roc, beaucoup de pierres de taille éparses çà et là ou engagées comme matériaux dans des constructions musulmanes, quelques fragments de colonnes monolithes provenant d’un édifice rasé, les vestiges d’un mur d’enceinte et des débris de sarcophages ornés de disques et de guirlandes de fleurs. Cf. V. Guérin, Galilée, t. i, p. 422 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881, t. i, p. 271, 308.

Caboul est mentionnée dans le Talmud de Jérusalem, Taanith, iv, 8 ; Pesakhim, iv, 1 ; on y lit qu’elle fut détruite à cause de la discorde qui régnait entre les habitants, et que Hillel et Yehouda, fils de R. Gamaliel II, y séjournèrent. Cf. Neubauer, La géographie du Talmud, in-8°, Paris, 1868, p. 205. Là furent ensevelis Rabbi Abraham, fils d’Esra, Rabbi Yehouda ha-Lévi et Rabbi Salomon ha-Katon, s’il faut en croire certaines relations. Cf. E. Carmoly, Itinéraires de la Terre Sainte, in-8°, Bruxelles, 1847, p. 453, 482.

Le même mot hébreu, Kâbûl (Vulgate : Chabul), se retrouve III Reg., ix, 13, pour indiquer le territoire que Salomon donna à Hiram, roi de Tyr. Désigne-t-il la ville dont nous venons de parler et ses environs ? Ce n’est pas certain. Voir Chabul.

A. Legendre.

CACHALOT. Le cachalot n’est pas nommé expressément dans la Bible, pas plus que les autres cétacés. Il y est cependant compris sous la dénomination de ṭân ei de ṭannîm (Septante : κήτη ; Vulgate : cete, Gen., i, 21 ; Job, vii, 12 ; Eccli., xliii, 27 (grec) ; Dan., vii, 19). Cf. Ps. ciii (hébreu, civ), 25-26. Ṭannîm désigne tous les animaux rampants, aquatiques ou marins, remarquables par leur dimension. Voir Baleine. Jérémie, Lam., iv, 3, note un détail qui ne convient qu’aux mammifères, et s’applique fort bien aux cétacés : « Les ṭannîm découvrent leur mamelle et allaitent leurs petits. » Pour allaiter leurs petits, qui du reste n’ont besoin du lait maternel que pendant six semaines environ, les cétacés remontent à la surface de l’eau et se tournent sur le côté, de manière que leur mamelon affleure la surface de la mer et puisse être saisi facilement par le petit. Celui-ci tête alors sans courir le danger d’avaler de l’eau en même temps que du lait. L’amour des cétacés pour leurs petits est extrême ; il mérite bien d'être opposé, comme dans le texte de Jérémie, à la cruauté maternelle de l’autruche.


1. — Cachalot.

Le cachalot (fig. 1) est un cétacé cétodonte, c’est-