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FOLIE — FONTAINE


    1. FOLIE##

FOLIE, état de quelqu’un qui a perdu la raison. On donne improprement le nom de folie à cet autre état d’un homme qui, jouissant de sa raison, ne sait pas s’en servir pour bien se conduire. Sur ce genre de folie, dont parle souvent la Sainte Écriture, voir Sottise.

1° Moïse annonce à son peuple que, s’il est infidèle, Dieu le frappera de folie (siggâ’ôn, Kapxitlr&y., amentia ) et de stupeur d’esprit (tinihôn lebâb, êxsTâdiî 8 : avoia ; , furor mentis). Deut., xxviii, 23. Il sera alors comme hors de lui (mesuggà’, napàii>.ï)y.To ; , stupens ad terrorem) à cause des choses dont il sera témoin. Deut., xxviii, 31. Le prophète Zacharie, xii, 4, annonce aussi qu’au jour du châtiment, Dieu frappera de folie (siggâ’ôn, itapacppovy/io-i ; , amcntia) les cavaliers de Jérusalem.

2° Saùl fut sujet à des attaques de folie sous l’empire du mauvais esprit. Il eut alors des transports ( hitnabbê’, 7tposcpr, TEjæv, prophetavit) comme ceux d’un prophète agité par un esprit. I Reg., xviii, 10. — Quand David se réfugia auprès d’Achis, roi de Geth, il craignit que le bruit de ses exploits ne le rendît suspect. Alors il simula la folie (vayyîtholêl, itpoæTcoii-aaTo, collabebalur), et s’appliqua à en donner des marques, si bien que le roi Achis dit à ses serviteurs : « Vous voyez bien que cet homme est fou (mistaggêa’, ÈTriX^TtTo ; , insanus) ; pourquoi me l’amener ? Est-ce que je manque de fous (mesuggâ’im, èitO.riitToi, furiosi), pour que j’aie besoin devoir celui-ci faire ses folies (hiStaggêa’, émXriTCTCiJEuôat, furere )1° I Reg., xxi, 13-15. Dans le titre du Psaume xxxiv (xxxin), 1, cette simulation de la folie est caractérisée par l’expression : changer son goût, c’est-à-dire son bon sens (la’am, Trpôaomav, vultus). — On donne le nom de fous à ceux qui en ont l’apparence. Jéhu traite de fou (mesuggà’, È7ctXr|7cTo ; , insanus) le jeune homme qui vient le sacrer de la part d’Elisée. IV Reg., IX, 11. Quand ce même Jéhu accourt avec ses chars contre Joram, celui-ci le voit venir de loin et dit qu’il conduit avec folie (Siggâ’ôn, xapiXXa-fiq, prssceps). IV Reg., îx, 20. — Séméias, par haine pour Jérémie, dit au prêtre Sophonie qu’il a charge de faire mettre en prison quiconque est fou et se mêle de prophétiser (mesuggà’oumitenabbë’, |j.atvci[iévoç xoc’t itpoçriTeywv, arreptitius et prophetans), et il comprend Jérémie dans ce genre d’hommes. Jer., xxix, 26. — Le mot hôlelôt, de hâlal, « être insensé, » est employé plusieurs fois par l’Ecclésiaste, i, 17 ; ii, 12 ; vii, 25 ; x, 13, pour désigner l’aberration de l’esprit poussée jusqu’à la folie, et Jérémie, xxv, 16 ; L, 38 ; ii, 7, se sert du verbe itehôlâlû dans le même sens. — Dans les Proverbes, xxvi, 18. celui qui trompe son prochain par plaisanterie est comparé à un enragé (mitelahlêah, ît61j.svo ; , noxius).

3° En punition de son orgueil, le roi Nabuchodonosor fut frappé de folie durant « sept temps ». Dan., iv, 25, 32, 33. Il fut chassé du milieu des hommes, probablement dans les vastes jardins de son palais, mangea l’herbe comme les bœufs, vécut exposé à toutes les intempéries et laissa croître ses ongles et ses cheveux. Cette forme de folie s’appelle lycanthropie. Le malade se croit changé en bête, ordinairement en loup, et en prend la manière de vivre. Le roi de Babylone se crut transformé en l’un de ces taureaux dont il voyait les gigantesques formes sur les murs de son palais. Voir Chérubins, col. 663-671. La lycanthropie était une maladie bien connue des anciens. Virgile, Eclog., vi, 48, et Ovide, Metam., xv, 326, parlent des filles de Prœtus, que Junon avait frappées de folie à cause de leur orgueil, et qui se croyaient changées en génisses. Au moyen âge, où ce mal paraît avoir été plus fréquent que de nos jours, on ne s’en expliquait pas la nature, et les lycanthropes passèrent pour des êtres extraordinaires appelés loupsgarous. « Les cynanthropes et les lycanthropes abandonnaient leurs demeures pour s’enfoncer dans les forêts, laissant croître leurs ongles, leurs cheveux, leur barbe, et poussant la férocité jusqu’à mutiler,

parfois tuer de malheureux enfants. » Brière de Boismont, Des hallucinations, Paris, 1852, p. 383. Nabuchodonosor se nourrissait d’herbe, comme les ruminants. Un spécialiste, le D’Browne, cité par Pusey, Daniel the Prophet, Oxford, 1864, p. 423, atteste avoir eu dans son service d’aliénés des « phytophages qui mangent de l’herbe, des feuilles, de jeunes branches, etc. ». Le même spécialiste tient pour admissible qu’un malade atteint de lycanthropie, comme Nabuchodonosor, garde encore la conscience de son identité et la faculté de prier. Ainsi s’expliquerait comment le roi de Babylone rentra enfin en lui-même et s’adressa humblement à Dieu. Dan., iv, 34. Cf. Pusey, Daniel, p. 431-435 ; Trochon, Daniel, Paris, 1882, p. 29-32 ; Fabre d’Envieu, Le livre du prophète Daniel, Paris, 1890, t. ii, 1™ partie, p. 322-332 ; Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. IV, p. 330-334. Nabuchodonosor guérit de son mal après une période septennaire que le texte sacré ne détermine pas. La lycanthropie, en effet, n’est pas une maladie incurable. Le médecin J. Mercurialis, Medicina practica, Venise, 1620, p. 57, écrit : « Cette horrible maladie n’est pas mortelle ; mais bien qu’elle dure ordinairement un certain nombre de mois, on lit que la guérison a été obtenue même après des années. » Hérodote, iv, 105, mentionne, sans d’ailleurs y croire, des cas de lycanthropie intermittente chez un peuple scythe, les Neures.

4° Le Nouveau Testament ne mentionne pas de cas distincts de folie. Il est possible que chez plusieurs malades la folie se soit compliquée de possession démoniaque et ait été guérie sous cette dernière forme. Voir Démoniaques, col. 1374. — Quand les parents de Jésus virent que la foule l’assiégeait, sans même lui laisser le temps de prendre sa nourriture, ils vinrent se saisir de lui en disant : « Il est devenu fou ! » ( i%kart, in furorem versus est). Marc, iii, 21. Ils avaient sans doute l’intention de préserver Notre -Seigneur ; mais le propos qu’ils tenaient ainsi en public outrageait le divin Maître et pouvait le déconsidérer aux yeux de plusieurs. — Festus dit à saint Paul que sa science tourne à la folie (pavi’a, insania). Àct., xxvi, 24. L’Apôtre écrit lui-même aux Corinthiens que si un étranger entrait dans leur assemblée pendant qu’ils exercent le don des langues, il les croirait atteints de folie ([iac’veoUat, insania). I Cor., xiv, 23. Saint Pierre taxe de folie (Ttapaçpovfa, insimentia ) le faux prophète Balaam. II Petr., ii, 16. Dans ces derniers passages, il s’agit non pas de fous, mais d’hommes qui agissent comme s’ils l’étaient.

H. Lesêtre.

1. FONTAINE. — I. Noms. — La Vulgate rend par fons les mots hébreux suivants, qui tous se rapportent à la source naturelle d’eau vive. — 1°’Ayin (Septante : Triqyri), expression commune aux langues sémitiques, et qui veut dire en même temps « œil » et « source ». À l’état construit, ’En, elle entre dans la composition de plusieurs noms de lieux, comme’En Gédî (Engaddi), « la source du chevreau ; » ’En Gannîm] (Engannim), « la source des jardins, » etc., caractérisés par les eaux qui y prennent naissance. Voir Aïn, 1. 1, col. 315. — 2° Ma’yân, Lev., xi, 36 ; Ps. lxxiii (hébreu, lxxiv), 15 ; Prov., xxv, 26 ; Cant., iv, 12, 15 ; Joël, iii, 18 ; pluriel : ma’yânôt, II Par., xxxii, 4 ; ma’yânîm, Ps. cm (hébreu, civ), 10 ; état construit, ma’yenê, III Reg., xviii, 5 ; IV Reg., iii, 19, 25, etc. C’est le même mot, ’ayin, avec mem préfixe ou mem local, qui ajoute à l’idée générale celle de « lieu bien arrosé par des fontaines », ou « collection de sources ». Tel est le sens qu’il a Jos., xv, 9 ; xviii, 15 ; III Reg., xviii, 5 ; IV Reg., iii, 19, 25 ; II Par., xxxii, 4. — 3° Môsâ’-mayim, « lieu d’où sortent les eaux » (môsâ vient de la racine yâsâ, « sortir » ). IV Reg., n, 21 ; II Par., xxxii, 30 ; Ps. evi (hébreu, cvn), 33, 35 ; Is., xli, 18 ; lviii, 11. Les Septante ont traduit littéralement : ôiéÇoSoç Ttôv iêiïiflv, IV Reg., ii, 21 ; Ps. evi, 33, 35 ; tÇoôo ; to-j CScuo ; , II Par., xxxii, 30 ; tandis qu’ils