Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1177

Cette page n’a pas encore été corrigée

2275

FIN DU MONDE

2276

viendra comme un voleur. Soyons donc prêts. La leçon de vigilance est ainsi fondée sur l’incertitude et la soudaineté de la venue de Jésus plutôt que sur sa proximité. Saint Pierre se réfère à ce sujet aux lettres de son très cher frère Paul.

2. Le dernier avènement du Sauveur est souvent mentionné par saint Paul. Il l’attend avec confiance, Tit., Il, 13 ; il recevra alors la couronne de gloire, II Tim., IV, 8. Les Corinthiens, II Cor., i, 14, et les Thessaloniciens, I Thess., ii, 19, seront alors son espérance, sa joie et sa couronne de gloire. Il supplie ses lecteurs par la parousie de Notre -Seigneur et leur réunion avec lui, II Thess., ii, 1 ; il atteste ce qu’il écrit par l’avènement et le règne de Jésus-Christ, II Tim., iv, 1 ; il prie pour que Dieu confirme les Thessaloniciens dans la sainteté lorsque Notre - Seigneur viendra avec tous ses saints,

I Thess., iii, 13 ; il livre à Satan l’incestueux de Corinthe, pour qu’il soit sauvé au jour de Notre - Seigneur Jésus-Christ. I Cor., v, 5. Il recommande aux Philippiens, i, 6, de continuer à pratiquer le bien jusqu’au jour du Christ Jésus. Il exhorte aussi Timothée à observer fidèlement les préceptes jusqu’à l’avènement de Jésus. I Tim., vi, 14.

II affirme aux Colossiens que, s’ils ont mené une vie conforme à celle du Christ ressuscité, ils apparaîtront eux aussi dans la gloire en même temps que le Christ apparaîtra. Col., iii, 4. Il espère que Dieu confirmera les Corinthiens dans la grâce qu’il leur a donnée jusqu’à leur mort, de sorte qu’ils soient trouvés sans péché au jour de l’avènement de Jésus. I Cor., i, 8. Dans son apologie, il leur dit de ne pas le juger avant le temps et d’attendre pour cela jusqu’à la venue du Seigneur, qui manifestera les secrets des cœurs. I Cor., iv, 5. Il assure aux Thessaloniciens que ceux qui sont dans la tribulation recevront le repos au jour de la manifestation du Seigneur Jésus descendant du ciel avec ses anges. I Thess., i, 7. De ces affirmations générales et de ces exhortations morales on ne peut tirer aucune conclusion précise relativement à la date du dernier avènement. Quel que soit son éloignement, elles restent vraies et valables. Mais en d’autres passages, saint Paul semble croire à la proximité de la venue du Sauveur. Il écrit aux Philippiens : « Que votre modestie soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. » Philipp., iv, 5. Si des commentateurs rattachent cette dernière phrase à la précédente et estiment que la modestie des chrétiens sera récompensée au jugement dernier, d’autres la relient à la suivante et l’expliquent dans le sens que le Seigneur est toujours prêt à secourir les chrétiens qui l’invoquent dans leurs tribulations. C’est pourquoi, ajoute l’Apôtre, « soyez sans sollicitude. » Philipp. , iv, 6. Beelen, Comment, in Epist. ad Philipp., 2e édit., Louvain, 1852, p. 114-115.

Les paroles de saint Paul aux Thessaloniciens sont plus célèbres et plus difficiles. Dans sa première lettre, IV, 14-17, parlant de la résurrection des morts, il laisse entendre qu’elle sera prochaine et que plusieurs de ceux qui sont vivants en seront les témoins. « Nous qui sommes réservés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui dorment. Le Seigneur viendra, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront les premiers. Ensuite nous qui vivons, qui sommes restés, nous serons en même temps enlevés dans les airs sur les nuées au-devant du Christ ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. Consolez - vous donc réciproquement par ces paroles. » Si saint Paul se met au nombre de ceux qui vivront encore au dernier jour, c’est par une figure de rhétorique, assez ordinaire aux orateurs. Il dit clairement ailleurs qu’il mourra, II Tim., iv, 6, et qu’il ressuscitera avec les autres défunts. II Cor., iv, 14. Du reste, il ajoute bientôt après, dans la même lettre, I Thess., v, 1 et 2 : « Vous n’avez pas besoin, mes frères, que nous vous écrivions sur le temps et le moment, puisque vous savez certainement que le jour du Seigneur viendra cprnme le voleur dans la nuit. » Enfin, il écrit plus tard

aux Thessaloniciens, II Thess., ii, 1-11, de ne pas se laisser ébranler ni effrayer, comme si le jour du Seigneur était imminent, héaiT^v. Il leur alfirme qu’il ne viendra point, qu’auparavant ne se soit produite la grande apostasie de l’Antéchrist (voir t. i, col. 658-659) et que Jésus-Christ détruira ce fils de perdition par l’éclat de son avènement. Pour saint Paul donc le jour de la parousie reste inconnu et incertain. Van Steenkiste, Comment, in omnes S. Pauli Epistolas, 4e édit., Bruges, 1886, t. ii, p. 234-238 et 273-279 ; Dœllinger, Christenthum und Kirche, p. 422-452 ; A. Sabatier, L’apôtre Paul, 3e édit., Paris, 1896, p. 108-114.

Quand l’Apôtre écrit aux Corinthiens, I Cor., vii, 29 et 31 : « Je vous le dis donc, mes frères : Le temps est court ; il faut que ceux qui ont des femmes soient comme n’en ayant pas…, et ceux qui usent de ce monde comme s’ils n’en usaient pas ; car la figure de ce monde passe, » il parle plutôt de la brièveté de la vie et de la caducité des choses du monde, Cornely, Comment, in S. Pauli priorem Epist. ad Corinthios, Paris, 1890, p. 204-206, que de l’imminence de la parousie. A. Sabatier, L’apôtre Paul, p. 161. Plus loin, I Cor., xv, 23 et 24, il indique l’ordre suivant lequel aura lieu la résurrection. Le Christ ressuscitera le premier ; puis, à la fin "des temps, ceux qui lui appartiendront, ceux qui auront cru en lui. Mais saint Paul a soin d’ajouter que la fin des temps n’arrivera qu’après que le Christ aura remporté la victoire sur tous ses ennemis. Cornely, I Cor., p. 470-475. Lorsqu’il leur révèle un mystère, à savoir, selon la leçon qui parait la meilleure, tcocvte ; où xoi[nr]67]<j6[JiE(ta, uivTEç 8È à^Xocpr, o-ôu. E6a (voir Corluy, Spicilegium dqgmatico - biblicum, Gand, 1884, p. 341-342), que « nous ne mourrons pas tous, mais que tous nous serons changés », il se place comme I Thess., iv, 14 et 16, au nombre de ceux qui vivront encore au dernier jour, et il n’affirme pas qu’il sera en réalité parmi les vivants, quand le Seigneur viendra. Cf. II Cor., v, 1-8. Le P. Corluy, La seconde venue du Christ, dans La Science catholique du 15 avril 1887, p. 294-297 ; Fin du monde, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, col. 1279-1281, estime que, dans ce cas, l’Apôtre aurait dû plutôt se mettre au nombre des morts, dont le sort l’intéressait davantage lui et ses lecteurs. Aussi croit-il que tout en exprimant, sous l’inspiration du Saint-Esprit, une idée vraie et certaine, à savoir, qu’à la fin du monde les morts ressusciteront incorruptibles et les vivants seront transformés, saint Paul a laissé percer son opinion personnelle sur la proximité de la fin du monde, qu’il tenait comme possible ou probable. Cette opinion propre était erronée ; mais cette erreur n’atteint pas la pensée inspirée. Il vaudrait peut-être mieux dire que saint Paul raisonnait dans l’hypothèse des Thessaloniciens et leur affirmait que les vivants, au nombre desquels ils pensaient être, ne seraient pas admis en présence du Christ plus tôt que les défunts. A. Sabatier, L’apôtre Paul, p. 184. La première explication, déjà acceptée par saint Augustin, De Civit. Dei, xx, 20, n » 2, t. xli, col. 688, et par saint Jean Chrysostome, In I Thess., ir, Hom. m*-, n° 2, t. lxii, col. 436, a nos préférences. Cornely, Comment, in S. Pauli priorem Epist. ad Corinthios, p. 506-511 ; Simar, Die Théologie des heiligen Paulus, Fribourgen-Brisgau, 1883, p. 259-260 ; Van Steenkiste, Gomment, in omnes S. Pauli Epistolas, 4e édit., Bruges, 1886, t. i, p. 386 ; A. Delattre, Le second avènement de Jésus-Christ et la dernière génération humaine, Louvain, 1881. Quant à la formule araméenne : Maran atha, qui termine cette Épître, I Cor., xvi, 22, il n’est pas nécessaire de l’entendre au présent, exprimant un futur prochain, E. Stapfer, Les idées religieuses en Palestine à l’époque de JésusChrist, 2e édit., Paris, 1878, p. 116 ; on peut l’interpréter à l’impératif et y voir un souhait tendant à hâter la venue du Messie. Cornely, I Cor., p. 531-532,