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FIN DU MONDE


Job, xiv, 12, dit que l’homme ne s’éveillera pas dans son tombeau « tant qu’il y aura un ciel », et selon l’interprétation de la Vulgate, « jusqu’à ce que le ciel soit broyé. » La croyance de l’auteur à la résurrection des morts, xix, ’25, nous permet de conclure qu’à son sentiment il viendra un temps où le ciel cessera d’exister et où les défunts secoueront le sommeil de la mort. Par un procédé analogue, David, Ps. lxxi, 5 et 7, annonce que le règne de Sulomon durera dans sa descendance messianique autant que le soleil et la lune ; et que la justice et la paix qu’il répandra sur la terre y persisteront donec auferatur luna. La même prédiction est répétée Ps. lxxxviii, 30 ; le règne de David doit durer aussi longtemps que le ciel. Un autre psalmiste, Ps. ci, 26 et 27, reconnaît que Dieu seul est éternel, et que le ciel et la terre, œuvres de ses mains, périront, s’useront comme un vêtement et seront changés comme un manteau. Ailleurs, il est vrai, il est dit que les cieux sont établis pour toujours, Ps. cxlviii, 6, et que la terre, consolidée sur son fondement, ne sera jamais ébranlée. Ps. ciii, 5. Cependant il n’y a pas contradiction entre les psalmistes, car ces derniers veulent seulement signifier que la durée des cieux est indéfinie et que les lois qui règlent la permanence de la terre sont durables. Les prophètes de l’ancienne alliance annonçaient le règne messianique pour les derniers temps du monde. L’expression be’ahtirit hay-yâmim, « à la fin des jours, » indique l’époque du Messie. Gen., xux, 1 ; Is., ii, 2 ; Mich., iv, î ; Ezech., xxxviii, 16. Voir Jugement.

2° L’enseignement du Nouveau Testament sur la fin du monde est beaucoup plus précis. Jésus affirme indirectement la fin de toutes choses, quand il dit que la loi et les prophètes auront leur accomplissement, « jusqu’à ce que périssent le ciel et la terre. » Matth., v, 18. Cf. Luc, xvi, 17. Ses paraboles de l’ivraie et de la perle précieuse annoncent ce qui se passera « à la consommation des siècles ». Matth., xiii, 39, 40 et 49. Les disciples, ainsi prévenus, demandèrent plus tard à connaître les signes de cette consommation suprême, Matlh., xxiv, 3, et le Maître leur en indiqua quelques-uns, que nous exposerons plus loin. Il leur affirma dans sa réponse que le ciel et la terre passeraient, tandis que ses paroles ne passeraient point. Matth., xxiv, 35 ; Marc, xiii, 31 ; Luc, xxi, 33. Dans une autre circonstance, il leur promit de demeurer avec eux jusqu’à la fin du monde. Matth., xxviii, 20. Saint Paul assure que la fin, tô téXo ; , aura lieu quand Jésus aura donné à son Père la domination sur toutes choses, I Cor., xv, 24, et il répète, Hebr., i, 11, la parole du Psaume ci, 27, que les cieux et la terre périront, s’useront et seront changés comme les vêtements s’usent et se changent. — Les écrivains de la nouvelle alliance, aussi bien que ceux de l’ancienne, tiennent les temps messianiques pour « les derniers temps du monde », xoctpô ; e<7-/oeto ; , I Petr., 1, 5 ; ’jciTâpot v.atpûî, I Tim., iv, 1 ; êV/cctov twv "/pôvwv, IPetr., i, 20 ; èV/octo ; -/pôvot, Jude, 18. Ils désignent la même époque par d’autres expressions synonymes : les « derniers jours, » ëir/axai rjuipïi, Act, n, 17 ; II Tim., iii, 1 ; eo-/aTovTâ>v r, |iepûv, II Petr., iii, 3 ; Hebr., i, 2 (grec) ; « la dernière heure, » ïa-/ârr <iipa, I Joa., ii, 18 ; « la plénitude des temps, » Kr t pu>iia toO Xpôvou, Gal., iv, 4 ; twv xaipwv, Eph., i, 10 ; « la fin des temps, » Ta t£).ï] twv alwvwv, I Cor., x, 11 ; « la consommation des siècles, » <nme).E ! ’a tûv aîwvwv. Hebr., i, 26. Cette dernière période du monde n’a pas de durée déterminée. Elle a commencé à la première venue du Christ sur la terre, et elle se terminera au second avènement du Sauveur, à la résurrection générale, au dernier jour. Joa., vi, 39 et 40 ; xi, 24 ; au jour du jugement. Joa., xii, 48.

— "Nous pourrions encore rapporter comme une preuve de la lin des choses tous les passages scripturaires qui traitent du caractère borné, fini, transitoire et passager des créatures. Le plus célèbre de tous est l’exhortation adressée par saint Paul aux Corinthiens de ne pas s’attacher aux choses du monde, et appuyée sur ce motif

grave : « car la figure de ce monde passe. » I Cor., vii, 31. Saint Jean affirme que le monde passe avec ses convoitises. I Joa., ii, 17. Les changements accidentels de figure et de surface qui se produisent constamment dans le monde peuvent être considérés comme des indices de modifications plus importantes qui atteindront, quand le Créateur le voudra et de la manière qu’il aura décidée, la substance elle-même de la création actuelle.

II. Mode. — La fin du monde ne sera pas la destruction et l’anéantissement du ciel et de la terre ; elle consistera seulement dans la disparition des conditions actuelles de leur existence et de leur ordonnance, dans la cessation du cours présent des choses. Le monde ancien sera ainsi remplacé par un monde nouveau, qui ne sera que la restauration du précédent.

1° Dissolution du monde actuel. — i. Pronostics. — Dans leurs descriptions poétiques du grand jour du jugement, les prophètes ont marqué les présages de la fin du monde. Il se produira des signes et des prodiges au ciel et sur la terre ; le soleil s’enténébrera et la lune deviendra rouge comme du sang, Joël, ii, 30-31 ; les étoiles perdront leur éclat, Joël, ii, 10 ; iii, 15 ; Is., xiii, 10 ; xxiv, 23 ; cf. Soph., i, 15 ; le ciel et la terre seront ébranlés. Joël, iii, 16. Notre-Seigneur a fourni les mêmes indices de son second avènement et de la fin du monde qui le suivra ; il a parlé des ténèbres et du bouleversement des astres qui précéderont sa venue. Le soleil s’obscurcira ; les étoiles tomberont du ciel ; les astres et les constellations seront ébranlés. Matth., xxiv, 29 ; Marc, xiii, -24 ; Luc, xxi, 22. Saint Jean a vu de semblables phénomènes. Apoc, vi, 12-14. — 2. Catastrophe. — La dissolution du ciel et de la terre, présagée et commencée par ces sombres pronostics, est aussi annoncée par les prophètes. La terre ne sera pas seulement dévastée et dépeuplée, Is., xxiv, 1-4, elle sera ébranlée jusque dans ses fondements ; elle sera agitée et chancellera comme un liorairiî ivre ; elle se fendra et sera enlevée comme on enlève une tente dressée pour une nuit ; elle tombera pour ne plus se relever. Is., xxiv, 18-20. Toute la milice des cieux se dissoudra, et les cieux s’enrouleront comme un livre, comme un rouleau (de papyrus), et les astres tomberont comme les feuilles de la vigne ou du figuier. Is., xxxiv, 4.

— L’auteur de la Sagesse, décrivant le jugement redoutable que Dieu rendra contre les impies, assure que « leur iniquité changera la terre entière en désert. » v, 24. Ainsi le globe ne sera pas anéanti, mais seulement dévasté et privé de ses habitants. Quelques commentateurs reconnaissent dans « les puissances des cieux » qui seront ébranlées avant la seconde venue du Messie, Malth., xxiv, 29 ; Marc, xiii, 25, les forces cosmiques ou les lois du monde matériel, qui seront bouleversées et changeront la face du monde ; mais il est plus probable que les Svvipiî ;  ; ^i"’o-jpotvwv sont les astres et les constellations, qui seront alors ébranlés. — 3. Moyen d’exécution. — La dissolution du monde se fera à la fin des temps par le moyen du feu. Cet agent de la dissolution finale, symboliquement mentionné dans l’Ancien Testament, est expressément désigné dans le Nouveau. Comme les autres Ihéophanies, la dernière manifestation de Dieu vengeur se fera au milieu des flammes. Is., :  : xxiv, 10 ; lxvi, 15 ; Joël, ii, 30 ; Mich., i, 4 ; Mal., iv, 1. Ces passages prophétiques pourraient, il est vrai, s’interpréter métaphoriquement, comme Soph., i, 18 ; et le feu et la flamme dont il est parlé symboliseraient la colère du juste juge, allumée contre les impies et les dévorant eux et le monde, théâtre de leurs crimes. Mais comme il est expressément question du feu vengeur dans le Nouveau Testament, on peut entendre les paroles des prophètes, non pas seulement d’un symbole de la purification du monde, mais d’un feu matériel qui embrasera le monde et en dissociera les éléments. Knabenbauer, Comment, in Prophetas minores, Paris, 1886, t. ii, p. 481-482. Saint Paul, en effet, nous apprend d’abord que le Seigneur Jésus se manifestera èv