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FILS DE L’HOMME — FILTRATION

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ce nom et avaient besoin qu’on leur affirmât en termes clairs la divinité de Jésus-Christ. C’est pour la même raison sans doute que les évangélistes s’abstiennent d’attribuer eux-mêmes ce titre au Sauveur. — Cf. Fillion, Évangile selon saint Matthieu, Paris, 1878, p. 162 ; Knalenbauer, Evang. sec. Matth., Paris, 1892, p. 324, 325. 3° De l’examen des passages dans lesquels Notre -Seigneur prend ce nom de « Fils de l’homme » résulte encore cette autre conclusion : Jésus-Christ se présente aux hommes en tant que Verbe incarné ; c’est par son humanité, personnellement unie à sa divinité, qu’il agit, souffre et triomphe. C’est pourquoi il apparaît comme « Fils de l’homme » dans tous les textes qui se rapportent à son rôle de Rédempteur, de Dieu fait homme. — 1. C’est le Fils de l’homme qui, en sa qualité de médiateur, est comme l’échelle dressée entre la terre et le ciel, Joa., i, 51 ; qui est descendu du ciel et y remontera, après avoir été élevé comme le serpent d’airain, Joa., iii, 13, 14 ; qui, en sa qualité de Dieu, est le maître du sabbat, Matth., XII, 8 ; Marc, ii, 28 ; Luc, vi, 5 ; qui proclame bienheureux ceux qui sont persécutés à cause de lui, Luc, vi, 22 ; qui pardonne la parole dite contre lui, Matth., xo, 32 ; Luc, xii, 10 ; qui sème le bon grain sur la terre et enverra ses anges pour faire la récolte, Matth., xiii, 37, 41 ; qui a le pouvoir de guérir et de remettre les péchés, Matth., ix, 6 ; Marc, ii, 10 ; Luc, v, 24 ; qui mène la vie commune aux autres hommes, Matth., XI, 19 ; Luc, vu, 34, qui, en gage de la vie éternelle qu’il promet, donne d’abord sa chair à manger, Joa., vi, 27, 54 ; qui est en même temps Fils de l’homme et Fils de Dieu, Matlb., xvi, 13, 16 ; qui vient sauver ce qui avait péri, Matth., xviii, 11 ; Luc, xix, 10, et non point perdre les âmes, Luc, ix, 56, servir et non être servi. Matth., xx, 28 ; Marc, x, 45. — 2. C’est surtout comme Fils de l’homme que Jésus souffre et meurt. Il n’a pas où reposer sa tête, Matth., viii, 20 ; Luc, IX, 58 ; il annonce sa passion et sa résurrection, en prévoyant et en acceptant â l’avance sa trahison aux gentils, Matth., xx, 18 ; xxvi, 2, 24, 45 ; Marc, ix, 30 ; x, 33 ; xiv, 41 ; Luc, ix, 44 ; xxiv, 7, toutes ses souffrances et sa mort. Matth., xii, 40 ; xvii, 12 ; Marc, viii, 31 ; ix, 11 ; xiv, 21 ; Luc, ix, 22 ; xi, 30. Il sait d’ailleurs qu’ensuite il ressuscitera, Matth., xvii, 9 ; Marc, ix, 8 ; montera aux cieux, Joa., vi, 63, et sera reconnu comme Dieu à son supplice même. Joa., viii, 28.

— 3. Quand l’heure est venue, le Fils de l’homme va à Jérusalem pour y souffrir, Matth., xx, 18 ; Marc, x, 33 ; Luc, xviii, 31, et marche à la mort, Matth., xxvi, 24 ; Marc, xiv, 21 ; Luc, xxii, 22, qu’il appelle sa glorification. Joa., xii, 23 ; xiii, 31. NotreSeigneur prend encore le nom de « Fils de l’homme » quand Judas le trahit par un baiser, Luc, xxii, 48, et quand lui-même comparait devant Caïphe et le sanhédrin, affirmant alors l’identité de ces deux appellations « Fils de l’homme » et « Fils de Dieu ». Matth., xxvi, 63, 64 ; Marc, xiv, 61, 62 ; Luc, xxii, 69, 70. — 4. Le rôle du Sauveur, en tant que Fils de l’homme, ne se termine pas à sa mort. Le Père « lui a donné le pouvoir de juger, parce qu’il est le Fils de l’homme ». Joa., v, 27. Après l’avènement de grâce, il aura donc un avènement de justice. Matth., x, 23 ; xvi, 27, 28 ; xxvi, 64 ; Marc, xiii, 26 ; xiv, 62 ; Luc, xvii, 22, 24, 26, 30, 69. Il viendra sans être attendu. Luc, xii, 40. Trouvera-t-il alors de la foi sur la terre ? Luc, xviii, 8. Outre son avènement particulier pour chaque âme, il en aura un autre, général et solennel, à la fin du monde, Matth., xxiv, 27, 30, 37, 39, 44 ; xxv, 31 ; Luc, xxi, 27, 36, dans lequel le Fils de l’homme confondra et condamnera ceux qui auront rougi de lui sur la terre. Marc, vm, 38 ; Luc, ix, 26 ; xii, 8. — De tous ces textes il ressort nettement que si Notre -Seigneur affecte de prendre ce titre de « Fils de l’homme », c’est pour mettre en relief la part de son humanité sainte dans les grands mystères de la rédemption et du jugement des hommes. IV. Le Fils de David. — Le titre de « Fils de David »,

qui est décerné à Notre-Seigneur dans l’Évangile et qu’il accepte, se rattache à son titre de Fils de l’homme en le spécialisant. Notre-Seigneur est l’Homme par excellence, mais il tire son humanité de la race de David. — 1. Dieu lui-même avait promis à David que le Messie sorfirait de sa race, Ps. cxxxi, 11 ; Act., ii, 30, les prophètes l’avaient rappelé. Jer., xxiii, 5 ; xxxiii, 14, 15 ; Ezech., xxxiv, 23 ; Ose., iii, 5, etc. — 2. Aussi le nom de « Fils de David » était-il devenu pour les Juifs l’un de ceux par lesquels ils désignaient le Messie attendu. Dans un des psaumes dits salomoniens, antérieurs à la naissance de Jésus-Christ, on lit : « Faites-leur lever leur roi, le Fils de David. » xvii, 23. — 3. Durant la vie publique du Sauveur, on s’inquiète de savoir s’il est de la race de David, Joa., vii, 42, et lui-même argumente sur cette question d’autant plus grave que d’elle dépendait la solution de cet autre problème : Est-il le Messie ? Marc, xii, 35 ; Luc, xx, 41. — 4. Le peuple arrive à la solution plus vite que les docteurs. Dès les premiers miracles de Jésus, il se demande si ce prophète ne serait pas le Fils de David, c’est-à-dire le Messie. Matth., xii, 23. La réponse affirmative gagne de plus en plus de terrain, à mesure que les miracles se multiplient. Les aveugles, Matth., ix, 27 ; xx, 30, 31 ; Marc, x, 47, 48 ; Luc, xviii, 38, 39, et la Chananéenne implorent Notre-Seigneur en lui disant : « Ayez pitié de nous, Fils de David. » Le jour de l’entrée triomphale à Jérusalem, c’est tout un peuple qui s’écrie : « Hosanna au Fils de David ! » Matth., xxi, 9, 15 ; Marc, xi, 10. — 5. L’ange Gabriel avait dit à Marie : « Dieu lui donnera le trône de David, son père. » Luc, i, 32. Aussi, dès le début de son Évangile, saint Matthieu, i, 1, appellet-il Jésus-Christ « Fils de David ». Saint Paul donne le même nom au Sauveur né de Marie, Rom., i, 3, et ressuscité des morts. II Tim., ii, 8. Saint Jean le présente comme le rejeton et la race de David. Apoc, v, 5 ; xxii, 16.

V. Le fils de Marie et de Joseph. — 1. Notre-Seigneur est appelé « fils de Marie » et il l’est en toute réalité. Marc, VI, 3. — 2. Ceux-là seuls qui ignorent le mystère de sa naissance le regardent comme « fils de Joseph ». Luc, IV, 22 ; Joa., i, 45 ; vi, 42. C’est pourquoi saint Luc, iii, 23, dit expressément qu’il n’est fils de Joseph que « dans l’opinion », wj ÈvoiiiÇexo, ut putabatur. Saint Joseph mérite pourtant le nom de père de Jésus dans un certain sens, puisque Marie lui donne ce nom. Luc, ii, 48. Il est père comme représentant le Père éternel auprès de Jésus, comme adoptant le divin Enfant et adopté par lui.

H. Lesêtre.
    1. FILTRATION##

FILTRATION (hébreu : zâqaq, « couler » [du vin], purifier ; Septante et Nouveau Testament : StuXi’ïsiv ; Vulgate : excolare, n filtrer » [le vin]), opération qui consiste à faire passer un liquide contenant des substances étrangères à travers un corps propre à les retenir. Les Juifs, comme les Égyptiens ( fig. 664) et les Romains, filtraient le vin, le vinaigre, etc., en le faisant passer à travers un linge, Martial, xiv, 104, un filtre de roseaux ou d’osier, Virgile,

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664. — Modèle de filtre-passoire égyptien. British Muséum.

Georg., ii, 242 ; Eclog., x, 71, ou une passoire en métal, Wilkinson, Manners and Customs of the ancient Egyptians, édit. Bireh, t. n. p. 48 ; Hellanicus, dans Athénée, édil. Teubner, t. iii, 1890, p. 34. Le filtre est appelé dans le Talmud t.~-~~, mesammérét. Voir Mischna, Sabbath, c xx, init. ; Pirke Aboth, c. v. Les Grecs le nommaient 4I. ! <r7r l p, t^ulo ; , et les Latins colum. Cf. Plu-