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FILS — FILS DE DIEU


sous la dépendance du démon ou de leurs passions mauvaises.

III. Relations d’origine. — 1° Quant au lieu. — On est « fils » du lieu où l’on est né ou que l’on habite. Il y a ainsi les fils de Sion, Ps. cxlix, 2 ; de Babylone, Ezech., xxiii, 15, 17 ; de Memphis, Jer., ii, 6 ; de l’Assyrie, Ezech., xvi, 28, etc. Les Arabes sont ordinairement appelés benê qéclém, « fils de l’Orient. » Job, i, 3 ; Is., xi, 14 ; Jer., xlix, 28 ; Ezech., xxv, 4, etc. — Les béliers sont nommés « fils de Basan ». Deut., xxxiii, 14. — 2° Quant au temps.

— On appelle « fils » l’enfant ou le jeune homme qui ne compte encore que peu d’années. Prov., x, 5 ; Cant., n, 3. Suivant son âge ou celui des parents, on est « fils d’une nuit », Jon., iv, 10 ; « fils delà jeunesse, » Ps.cxxvi, 4 ; « iils de la vieillesse, » Gen., xxxvii, 3 ; « fils du veuvage, » Is., xlix, 20 ; « fils de cinq cents ans, » Gen., v, 32 ; « de quatre-vingt-dix-neuf. » Gen., xvii, 1, etc. C’est par suite d’une faute de transcription dans le texte hébreu que Saùl est dit « fils d’un an quand il commença à régner ». Le chiffre des années a disparu dans le texte original. I Reg., xiii, 1. — L’agneau pascal devait être « fils d’une année », c’est-à-dire âgé d’un an ou né dans l’année. Exod., xii, 5 ; cf. Lev.. xxiii, 12 ; Num., vii, 15.

IV. Relations d’analogie. —. Les écrivains sacrés représentent sous forme de filiation un certain nombre de rapports qui existent entre les hommes et les différents êtres. — 1° Ils appellent « fils de possession » l’héritier, Gen., xv, 2 ; « fils de gage » l’otage, IV Reg., xiv, 14 ; « fils de l’huile » celui qui a reçu une onction, Zach., iv, 14 ; « fils de l’aurore » celui qui se croit appelé à de brillantes destinées, Is., xiv, 12 ; « fils de misère » celui qui est dans le malheur, Prov., xxxi, 5 ; « fils de mort » celui qui mérite la mort, I Reg., xx, 31 ; II Reg., xii, 5, ou qui est menacé de la subir. Ps. lxxviii, 11 ; ci, 21. NotreSeigneur donne à Jean et à Jacques son frère le nom de Boocvep-fé ; , Boanerges, <t fils du tonnerre, « Marc, ni, 17, à cause de l’ardeur et de l’impétuosité de leur zèle. — 2° On désigne même de cette manière les rapports qui existent entre les choses inanimées. La flèche est « fils de l’arc », Job, xli, 19, ou « fils du carquois », Lam., iii, 13 ; le grain est « fils de l’aire », Is., xxi, 10 ; l’étincelle « fils de la flamme ». Job, v, 7, etc.

V. Relations de moralité. — 1° Ceux qui sont fidèles à Dieu sont appelés, d’après leurs vertus ou les grâces dont ils profitent, « fils de la sagesse, » Matth., xi, 19 ; « fils de la paix, » Luc, x, 6 ; « fils de la lumière, » Luc, xvi, 8. ; Eph., v, 8 ; I Thess., v, 5 ; « fils d’obéissance, »

I Petr., i, 14 ; « fils de la promesse, » Rom., ix, 8 ; Gal., iv, 28. — 2° Les méchants sont nommés, à cause de leurs méfaits et du châtiment qu’ils méritent, « fils de colère, » Eph., ii, 3 ; « fils de rébellion, » Eph., ii, 2 ; v, 6 ; « fils d’incrédulité, » Col., iii, 6 ; « fils de malédiction, »

II Petr., ii, 14 ; « fils de perdition, » Joa., xvii, 12 ; II Thés., ii, 3, et « fils de la géhenne ». Matth., xxiii, 15.

— Dans la composition d’un grand nombre de noms propres entrent le mot bên, voir t. i, col., 1571, et le mot

bar, voir t. i, col. 1442, 1461, 1470.

H. Lesêtre.

1. FILS DE DIEU (Nouveau Testament : Yld ; toO ŒoC, Filius Dei), la seconde personne de la Sainte Trinité, devenue par son incarnation Notre-Seigneur Jésus-Christ. En s’appliquant à cette personne divine, le nom de « Fils de Dieu » garde son sens propre et littéral.

I. Dans l’Ancien Testament. — Il n’y est fait mention expresse du Fils de Dieu que dans de rares passages. Au Psaume ii, dont le caractère est incontestablement prophétique et messianique, David, Act., iv, 25, parlant au nom du Messie, dit ces paroles : « Jéhovah m’a dit : Tu es mon Fils, aujourd’hui je t’engendre. » )L 7. Et l’auteur sacré termine par ces mots : « Baisez le Fils, bar, de peur que [Jéhovah] ne s’irrite, » y. 11, 12. Saint Paul, Act., xiii, 33 ; Hebr., i, 5 ; v, 5, entend formellement de Notre-Seigneur ces versets du Psaume n. — Isaïe,

ix, 5, 6, parlant du Messie futur, dit qu’  « un Fils, bên, nous est donné », et il attribue à ce Fils des titres qui ne peuvent convenir qu’au Fils de Dieu : ’êl gïbbôr, « Dieu fort ; » ’âbî-’ad, « père d’éternité, » c’est-â-dire éternel lui-même. — Les livres sapientiaux parlent du Fils de Dieu sous le nom de Sagesse. Prov., viii, 221x, 6 ; Eccli., xxiv, 5-31 ; Sap., vii, 24-26. Mais dans le’livre de la Sagesse, ii, 10-20, il est question des persécutions à exercer contre le juste qui « se dit fils de Dieu » et que le Seigneur secourra ce s’il est vraiment fils de Dieu ». Il s’agit ici du juste en général. Mais la ressemblance de ce passage avec certains traits de la passion du Sauveur est si saisissante, qu’on ne peut guère refuser à l’écrivain sacré une vue prophétique du Fils de Dieu lui-même.

II. Dans le Nouveau Testament. — 1° Dans les Évangiles. — 1. L’ange Gabriel annonce à Marie que son enfant sera appelé et par conséquent sera « le Fils du Très-Haut » et « le Fils de Dieu ». Luc, i, 32, 35. — 2. Saint Jean, i, 14, le nomme le « Fils unique du Père ». — 3. Au baptême, Matth., iii, 17 ; Marc, i, 11 ; Luc, iii, 22, comme plus tard à la transfiguration, Matth., xvii, 5 ; Marc, ix, 6 ; Luc, ix, 35, une voix céleste, celle du Père, dit au-dessus de Jésus : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. » — 4. Au désert, le démon cherche à savoir si Notre-Seigneur est le Fils de Dieu. Matth., iv, 3, 6 ; Luc, iv, 3, 9. À plusieurs reprises, les démons déclarent que Jésus est le Fils de Dieu, soit qu’ils en soient certains, soit plutôt qu’ils cherchent à en avoir l’assurance. Matth., viii, 29 ; Marc, iïi, 12 ; v, 7 ; Luc, iv, 41 ; viii, 28. — 5. Notre-Seigneur est proclamé Fils de Dieu par saint Jean-Baptiste, Joa., i, 34 ; par Nathanaël, Joa., i, 49 ; par les Apôtres sur la mer de Galilée, Matth., xiv, 33 ; par saint Pierre après la promesse de l’Eucharistie, Joa., vi, 70, et ensuite à Césarée de Philippes, Matth., xvi, 16 ; Marc, vm, 29 ; Luc, ix, 20 ; par Marthe. Joa., xi, 27. — 6. Jésus-Christ dit lui-même que Dieu est son Père, Matth., vu, 21 ; x, 32, 33 ; xx, 23, etc. ; Luc, x, 21, 22 ; xvi, 27 ; xxii, 29, etc. ; Joa., ii, 16 ; v, 17, 18, 36 ; vi, 37 ; viii, 27, etc., et il déclare qu’il ne fait qu’un avec son Père. Joa., x, 30 ; xiv, 10, 11 ; xv, 23 ; xvi, 32, etc. — 7. Il se donne à lui-même le nom de Fils, sans autre qualification. Joa., m, 36 ; v, 19, 20-28 ; vl, 40 ; viii, 35, 36 ; xiv, 13, etc. — 8. Non seulement il ne reprend pas ceux qui l’appellent Fils de Dieu, mais quand on l’interroge, il s’attribue ce titre, Joa., rx, 35, même quand les Juifs l’accusent de blasphémer en parlant ainsi. Joa., x, 36. Dans la circonstance la plus solennelle, quand le grand prêtre l’adjure devant tout le sanhédrin et lui demande s’il est vraiment le Fils de Dieu, Jésus-Christ répond affirmativement, Matth., xxvi, 63-64 ; Marc, xiv, 61-62 ; Luc, xxii, 70, et les Juifs déclarent à Pilale qu’il doit mourir parce qu’il s’est fait Fils de Dieu. Joa., xix, 7. — 9. Pendant qu’il est sur la croix, on lui reproche encore cette affirmation, Matth., xxvii, 43, et on l’invite ironiquement à descendre pour prouver qu’il est le Fils de Dieu. Matth., xxvii, 40.

— 10. Quand il est mort, le centurion et les gardes confessent qu’il était véritablement le Fils de Dieu. Matth., xxvii, 54 ; Marc, xv, 39. — II. Enfin saint Jean, xx, 31, alfirme qu’il a écrit son Évangile pour qu’on croie que Jésus est le Fils de Dieu.

Dans tous ces passages de l’Évangile, le nom de Fils de Dieu, appliqué à Notre-Seigneur, ne suppose pas seulement un certain état d’intimité particulière avec Dieu, comme lorsqu’il s’agit des Séthites, des Israélites ou des chrétiens. Il implique une filiation réelle en même temps que la divinité. Plusieurs de ceux qui attribuent ce nom à Notre-Seigneur peuvent ne pas l’entendre dans toute la rigueur de sa signification. Mais quand le Sauveur le revendique pour lui-même, quand il se l’attribue, quand il se proclame « Fils de Dieu » devant le sanhédrin, et que ce titre, pris alors dans son sens propre, entraîne sa condamnation à mort, il faut bien admettre que son