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FIÈVRE


Riga, 1850-1860, part, iv, p. 43. — 4° Dans le Nouveau Testament grec, la lièvre est appelée tvjsîtô ; , de ît-jp, « feu. » La Vulgate traduit tz-jçz-q : par febris, qui vient de fervere, « bouillir. »

II. La. fièvre dans l’Écriture. — Elle a toujours été très commune en Orient. La fièvre intermittente en particulier y sévit ordinairement au mois d’octobre, et aussi au mois de mars après la saison des pluies, surtout dans les bas-fonds et dans les endroits marécageux. Voir P. Primer, Krankeiten des Orients, in-8°, Erlangen, 1847, p. 358-36’2 ; T. Tobler, Nazareth in Palàstina, in-12, Berlin, 1808, p. 267-268, et surtout Al. Russell, Tlie Natural History of Aleppo, 2e édit., 21n-4°, Londres, 1794, t. ii, p. 298-303. Il n’est donc pas étonnant qu’il soit fait mention de la fièvre dans nos Livres Saints. Mais dans aucun endroit, excepté Act., xxviii, 8, ils ne nous donnent de description suffisamment détaillée pour €n préciser le caractère.

1° Dans l’Ancien Testament. — Il n’y est parlé d’aucun cas spécial de fièvre. — 1. Elle n’est nommée que d’une manière générale, dans deux passages du Pentateuque où Dieu menace de châtiments corporels et de maladies les violateurs de sa loi, tandis qu’il avait promis la santé, Exod., xv, 26 ; xxiii, 25, à ceux qui l’observeraient fidèlement. Nous lisons dans le Lévitique, xxvi, 16 : « Voici ce que je ferai : je ferai venir sur vous la terreur, la consomption et la fièvre (haq-qaddaliaf), qui consumeront vos yeux et rendront votre vie languissante. » Et dans le Deutéronome, xxviii, 22 : « Jéhovah te frappera de consomption, de qaddahat, de dalléqét et de liarhur. » — 2. Certains commentateurs ont cru que le mot ré’sèf, qui signifie « la flamme », « la foudre, » et aussi « oiseau », Job, xxxix, 27 (30) ; cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1314, signifiait aussi « la fièvre » dans Deut., xxxii, 24, et Hab., iii, 5. Gesenius, Thésaurus, p. 1314. On l’entend plus communément dans ces deux passages d’une épidémie ou d’une peste contagieuse. La paraphrase chaldaïque, les Septante et la Vulgate traduisent par « oiseaux » dans le Deutéronome, xxxii, 24. Il s’agit, dans cet endroit, comme Deut., xxviii, 22, des châtiments que Dieu réserve à ceux qui violent sa loi. L’hébreu dit : « ils seront dévorés par une épidémie ; » le chaldéen, le grec et le latin : « ils seront dévorés par les oiseaux. » — Dans Hab., iii, 5, les Septante traduisent tl-, iteStoc, « dans la campagne, » en dénaturant complètement le sens du verset. Le prophète, rappelant la manière dont le Seigneur a châtié, lors de la sortie d’Egypte, les ennemis de son peuple, montre les instruments de ses vengeances, qu’il personnifie, débér, « la peste, » et ré’séf, « l’épidémie, la contagion, » marchant, la première devant Dieu, la seconde à sa suite (et non pas ante, « en avant, » comme porte la Vulgate), pour exécuter ses jugements. Saint Jérôme rend le sens général du verset, dans la Vulgate ; mais il traduit inexactement réséf par diabolus, « le diable, » parce que « Uéseph, dit-il, est le nom d’un prince des dénions, d’après les traditions des Hébreux, … celui-là même qui parla à Eve dans le paradis terrestre sous la forme d’un serpent ». C’est ainsi qu’il explique sa traduction, In Hab., iii, a, t. xxv, col. 1314 ; mais les fables rabbiniques qu’il rapporte sont loin de la justifier, et elle n’est pas fondée. — 3. Nous lisons dans l’Ecclésiastique, xl, 32 : « La mendicité a des charmes dans la bouche de l’insensé (grec : de l’impudent), mais un feu (ttv/5, ignis) brûle dans ses entrailles. » Le texte original hébreu découvert en 1897 porte :

La mendicité est agréable à l’homme affamé, Mais dans ses entrailles brûle comme un feu.

Une variante porte r""z - - n : , ke’ês bô’éref, « comme un feu dévorant. » A. E. Cowley et Ad. Neubauer, The

original Hebrew of a portion of Ecclesiasticus, 1897, p. 8. Quelques interprètes ont vu à tort la fièvre dans ce « feu » qui brûle les entrailles ; il s’agit du tourment de la faim. — 4. Josèphe, Ant. jud., XIII, xv, 5, nous apprend qu’Alexandre Jannée, prince des Juifs, de la famille des Machabées, souffrit pendant trois ans d’une fièvre quarte (zizxp-i’u> ttupsTÛ).

2° Dans le Nouveau Testament. — Nous y trouvons trois cas de fièvres miraculeusement guéries. — 1. Notre-Seigneur guérit la bellemère de saint Pierre. Les trois synoptiques nous racontent ce prodige. Matlh., viii, 14-15 ; Marc, i, 29-31 ; Luc, iv, 38-39. Elle était ^ypÉff^oucra, febricitans, et retenue dans son lit par une maladie que les trois Evangélistes appellent ti-j^etô ; , febris. Jésus commanda à la fièvre, prit la malade par la main, et elle se leva aussitôt et servit à table le Seigneur et ses Apôtres. Saint Luc, qui était médecin, ajoute au mot nuoôtô ; l’épithète de fiéyaç, « grande. » Comme les médecins anciens distinguaient zh-i uÉyav-z -/.ai jiixpôv wjpeïôv, « la grande et la petite fièvre, » ainsi que s’exprime Galien, De différent, febr., i, 1, Opéra, édit. Kûhn, t. vii, 1824, p. 275 (cf. J. J. "Wetstein, Sovum Testamentum grxce, in Luc., iv, 38, t. i, Amsterdam, 1751, p. 684), certains commentateurs ont pensé que saint Luc avait voulu marquer par là l’espèce de fièvre dont souffrait la bellemère de saint Pierre et y ont vu une preuve des connaissances médicales de cet Evangéliste. Quoi qu’il en soit de ce point, cet événement se passait à Capharnaûm, sur les bords du lac de Tibériade. C’est une région particulièrement fiévreuse. « Les fièvres malignes, dit Thompson, The Land and the Book, in-8°, Londres, 1876, p. 356, y sont encore dominantes, surtout en été et en automne ; elles sont dues sans doute à la chaleur extrême de ces plaines marécageuses. » — 2. Le second cas de guérison de fièvre opéré par Notre -Seigneur eut lieu également en faveur d’un malade de Capharnaûm. Un officier royal de cette ville dont le fils était malade, ayant appris que Jésus était à Cana de Galilée, se rendit auprès de lui et obtint par ses prières et par sa foi le rétablissement de la santé de son enfant. Il partit sur l’assurance que lui en donna le Sauveur, et à son retour ses serviteurs lui apprirent que « la fièvre avait quitté le malade à l’heure même où lui avait été annoncée la guérison ». Joa., iv, 46-54. L’Évangéliste ne nous donne aucun détail sur la nature du mal. — 3. Les Actes, xxviii, 8, nous racontent une troisième guérison opérée par saint Paul en faveur du père de Publius, Premier (c’est-à-dire chef) de l’île de Malte. L’Apôtre le guérit tout à la fois de la dysenterie et des fièvres qui l’accompagnaient. Voir Dysenterie, col. 1518.

III. Remèdes contre la fièvre. — Nous n’avons dans l’Ecriture aucune indication sur les remèdes naturels qu’on employait pour combattre la fièvre en Palestine. Mais le Talmud nous renseigne sur ce sujet et sur les recettes dont on faisait usage chez les Juifs vers le commencement de notre ère. Les remèdes qu’on employait étaient la plupart superstitieux ou magiques. Ils consistent, par exemple (contre la fièvre quotidienne), à porter suspendu au cou avec un cordon de cheveux une pièce neuve de monnaie blanche et le même poids d’eau salée (Sabbath, 66), ou bien une grosse fourmi chargée de son fardeau, prise dans un carrefour, et enfermée dans un petit tuyau de cuivre scellé de soixante sceaux, etc. (ibid.). Un autre remède, c’est de puiser dans un ruisseau, en prononçant certaines paroles, un peu d’eau avec un vase de terre neuf, qu’on fait tourner sept fois autour de la tête et qu’on jette ensuite derrière soi, en disant : « Ruisseau, ruisseau, reprends ton eau, » etc. (ibid.). Le traité Gillin, 67 a, b, 70 a, donne aussi quelques recettes plus ou moins bizarres, mais parmi lesquelles il y en a de plus rationnelles, telles que boire de l’eau, du vin chaud, se baigner, transpirer, etc. VoirR. J. Wunderbar, Biblische talmudische Medizin, part, iv, p. 43-45. Les