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FIANÇAILLES — FIDÈLE


de l’  « ami de l’époux », Joa., iii, 29, ou sôsbên, qui transmettait les messages réciproques et présidait spécialement à tous les préparatifs des noces. À partir des fiançailles, le jeune homme était dispensé du service militaire, et durant l’année qui précédait et celle qui suivait le mariage, les deux fiancés, tout entiers à la joie, pouvaient éviter de paraître à aucune cérémonie funèbre. — 8° En vertu des fiançailles, les deux époux s’appartenaient aussi légitimement qu’en vertu du mariage même. La mort ou le divorce pouvaient seuls les séparer. Kidduschin, 1, 1. La fiancée était déjà considérée comme une véritable épouse. Ainsi, quand Jacob réclame Rachel qui lui a été promise et qui lui est fiancée, il demande à Laban’ét-’isli, « ma femme, »-cjtaXv.i jjiou, uxorem meam. Gen., xxix, 21. Plus tard, la loi régla que la jeune fille déjà fiancée, qui se laisserait séduire par un autre que son futur époux, serait punie de mort avec son complice, si le crime avait été commis à proximité des habitations ; le séducteur encourait seul la peine si la jeune fille avait été violentée dans les champs, où ses cris ne pouvaient lui attirer aucun secours. Deut., xxii, "23-27. Les docteurs juifs regardaient aussi comme une fiancée infidèlela jeune fille que son époux ne trouvait pas vierge, et qui en conséquence devait être lapidée. Deut., xxii, 20, 21. Enfin, ils jugeaient qu’en vertu de la loi du lévirat, Deut., xxv, 5, le frère du défunt n’avait pas seulement sa veuve, mais même sa fiancée à épouser. Selden, De uxor. ïlebrxor., Francfort-sur-1’Oder, 1673, i, 12 ; Munk, Palestine, p. 203 ; Stapfer, La Palestine au temps de Jésus-Christ, Paris, 1885, p. 155-157. Il est à noter que, même chez les Romains, à partir d’Antonin, les lois contre l’adultère furent appliquées contre les fiancées infidèles, « parce qu’il n’est permis de violer ni le mariage, ni l’espérance du mariage. » Digest., xlviii, 5, ad leg. Jul. de adulter., xiii, 3. Dans l’esprit des anciens, les fiançailles constituaient donc un contrat aussi inviolable que le mariage lui-même. — 9° Les fiançailles n’ont pas de nom particulier en hébreu, probablement parce qu’on les considérait comme un véritable mariage, au moins quant au caractère définitif de l’engagement. La jeune fille fiancée ou nouvellement mariée était appelée ne’ârah betûlâh, itaïç itapôlvo ; , puella virgo, Deut., xxii, 23 ; icap6évoç veâvi ; , adolescentula virgo, III Reg., 1, 2 ; xopâaioM 7totp9evtxdv, puella virgo. Esth., il, 3. Le nom de kallâh, « parée, » vùpiqpT), sponsa, était réservé à la fiancée revêtue de tous ses atours pour le jour de ses noces. Is., xlix, 18 ; lxi, 10 ; lxii, 5 ; Jer., il, 32 ; vii, 34 ; xvi, 9 ; xxv, 10 ; xxxiii, 11 ; Cant., iv, 8. Cet état de la fiancée s’appelait kelûlôt, TeXeiûaiç, desponsatio. Jer., ii, 2.

II. Les fiançailles de la sainte Vierge et de saint Joseph. — 1° Marie est Èp.vï]OTE’jpivYi, desponsata, à un homme du nom de Joseph, et elle déclare elle-même qu’elle « ne connaît point d’homme ». Luc, I, 27, 34. Comme elle était jivTio-cEuOïi’tnri, desponsata, à Joseph, avant d’habiter avec lui, il se trouva qu’elle avait conçu du Saint-Esprit ; Joseph, qui était juste, ne voulut pas la livrer, SîiYfiarfo-ai, traducere, mais songea à la renvoyer, à7to)ô3(Ta ! , dimittere. Sur l’avis de l’ange, il n’hésita pas cependant à la prendre pour « sa femme », tt^ yjvaîxa aÙToO, conjugeni suam. Matth., i, 18, 19, 24. Au moment voulu, Joseph partit pour Bethléhem avec Marie, tt) Èp.vrj(T-E-j ! jivf| ccjtw, o’jarj lyy.'ju>, desponsata sibi uxore prssgnante. Luc, ii, 5. — 2° Le verbe grec p.vï)<tteûw a habituellement le sens de « désirer », spécialement « rechercher une femme en mariage », Euripide, Alcest., 720 ; Iphig. Aid., 841, « consentir à un mariage, » Euripide, Iphig. Aul., 847, et au passif « être recherchée en mariage ». Euripide, Iphig. Taur., 208 ; Isocrate, édit. Baiter-Sauppe, 1839, 215 e. Comme conséquence, ce verbe signifie quelquefois « épouser ». Théocrite, xviii, 6 ; xxii, 155. Mais le sens initial et ordinaire est bien celui de « fiancer », comme l’indiquent les dérivés wrGtiia, « re cherche en mariage ; » p.vi, <Tr=Lpx, « fiancée ; » p.vvîaTEv|ia, « fiançailles, s Euripide, Phenic., 583 ; vriaxrp, « prétendant ; « jivT]ffT’jî, » demande en mariage. » Odys., n, 199 ; xix, 13, etc. En latin, le verbe desponso signifie exclusivement « promettre en mariage, fiancer ». Suétone, Cxs., 1 ; Claud., 27. Le verbe despondeo, plus usité, a la même acception. Plaute, Pœn., v, 3, 37 ; Cicéron, De orator., i, 56, 239 ; Ovide, Melarn., ix, 715, etc. En disant que la sainte Vierge était p.v7|Orev6Ei<Tv], desponsata, les évangélistes ont donc eu en vue une « promise », une « fiancée », et non une épouse. C’est pour rendre la chose indubitable que saint Luc, i, 27, appelle Marie 7tap6Évo{ à|ivT|(TTeup, ÉvT|, virgo desponsata, « vierge fiancée. » — 3° Marie n’étant que fiancée, il est tout naturel que Joseph n’ait pas cohabité avec elle. La cohabitation n’était autorisée par l’usage qu’après les noces. Après ou avant la célébration des noces, Joseph, qui est déjà appelé « son époux », à àvvjp a’JTf, ; , vir ejus, Matth., 1, 19, s’aperçoit de son état. Il ne veut pas faire à son égard ce que marque le verbe 8£iyp.aTi’<rai, ou mxpc<SEiyp.aTC(Tat, selon la leçon d’un bon nombre de manuscrits. Ce mot veut dire « donner en exemple », montrer au doigt. Dans Plutarque, De curiosit., 10, édit. Didot, t. iii, p. 629, le second verbe signifie « déshonorer ». Le déshonneur aurait lieu si la fiancée soupçonnée était traduite devant les juges, qui lui appliqueraient la sentence dont est frappée l’adultère. Le latin traducere veut dire également « exposer à la risée », Suétone, TU., 8, « flétrir. » Tite-Live, II, xxxviii, 3 ; Juvénal, Sat., viii, 17, etc. Cette dénonciation, si elle avait lieu, n’impliquerait pas le mariage, puisque la loi sur l’adultère vise même la fiancée. Deut., xxii, 23-27. Joseph veut renvoyer, àuoWaat, dimittere, sa fiancée. Matth., i, 19. Ce verbe est celui que les évangélistes emploient à propos du divorce. Matth., v, 32 ; xix, 9 ; Marc, x, 11 ; Luc, xvi, 18. Mais, comme nous l’avons vu plus haut, les fiançailles étaient de telle nature, qu’elles ne pouvaient être rompues que par la mort ou le divorce. Ici encore le terme employé n’autorise pas à croire la sainte Vierge mariée plutôt que fiancée. Cf. Fr. Baringius, De 7tapï3eiyp.c<Ti(Tp.w sponsæ adultérée, dans le Thésaurus de Hasée et Iken, Leyde, 1732, t. ii, p. 97-105.

— 4° C’est seulement après la visite de l’ange que saint Joseph prend Marie pour « sa femme », Matth., i, 24, et que celle-ci passe de l’état de fiancée à celui d’épouse.

— 5° Saint Luc, ii, 5, appelle Marie, même après son mariage, sp.vyi<tte’J|iévï] a-j-rù, desponsata sibi uxore, « fiancée à lui. » Il est possible que cet évangéliste prenne ici le verbe |ivt|(jte-Jw dans le sens d’  « épouser », qu’il a quelquefois. Il paraît cependant plus probable que saint Luc s’exprime avec une suprême délicatesse, de manière à faire entendre que, si Marie porte dans son sein, elle n’est sous ce rapport particulier que la fiancée de Joseph. La Vulgate ajoute au texte grec le mot « épouse », caractérisant ainsi exactement sa situation vis-à-vis de saint Joseph. Voir Sepp, La vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, trad. Ch. Sainte-Foi, Paris, 1861, 1. 1, p. 223 ; Fillion, Évangile selon saint Matthieu, Paris, 1878, p. 42-43 ; Liagre, In SS. Matth. et Marc., Tournai, 1883, p. 24-25 ; Fretté, Notre-Seigneur Jésus-Christ, Paris, 1892, p. 69-74 ; Knabenbauer, Evang. sec. Matth., Paris, 1892, t. i, p. 47-50. H. Lesêtue.

    1. FIDÈLE##

FIDÈLE (7u<Tx<k, fidelis). Ce mot est employé dans l’Écriture comme adjectif et comme substantif. — 1° Comme adjectif, il a le sens classique ordinaire et se dit d’une personne qui se montre digne de la confiance qu’on lui témoigne dans les affaires dont on la charge, Luc, xi, 44, etc. ; ou qui accomplit exactement les ordres qu’on lui donne, Matth., xxiv, 46, etc. ; ou enfin qui tient ses promesses. I Cor., i, 9, etc. Les Septante et la Vulgate ont généralement rendu par r. : <j- : 6ç et fidelis le terme hébreu né’tmân et, à cause du sens de ce dernier mot, « fidèle » dans la Bible signifie aussi quelquefois « ferme,