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FESTUS — FÊTES JUIVES


saint Paul de Césarée dans cette ville, pour qu’il y fut jugé. Cette requête lui fut adressée par le nouveau grand prêtre Ismaël, fils de Phabi, qui avait succédé à Ananias. Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 8. L’intention des Juifs était de faire assassiner l’Apôtre en route par une bande de sicaires. Festus soupçonna leur mauvais dessein et leur répondit qu’ils eussent à se présenter eux-mêmes devant son tribunal. Ils le firent, mais ils ne purent articuler aucun grief sérieux. Ils essayèrent alors d’intimider Festus en représentant Paul comme un conspirateur contre César. Festus ne fut pas dupe, et, tout en usant de ménagements avec les Juifs, il continua de protéger l’Apôtre. Ce fut alors que saint Paul usa de son droit de citoyen romain et en appela à César. Un dernier entretien de Paul et de Félix avait disposé le procurateur à mettre l’Apôtre en liberté ; mais il. maintint son appel, et Festus le fit partir pour Rome. Act., xxv, 1-xxvi, 32. Sous le gouvernement de Festus, le différend entre les Juifs et les Grecs syriens de Césarée fut tranché en faveur de ces derniers par un rescrit impérial. Josèphe, Ant. jud., XX, vnr, 9. Le mécontentement des Juifs à la suite de cette décision fut la cause d’une révolution que Josèphe, Bell, jud., II, xiv, 4, regarde comme le début de la grande guerre. Les troubles causés par les sicaires continuèrent, et un imposteur souleva le peuple en leur promettant la délivrance du joug des Romains. Festus, malgré la sévérité qu’il montra à l’égard de ce rebelle, ne put cependant maintenir une paix durable. Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 10 ; Bell, jud., II, xiv, 1. Festus intervint en faveur d’Agrippa H dans le conflit qui s’éleva entre ce prince et les prêtres, au sujet d’une tour qu’Agrippa fit construire et d’où l’on voyait ce qui se passait dans le Temple. Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 11. Porcius Festus mourut en Judée en 62. E. Schùrer, Geschichte des Jùdischen Volkes im Zeitalter Jesu-Christi, in-8°, Leipzig, 1890, t. i, p. 485-487, 494.

E. Beurlier.

    1. FÊTES JUIVES##

FÊTES JUIVES (hébreu : Mg ; mô’êd ; Septante : ïopxri ; Vulgate : dies feslus). — Les Hébreux célébraient au cours de l’année un certain nombre de fêtes, à la fois religieuses et civiles, qui avaient pour but d’entretenir chez eux le culte de Dieu, le souvenir des merveilles opérées dans le passé en faveur de la nation, la reconnaissance envers le Seigneur qui ne cessait d’ajouter les bienfaits du présent à ceux d’autrefois, et enfin l’union intime entre les membres du peuple élu. Ces fêtes étaient de plusieurs sortes.

I. Les fêtes sabbatiques. — 1° Le sabbat. — Le septième jour de chaque semaine était consacré au repos absolu et au culte du Seigneur. Exod., xx, 11. Voir Sabbat. — 2° La néoménie. — Le jour de l’apparition de la nouvelle lune, sans être un jour de fête proprement dite, était cependant solennisé par des sacrifices, Num., xxviii, 11, et des réunions joyeuses. 1 Reg., xx, 5, 18 ; IV Reg., iv, 23, etc. Voir Néoménie. — 3° La fête des Trompettes. — Le premier jour du septième mois, la Loi prescrivait aux Israélites le repos, l’offrande d’holocaustes et des réunions religieuses. Voir Assemblées, 1. 1, col. 1130. La fête était annoncée au son des trompettes, d’où son nom. Lev., xxiii, 24. Voir Trompettes (Fête des). — 4° L’année sabbatique. — C’était comme la participation de la terre au repos imposé chaque sabbat aux Israélites, en souvenir du repos du Créateur. L’année sabbatique ne comportait aucune fête spéciale. Voir Sabbatique (Année). — 5° Le jubilé. — L’année qui terminait le cycle <le sept semaines d’années n’avait que des etfets civils. On la proclamait le dixième jour du septième mois, au son d’un instrument appelé yôbêl, mais elle n’obligeait à aucune cérémonie religieuse. Voir Jubilé. — Il faut remarquer l’influence du nombre sept dans la fixation des dates qui précèdent, comme aussi dans celles de plusieurs des fêtes dont nous allons parler. Il y a là un rapport voulu avec les sept jours de la création.

IL Les trois grandes fêtes mosaïques. — 1° Le quinzième jour du mois de nisan, on célébrait la Pâque, en mémoire de la sortie d’Egypte. Exod., xii, 1-11. On offrait au Seigneur les prémices de la moisson de l’orge, et la solennité durait sept jours. Lev., xxiii, 5-14. Voir Paque. — 2° Sept semaines après la Pàque, le cinquantième jour par conséquent, venait la Pentecôte, appelée aussi fête de la moisson. Exod., xxiir, 16. On offrait au Seigneur les prémices de la moisson du froment. Exod., xxxiv, 22. La fête ne durait qu’un jour. Voir Pentecôte.

— 3° La fêle des Tabernacles, célébrée le quinzième our du septième mois, se prolongeait durant sept jours. C’était comme la fête de la récolte, Exod., xxiii, 16 ; Lev., xxiii, 39 ; Deut., xvi, 13, dans laquelle on célébrait joyeusement la rentrée de tous les fruits de l’aire et du pressoir. Voir Tabernacles (Fête des). — 4° À ces trois grandes fêtes, tous les hommes étaient obligés de se présenter devant le Seigneur, c’est-à-dire devant l’arche avant la construction du Temple, et plus tard au Temple de Jérusalem, à moins de grave empêchement. Exod., xxiii, 15-17. C’étaient donc comme des fêtes nationales, qui amenaient au sanctuaire tous les hommes du pays, les mettaient en relations entre eux, et gravaient plus profondément dans leur cœur les sentiments de reconnaissance et de respect envers le Seigneur. Ces l’êtes portaient le nom de mô’àdim, Exod., xiii, 10 ; xxm, 15, etc., parce qu’elles avaient lieu à une époque déterminée, et celui de liag, « pèlerinage. » Certains lexicographes attribuent au verbe l.iâgag le sens de « danser » ; mais il signifie plutôt « célébrer une fête solennelle et publique ». un en sabéen veut dire « faire un pèlerinage » ; en arabe, hadj désigne le pèlerinage à la Mecque. Voir Fr. Buhl, Gesenius’Handwôrterbuch, 1895, p. 223. Le nom de hag, sans autre qualificatif, est parfois donné à la Pâque, Is., xxx, 29, et à la fête des Tabernacles. III Reg., viii, 2 ; Ezech., xlv, 25 ; II Esdr., viii, 14. La Pâque est également nommée-r toprf sans qualificatif par saint Matthieu, xxvii, 15, et probablement aussi par saint Jean, v, 1. — 5° À la fête de la Pâque est rattaché, par institution divine, le souvenir de la délivrance d’Egypte. Exod., xii, 2. La Loi ne rappelle aucun événement du passé, à l’occasion des fêtes de la Pentecôte et des Tabernacles. Cependant les Israélites célébraient à la Pentecôte l’anniversaire de la promulgation de la Loi au Sinaï, promulgation qui eut lieu au plus tôt le troisième jour du troisième mois, Exod., xix, 1, 10, par conséquent le quarante-cinquième jour après la Pàque. À la fête des Tabernacles, ils se rappelaient la prise de possession de la Terre Promise. — C° Ces trois fêtes ont un caractère agricole très accentué. À chacune d’elles, le peuple doit remercier le Seigneur des récolles qui lui ont été accordées. Cette obligation aidait les Israélites, plus sensibles d’ordinaire aux bienfaits temporels qu’à ceux d’un ordre supérieur, à considérer le Seigneur non seulement comme le Souverain Maître, mais aussi comme le Bienfaiteur par excellence. Elle tendait en même temps à les préserver des erreurs grossières de leurs voisins idolâtres, qui attribuaient à leurs divinités particulières les biens et les maux qui leur survenaient. — 7° La tradition juive a réglé certains détails concernant les trois grandes fêtes. Les femmes, les enfants, les infirmes et ceux qui ne pouvaient faire le voyage à pied étaient exemptés de l’obligation de se rendre à Jérusalem. — Les Israélites avaient trois devoirs à accomplir à l’occasion de ces fêtes : la présence au Tabernacle ou au Temple dès le premier jour, s’il était possible, ou du moins l’un des six jours suivants, pour l’offrande des sacrifices convenables ; la célébration, par l’offrande d’un sacrifice personnel dès le premier jour de la fête ; enfin la joie, qui se manifestait par d’autres sacrifices et par des festins. Deut., xxvii, 7. Bien que la fête de la Pentecôte ne durât qu’un jour, on pouvait offrir les sacrifices qu’elle comportait pendant les six jours suivants. Moed katon, 111, 6 ;