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FARD — FARDEAU


Hist. plant., VIII, xx, 6 ; Théophraste, Hisl. plant., IV, VI, 2 ; Pline, H. N., xxvi, 103. On extrayait de cette plante une couleur rouge. Aristophane, Fragm., 309, 5 ; Pline, H. N., xxvi, 103. On se servait de cette couleur pour peindre les statues. La Sagesse, xiii, 14, fait allusion à cette coutume. Elle montre l’artisan qui a fait une statue d’homme ou d’animal en bois la recouvrant de vermillon et de fard. L’usage de peindre ainsi les statues en rouge existait chez les Égyptiens. Un certain nombre de celles qui sont conservées dans-nos musées sont recouvertes de cette couleur brunie par le temps. Telle est, par exemple, la statue du scribe accroupi du Musée du Louvre. G. Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, in-4°, Paris, 1882, t. i, pi. x, p. 646. Il en était de même chez les Assyriens et chez les Romains. Voir Couleurs, col. 1069. Les femmes grecques et romaines usaient du fard extrait du fucus pour aviver les couleurs de leurs joues. Aussi le mot fucus désignait souvent le fard en général. Aristophane, Fragm., 309, 5 ; Plaute, Mostella, 275. Les femmes juives ne paraissent pas avoir eu cette habitude. Elles se contentaient de se peindre les yeux à la façon égyptienne. Voir Antimoine, t. i, col. 670-674 ; Henné, Toilette. E. Beurlier.

    1. FARDEAU##

FARDEAU (hébreu : massa’, de nâsâ, « enlever, ; ) le plus fréquemment employé ; sêbél et sobél, de sâbal, « porter, » employé seulement III Reg., xi, 28 ; ls., ix, 3 ; x, 27 ; II Esdr., iv, 10 ; torah, Deut., i, 12 ; ls., i, 14 ; ’ékéf, de’âkaf, « charger, s Job, xxxiii, 7 ; nêtél, de natal, « soulever, » Prov., xxvii, 3 ; mû’âqâh, de’ûg, « pressurer, » Ps. lxvi, 11 ; ma’âmâsâh, de’amas, « porter, » Zach., xiii, 3 ; Septante : piutaYiia, çop-riôv, y<5(io ; , pâpo ;  ; Vulgate : onus), charge pesante que l’on fait porter à une personne, à un animal, à un navire. Act., xxi, 3 ; xxvii, 10, etc.

1° Le fardeau matériel. — 1. L’animal est fait pour porter les fardeaux. Eccli., xxxiii, 25. Naaman demande à Elisée qu’il lui permette d’emporter dans son pays de la terre d’Israël une charge de deux mulets^ IV Reg., v, 17. — Hazaël vient trouver Elisée avec des présents formant la charge de quarante chameaux, pour solliciter la guérison de son maître Bénadad, roi de Syrie. IV Reg., viii, 9.

— Isaïe, xlvi, 1, 2, représente les dieux de Babylone, chargés sur des bêtes de somme, qui plient sous le fardeau et ne peuvent soustraire les dieux à la captivité. Le prophète ne songe pas seulement ici à ces dieux chaldéens qui étaient portés sur les épaules des prêtres dans les processions solennelles, mais aussi à ces statues colossales qui ornaient les temples et les palais de Babylone. Cf. t. i, fig. 454, col. 1481 ; fig. 316, col. 1164 ; t. ii, fig. 246, col. 667 ; lig. 247, col. 671. On conçoit aisément que les bêtes de somme aient été écrasées par de pareilles masses et n’aient pu fuir avec elles. Un bon nombre de ces colossales divinités sont maintenant en captivité dans nos musées européens. — La loi ordonnait à l’Israélite d’aider à se relever même l’âne de son ennemi, quand il le voyait succomber sous le faix. Exod., xxiii, 5. — 2. Au moment de la construction du Temple, soixante-dix mille hommes étaient chargés de porter les fardeaux. III Reg., v, 15 ; II Par., ii, 18. Salomon avait désigné Jéroboam pour surveiller ces gens de corvées ou de « fardeaux ». III Reg., xi, 28. Voir Corvée, col. 1032. Au retour de la captivité, les forces et les bras manquèrent pour porter les fardeaux nécessaires à la reconstruction des murs. II Esdr., IV, 10. Et encore, ceux qui les portaient ou les chargeaient devaient-ils avoir les armes à la main pour repousser les ennemis. II Esdr., iv, 17. Jadis, Jacob mourant avait prédit à Issachar que sa descendance serait faite pour porter le fardeau. Gen., xlix, 15. La Vulgate appelle onera, « fardeaux, j> les rudes travaux, siblôt, auxquels les Israélites furent soumis en Egypte. Exod., i, 11 ; ii, 11 ; v, 4, 5 ; vi, 6, 7. En Egypte, les hommes portaient les fardeaux sur la tête et les femmes sur les épaules. Héro DICT. DE LA EIBLE.

dote, ii, 35. Les Hébreux ont dû se conformer plus ou moins à cet usage. — La loi qui défendait le travail le jour du sabbat, Exod., xx, 8, proscrivait implicitement le port des fardeaux. Jérémie, xvii, 21, 27, rappelle cette défense : on ne doit sortir de sa maison avec aucun fardeau, on n’en doit introduire aucun par les portes de Jérusalem le jour du sabbat. Après la captivité, Néhémie prit des mesures énergiques pour la faire respecter. II Esdr., xiii, 15, 19. Quand NotreSeigneur eut guéri le paralytique et lui eut ordonné d’emporter son grabat, les Juifs firent observer à ce dernier qu’il n’avait pas droit de porter ce fardeau un jour de sabbat. Joa., v, 10. Leur remarque était conforme à la lettre de la loi. Jadis, un homme avait été lapidé pour avoir ramassé du bois ce jour-là. Num., xv, 32-36. Mais Notre -Seigneur agissait dans la plénitude du pouvoir reçu de son Père. Joa., v, 17.

— Les fils de Caath avaient pour fonction spéciale déporter, pendant les marches, tout le mobilier sacré du Tabernacle. Num., vii, 9. Voir Caathites, col. 3. — À l’époque de David, il est aussi question de ceux qui veillent sur les bagages, kelîm, axîurj, sarcinse, pendant les opérations militaires. I Reg., xvii, 22 ; xxv, 13 ; xxx, 24.

2° Le fardeau moral. — 1. Moïse se plaint que le Seigneur met sur lui la charge de tout le peuple, Num., xi, 11, 17, et il se fait aider parles anciens du peuple. Deut., i, 12. — 2. On est à charge à quelqu’un par sa sottise. Prov., xxvii, 3 ; Eccli., xxi, 19 ; par une intervention malencontreuse. Job, xxxiii, 7 ; II Reg., xv, 33 ; xix, 35. Les fêtes d’Israël prévaricateur sont à charge au Seigneur. Is., i, 14. Saint Paul travailla pour gagner sa vie, de manière à n’être un fardeau pour personne. ITCor., xi, 9 ; I Thés., il, 7. Il recommande aux chrétiens de porter le fardeau les uns des autres, c’est-à-dire de se supporter mutuellement. Gal., yi, 2, 5. — 3. La Sainte Écriture compare encore au fardeau le malheur, qui fait qu’on est à charge à soi-même, Job, vii, 20 ; l’épreuve, Ps. lxv(lxvi), 11, l’iniquité. Ps. xxxvii (xxxviii), 5 ; II Tim., iii, 6. Isaïe, xxii, 25, assimile l’homme frappé par le châtiment à un fardeau qui tombe, quand vient à céder le clou auquel il était suspendu. — Les oracles des prophètes contre les nations étrangères portent souvent le titre de massa’, onus, « fardeau, s ls., xiii, 1 ; xv, 1 ; etc. ; Nah., i, 1 ; Zach., ix, 1 ; etc. — 4. Mais le fardeau par excellence, c’est l’assujettissement à un peuple étranger. Telle était la servitude d’Egypte dont Dieu a délivré son peuple. Ps. lxxx (lxxxi), 7. Le fardeau pèsera de nouveau sur Israël infidèle à son Dieu. Os., viii, 10. Mais un jour ce fardeau sera enlevé par la puissance du Seigneur. Is., ix, 3 ; x, 27. Bien plus, l’oppression d’Israël sera fatale aux persécuteurs : « Je ferai de Jérusalem une pierre de ma’âmâsâh ( « fardeau » ) pour tous les peuples ; tous ceux qui la soulèveront seront meurtris. » Zach., xii, 3. Saint Jérôme, In Zach., iii, 12, t. xxv, col. 1509, qui traduit ici par lapis oneris, « pierre de charge, » explique ainsi ce passage du prophète : « C’est la coutume dans les villes de Palestine, et le vieil usage s’est conservé jusqu’à ce jour dans toute la Judée, que dans chaque village, bourg ou domaine, on place des pierres rondes d’un poids très lourd. Les jeunes gens s’en servent pour s’exercer en les soulevant, suivant leurs forces, les uns jusqu’aux genoux, les autres à la ceinture, d’autres jusqu’aux épaules et à la tête, quelques-uns même encore au-dessus, en tenant les mains droites et jointes ; ils font preuve de forces d’autant plus grandes, qu’ils soulèvent le poids plus haut. » Le saint docteur ajoute qu’il a vii, à l’Acropole d’Athènes, une sphère d’airain servant au même usage, mais qu’il put à peine la remuer. Israël sera donc ce fardeau, soulevé plus ou moins haut par chaque oppresseur, mais portant malheur à tous ceux qui le saisiront et retombant sur eux. Cf. Dan., ii, 34, 35.

3° Le fardeau spirituel. — La loi de Dieu est un fardeau imposé à l’homme. Act., xv, 28. Par leurs prescriptions multipliées, les docteurs juifs ont rendu la loi d’au II. - 00