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FAMINE — FARD


David fut invité par Dieu à choisir l’un de ces trois fléaux, sept années de famine, trois mois de fuite devant tes ennemis ou trois jours de peste. David choisit la peste. II Reg., xxiv, 13, 14. Les Septante marquent seulement trois ans de famine, et le même chiffre, qui doit « tre le vrai, à cause de la gradation et de l’analogie visiblement cherchées dans la durée des châtiments, se lit aussi I Par., xxi, 12. — Sous Achab, la sécheresse et la famine régnèrent en Israël et à Samarie, pendant qu’Élie était nourri miraculeusement chez la veuve de Sarepta. III Reg., xvii, 1 ; xviii, 2 ; Eccli., xlviii, 2 ; Luc, iv, 25.

— Une famine se fit sentir à l’époque d’Elisée. IV Reg., IV, 38. — Une autre famine de sept ans fut annoncée par le même prophète, et, sur son conseil, la femme de Sunam, dont il avait ressuscité le fils, alla passer ce temps chez les Philistins. IV Reg., viii, 1-3. — Au retour de la captivité, le peuple engagea tous ses biens pour avoir du pain pendant la famine. II Esdr., v, 3. — Une famine sévit en Judée après la mort de Judas Machabée. I Mach., IX, 36-. — Le prophète Agabus annonça une famine qui devait arriver sous l’empereur Claude. Act., xi, 28. Tacite, Annal., xii, 43, dit qu’il y eut à l’époque indiquée « une disette de céréales d’où provint une famine ». Josèphe, Ant. jud., XX, v, 2, signale également, sous Claude, la grande famine qui affligea la Judée, el durant laquelle la reine Hélène acheta à grand prix du blé en Egypte pour le distribuer aux indigents. — 2° Les famines accidentelles. — Pendant le siège de Samarie par Benadad, une épouvantable famine se déclara dans la ville. Des femmes mangèrent leurs enfants. Le fléau cessa subitement, quand les Syriens, pris de panique, quittèrent précipitamment leur camp en abandonnant leurs provisions. IV Reg., vi, 24-30 ; vii, 4-20. — La famine, au dire de Judith, désolait Béthulie pendant qu’Holopherne l’assiégeait. Judith, xi, 10. — Une forte famine fut encore la conséquence du siège de Jérusalem par les Chaldéens. IV Reg., xxv, 3 ; Jer., lii, 6. — D’autres famines se produisirent à Jérusalem assiégée par Eupator, I Mach., VI, 55, et dans la citadelle de la ville, assiégée par Simon. I Mach., xiii, 43. — Notre -Seigneur a mis la famine au nombre des fléaux précurseurs de la ruine de Jérusalem et de la fin du monde. Matth., xxvii, 7 ; Luc, xxi, 11 ; Apoc, vi, 8 ; xviii, 8. La famine fut en effet terrible dans Jérusalem pendant le siège de cette ville par Titus, au point qu’une mère en vint à manger son enfant, comme autrefois à Samarie. Josèphe, Bell, jud., VI, iii, 3, 4. Moïse avait aussi prédit ces horreurs à Israël infidèle à son Dieu : « Tu serviras, avec la faim, la soif, le dénuement et la disette de toutes choses, les ennemis que le Seigneur enverra contre toi… Une nation fondra sur toi d’un vol d’aigle… Elle t’assiégera à toutes tes portes… Dans l’angoisse et la détresse où te réduira ton ennemi, tu mangeras le fruit de tes entrailles, la chair de tes fils et de tes filles. » Deut., xxviii, 48, 49, 52-57. II. La cause de la famine. — 1° La famine est ordinairement causée en Palestine par le manque de pluies ou par les guerres. IV Reg., vi, 24-30, etc. Dans toute la Syrie, on n’a de récoltes qu’autant qu’on a de la pluie. Les sources sont très rares ; les cours d’eau font presque complètement défaut, de sorte que l’irrigation est impossible, même dans les plaines. Si la pluie ne tombe pas suffisamment en novembre et en décembre, la sécheresse en est la conséquence, et non seulement les champs ne produisent pas de moissons, mais les pâturages qui servent à la nourriture des troupeaux sont sans herbe, et hommes et bêtes souffrent également de la famine. III Reg., xvii, i, 7 ; xviii, 1-2, 5, 45, etc. — Dieu se servait de ce fléau Comme d’un châtiment pour punir les infidélités de son peuple. Lev., xxvi, 19-20 ; Deut., xi, 10-17 ; xxviii, 12, 20-23 ; Is., v, 13 ; xiv, 30 ; li, 19 ; Bar., ii, 25 ; Eccli., xxxix, 35 ; XL, 9. Jérémie en parle trente-deux fois dans ses prophéties, trois fois dans les Lamentations, et Ézéchiel douze fois, comme d’un lléau que déchaîne la jus tice de Dieu, conjointement avec le glaive, la peste, la captivité. Jer., xiv, 12 ; xv, 2, etc., ; Lam., ii, 19 ; IV, 9 ; v, 10 ; Ezech., vi, 11 ; xii, 16, etc. Jérémie, xiv, 16, annonce la famine qui doit désoler Jérusalem au moment du siège. Les Juifs, comme l’avaient fait les patriarches, Gen., xii, 10 ; xli, 5, se proposent de fuir en Egypte, où ils ne manqueront pas de pain ; le prophète leur déclare que la famine et la mort les y poursuivront. Jer., xlii, 14-16. — C’est le Seigneur qui délivre, quand il lui plaît, de la famine. IV Reg., vii, 1, 2 ; Ps. xxxii (xxxm), 19 ; xxxvi (xxxvii), 19. Dans sa prière solennelle à l’inauguration du Temple, Salomon demanda au Seigneur d’exaucer Israël quand il viendrait prier pour être délivré de la famine. IV Reg., viii, 37 ; II Par., vi, 28. Josaphat renouvela cette prière. II Par., xx, 9. — En Egypte, la famine était causée par l’insuffisance de l’inondation du

Nil. Cf. Gen., xli, 17-18.

H. Lesêtre.
    1. FANGE##

FANGE (hébreu : bos, homér, Is., xx, 6 ; xxvii, 16 ; xxx, 19, voir Argile ; yâven, réfés, Is., lvii, 20 ; Septante : Wii, ro]X6ç ; II Petr., ii, 22 : pdpSopoc ; Vulgate : cœnum, limus, lutum), mélange boueux que forme la pluie en tombant sur le sol et qui s’attache aux pieds des passants. — 1° Au sens littéral, la vase et la fange sont agitées par la mer en furie, Is., lvii, 20, et labourées par le ventre du crocodile comme par une herse. Job, xli, 21. La fange occupe la place d’où les eaux de la mer se sont retirées, Habac, iii, 15, et le fond de la citerne où l’on descend Jérémie. Jer., xxxviii, 6. Le pourceau se vautre dans la fange. II Petr., ii, 22. Avec cette matière inconsistante, on ne peut faire des murailles qui tiennent. Job, xiii, 12. — Pour guérir l’aveugle-né, Notre -Seigneur fait un peu de boue en crachant à terre et en frotte les yeux de l’infortuné. Joa., ix, 6-15. Les Pères et les commentateurs expliquent le choix de cette substance par les raisons suivantes : Notre-Seigneur veut ainsi rappeler la manière dont l’homme a été créé ; il choisit une substance plutôt propre à aveugler qu’à rendre la vue, afin que le miracle soit plus saillant ; il se sert de la matière pour montrer qu’elle n’est pas mauvaise en soi ; enfin il fait intervenir son humanité comme l’organe de sa puissance divine. Cf. Knabenbauer. Evang. sec. Joan., Paris, 1898, p. 309, 310. — 2° Au sens figuré, la fange désigne les choses qui abondent au point d’en être avilies, comme les vêtements chez le riche impie, Job, xxvii, 16, et l’or dans la ville de Tyr. Zach., ix, 3. — Elle est l’image de l’ennemi vaincu et foulé aux pieds comme la boue des rues. II Reg., xxii, 43 ; Ps. xvii (xvin), 43 ; Is., x, 6 ; xli, 25 ; Mich., vii, 10 ; Zach., x, 5. — Enfin elle symbolise l’épreuve et le malheur, dans lesquels l’homme s’enfonce comme dans une boue profonde. Job, xxx, 19 ; Ps. xl (xxxix), 3 ; Jer., xxxviii, 22. Un autre psalmiste s’écrie : « J’enfonce dans la boue, sans pouvoir m’y tenir… Retire-moi de la boue pour que je n’enfonce plus. » Ps. lxix (lxviii), 3, 15. Pendant les mois d’hiver, la fange abonde dans certains chemins de la Palestine. On est souvent obligé de suivre un sentier parallèle dans les champs pour l’éviter, quitte à rencontrer pire que ce que l’on cherche à éviter. Parfois les animaux enfoncent jusqu’aux naseaux dans le terrain détrempé, et l’on a mille peines à les retirer. De Saulcy, Voyage autour de la mer Morte et dans les terres bibliques, Paris, 1853, t. ii, p. 64-69, 147, 389, 441, 446, 459, parle des mésaventures que lui ont values les boues de Palestine au cours d’un voyage d’hiver dans la Sabkah, au sud de la mer Morte, dans les ravins du Nahr el-Kelt, dans la plaine d’Esdrelon, dans les environs de Nazareth, etc. Les fanges de la ville de Naplouse sont légendaires. Liévin, Guide de la Terre Sainte, Jérusalem, 1887, t. iii, p. 50 ; Landrieux, Au pays du Christ, Paris, 1897, p. 181.

II. Lesêtre.

FARD (grec : iOxo ;  ; Vulgate : fucus), algue marine appelée lichen roccella. Homère, lliad., IX, 6 ; Arislote,