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    1. FALACHA##

FALACHA (VERSION) DE L’ANCIEN TESTAMENT — FAMILLE

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l’Abyssinie septentrionale, parsemée sur le vaste plateau qui s’étend depuis la rive méridionale du Tacazzi jusqu’aux rives du fleuve Bleu, une peuplade juive de religion, qui porte le nom de Falacha, « exilé, » pour indiquer qu’elle n’est pas indigène dans ce pays. Elle prétend, en effet, être originaire de Palestine et s’être établie en Ethiopie dès 1 époque de Salomon, ce qui est contre toute vraisemblance. Les Falachas sont de couleur très foncée, leurs cheveux sont crépus ; mais ils n’ont pas cependant le type nègre. Ils ont perdu la connaissance de l’hébreu et parlent aujourd’hui les deux langues en usage dans la contrée, l’amharique et un dialecte de la langue agaou. Jusqu’en 1800, ils eurent un chef indépendant, qui résidait dans la forteresse d’Ainba Gideon ; depuis le commencement du xixe siècle, ils sont passés sous la domination des rois du Tigré. Ils ont conservé un grand nombre d’observances judaïques, mais ont aussi des usages particuliers. Leur nombre est d’environ deux cent mille. Bons cultivateurs, habiles dans les arts industriels, ils ont l’aversion du commerce, parce qu’ils le considèrent comme un obstacle à l’accomplissement fidèle des prescriptions mosaïques. Ils vivent dans l’espérance que leur exil finira et qu’ils reviendront un jour à Jérusalem. Ils possèdent, dans une traduction en langue ghez, tout l’Ancien Testament, y compris les livres deutérocanoniques. J. Halévy, dans le Bulletin de l’alliance Israélite, 1868, p. 96. C’est sans doute de l’Église éthiopienne qu’ils l’ont reçu dans sa forme actuelle, à une époque qu’il est impossible de déterminer. On n’a trouvé parmi eux aucun monument écrit original. — Voir II. A. Stern, Wanderings among the Falashas in Abyssinia, in-8°, Londres, 1862 (avec une carte), p. 184 et suiv. ; M. Flad, Kurze Schilderung der bisher fast unbekannten abessinischen Juden (Falascha), Kornthal, près de Stuttgart, 1869 ; J. Halévy, Rapport concernant la mission auprès des Falachas, dans le Bulletin de l’alliance Israélite universelle, 1868, p. 85-102 ; voir aussi p. 27-28, et i « semestre, p. 58 ; Id., Le dialecte des Falactias, dans les Actes de la Société philologique, Paris, t. iii, 1873-1874, p. 151-188 ; ld., Prières des Falaslias ou Juifs d’Abyssinie (en éthiopien et en hébreu), in-12, Paris, 1877 ; Trumpp, dans le Gôttingische gelehrte Anzeigen, 1878, t. i, p. 129-144. F. VlGOUROUX.

    1. FAMILLE##

FAMILLE, communauté de personnes composée du père, de la mère et des enfants, et, par extension, de toutes les personnes d’un même sang, de toutes celles qui vivent sous le même toit, etc.

I. Les noms de la famille. — 1° Au point de vue de la descendance : zéra’, « semence, » <raép|jia, semen, IV Reg., xi, 1 ; Jer., xli, 1, etc. ; — môlédét, « progéniture, » yevEdi, progenies, Gen., xliii, 7, etc. ; — (aidât, « générations, » çv>, ai, familisc, Gen., x, 32 ; Num., i, 20, etc. ; — yâhas, « croissance, » owoôi’a, census, II Esdr., vil, 5. — 2° Au point de vue de l’habitation : bayî{, « maison, » oîxo ; , domus, Gen., vii, 1 ; vii, 17, etc. ; — bêyt’âb, « maison du père, » famille du côté paternel, ol’y.o ; toC itîi-pdç, domus patris, Gen., xxi, 30 ; xlvi, 31 ; c’est la zir bit abu-su, « famille de la maison du père, » des inscriptions assyriennes. Sehrader, DieKeilinschriften und das A. T., Giessen, 1872, p. 172, 4. — 3° Au point de vue de la vie commune : ’êdâh, congregatio, Job, xv, 34 ; —’abudddh, la famille comprenant toute la domesticité, yEMpyiï, familia, Gen., xxvi, 14 ; ïpya iiù rij ; 7 ?, ; , familia, Job, i, 3. — 4° Au point de vue du nombre : ’éléf, « mille, » -/t)aâ ; , familia, Jud., vi, 15 ; ç’j), r, , familia, I Reg., x, 19 ; -/iXti ; , mille, I Reg., xxiii, 23, etc. ; — miSpâhâh, « tribu, » ot’xo ; , familia, E.xod., vi, 14 ; î’6vo ; , gens, Jer., iv, 2 ; yhioz, cognatio, Jer., xxxi, 1 ; —’am, « peuple, » ).zo ; , populus, avec le sens de famille, Lev., vu, 20, 21, etc.

II. Constitution divixe de la famille. — 1° À l’origine. — Dieu crée le premier homme, puis déclare qu’il

n’est pas bon que l’homme soit seul ; il va donc lui donner une aide semblable à lui. Gen., ii, 18. Il fait ensuite sentir à l’homme sa solitude, au milieu des êtres animés qui vont tous par paires, et, pendant son sommeil, il prend une de ses côtes et en forme la première femme, qu’Adam appelle l’os de ses os, la chair de sa chair, c’est-à-dire un être tiré de lui-même, quant au corps. « C’est pourquoi, ajoute-t-il par l’inspiration de Dieu, l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et ils deviendront tous deux une même chair. » Gen., ii, 20-24. Il suit de là que la femme est donnée à l’homme pour lui être une « aide », qu’originairement elle est « semblable à lui », sans infériorité par rapport à lui, que cependant son corps est tiré du corps de l’homme et que par conséquent Adam est l’unique source de toute vie humaine, qu’enfin l’homme doit quitter ceux qui lui sont le plus chers, son père et sa mère, pour contracter l’union la plus intime avec sa femme. En somme, il y a là deux êtres de même origine et de même nature, ayant besoin l’un de l’autre. L’homme, plus fort, ne peut cependant rester seul, cherche une aide et quitte tout pour la trouver ; la femme, plus faible, va instinctivement à l’homme, sans que le texte sacré ait à le noter. — 2° Après la chute.

— Cette union de l’homme et de la femme a été établie par Dieu non seulement pour l’avantage des individus, mais encore en vue de la perpétuité de la race. Aussi la bénédiction donnée par Dieu à cette union est-elle « la seule que n’enleva ni le châtiment du péché originel, ni l’arrêt du déluge ». Missal. rom., Miss, pro spons., Orat. post Pater noster. Cependant le péché originel apporte une modification dans les rapports de l’homme et de la femme. Cette dernière est condamnée à l’enfantement douloureux, mais surtout elle est placée sous la domination de l’homme. Gen., iii, 16. L’égalité primitive est donc rompue au détriment de la femme, qui la première a succombé à la tentation et a entraîné l’homme, et c’est à celui-ci qu’est dévolue la suprême autorité dans la famille. Ephes., v, 23. — 3° Après le déluge. — Dieu bénit Noé et ses fils en leur disant : « Croissez, multipliez-vous, remplissez la terre. » Gen., ix, 1. C’est la loi de la propagation de l’espèce humaine par la famille. Cette loi doit être obéie et l’humanité doit remplir la terre. Voir Adam, t. i, col. 171-175 ; Mariage.

III. La famille patriarcale. — Le père est le chef absolu de toute la famille. C’est lui qui, par sa bénédiction suprême, transmet son autorité à celui qui sera le chef de la famille après lui. Cette bénédiction paternelle est si solennelle et si irrévocable, que son effet subsiste, même si elle a été surprise en faveur d’un autre que l’aîné. Gen., xxvii, 27-29, 37. Le père pourvoit au mariage de ses enfants et leur cherche une épouse, de préférence dans sa propre famille. Gen., xxiv, 2-9. Il a droit de vie et de mort sur les membres de sa famille. Gen., xxxvin, 24. — Le patriarche a une épouse de premier rang ; mais à côté d’elle des épouses de second rang, qui lui donnent des enfants. Il assure à ceux-ci un héritage, tout en gardant la part principale et l’honneur de sa descendance aux fils de l’épouse proprement dite. Gen., xvi, 1-3 ; xxv, 1-6 ; xxxv, 22-29 ; xxxvi, 1-14, etc. L’épouse de second rang portait parfois ombrage à la principale. Le père rétablissait la paix, parfois en sacrifiant tout à cette dernière. Gen., xxi, 10-12 ; Gal., iv, 30. Voir Conxubine, col. 907 ; Polygamie. — Les enfants sont nombreux dans les familles patriarcales. La Sainte Écriture en attribue huit à Abraham, Gen., xxi, 3, 9 ; xxv, 1-3 ; douze à Ismaël, Gen., xxv, 13-15, treize à Jacob, Gen., xxix, 30-35 ; xxx, 1-24 ; cinq à Ésaù, Gen., xxxvi, 2-5, etc. Il faut remarquer que dans ces énurnérations ne sont comprises ni les filles, Gen., xxxvi. 6, sauf Dina, fille de Jacob, ni les fils morts jeunes ou sans postérité. Parmi ces fils, l’aîné a des droits particuliers : double part d’héritage, dignité sacerdotale et tutelle des frères plus jeunes. Voir Aîxesse (droit d’). —