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ÉZÉCHIAS — ÉZÉCH1EL

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par les As.-yriens, et que le roi de Juda tenait en prison à Jérusalem. Quand, après la défaite de l’armée de secours envoyée par les Égyptiens, il eut pénétré dans cette ville, il fit mettre à mort les principaux chefs et vendre comme esclaves la plupart des habitants. Ézéchias rendit alors la liberté à Padi, qui fut rétabli sur son trône ; mais il refusa nettement de faire sa soumission. Le roi d’Assyrie attaqua et prit toutes les villes fortes de Juda ; il enleva d’immenses troupeaux et envoya en exil deux cent mille cent cinquante captifs de tout âge et de tout sexe, et il partagea entre trois rois philistins les districts qu’il avait pris dans le royaume de Juda. Ézéchias, se voyant enfermé à Jérusalem, « comme un oiseau dans sa cage, » résolut de traiter avec le vainqueur. D’ailleurs un parti puissant, qui trouvait insensée la résistance, le poussait à la soumission. Après la chute de Lachis, le roi de Juda envoya des ambassadeurs à Sennachérib. Il avouait ses torts et s’offrait à payer n’importe quelle imposition de guerre. Sennachérib exigea trois cents talents d’argent et trente d’or. Ézéchias donna tout l’argent qui se trouvait dans le Temple et dans ses propres trésors ; il dut même détacher des battants des portes du Temple les lames d’or qu’il y avait attachées, pour les donner au roi d’Assyrie. IV Reg., xviii, 14-16. Celui-ci ne se contenta pas de ce tribut de guerre ; il exigea la reddition de Jérusalem et résolut d’en transporter les habitants dans une autre contrée. Devant des exigences si dures, le courage d’Ézéchias se ranima, et il se prépara à une résistance énergique. On décida dans un conseil de guerre de boucher les sources des fontaines qui étaient hors de la ville, pour que les assiégeants n’eussent pas d’eau, et en particulier la piscine supérieure de Gihon, dont les eaux furent amenées à Jérusalem par un canal souterrain à la fontaine de Siloé. II Par., xxxii, 30. On restaura les murs, dont on répara les brèches ; on rebâtit de nouvelles tours . et on reconstruisit Mello, la cité de David. Ézéchias arma ses guerriers, leur donna des chefs, et il réconforta leur courage par des paroles de confiance en Dieu. II Par., xxxii, 3-8. Informé de ces préparatifs, Sennachérib envoya à Jérusalem trois de ses premiers officiers, son tartan ou général en chef, son rab-saris ou grand chambellan, et son rab-saqêh ou chef des échansons, avec une escorte imposante. Arrivés auprès des murs de la ville, ces ambassadeurs sommèrent le roi de venir conférer avec eux. Ézéchias envoya trois de ses premiers ministres. Le chef des échansons, parlant en hébreu, reprocha au roi de Juda sa présomption de compter sur l’appui du roi d’Egypte, roseau brisé, qui transperce la main de celui qui s’appuie sur lui. Joignant l’impiété à l’orgueil politique, il cria aux habitants de Jérusalem, qui- écoutaient du haut des murailles, de ne pas espérer le secours de Jéhovah, dont les autels et les hauts lieux avaient été détruits par Ézéchias. D’ailleurs, ils ne sont ni assez nombreux ni assez forts pour résister aux armées de Sennachérib. Enfin Jéhovah lui-même appelle les Assyriens pour détruire son peuple. Les envoyés d’Ézéchias demandèrent au chef des échansons de changer de dialecte et de parler syriaque ou araméen, pour que le peuple n’entendît pas leur colloque. Le rab-saqêh répondit grossièrement que Sennachérib l’avait envoyé parler à ce pauvre peuple, que le siège de Jérusalem réduirait bientôt à la triste nécessité de manger des excréments humains. Puis, redoublant d’insolence, il poussa les habitants de Jérusalem à se révolter contre Ézéchias. Qu’ils n’aient confiance ni en lui ni en Jéhovah ! Ils n’échapperont pas à la main de Sennachérib. partout victorieux. Qu’ils se rendent à sa discrétion, et ils seront transportés dans une terre plus fertile que la leur. Le peuple de Jérusalem, obéissant aux ordres d’Ézéchias, contint son indignation et garda un noble silence. Les ministres du roi, les vêtements déchirés en signe de deuil, vinrent rendre compte de l’entrevue. Quand il eut entendu leur récit, Ézéchias déchira lui

aussi ses vêtements, se couvrit d’un sac de pénitence et alla prier Dieu au Temple. Il envoya consulter Isaïe, dont les conseils ne lui avaient jamais fait défaut. Le roi mandait au prophète la gravité de la situation et lui demandait de prier Jéhovah de venger son honneur outragé, de punir les blasphémateurs de son nom et de venir au secours de son peuple en détresse. Isaïe releva le courage du roi, à qui il promit au nom du Seigneur la délivrance. Jéhovah enverra au roi d’Assyrie un esprit ; Sennachérib apprendra une nouvelle qui le fera retourner dans son pays, où il périra par le glaive. Fortifié par ces paroles, Ézéchias ne répondit rien aux ambassadeurs assyriens, qui allèrent rejoindre leur roi à Lobna.

Ayant appris que Tharaca, roi d’Ethiopie, était en marche contre lui avec son armée, Sennachérib envoya une nouvelle ambassade à Ézéchias. Les envoyés devaient répéter au roi de Jérusalem le discours du rab-saqêh et lui redire qu’il était inutile de se confier en la puissance de Jéhovah. Après avoir lu la lettre impie de Sennachérib, Ézéchias vint au Temple et déploya le rouleau devant Jéhovah, comme pour lui faire lire les injures lancées contre lui. Il avait foi en sa toute-puissance, à laquelle il remettait le soin de se manifester. Dieu répondit par la bouche d’Isaïe que la prière du roi était exaucée. Le prophète reprochait à Sennachérib ses blasphèmes, qui vont être enfin punis ; il donnait à Ézéchias l’assurance que le sol de son royaume serait garanti pendant plusieurs années de l’invasion ennemie, et qu’il produirait ses fruits. Par la protection divine et en souvenir de David, le roi des Assyriens n’entrera pas à Jérusalem ; il ne tirera pas même de flèches contre ses murailles ; il ne montera pas à l’assaut et n’en fera pas le siège ; mais il s’en retournera dans son royaume et fuira avec honte. La nuit suivante, l’ange du Seigneur vint dans le camp des Assyriens et y tua cent vinq-cinq mille hommes. Au point du jour, Sennachérib retourna à Ninive. IV Reg., xviii, 13-xix, 36 ; II Par., xxxii, 9-23 ; Is., xxxvi, 1-xxxvii, 37. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. iv, p. 14-65 ; Lenormant - Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., t. IV, Paris, 1885, p. 296-312.

6° Derniers actes, mort, funérailles et sépulture d’Ézéchias. — Ézéchias vécut encore quelques années après le désastre de l’armée assyrienne. Il s’endormit avec ses pères, et on l’ensevelit au-dessus des tombeaux des fils de David. Ses sujets lui firent de magnifiques funérailles. IV Reg., xx, 21 ; II Par., xxxii, 33. Son souvenir demeura chez les Juifs comme celui d’un roi pieux, d’un juste, qui restaura le culte de Dieu et que Dieu bénit dans toutes ses entreprises. L’auteur de l’Ecclésiastique, xlviii, 19-25, et xlix, 5, fait son éloge, et Judas Machabée demande au Seigneur de renouveler pour lui le prodige qu’il a accompli en faveur d’Ézéchias. II Slach., xv, 22. Les rabbins le tiennent pour un homme juste, bien que son père et son fils eussent été des impies. Talmud de Jérusalem, Sanhédrin, x, 1, trad. Schwab, t. xi, Paris, 18^9, p. 40. E. Mangenot.

2. ÉZÉCHIAS, second fils de Naaria, descendant de Zorobabel. I Par., iii, 23.

8.. ÉZÉCHIAS, fils de Sellum, un des quatre chefs éphraïrnites qui. après la défaite d’Achaz, prièrent les Israélites de renvoyer les captifs qu’ils avaient fait d’entre les guerriers de Juda. II Par., xxviii, 12.

4. ÉZÉCHIAS, nommé dans la généalogie de Sophonie. i, 1, vraisemblablement le même que Ézéchias 1. La Vulgate écrit le nom Ézécias. Voir É’.écias.

ÉZÉCHIEL. Hébreu : Yeltézq’êl, « celui que Dieu rend fort ; » Septante : ’h’exir, ).. Nom d’un prophète et de deux autres Israélites.