Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1112

Cette page n’a pas encore été corrigée

2145

EZECHIAS

2146

6e édit., 1896, t. iv, p. 12. — Une autre entreprise heureuse d’Ézéchias fut sa victoire sur les Philistins ; il les refoula jusqu’à Gaza, à l’extrémité méridionale de leur territoire, qu’il dévasta complètement et dont il détruisit les forteresses. IV Reg., xviii, 8.

2° Discussion sur l’ordre des autres événements du règne. — Nous possédons deux récits parallèles et presque identiques de la suite de l’histoire politique d’Ézéchias. Celui qui fait partie des prophéties d’Isaïe, xxxyi-xxxix, est contemporain ; le second, qui se lit IV Reg., xviii, 13xx, 19, doit être postérieur en date et ajoute au précédent un certain nombre de détails tirés d’autres sources et adaptés au but de l’auteur. Or, dans les deux narrations, la maladie d’Ezéchias et l’ambassade de Mérodach-Baladan sont racontées après l’invasion de Sennachérib et la déroute de son armée. Des historiens modernes acceptent encore cet ordre de faits. Lenormant-Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., t. vi, Paris, 1888, p. 297-298 ; Renan, Histoire du peuple d’Israël, t. iii, Paris, 1891, p. 114-118 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 5e édit., Paris, 1893, p. 478. liais plusieurs commentateurs catholiques placent la maladie d’Ézéchias et l’ambassade qui la suivit un certain nombre d’années avant l’invasion assyrienne. Divers indices montrent qu’il y a dans les deux narrations interversion des faits. lsaïe, xxxviii, 6, prédit au roi qu’il le délivrera, lui et sa capitale, de la main des Assyriens ; or il n’y eut sous le règne d’Ézéchias qu’une seule invasion assyrienne, racontée Is., xxxvi et xxxvii. Le même prophète, xxxviii, 3, annonce à Ézéchias une prolongation de vie de quinze ans. Or la durée totale du règne fut de vingt-neuf ans, IV Reg., xviii, 2, et le roi occupait le trône depuis quatorze ans quand cette promesse lui fut faite. Is., xxxvi, 1. Si Ézéchias monta sur le trône en 727, cette prédiction eut lieu vers 713. Mais il est certain que Sennachérib ne devint roi d’Assyrie qu’en 705, et que le désastre de son armée se produisit devant Jérusalem en 701. Voir col. 732. Enfin, au cours de la guerre assyrienne, Ézéchias dut vider ses trésors pour apaiser Sennachérib. IV Reg., xviii, 14-16. Si l’ambassade babylonienne était postérieure, il n’aurait pu montrer avec ostentation aux envoyés ses trésors pleins. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., Paris, 1889, t. IV, p. 185-186 ; J. Knabenbauer, Comment, in Isaiam, t. ii, 1887, p. 29, 33 et 53 ; M’J r Meignan, Les prophètes d’Israël. Quatre siècles de lutte contre l’idolâtrie, Paris, 1892, p. 475-476 ; Fillion, La Sainte Bible, t. ii, 1890, p. 668, et t. v, 1894, p. 416 ; Pelt, Histoire de l’Ancien Testament, t. ii, Paris, 1897, p. 234-235. La raison de cette interversion semble avoir été l’intention d’Isaïe de grouper les faits avec les prophéties qui s’y rapportent. Le groupement une fois réalisé fut suivi plus tard par l’auteur du quatrième livre des Rois.

3° Maladie et guérison d’Ezéchias. — La date de ces événements, qui est vaguement indiquée Is., xxxviii, 1, a été déplacée et se trouve Is., xxxvi, 1. La quatorzième année du règne d’Ezéchias ne peut se rapporter à l’invasion assyrienne, qui, d’après les monuments, arriva en 701 ; elle convient bien à la maladie du roi, dont la vie fut prolongée de quinze ans et qui régna vingtneuf ans. J. Knabenbauer, Comment, in Isaiam, 1. 1, p. 596-597 ; Fillion, La Sainte Bible, t. v, p. 409. Il arriva donc alors qu’Ézéchias fut atteint d’une maladie mortelle, la peste, le charbon ou quelque pustule maligne. Isaie vint de la part de Jéhovah lui annoncer qu’il mourrait et lui recommander de mettre ordre à ses affaires. En apprenant ainsi que la vie, à laquelle il tenait, allait lui être enlevée subitement, du matin au soir, comme une tente roulée, comme le lil que coupe le tisserand, en pleine maturité, le roi se tourna vers la muraille et pria le Seigneur. Talmud de Jérusalem, Sanhédrin, x, 2, trad. Schwab, t. xi, Paris, 1889, p. 48. Il lui rappela ses sentiments constants de religion et sa parfaite obéissance à


toutes ses volontés. II croyait être l’ami de Dieu. Or la longue durée de la vie était la principale des faveurs temporelles par lesquelles le Seigneur récompensait la piété des hommes envers lui. D’ailleurs Ézéchias n’avait peut-être pas encore de fils qui pût lui succéder, puisque Manassé n’était pas né. Confiant dans le Seigneur, il demanda discrètement de vivre. Il craignait d’entrer dans le séjour des morts, et il regrettait de ne plus voir Jéhovah dans son sanctuaire. Sa prière, accompagnée de larmes et de gémissements, fut exaucée, et lsaïe n’avait pas dépassé le milieu de la cour intérieure du palais, que le Seigneur lui ordonnait de retourner sur ses pas et d’annoncer au roi sa prochaine guérison. Dans trois jours Ézéchias ira au Temple remercier son bienfaiteur, et sa vie sera prolongée de quinze années. Isaie ajouta la promesse de la délivrance des mains du roi d’Assyrie. Le prophète fit mettre sur l’ulcère du roi un cataplasme de figues, qui hâta la guérison. Tout confiant qu’il était en la parole de Dieu, Ézéchias cependant demanda un signe de la vérité des prédictions d’Isaïe. Pour répondre à ce pieux et légitime désir, Dieu opéra le miracle du recul de l’ombre sur le cadran solaire. Voir col. 25-28. IV Reg., xx, 1-11 ; II Par., xxxii, 24 ; Is., xxxviii, 1-8, 21 et 22. lsaïe, xxxviii, 9-20, reproduit seul le cantique composé par Ézéchias en reconnaissance de sa guérison. Le roi y exhale tour à tour, en des accents doux et plaintifs, la douleur et la joie. Dieu l’a délivré de la mort et a changé son amertume en allégresse. Il vivra encore, et il chantera avec les vivants la louange de son divin bienfaiteur dans son saint Temple.

4° Ambassade de MérodachBaladan. — L’heureuse guérison d’Ézéchias fut connue du roi de Babylone, détrôné par Sargon. Mérodach-Baladan, probablement pendant son règne de quelques mois, en 703 ou 702, envoya à Jérusalem une ambassade pour féliciter Ézéchias de sa guérison et se renseigner sur le miracle qui en avait été le signe. II Par., xxxi, 31. Ce ne devait être qu’un prétexte, et il est fort vraisemblable que le principal but de cette ambassade était pour Mérodach-Baladan de se ménager dans le roi de Juda, qui avait secoué le joug de l’Assyrie, un allié utile contre Sennachérib, l’ennemi commun. Ézéchias fit un accueil empressé aux ambassadeurs babyloniens, à qui il rendit de grands honneurs. Il succomba même au vain désir d’étaler à leurs yeux la magnificence de ses trésors en or, argent, aromates et huiles de senteur, et la force de son arsenal et de ses arïnements. C’était se confier plus dans les ressources humaines que dans le secours divin. Jéhovah, qui défendait à son peuple toute alliance avec les étrangers, chargea lsaïe de réprimander le roi de Juda. En punition de son ostentation, le prophète prédit à Ézéchias que les biens dont il était si fier seraient un jour transportés à Babylone, et que ses descendants seraient esclaves ou eunuques dans le palais royal’de cette ville. Ézéchias se soumit humblement à la punition, et il remercia Dieu de ne l’avoir pas frappé personnellement et de lui avoir même épargné la vue de ces malheurs. IVReg., xx, 12-19 ; II Par., xxxii, 25 et 26 ; Is., xxxix, 1-8. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t.iv, p. 10-13.

5° Invasion de Sennachérib. — Bientôt après cette ambassade, Sennachérib, roi d’Assyrie, fit une expédition contre l’Asie occidentale et l’Egypte. Son dessein était de renverser la coalition formée contre lui par les rois d’Ascalon, de Sidon et de Juda, de faire rentrer sous le joug ces vassaux rebelles, et enfin de terrasser le pharaon d’Egypte, qui soufflait le feu de la rébellion. D’après les documents assyriens, cette expédition eut lieu en 701. Le récit que Sennachérib lui-même en a fait dans le prisme hexagone de Taylor nous apprend que la campagne contre Juda n’en fut qu’un épisode. Après avoir soumis Ascalon et les villes qui en dépendaient (voir t. i, col. 1063), Sennachérib attaqua Accaron, dont les habitants avaient livré à Ézéchias Padi, le roi qui avait été mis à leur tête

n. - m