Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1110

Cette page n’a pas encore été corrigée
2141
2142
EXTREME-ONCTION — EZECHIAS


onction produira sur l’àme des effets bienfaisants. L’huile signifie en particulier, dit le Concile, « la grâce du Saint-Esprit dont l’àme du malade reçoit l’onction invisible. »

— 4° Les effets. Saint Jacques en indique trois. — 1. « La prière de la foi sauvera le malade. » Cette prière de la foi n’est pas une prière dépendant de la foi du ministre, mais celle qui tire sa valeur de la foi de l’Église, dont le prêtre n’est ici que l’organe. Cette prière suppose aussi la foi dans le malade, et plus cette foi est grande, plus la prière est efficace. Elle « sauvera le malade » quant à l’àme, mais non pas nécessairement quant au corps ; autrement l’extrême-onction rendrait l’homme immortel.

— 2. « Le Seigneur le soulagera, » iyzpzX, littéralement « l’éveillera », l’excitera, le mettra debout, lui qui était /.â|ivuv, couché par le mal. Le concile explique ainsi ce mot : le sacrement « soulage et affermit l’âme du malade, en excitant en lui une grande confiance dans la divine miséricorde ; ainsi soutenu, le malade supporte plus aisément les inconvénients et les fatigues de la maladie ; il résiste plus facilement aux tentations du démon et à ses embûches ; et parfois il obtient la santé du corps, quand elle est utile au salut de l’âme ». Ce second effet vise donc l’âme directement, et atteint le corps indirectement et conditionnellement. — 3. « S’il a des péchés, ils lui seront remis. » Il s’agit ici, d’après saint Thomas, ibid., des péchés dont l’homme ne peut se purifier par la pénitence, parce qu’il n’a plus ni conscience ni souvenir, et aussi des péchés quotidiens dont la vie présente ne saurait être exempte. Le concile ajoute que le sacrement « efface les fautes qui sont encore à expier et les restes du péché ». — 5° L’usage. Saint Jacques suppose un rite sacramentel déjà existant, et il le rappelle au même titre que les autres pratiques religieuses dont il fait mention dans ce passage de son Ëpître, la prière, le chant des psaumes, la confession des péchés, la correction fraternelle. — Il n’est pas question de l’extrêmeonction dans les autres livres du Nouveau Testament ; mais ce silence n’infirme en rien la valeur de la mention qu’en fait saint Jacques, parce que les Apôtres ne traitaient, dans leurs Épitres, que les sujets imposés par les circonstances. On ignore si les chrétiens de l’époque apostolique recevaient ce sacrement toutes les fois qu’ils étaient gravement malades. Néanmoins on conclut légitimement du texte de saint Jacques que l’extrême - onction peut se réitérer. Autrement le malade guéri une première fois serait privé du bienfait du sacrement quand une nouvelle maladie vient mettre ses jours en danger. II. Lesêtre.

EZECHIAS. Hébreu : Hizqiyyâh, Hizqiyyâhû et Yehizqiyydhû, « celui que Jéhovah fortifie » Septante : ’EÇsxia ; . Nom d’un roi de Juda et de trois autres Israélites. Voir aussi Hezkcias, t. iii, col. 201.

1. ÉZÉCHIAS (sur les monuments cunéiformes : Haza-qi-ya-hu Ya-hu-da-ai), fils et successeur d’Achaz, roi de Juda. IV Reg., xvi, 20. Sa mère se nommait Abia. Voir t. i, col. 41. Un ancêtre du prophète Sophonie, qui parait être le même qu’Ézéchias roi de Juda est appelé Ézécias dans la Vulgate, Soph. i, 1. Voir Ézéchias, col. 2162. Il avait vingt-cinq ans lorsqu’il monta sur ie trône, et il régna vingt-neuf ans. Son règne commencé la troisième année d’Osée, roi d’Israël, dura de 726 à 697, selon la chronologie communément reçue, ou bien de 729 à 688, suivant une autre supputation. Il fut réparateur et agréable au Seigneur, et il ressembla à celui de David, le roi selon le cœur de Dieu. IV Reg., xviii, 1-3 ; II Par., xxix, 1-2. Les événements qui le remplirent sont racontés avec plus ou moins d’ampleur dans les récits parallèles du IVe livre des Rois et du IIe des Paralipomènes. L’auteur de ce dernier, d’après son plan particulier, insiste sur les réformes religieuses d’Ézéchias et passe rapidement sur les événements civils et politiques. Le premier narrateur, au contraire, se borne

à indiquer la restauration du culte et retrace longuement l’histoire politique du régne.

I. Réformes religieuses. — 1° Purification du Temple. — Ézéchias se montra toujours fermement attaché au culte de Jéhovah, et dès le début de son règne, par une décision prompte, qu’il exécuta sans recourir à aucune mesure de rigueur, il répara les ruines religieuses ; accumulées par son père. À peine sur le trône depuis un mois, il rouvrit les portes du Temple, fermées par Achaz, II Par., xxviii, 24, et il les fit couvrir de lames d’or. IV Reg., xviii, 16. Il convoqua les prêtres et les lévites. Quand ils furent assemblés sur la place qui était proche de la porte orientale du Temple, il leur adressa un discours et les exhorta à purifier la maison de Jéhovah et à enlever les immondices qui souillaient le sanctuaire. Nos pères, dit-il en substance, ont commis une grande faute et une grave offense envers le Seigneur en abandonnant son culte et en s’éloignant de son tabernacle. Les portes du vestibule ont été fermées, les lampes éteintes, l’encens a cessé de brûler, et les holocaustes n’ont plus été offerts au Dieu d’Israël. Ces crimes ont enflammé la colère de Jéhovah contre Juda et Jérusalem, et le Seigneur a livré son royaume infidèle à la destruction, à la ruine et à la moquerie. Les hommes ont péri par le glaive, les femmes et les enfants ont été emmenés en captivité. Ces tristes effets sont encore visibles à tous les yeux. Afin de réparer ces désastres et de détourner les nouveaux coups réservés aux coupables par la colère du Très -Haut, le pieux roi a résolu de rétablir l’alliance d’Israël avec Jéhovah, son Dieu. Il fait donc appel au zélé des ministres sacrés pour la restauration du culte divin, dont ils sont chargés. II Par., xxix, 3-11. Les prêtres et les lévites de Jérusalem exécutent avec empressement les ordres du roi. Les lévites purifient les parvis ; les prêtres pénètrent dans le sanctuaire et en enlèvent les impuretés, qu’ils déposent dans le vestibule et que les Jévites jettent dans le Cédron. Ce travail, commencé le premier de nisan, dura seize jours entiers : huit jours furent employés à la purification des parvis, et les huit autres à celle du sanctuaire. Lorsqu’il fut achevé, les prêtres en prévinrent le roi et lui annoncèrent que l’autel des holocaustes, la table de proposition et tous les vases sacrés, que son père avait profanés, étaient remis en place. II Par., xxix, 12-19. — Dès le matin du dixseptième jour, Ézéchias célébra avec les princes de Jérusalem la solennité publique de la purification du Temple. Il fit offrir des sacrifices : sept taureaux, sept béliers et sept agneaux furent immolés en holocauste ; sept boucs furent tués pour les péchés d’Israël. La musique sacrée, organisée par David, avait été rétablie, et pendant l’oblation des sacrifices les lévites chantèrent les louanges de Jéhovah et les prêtres sonnèrent des trompettes et jouèrent des instruments. Le roi et tous ceux qui étaient à ses côtés se prosternèrent ensuite et adorèrent le Seigneur. Ézéchias ordonna encore aux lévites de chanter quelques cantiques de David et d’Asaph. Il invita aussi le peuple à offrir des sacrifices de toute sorte : victimes pacifiques, victimes d’action de grâces et holocaustes. Les assistants répondirent à ce désir : soixante-dix taureaux, cent béliers, deux cents agneaux, furent brûlés en holocauste ; six cents bœufs et trois mille moutons furent immolés comme victimes pacifiques et d’action de grâces. Les prêtres en état de remplir les fonctions sacerdotales n’étant pas assez nombreux pour suffire à tant de sacrifices et en particulier pour dépouiller les animaux destinés à l’holocauste, les lévites, qui étaient là en grand nombre, durent les aider. Le culte divin fut ainsi complètement rétabli à Jérusalem, à la grande joie du roi et du peuple. II Par., xxix, 20-36.

2° Reprise de la solennité de la Pâque. — La fête de la Pâque n’ayant pu être célébrée à sa date régulière, le 15 nisan, Ézéchias décida, avec les princes de Juda et les notables de Jérusalem, qu’elle serait solennisée cette