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    1. EXPIATION##

EXPIATION (FÊTE DE L’) — EXTRÊME-ONCTION

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7° La conclusion. — Après le départ du bouc émis-’saire, le grand prêtre offrait son holocauste et celui du peuple. Puis Ton emportait hors du camp pour les brûler ; le taureau et le bouc expiatoires. Lev., xvi, 23-27. Pendant ce temps, le grand prêtre lisait au peuple une partie i de la Loi dans le parvis des Femmes, de manière que personne ne pût à la fois entendre la lecture et voir brûler le bouc. Yoma, vii, 2. — Toutes les cérémonies de ce jour ne purent toujours s’accomplir dans la forme prévue par le Lévitique. Par exemple, dans le second Temple, où l’arche d’alliance ne se trouvait plus, les aspersions de sang et la combustion des parfums se faisaient sur une pierre qui remplaçait l’arche. La cérémonie devait être exécutée par le grand prêtre consacré pour succéder à son père dans le sacerdoce. Lev., xvi, 32. Dans. les derniers temps, la succession des grands prêtres cessa d’être conforme à la Loi, et cependant ce fut toujours le grand prêtre en exercice, sauf les cas de force majeure, qui présida à la fête de l’Expiation. Enfin l’on entoura d’un bon nombre de pratiques accessoires le rituel de la fête, tel que l’avait fixé le Lévitique. Les prescriptions mosaïques ne cessèrent pourtant pas d’être respectées dans ce qu’elles avaient d’essentiel. Jusqu’au soir de la fête, après le soleil couché, on s’interdisait rigoureusement six choses : le manger, le boire, l’ablution, l’onction, l’usage du mariage et celui des chaussures de peau. La nuit venue, on se livrait aux festins et à la joie. Siphra, fol. 252, 2.

— En dehors du Pentateuque, il n’est plus fait mention, dans l’Ancien Testament, de la fête de l’Expiation. L’Épître aux Hébreux, Philon et Josèphe sont les premiers à en parler après le Lévitique. Ce silence ne prouve rien contre la célébration annuelle de la solennité. Il est probable, au contraire, que. si l’on avait eu à la reprendre à la suite d’une interruption quelconque, il serait parlé quelque part de ce retour aux prescriptions mosaïques. !

8° L’effet produit. — Le texte du Lévitique, xvi, 16, ; 19, 33, dit expressément que l’expiation est faite à cause [ des transgressions et des péchés des enfants d’Israël. S’il y a expiation, il y a donc pardon des péchés. Saint Thomas, après avoir dit que la fête de l’Expiation était instituée « en mémoire du bienfait accordé par Dieu à son peuple, quand il lui avait pardonné, à la prière de Moise, le péché commis par l’adoration du veau d’or », Sumni. theol., l a 2 æ, q. 102, a. 4, ad 10, ajoute ensuite, a. 5 ad 6, que les expiations pour les péchés faisaient partie des sacrements de l’ancienne Loi. Les boucs figuraient l’impureté ; le bouc émissaire, chassé au désert, portait la peine méritée par les péchés du peuple ; l’immolation de l’autre bouc et du taureau hors du camp convenait à l’expiation des péchés graves et nombreux. Tous ces animaux d’ailleurs étaient la figure de Jésus-Christ, qui devait mourir pour expier les péchés des hommes. Tertullien, Advers. Judœos, xiv, t. ii, col. 640, avait déjà expliqué le symbole dans ce dernier sens. Voir aussi Advers. Marcion., iii, 7, t. ii, col. 331 ; Epist. Barnab., 1, t. ii, col. 743 ; S. Justin martyr, Advers. Thryphon., 40, t. vi, col. 563. — La fête de l’Expiation, comportant non seulement des cérémonies rituelles, mais en même temps le jeûne, la componction du cœur et la remise du péché, n’avait rien d’analogue dans les religions païennes, où les purifications consistaient en simples formalités extérieures. — Voir J. Buxtorf, Synagoçja judaica, c. xxix, in-8°, Bàlc, 1680, p. 553-563 ; Reland, Antiquitates sacrse, Utrecht, 1741, p. 246-255 ; TA’iner, Biblisches Realwôrterbuch, 3e édit., 1848, t. ii, . Versbhnungstag, p. 655-660 ; Bàhr, Symbolik desmosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 664-698 ; Elcan Durlacher, Erech hatephiloth, ou Prières (rituel) de toutes les grandes fêtes à l’usage des Israélites du rite allemand (texte hébreu et traduction française en regard), 10 in-8°, Paris, 1852-1857, t. iii, iv et" v. H. Lesèire.

EXPLORATEUR. Il est plusieurs fois question dans l’Écriture d’hommes que la Vulgate appelle exploratores, Num., xmi, 26, etc., et qui étaient chargés d’  « explorer » (explorare), Num., xxiii, 22, etc., un pays en qualité d’espions pour eu rendre compte à ceux qui les envoyaient. Voir Espion, col. 1906.

EXTERMINATEUR. Voir Abaddon.

    1. EXTRÊME -ONCTION##

EXTRÊME -ONCTION, sacrement de la Loi nouvelle institué pour le soutien spirituel et le soulagement corporel des malades.

1° D’après le concile de Trente, sess. xiv, De extrem. unct., i, le sacrement de l’extrême-onction a été figuré par Notre -Seigneur quand, sur son ordre, les Apôtres « oignaient d’huile beaucoup de malades et les guérissaient ». Marc, vi, 13. On employait l’huile pour guérir les blessures. Is., i, 6 ; Luc, x, 34. Cf. Babyl., Joma, fol. 77, 2 ; Josèphe, Ant. jud., XVII, vi, 5. Voir Huile. Mais ce n’est pas en envoyant ses Apôtres oindre et guérir les malades que Notre-Seigneur institua le sacrement, puisque les Apôtres, n’étant pas encore prêtres, n’auraient pu l’administrer, et que les malades, n’étant pas baptisés, n’auraient pu le recevoir.

2° L’Évangile n’indique pas en quelle circonstance le sacrement fut institué ; mais saint Jacques, v, 14-15, le mentionne de la manière la plus explicite : « Quelqu’un de vous est-il malade ? qu’il fasse venir les prêtres de l’Église et que ceux-ci prient sur lui en l’oignant d’huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le malade, le Seigneur le soulagera, et, s’il a des péchés, ils lui seront remis. » Dans ce texte sont énumérés toutes les conditions du sacrement. — 1° Le sujet. C’est un chrétien, guis in vobis : par conséquent celui qui n’est pas entré dans la communauté chrétienne par le baptême no peut recevoir l’extrême-onction. Ce chrétien est malade, àffŒvEÏ, infirmatur. Le verbe grec suppose, non la simple indisposition, mais la maladie sérieuse, Hippocrate, Vct. med., 12, qui a pour effet principal la perte des forces et l’acheminement vers la mort. Act., xix, 12. D’ailleurs saint Jacques, au verset suivant, appelle le malade xip.vwv, ce qui indique un homme que le mal fatigue assez gravement. Le concile de Trente, ibid., iii, s’en tient au sens général des expressions de l’Apôtre, quand il déclare que l’extrêmeonction doit être « administrée aux malades, mais surtout à ceux qui sont si dangereusement abattus, qu’ils semblent arrivés à la fin de leur vie ». La gravité de la maladie suffit donc, sans le danger extrême, pour légitimer l’administration du sacrement. Telle est bien la pensée de saint Jacques. — 2° Le ministre. L’apôtre dit d’appeler les prêtres de l’Église, et, d’après le concile, le mot npeaëuTÉpoi n’a pas ici simplement le sens d’anciens ou de chefs, mais celui de ministres sacrés, évêques ou prêtres. L’Apôtre parle de prêtres au pluriel. Dans les premiers siècles, le sacrement a été souvent administré par plusieurs prêtres à la fois. Concil. Cabillonense, xlviii, dans Labbe, Collect. Concil., t. vii, p. 1283 ; Chardon, Histoire des sacrements, Paris, 1874, p. 749-750. Mais on n’a jamais regardé comme essentielle à la validité du sacrement la présence de plusieurs prêtres ; car ceux qui n’ont qu’un seul prêtre à leur disposition seraient privés de l’extrême-onction. Le prêtre qui l’administre seul agit alors « par la vertu de toute l’Église ». S. Thomas, Sunim. cont. Cent., iv, 73. — 3° Les cérémonies. Tout d’abord, les prêtres doivent prier sur le malade, è-’airèv, expression qui suppose une prière faite directement pour le malade et accompagnée d’une imposition des mains. Ensuite ils doivent l’oindre d’huile. L’huile est ici employée comme dans la confirmation, et comme l’eau dans le baptême ou le pain et le vin dans l’eucharistie, en tant que signe sensible de l’effet que produira le sacrement. De même que l’huile adoucit les plaies corporelles et fortifie les membres, ainsi l’extrême-