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EVERGÈTE — ÉVOCATION DES MORTS

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— Dans le Nouveau Testament, Notre-Seieneur dit : « Les rois des nations les dominent, et ceux qui ont pouvoir sont appelés Évergètes (eùsp^rati, beneftci). » Luc, xxii, 25. Ces paroles font allusion soit aux rois d’Egypte dont nous venons de parler ou à d’autres rois qui avaient le même surnc.n (Alexandre I er Balas, t. i, fig. 92, col. 349, etc.), soit, d’une manière plus générale, à l’usage qui existait dans certains pays grecs de conférer ce titre d’honneur aux citoyens qui avaient bien mérité de la patrie ou de la cité. Hérodote, viii, 85, édit. Didot, p. 406 ; Platon, Gorgias, 61 ; De virtute, t. i, p. 371 ; t. ii, p. 568 ; Diodore de Sicile, XI, xxvi, 6, t. ii, p. 372 ; Xénophon, Hellen., VI, i, 4 ; Anab., VII, vi, 38, p. 316, 439 ; cf. Thucydide, I, cxxix, 3, p. 48 ; Démosthène, Adv. Leptin., iX>, _ p. 247 ; cf. II Mach., iv, 2 (d’Onias) ; Josèphe, Bell, jud., IV, ix, 8 (de Vespasien). F. Vigouroux.

ÉVI (hébreu : ’Evî ; Septante : E-Ji ; Vulgate : Evi, Num., xxxr, 8, et Hevseus, Jos., xiii, 21), le premier des cinq rois madianites défaits et tués par les Israélites envoyés par Moïse, mille de chaque tribu. Num., xxxi, 8. Leur pays devint la possession de la tribu de Ruben. Jos., xii, 21.

    1. ÉVILMÉRODACH##

ÉVILMÉRODACH (hébreu : Évîl-Merôdak ; Sept&nte : EùiaX(j.apwâé) ; , 01kaii.a&iyap, EùtXaS[Aôpw8à-/ ; Bérose : E)Eili.xpâl>oix<i< ;  ; Canon de Ptolémée : 'lXkoapo>&xi.oti ; textes cunéiformes babyloniens : ] |^ ] » - ^TT » -| ^^^-^f Am[v]ilMarduk, c’est-à-dire « homme du dieu Mardouk ou Mérodach » ), fils et successeur de Nabuchodonosor, monta sur le trône vers la fin de l’année 562 et mourut en 559 ; Bérose, dans Josèphe, Contr. Ap., i, 20, édit. Didot, t. ii, p. 351, et le Canon de Ptolémée ne lui attribuent que deux années de règne, parce que, suivant l’usage babylonien, ils ne comptent pas les premiers mois, qui forment une année incomplète. Les textes cunéiformes datant de son règne, contrats d’intérêt privé, dits « tablettes Egibi », confirment exactement ces dates extrêmes. Quant aux chiffres donnés par Alexandre Polyhistor, douze ans, édit. Didot, Historicorurn grxcorum fragmenta, t. ii, p. 505, si l’on veut leur reconnaître quelque valeur, il faut supposer qu’ils comprennent les années où Nabuchodonosor dut abandonner le gouvernement de son royaume, durant sa folie dont parle Daniel, iv, 30-33. L’Ecriture nous apprend, IV Reg., xxv, 27-30 ; Jer., lii, 31-34, qu’Evilmérodach tira de la prison où il était enfermé depuis trente-cinq ans Joachin, l’avant-dernier roi des Juifs, qu’il lui donna un siège au-dessus, c’est-à-dire lui donna le premier rang parmi les rois captifs retenus à Babylone : Josèphe ajoute même qu’il le mit au rang de ses plus chers amis. Une ancienne tradition juive, relatée par saint Jérôme, In Isaiam, xiv, 19, t. xxiv, col. 162, prétend qu’Evilmérodach fut jeté en prison par Nabuchodonosor, remonté sur le trône après sa folie, et que c’est là qu’il se lia d’amitié avec Joachin. Mais les textes cunéiformes renferment bien des exemples analogues d’adoucissements inespérés apportés à la situation des rois captifs. J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 255-256 ; Eb. Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. ii, p. 164-106 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 94. Du reste du règne d’Évilmérodach, dont on n’a retrouvé aucune inscription historique, nous ne savons rien, sinon qu’on lui reprocha de se conduire avec trop d’arbitraire et de licence, et que sur ce prétexte Nergal-sar-uçsur, son beau - frère, marié à une fille de Nabuchodonosor, organisa contre lui une conspiration, le mit à mort et lui succéda. Bérose, édit. Didot, Historicorurn grœcorum fragmenta, t. ii, p. 505-507. Ce reproche n’est peut-être pas plus fondé que celui d’impiété fait à Nabonide par les scribes de Cyrus, au moment de la conquête de Babylone. — Il est possible qu’il faille lire encore le nom d’Évilmérodach dans la lettre des Juifs rapportée par Baruch, i, 11, 12,

à la place de celui de Balthasar, pour qui l’on fait offrir des sacrifices à Jérusalem. Voir Balthasar 3, col. 1422. Comme Nabuchodonosor régna fort longtemps, et qu’il fut parfois retenu hors de Babylone par des expéditions lointaines, son fils dut souvent prendre part au gouvernement de l’empire, et cela obligea les Juifs de faire prier pour lui en même temps que pour son père au Temple de Jérusalem. — Voir G. Rawlinson, The five great monarchies, 1879, t. iii, p. 61 -63 ; t. ii, p.427 ; J. Menant, Babylone et la Chaldée, p. 248 ; The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, 1888, p. 51-52, 198 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 339-340 ; Boscawen, Babylonian dated tablets, dans les Transactions of the Society of Biblical Archeeology, 1878, t. vi, i, p. 26-52, et pi. ii, 6 ; Pinches, dans les Records of the Past, 1™ série, t. xi, p. 87-89, The Egibi Tablets, dans les Proceedings of the Society of Biblical Archseology, mai 1884, t. vi, p. 193-198, The babylonian Kings of the second Period ; Eb. Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. iv, p. 200-203.

E. Pankier.

    1. ÉVOCATION DES MORTS##

ÉVOCATION DES MORTS, art prétendu de faire comparaître et parler les mânes des morts, pour apprendre d’elles les choses cachées ou futures. Cet art porte le nom de nécromancie, ou divination par les morts. Voir Divination, col. 1416, 7°.

I. L’évocation chez les anciens. — 1° Les Chaldéens avaient la prétention de savoir évoquer les morts. Aux adjurations des nécromants, le sol se crevassait, l’âme du mort en jaillissait « en coup de vent » et répondait aux questions posées. Cf. Fr. Lenormant, La divination et la science des présages chez les Chaldéens, Paris, 1875, p. 151-167 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 588-589, 696. L’évocation se pratiquait en Egypte, Is., xix, 3, et les Chananéens y étaient fort adonnés. Deut., xviii, 11. Chez les Grecs et les Romains, la nécromancie s’exerçait de préférence dans des lieux que leur configuration particulière semblait mettre en communication directe avec les enfers, l’Achéron et le marais d’Aorne, en Épire, Héraclée, sur la Propontide, la région volcanique du lac Avertie, en Campanie, la caverne du Ténare en Laconie, etc. Hérodote, v, 92 ; Diodore de Sicile, iv, 22 ; Strabon, v, 244 ; xvi, 762 ; Cicéron, Tuscul., i, 16, etc. ; Dollinger, Paganisme et judaïsme, trad. J. de P., Bruxelles, 1858, t. iii, p. 293-296.

— 2° Moïse proscrivit la nécromancie comme abominable aux yeux du Seigneur et porta la peine de mort contre ceux qui l’exerçaient. Lev., xix, 31 ; xx, 6, 27. Néanmoins il existait des nécromants au milieu des Hébreux à l’époque de Saùl, I Reg., xxix, 7, 9 ; d’Isaïe, viii, 19 ; de Manassé, IV Reg., xxi, 6 ; II Par., xxxiii, 6. — 3° L’évocation se faisait au moyen d’adjurations magiques, et les mânes étaient censées répondre d’une voix faible et presque inarticulée. Isaïe, viii, 19, dit que les morts évoqués « poussent des sifflements et des soupirs », et il ajoute, xxix, 4, que la voix du spectre sort de terre et que le son s’en fait entendre comme à travers la poussière. Dans les auteurs classiques, les mânes ne peuvent que murmurer doucement, tjjuSsiv ou rpî^eiv, Iliad., XXIII, 101 ; Odys., xxiv, 4 ;-jnoTpûïeiv, Héliodore, vi, 15 ; stridere, Stace, Thebaid., vii, 770 ; Claudien, In Rufin., i, 126 ; cf. Virgile, JEneid., iii, 39 ; vi, 492. — 4° Aucune volonté humaine n’a le pouvoir d’évoquer et de faire parler les morts. Ce pouvoir n’appartient qu’à Dieu. Matth., xvii, 3 ; Luc, xvi, 27. Rien ne prouve que Dieu l’ait jamais exercé pour répondre aux adjurations des nécromants du paganisme. Les réponses obtenues par ces derniers doivent donc être attribuées partie à la supercherie, partie à l’intervention du démon. Les Septante ont pensé que les’ôbôt ou nécromants n’exerçaient leur art que par supercherie, car ils traduisent toujours leur nom par iiyaazpuiviol, « ventriloques. » I Reg., xxviii, 3, 1, 9 ; 1V’Reg., ’xxi, 6 ; II Par., xxxiii, 6 ; Is.,