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EUTHYMIUS ZIGABENE — EVANGILES


Commentaires sur les Épîtres sont restés manuscrits. Les œuvres d’Euthymius Zigabène, publiées jusqu’à ce jour, ont été réimprimées aux t. cxxviii, cxxix, cxxx et cxxxi de la Patrologie grecque de Migne. Les Commentaires sont littéraux, moraux et allégoriques. — Voir Fabricius, Bibliotheca grseca (1715), t. vii, p. 460 ; D. Ceillier, Hist. des auteurs ecclésiastiques, t. xiv

(1863), p. 150.

B. Heurtebize.
    1. EUTYQUE##

EUTYQUE ( Eutu^oç, « fortuné, heureux ; » Eutychus), nom d’homme commun chez les Grecs et les Latins. On le voit, par exemple, sur une monnaie de Dyrrachium, en Illyrie. T. E. Mionnet, Description des médailles, Supplément, t. iii, 1824, p. 335, n » 163. Saint Paul ressuscita à Troade un jeune homme ainsi appelé. S’étant assis sur une fenêtre, un dimanehe, pendant la prédication de l’Apôtre, Eutyque s’endormit, tomba d’un troisième étage et se tua dans sa chute. Saint Paul, s’étant couché sur lui, comme autrefois Elisée pour le fils de la Sunamite, IV Reg., iv, 34, lui rendit la vie. Act., xx, 9-12. Le sommeil d’Eutyque avait été causé par la longueur du discours de l’Apôtre, qui, devant partir le lendemain, parla jusqu’au milieu de la nuit, et aussi sans doute par la chaleur que produisaient les nombreuses lampes allumées dans l’appartement. Act., xx, 7-8. Saint Luc raconte ce miracle comme témoin oculaire. Cf. Act., xx, 6, 13.

ÉVANGÉLIAIRE. Voir Lectionnairë.

    1. ÉVANGÉLISTE##

ÉVANGÉLISTE (E-jajjO.i.ax-ni, evangelista, « celui qui annonce la bonne nouvelle, l’Évangile » ), nom donné dans le Nouveau Testament à une classe de dignilaires chrétiens. Ce mot est formé du verbe classique E-Jayys-Xîîw ou, selon la forme plus communément usitée, sùceyytliÇopui, « annoncer des choses agréables, une bonne nouvelle. » EùayyeXtairi ; est un terme exclusivement biblique et ecclésiastique. Il ne se lit que trois fois dans l’Écriture, et la signification rigoureuse n’en est pas déterminée parle contexte. Dans les Actes, xxi, 8, cette qualification est donnée au diacre Philippe. Saint Paul recommande à Timothée de « faire l’œuvre d’évangéliste ». II Tim., iv, 5. Dans I’Épitre aux Éphésiens, iv, II, « les évangélistes » sont nommés après les « Apôtres » et les « prophètes », aTtoaioXoi, icp6fitai, avant les « pasteurs » et les « docteurs », hoi^eve ?, 518âaxiXoi. Ils ne figurent point dans l’énumération I Cor., xi, 10. — Les Pères ont vu avec raison dans ces évangélistes les missionnaires qui allaient prêcher (x/ip’jao-Eiv, Act., viii, 5 ; non SiSâirxsiv) en divers lieux la bonne nouvelle. Ce nom n’était pas un titre désignant un ordre spécial, mais une occupation particulière. Les Apôtres furent évangélistes en tant qu’ils annoncèrent l’Évangile. Act., viii, 25 ; xiv, 7 ; I Cor., i, 17. Cf. Gal., i, 6-11. Le diacre Philippe et Timothée le furent dans le même sens, Act., viii, 4-5, 40 ; xxi, 8 ; II Tim., iv, 5, quoique non revêtus de la dignité apostolique (Omnis apostolus, evangelista ; non omnis evangelista, apostolus), remarque le Pseudo-Jérôme, In Eph., iv, t. xxx, col. 832. Le texte de I’Épitre aux Éphésiens, iv, 11, nous atteste que d’autres disciples des Apôtres allèrent prêcher la bonne nouvelle en qualilé de missionnaires ambulants, TtspuôviEî èxr, puTTQv, comme l’explique Théodoret, In Eph., iv, 11, t. lxxxii, col. 536. Cf. S. Jean Chryscstome, Rom. xi iii, Eph., 2, t. lxii, col. 82. Eusèbe, H. E., iii, 37, t. xx, col. 293, décrit ces évangélistes en disant : « Après avoir quitté leur patrie, ils faisaient œuvre d’évangéliste, prêchant (xr.p’jrretv) le Christ à ceux qui n’avaient pas encore entendu la parole de la foi. » — Peu à peu l’usage s’introduisit d’appeler « évangélistes » les auteurs des quatre Évangiles. Eusèbe, H. E., iii, 39, t. XX, col. 297, qualifie saint Jean tôv e-jiyyE >tT-r|V. Dans le commentaire d’Œcuménius sur I’Épitre aux Éphésiens, iv, 11, t. cxviii, col. 1220, le mot

E-jayysXiiTTTi ; de saint Paul est ainsi expliqué, sans que le commentateur se doute qu’il fait un contresens. — Dans les Constitutions apostoliques, 3, il est dit que le lecteur, àvayvwoTr, ; , remplit l’office d’évangéliste (sOiyyEXcffto-j to’tiov ÈofiCsTii). Dans Ad. Harnack, Die Quellen der sogenannten apostolischen Kirchenordnung (Texte und L’nters., ii, 5), 1886, p. 18. Le diacre qui lit l’évangile prend aussi le titre d’évangéliste dans la liturgie de saint Jean Chrysostome. Patr. gr., t. lxiii, col. 910. — L’usage de désigner les missionnaires ambulants par le nom d’évangélistes paraît avoir cessé de bonne heure, du moins dans une partie de l’Église, puisqu’ils ne paraissent pas sous ce titre dans la Doctrina Apostolorum ; mais il survéeut cependant quelque temps en certains pays : Eusèbe, H. E., v, 10, t. xx, col. 456, donne ce titre à Pantène, le chef du Didascalée d’Alexandrie, qui alla prêcher dans l’Inde, et à d’autres encore. — Voir O.Zockler, Diakonen und Evangelisten, dans ses Biblische und kirchenhistorische Studien, Heft v, in-8°, Munich, 1893.

F. Vigouroux.

1. ÉVANGILES. — I. Nom.— Le mot Eyayyéliov a eu plusieurs significations. — 1° Il provient de deux mots grecs, e5, « bien, » et àyyéXXw ; « j’annonce, » et signifia étymologiquement « bonne nouvelle ». Suidas, Lexicon, dit : E-JayyéXiov xà xaXXiaToi SiàyyEXov : <( Évangile, ce qui annonce les choses les plus excellentes. » Cependant les écrivains grecs les plus anciens emploient ce mot pour désigner soit la récompense que l’on donne au porteur d’une bonne nouvelle, Odyss., xiv, 152 et 166 ; cf. Cicéron, Ad Attic, II, 12 ; soit le sacrifice offert aux dieux en action de grâces d’un heureux message. Xénophon, llell., i, 6, 37 ; Diodore de Sicile, xv, 74 ; S. Chrysostome, In Acta hom. xix, 5, t. lx, col. 157. Le premier sens se retrouve dans la version des Septante, II Reg., iv, 10, où E’jayyÉXia correspond à mercedem pro nuntio de la Vulgate et à l’hébreu beiôrâh. Plus tard, ce mot reprit sa signification étymologique et servit à désigner la bonne nouvelle elle-même. Appius, Civ., iv, 20 ; Lucien, Asin., 26 ; dans les Septante, II Reg., xviii, 20, 22, 25 ; IV Reg., vii, 9. Il faut entendre dans ce sens iô e-iayyé-Xiov i% dwxTipia ; ûu, wv. Eph., i, 13. Saint Chrysostome, In Acta hom. xxvi, 3, t. lx, col. 201, appelle sûayyéXia l’annonce de la délivrance de saint Pierre. — 2° Sous la plume des écrivains du Nouveau Testament, le mot EyayyéXiov désigne le plus souvent « la bonne nouvelle » par excellence, celle du salut apporté au monde par le Messie. Il a ce sens quand il est seul et sans qualificatif, Marc, i, 1 ; nu, 10 ; xvi, 15, et quand il est suivi d’un qualificatif, tô EijayyÉXtov tîjç pauiXei’ac, Matth., IV, 23 ; ix, 35 ; xxiv, 14 ; to sùayylXiov ic, x<*P lz °i T °û ©eoû, Act, , XX, 24 ; ib eûiyyÉXiovTviç 86 !  ; ï)çtoO u-axapiou ©eoS. I Tim., i, 11. Cette idée était déjà exprimée par le prophète Isaïe, xl, 9 ; lii, 7 ; lx, 6 ; lxi, 1 ; cf. Luc, iv, 18, qui prédit la rédemption messianique comme l’annonce d’une heureuse nouvelle. C’est pourquoi EyayyÉXiov désigne encore dans le Nouveau Testament la doctrine de Jésus-Christ, prêchée par les Apôtres, quand il est employé absolument, Matth., xxvi, 13 ; Rom., x, 16 ; I Cor., iv, 15 ; lx, 14, et lorsqu’il est accompagné d’un génitif de sujet : eùzyys-Xiov 0£oC, Rom., i, 1 ; io0 AoZ, Rom., i, 9 ; to-j XpisToû, II Cor., IX, 13 ; xo0 x’jpc’ou T, fjLâ>v’Ir^oO Xpctr-roû. II Thess., i, 8. Saint Paul appelle « son évangile » sa manière d’envisager et d’annoncer la doctrine chrétienne, Rom., ii, 16 ; xvi, 25, parmi les gentils, Gal., ii, 2 et 7, manière différente de tout autre enseignement. Gal., i, 6. L’Apôtre des gentils désigne encore par le nom d’é'jayysXiov l’acte même de prêcher la bonne nouvelle, la doctrine de Jésus-Christ. Rom., i, 1 : xv, 19 ; Il Cor., viii, 18 ; I Thess., i, 5. Cette signification du mot « évangile » se trouve dans les plus anciens monuments de la littérature chrétienne. S. Clément, I Cor., xlvii, 2 ; Funk, Opéra Patrum apostolicorum, 2e édit., Tubingue, 1887, t. i, p. 120 ; S. Ignace, Ad Philad., v, 1, ibid., p. 228 ; S. Justin,