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EUSÈBE

Saint Jérôme dit, en effet, dans sa préface Ad Chromalium aux Paralipomènes : Alexandria et Ægyptus in LXX suis Hesychium laudat auctorem, Constantinopolis usque Antiochum Luciani martyris exemplaria probat, mediæ inter has provinciæ Palæstinos codices legunt, quos ab Origene elaboratos Eusebius et Pamphilus vulgaverunt. Sixte de Sienne, Bibliotheca sacra, édit. de Cologne, 1576, t. iv, p. 245, avait entendu par là qu’Eusèbe aurait fait une nouvelle recension des Hexaples d’Origène. Il ne s’agit point de cela, car les rubriques d’un certain nombre de manuscrits des Hexaples d’Origène font penser qu’Eusèbe exécuta seulement plusieurs copies soit complètes, soit abrégées de ce travail, en y ajoutant quelques notes et corrections. Voir Huet, Origeniana, III, xxiv, 8 ; Ehrhard, dans la Römische Quartalschrift, t. vi, 1891, p. 226-238 ; Harnack, Geschichte der altchristl. Litteratur, t. i, p. 337, 543, 574. — 4o On peut ranger parmi les travaux exégétiques d’Eusèbe de multiples essais sur la topographie des Lieux Saints. Quatre de ces œuvres sont connues ; mais les trois premières ne sont pas parvenues jusqu’à nous, seule la quatrième a survécu. Ces essais sont : 1° Une étude sur la terminologie ethnographique de la Bible hébraïque : Καὶ πρῶτα μέν τῶν ἀνὰ τὴν οἰκουμένην ἐθνῶν ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα φωνὴν μεταβαλὼν τὰς ἐν τῇ θείᾳ γραφῇ κειμένας Ἑβραίοις ὀνόμασι προσρήσεις. — 2. Une chorographie de l’ancienne Judée, indiquant les frontières des pays occupés par les dix tribus : Τῆς πάλαι Ἰουδαίας ἀπὸ πάσης βίβλου καταγραφήν πεποιημένος καὶ τὰς ἐν αὐτῇ τῶν δώδεκα φυλῶν διαιρῶν κλήρους ; ce traité est peut-être celui qu’Ébed Jesu (Assemani, Bibl. or., t. iii, p. 18) appelle De figura mundi. — 3. Un plan de Jérusalem et du Temple : Ὡς ἐν γραφῆς τύπῳ τὴς πάλαι διαβοήτου μητροπόλεως αὐτῶν, λέγω δὴ τὴν Ἱερουσαλήμ, τοῦ τε ἐν αὐτῇ ἱεροῦ τὴν εἰκόνα διαχαράξας. Ce plan devait être accompagné de dissertations sur les diverses localités, μετὰ παραθέσεως τῶν εἰς τοὺς τόπους ὑπομνημάτων. C’est Eusèbe lui-même qui décrit, dans les termes que nous venons de citer, ces trois essais topographiques. D’après Lightfoot, A Dictionary of Christian Biography, t. ii, p. 336, ces trois écrits n’étaient peut-être que les parties d’un même ouvrage, du quatrième travail topographique d’Eusèbe, intitulé Περὶ τῶν τοπικῶν ὀνομάτων τῶν ἐν τῇ θείᾳ γραφῇ. Eusèbe dit qu’il a voulu donner la liste alphabétique des villes et des villages cités dans la Sainte Écriture en leur langue originale, πατρίῳ γλώττῃ. Les noms de lieux ne sont donc pas présentés sous la forme qu’ils ont dans la version des Septante, mais suivant une transcription de l’hébreu plus ou moins heureuse. L’ordre alphabétique a été suivi ; mais, sous chaque lettre, les divers mots arrivent d’après l’ordre des livres de la Bible. Ce traité fut de bonne heure traduit en un latin que saint Jérôme caractérise de la façon suivante : Quidam vix imbutus litteris… ausus est in latinam linguam non latine vertere. Patr. lat., t. xxiii, col. 860. Aussi saint Jérôme fit-il une nouvelle version ou plutôt une nouvelle recension, car il retranche plusieurs notices et en modifie d’autres. Les Topica d’Eusèbe ont été publiés pour la première fois en 1631, par Bonfrère ; les deux éditions les plus récentes et qui ne laissent rien à désirer au point de vue de la critique sont celles de Larsow et Parthey, Eusebii Pamphili episcopi Cesariensis Onomasticon, Berlin, 1862, et de Paul de Lagarde, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 207 ; 2e édit., 1887, p. 232. — 5o Sous le titre de Ἐκ τῶν τοῦ Εὐσεβίου τοῦ Παμφίλου περὶ τῆς τοῦ βιβλίου τῶν προφητῶν ὀνομασίας, « Eusèbe a donné une courte notice sur les prophètes et le sujet de leurs prophéties, en commençant par les petits prophètes et en suivant l’ordre des Septante. Ce traité fut publié pour la première fois par T. Curterius, Procopii Sophistæ variarum in Isaiam prophetam commentationum epitome, Paris, 1560 ; puis par Migne, t. xxii, col. 1261-1272. Sur le manuscrit no 2125 du Vatican, qui a servi à cette édition, voir Mai, Nova Patrum blibliotheca, t. iv, p. 66. M. Harnack, op. cit., p. 575, n’est pas convaincu que cet ouvrage soit d’Eusèbe.

II. Exégèse spéciale. — 1o Montfaucon a publié d’Eusèbe Ἐξηγητικὰ εἰς τοὺς Ψαλμοὺς (Collectio nova Patrum, t. i) ; mais le manuscrit d’Évreux, dont il s’est servi, s’arrête au Psaume cxviii et a une lacune des Psaumes xlviii à lxxx. On peut combler cette lacune par le Codex Coislin no 12 de la Bibliothèque Nationale de Paris, qui renferme l’interprétation des Psaumes l-xcv, et le cardinal Mai, Nova Patrum blibliotheca, t. iv, 1, p. 65-107, a publié l’explication des Psaumes cxix-cl. Pitra, Analecta sacra, t. iii, 1887, p. 365, 520, a édité une recension différente d’un commentaire sur cent dix-huit Psaumes. L’ensemble est reproduit par Migne, t. xxiii, col. 65-1396 ; t. xxiv, col. 9-76. La plupart des éditeurs de ce commentaire en ont admis l’entière authenticité ; de même Lightfoot, A Dictionary of Christian Biography, t. ii, p. 336. Seul M. Harnack, op. cit., p. 575, conserve quelques doutes, et certes, quand on compare la recension publiée par Pitra avec celle qu’a donnée Montfaucon, la question mérite un nouvel examen, plus approfondi que celui qu’on en a fait jusqu’à ce jour. Lightfoot s’efforce, par certaines données du commentaire, de fixer exactement l’époque de sa composition entre les années 330 et 335. Au témoignage du même auteur, l’ouvrage d’Eusèbe a une réelle valeur, surtout par les extraits des Hexaples et d’autres indications curieuses sur le texte et l’histoire du Psautier. Eusèbe avait, pour faire ce travail, l’avantage de connaître l’hébreu ; sa philologie toutefois n’est point exempte d’erreurs parfois assez grossières. Ce commentaire sur les Psaumes a joui dans l’antiquité d’une grande réputation ; il fut traduit en latin par un homonyme, Eusèbe de Verceil ; cette version n’a pas été retrouvée. — 2o Ὑπομνήματα εἰς Ἡσαΐαν. Montfaucon, Collectio nova Patrum, t. ii, Migne, t. xxiv, col. 77-526. Ces commentaires se présentent en partie sous forme de dissertation continue et en partie sous forme d’extraits de Chaînes. D’après saint Jérôme, De vir. illustr., 81, t. xxiii, col. 689, ce traité aurait compris dix livres ; d’après un autre passage du même auteur, Comment. in Isaiam, t. xxiv, col. 21, il y en aurait eu quinze. M. Harnack, op. cit., p. 576, conserve des doutes sur l’authenticité de cette œuvre d’Eusèbe, du moins pour la forme sous laquelle nous la possédons aujourd’hui. — 3o Le cardinal Mai, Nova Patrum blibliotheca, t. iv, 1, p. 316 ; puis Migne, Patr. gr., t. xxiv, col. 75-78, ont publié des fragments sur les chapitres vii et viii du livre des Proverbes. M. Harnack, op. cit., p. 576, signale des suppléments à ce travail dans divers manuscrits d’Allemagne et d’Angleterre. — 4o Des fragments d’un commentaire sur Daniel ont été édités par Mai, Nova Patrum blibliotheca, t. iv, 1, p. 314-316, ainsi que dans Commentarii variorum in Danielem (Scriptorum veterum nova collectio, t. i, p. 39-56), et par Migne, t. xxiv, col. 525-528. — 5° On possède d’Eusèbe un commentaire sur l’Évangile de saint Luc. Il a été publié par Mai, Nova Patrum blibliotheca, t. iv, 1, p. 160-207 ; Script. vet. nova collectio, t. i, 1, p. 143-260, et par Migne, t. xxiv, col. 527-606. Ce commentaire a été extrait de diverses Chaînes. — 6° Du commentaire sur la première Épître aux Corinthiens, signalé par saint Jérôme, Epist. xlix, 3, ad Pammachium, t. xxii, col. 511, il ne reste que le fragment sur I Cor., iv, 5, publié par Crammer, Catenæ græcæ, Oxford, 1841, p. 75. — 7o Un fragment d’interprétation de Hebr., xii, 8, a été publié par Mai, Nova Patrum blibliotheca t. i, 1, p. 207 ; cf. Migne, t. xxiv, col. 605-606. On ignore toutefois si ce passage est vraiment tiré d’un commentaire complet d’Eusèbe sur l’Épître aux Hébreux, ou bien si c’est un simple extrait d’un autre de ses ouvrages. — 8o Dans le De Vir. illust., 81, saint Jérôme cite un ouvrage d’Eusèbe : Περὶ διαφωνίας εὐαγγελίων. Voir aussi Id., Comm. in Matth., i, 1, t. xxvii, col. 3. Dans le