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EUPHRATE - EUROAQUILON


mes. Les joncs y pullulaient au temps des Assyriens en fourrés gigantesques. Ils atteignaient quatre ou cinq mètres de haut. Ils croissaient dans des bancs de vase putride. Les Babyloniens avaient dérivé les eaux du fleuve dans de nombreux canaux, avec lesquels ils arrosaient le limon charrié par les eaux et lui faisaient produire des récoltes extrêmement abondantes. L’Ecriture fait allusion à ces canaux dans plusieurs passages : Ps. lxxxix (lxxxviii), 25 ; cxxxviii (cxxxvii), I ; Is., xliv, 27 ; xlvii, 2 ; Ezech., xxxi, 4, 15 ; Nahunr, i, 4 ; ii, 6. — Le climat de la plaine est très doux, sauf le matin, en hiver, où apparaît sur le fleuve une légère couche de glace, qui se fond aux premiers rayons du soleil. Il y pleut abondamment pendant six semaines, en novembre et en décembre. Depuis le mois de mai jusqu’au mois de novembre, la chaleur est lourde et rend les hommes et les animaux incapables de tout travail. G. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 551-554 ; Elisée Reclus, Géographie universelle, gr. in-8°, Paris, 1884, t. ix, p. 377 ; Col. Chesney, The Expédition of the Survey of the rivers Euphrates and Tigris, in-8°, Londres, 1850 ; Strabon, II, i, 23, 26, 36, 38 ; XI, xiv, 2, 3 ; XVI, i, 9, 10, 22 ; iii, 0, etc.

II. L’EUPHRATE DANS i/ÉCRITURE SAINTE. — Elle le

désigne assez souvent par son nom, Gen., ii, 14 ; xv, 18 ; Deut., i, 7 ; xi, 24 ; Jos., i, 4 ; II Sam. (II Reg.), viii, 3 ; IV Reg., xxiii, 29 ; xxiv, 7 ; I Par., v, 9 ; xviir, 3 ; Jer., xlvi, 2, G, 10 ; mais plus fréquemment encore simplement comme « . le fleuve » par excellence, han-nahar. Gen., xxxi, 21 ; xxxvi, 37 (voirRoHOBOTH) ; Exod., xxiii, 31 ; Num., xxii, 5 ; Jos., xxiv, 2 ; II Sam. (II Reg.), x, 16 ; III Reg., iv, 21, 24 ; xiv, 15 ; I Par., i, 48 (voir Rohoboth ) ; xix, 16 ; II Par., ix, 26 ; II Esdr., ii, 7, 9 ; iii, 7 (désignation géographique dans ces trois passages, de même que dans les deux passages suivants des Psaumes) ; Ps. lxxii (lxxi), 8 ; lxxx (lxxix), 12 ; Is., viii, 7 ; xi, 15 ; ’xxvii, ’12 ; xlviii, 18 ( ?) ; lix, 19 ( ?). La première mention de l’Euphrate se trouve dans la Genèse, ii, 14. C’est un des quatre fleuves qui coulent dans le paradis terrestre et sortent d’une source commune. — Lorsque Dieu fit alliance avec Abraham, il lui donna le pays qui s’étend depuis le fleuve d’Egypte jusqu’au grand fleuve, au fleuve d’Euphrate. Gen., xv, 18. Voir aussi Exod., xxiii, 31. — Moïse rappelle cette promesse dans le Deutéronome, i, 7 ; xi, 24 ; Dieu la renouvelle à Josué. Jos., i, 4. — Jacob traverse l’Euphrate lorsqu’il retourne de Mésopotamie en Palestine. Gen., xxxi, 21. Balaam habitait près de l’Euphrate. Num., xxii, 5. Josué, xxiv, 2, rappelle aux Hébreux que leurs pères habitaient autrefois au delà de l’Euphrate. La tribu de Ruben, avant l’époque de Saùl, s’étendit jusqu’à l’Euphrate. I Par., v, 9. — L’expédition de David conlre Adarézer, roi de Soba, dans le pays d’Émath, eut pour effet d’assurer sa domination sur la rive droite du fleuve. I Par., xviii, 3 ; xix, 16 ; cf. II Reg., vm, 3-8 ; x, 16. L’Euphrate formait aussi la limite nordest du royaume deSalomon. III Reg., iv, 21, 24 ; cf. II Par., IX, 26. Après le schisme des dix tribus, le prophète Ahias fait annoncer à Jéroboam, roi d’Israël, que ses sujets seront déportés au delà du fleuve (l’Euphrate), III Reg., xiv, c’est-à-dire en Assyrie. — Lors de l’expédition de Kéchao II, roi d’Egypte, contre les Assyriens, sous le règne de Josias, IV Reg., xxiii, 29, ce prince vint à Charcamis, sur le bord de l’Euphrate. II Par., xxxv, 20. Il s’en empara ; mais, trois ans après, les Babyloniens, qui avaient succédé aux Assyriens, firent sous Nabuchodonosor une expédition contre Néchao et défirent l’armée qu’il avait laissée à Charcamis. Jer., xlvi, 2, 6, 10. Depuis lors les Égyptiens ne reparurent plus dans ce pays, et le roi de Babylone posséda, depuis le Torrent d’Egypte jusqu’à l’Euphrate, tout ce qui avait appartenu au roi d’Egypte. IV Reg., xxiv, 7. — Les prophètes se servent souvent du nom de l’Euphrate pour désigner la puissance du roi de Babylone, comme ils se servent du nom du Nil pour désigner celle du roi d’Egypte. Is., viii, 7 ; xi, 15 ; xxvii, 12 ;

LIGT. DE LA BIBLE.

Jer., ii, 18. Les malédictions de Jérémie, L, 38 ; li, 26, qui appellent la sécheresse contre les eaux du fleuve, s’appliquent à l’Euphrate. Le même prophète, d’après l’interprétation ordinaire, cacha une ceinture de lin symbolique sur le bord du fleuve où elle pourrit, pour montrer qu’Israël serait rejeté de Dieu, comme un objet devenu sans valeur. Jer., xiii, 4-7. C’est en faisant lancer par Saraïas dans l’Euphrate le rouleau de ses prophéties attaché à une pierre qu’il annonça la ruine de Babylone. Jer., li, 63. L’Euphrate avec ses canaux formait « les fleuves de Babylone », sur les bords desquels les Israélites captifs pleuraient en se rappelant Sion. Ps. cxxxviii (Vulgate, cxxxvi), 1. — Le livre de Judith, 1, 6, mentionne à la onzième année du règne de Nabuchodonosor un combat livré par ce prince contre Arphaxad, roi des Mèdes, dans les environs de l’Euphrate. Holopherne traversa l’Euphrate pour se rendre en Mésopotamie. Judith, ii, 14. Au temps de Judas Machabée, « le pays qui va de l’Euphrate au fleuve d’Egypte » est une des provinces appartenant au roi de Syrie. I Mach., iii, 32. Antiochus traverse le fleuve pour aller d’Antioche vers les régions supérieures de son royaume. Enfvi dans l’Apocalypse, ix, 14, le sixième ange délie les anges qui sont attachés dans le grand fleuve de l’Euphrate, et il répand le contenu de sa phiala dans le lit du fleuve, pour le dessécher et préparer la voie aux rois qui viennent de l’Orient. Apoc, xvi, 12. L’Ecclésiastique, xxiv, 36, compare l’abondance de la sagesse de Salomon aux eaux de l’Euphrate.

E. Beurlier.

    1. EUPOLÈME##

EUPOLÈME ( E-jir6Xc[i.oç, « bon guerrier » ), un des

ambassadeurs envoyés à Rome par Judas Machabée, après sa victoire sur le général syrien Nicanor, afin de conclure une alliance entre les Juifs et les Romains, vers 161 avant notre ère. I Mach., viii, 7 ; Il Mach., iv, 11. Son père s’appelait Jean et son grand-père Accos (Vulgate : Jacob ; voir 1. 1, col. 115). On connaît par Alexandre Polyhistor, Clément d’Alexandrie, Strom., i, 21, 23, t. viii, col. 877, 900, et Eusèbe, Prssp. evang., ix, 3034, t. xxi, col. 748-753, un écrivain grec de ce nom qui avait composé une histoire des Juifs, vers 157. Josèphe, Cont. Apion., i, 23, suppose que cet écrivain était païen. Cependant comme il est vraisemblable que seul un Juif a pu écrire à cette époque une histoire de ce peuple, beaucoup croient (Eusèbe, H. E., vi, 13, t. xx, col. 548 ; S. Jérôme, De vir. M., 38, t. xxiii, col. 653), malgré quelques contradicteurs, en s’appuyant sur l’identité de nom et d’origine et sur le rapprochement des dates, que l’Eupolème des Machabées est le même que l’historien Eupolème. J. Freuienthal, Hellenistische Stvdien, i-n. Alexander Polyhistor, in-8°, Breslau, 1875, p. 82-130, 208-215, 225230 ; E. Schùrer, Geschichte des jiïdischen Volkes, 1. 1, 2e édit., 1890, p. 147, 172 ; t. ii, 1886, p. 733-734 ; Gutschmid, Zeit und Zeitrechuung der jùdischen Historiker Demetrius und Eupolenws, dans les Jahrbïicher fûrprot. Théologie, 1875, p. 749-753.

F. VlGOL’ROUX.

    1. EUROAQUILON##

EUROAQUILON (grec : texte reçu, EipoxÀ-Jîuv ; Codex Sinaiticus et Alexandrinus, Eùpctxv).v ; Vulgate : Euroaquilo), vent est-nord-est. Lorsque le navire qui portait saint Paul à Rome se trouva à la hauteur du cap Matala (voir la carte de Crète, col. 1113), il s’éleva un vent violent, nommé Euraquilon, qui l’emporta vers l’île appelée Cauda. Act., xxvii, 14-15. Le texte reçu porte EOpoxVjSuv, mais les meilleurs manuscrits donnent Eùpav.’JXwv, ce qui est conforme à la traduction de la Vulgate. R. Bentley, Remarks on a late discourse on freethinking, in-12, Londres, 1717, p. 97. Le nom de l’Euroaquilon est du reste inconnu en dehors de ce passage. Le mot Eurns est ici employé dans le même sens que dans Aulu-Gelle, Noct. attic, II, xxxii, et dans les poètes latins en général, pour désigner le vent d’est ; l’aquilon est le vent du nordest. Le mot Euroaquilo est analogue au terme j grec E-jp6voTo ; , qui désigne le vent intermédiaire entre

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