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ÉTHIOPIENNE (VERSION) DE LA BIBLE


Berlin, 1891, 2 et 221 pages. Quelques jours après l’achèvement de ce tome v, M. Dillmann mourait. Les tomes m et iv n’ont pas paru. Dans ce tome v, les livres qualifiés d’apocryphes par M. Dillmann appartiennent à nos deutérocanoniques, sauf l’Apocalypse d’Esdras, qui est franchement apocryphe, et l’h’sdras Gneeus, qui correspond dans nos éditions de la Yulgate latine au troisième livre d’Esdras. On sait que le troisième livre d’Esdras, dont l’Eglise ne reçoit pas la rédaction, n’est dans la plus grande partie de sa teneur qu’une seconde version, un peu libre, du premier.

En récapitulant cette liste de publications, on voit qu’il reste encore une portion considérable de l’Ancien Testament qui n’a jamais été’publiée, à savoir : I et II des Paralipomènes, I et II d’Esdras, Esther, Job, Proverbes, Ecclésiaste, Jérémie (les Lamentations ont paru, ainsi que Barucb, d’ordinaire joint à Jérémie), Ézéehiel, Daniel, Osée, Amos, Miellée, Xahum, Ilabacuc, Aggée, Zæharie, I et II des Machabées.dont le texte paraît manquer à l’ancienne version, comme on l’a dit), et enfin l’apocryphe adjoint à nos Bibles sous le titre de IV livre d’Esdras. — On devra remarquer aussi que les manuscrits de la Bible éthiopienne étant demeurés très rares jusque vers le milieu de ce siècle, toutes les éditions antérieures à cette époque étaient nécessairement faites sur un tout petit nombre de copies, parfois même sur une seule. Le texte demanderait donc à être revu sur les copies meilleures peut-être, on tout cas plus nombreuses, qui ont enrichi depuis quarante ou cinquante ans nos grands dépôts d’Europe.

III. Manuscrits giie’ez existant en Europe. — Les matériaux pour préparer des éditions critiques de la Bible ne nous manquent plus. Nous avons fait le relevé de toutes nos richesses en manuscrits bibliques éthiopiens ; or voici quel esl le résultat général de notre examen. La plus riche collection de manuscrits ghe’ez en tout genre, la collection du British Muséum, possède à elle seule des exemplaires de tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, et pour chaque livre trois, quatre, cinq, dix, quinze, vingt et quelquefois jusqu’à trente exemplaires. En seconde ligne vient la bibliothèque de SI. Antoine d’Abbadie, qui a légué en mourant à l’Académie des inscriptions et belleslettres son château et sa propriété d’Abbadia, où il avait fait transporter sa belle collection de manuscrits. On y trouve un ou plusieurs exemplaires de tous les livres bibliques, sauf le second livre canonique d’Esdras et les deux Machabées authentiques, La Bodléienne d’Oxford possède aussi toute la Cible, moins Tobie, Judith, Uarueh et les deux livres des Machabées. Il ne manque à notre Bibliothèque Nationale que les livres suivants de l’Ancien Testament : Judith, l’-slher, les deux livres canoniques d’Esdras, fsaïe, Ézéehiel, les petits Prophètes et les deux livres des Machabées. Enfin on trouve encore un certain nombre de manuscrits bibliques à Francfort, au Vatican, à Vienne et à Pétersbourg.

IV. Textes sur lesquels a été faite la version l’-TiiiopiKNNE. — Un théologien d’Ethiopie, qui appartient aux vingt ou trente premières années du xv° siècle, abba Georges, auteur du Masehafa Mesetir, « Livre du Mys-’ei’e, » a écrit sur ce sujet une page curieuse ; elle résume sans doute l’opinion communément suivie au pa ; s d’Ethiopie dans la question qui nous occupe, lui voici la traduction : « Tous les livres de l’Ancien Testament avaient ete traduits de l’hébreu en ghe’ez au temps de la reine du Midi, qui visita Salomou.^ Inutile de faire remarquer au lecteur qu’à cette époque la plus grande partie de 1 Ancien Testament n’existait pas encore." Aussi la version éthiopienne des livres des Prophètes était pure ; les I Ethiopiens, en effet, suivirent la loi des Juifs avant la naissance du Christ. Mais dans la traduction qui fut faite après la naissance du Christ, ceux qui l’avaient crucifié changèrent le texte véritable en un témoignage menson

! ger. Quant à la manière dont les livres des Prophètes

ont été traduits de l’hébreu en ghe’ez, on en trouve des exemples au livre des Rois, où de l’hébreu on a traduit

j en ghe’ez, par exemple : ’f’Aôlié par Wmelàk (Dieu), ’Adônâi par’Egliezi’(Seigneur), Sabd’ol par llayelàt (armée). Pour le Nouveau Testament que nous avons en Ethiopie, il a été traduit tout entier du grec en ghe’ez, avant que la doctrine de Nestorius eut apparu, avant que la confession de Léon fut formée, avant qu’on eût réuni le concile des chiens, à savoir des évoques de Chaleédoine. Aussi toute la version éthiopienne de l’Ecriture, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, est pure comme l’or, éprouvée comme l’argen ! , immaculée comme un lait sans mélange. » Bibl. Nat., fonds ghe’ez, n" 113, fol. 63-64.

Ainsi, d’après abba Georges, le Nouveau Testament a été traduit du grec ; sur ce point, nous verrons qu’il a complètement raison. L’Ancien Testament, toujours d’après notre auteur, aurait été traduit directement de l’hébreu. C’est là une prétention qui ne tient pas devant une comparaison même superficielle de la version éthiopienne avec le texte. Quelques livres, il est vrai, portent l’empreinte d’une revision faite sur l’hébreu, par exemple Job et Daniel, n" 7 de la Bibliothèque Nationale (voir Zolenberg, Catalogue des mss. éthiop., n" 7 ; cf. l’illmann, Yeteris Test, sctlt., t. ii, fisc. II, apparutun eritieu. s, p. 5 ;  ; mais le fond de nos versions ghe’ez de 1 Ancien Testament n’a certainement pas été pris directement sur le texte primitif, connue on le verra bientôt.

Quelques missionnaires jésuites des débuts du x vil" siècle, comme Ludolf en témoigne (Comment, ail 1. iii, c. iv, n. 26), ont pensé que la Bible éthiopienne avait été traduite de l’arabe. Ludolf lui-même suivit quelque temps cette opinion, comme on le voit par une note écrite de sa main dans le n" 1 de la Bibliothèque Nationale (fonds éthiopien) ; mais dans son Commentaire, paru en Hi’.M, Ludolf ne pense plus que la version ait cité faite de l’arabe : « Le Pentateuque manuscrit, dit-il, le Psautier et tous les livres imprimés de la Bible prouvent pleinement le contraire. » L’Ancien Testament n’a pas été, eu elfet, traduit d’une version arabe ; il ne l’a pas élé au temps de saint Fiiinientius, comme l’avait d’abord cru aussi Ludolf, car alors la version arabe de la Bible n’existait pas ; il ne l’a pas été davantage dans la suite. De notre temps, un critique pourtant célèbre, Paul de hagarde, a réédité cette ancienne opinion des premiers missionnaires ; il a cru pouvoir soutenir que la Bible ghe’ez avait élé faite ou de l’arabe ou du copte, et cela au XIV" siècle. P. de hagarde, Ankandigung enter neuen Austjabe (1er (jrievlusehen l’eberselzmuj des alteu Testaments, 1*>2, p. 28 ; cl après Ilackspill, Zeitschrifl pr Assgriulogie, t. xi, W", P- 123. Mais Paul de Lagarde est resté seul de son avis dans le monde savant contemporain ; son erreur manifeste repose sur une simple confusion entre une version et une receusion. H y a eu, en etl’et, comme on le verra plus loin, une recension sur des textes coptes ou arabes ; mais delà à conclure qu’il n’existait pas avant ce travail une version éthiopienne, [aile sur des textes qui n’étaient ni arabes ni coptes, il y a belledillérence. — La vérité est, sur cette question, que la version ghe’ez fondamentale, antérieure à toute recension, repose tout entière sur un texte « roc. L’Ancien Testament d’abord a élé traduit du eree clés Septante. C’est ce qu’a 1res bien démontré Ludolf, une fois revenu de son erreur, en établissent que la version éthiopienne porte les leçons. les omissions et jusqu’aux transcriptions du grec. Comment., lie. rit. Cf. Iudolti Epist. ad Hottimjeram, dans la Bd, lmlheea. suera de Le Long, pars l cap. 2. sectio 6 ou il donne s mêmes arguments, plus le suivant pour h < Psaune - ; Dans h’.- Psaumes éthiopiens i, les inseï iphoiis i d- -Crées, sont conservées. » Ibid. : cf. Ludolf. Hist. AU h., 1. III, e. IV, n. 2-6. Un ne peut donc que soiisciiie a h conclusion de Ludolf Les études de Iulluiaim conduisent